Note de la fic : Non notée

L'étoile Filante


Par : MrKat
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3 : Les Officiels


Publié le 20/08/2013 à 19:16:38 par MrKat

Il était encore tôt lorsque le téléphone du général Reel sonna. C'était un téléphone très banal, un combiné reposant sur sa base aux côtés d'un petit clavier avec les neuf boutons et donc les neuf chiffres nécessaires pour composer les numéros. Il se tenait sur un grand bureau métallique à l'air moderne et dépouillé, notamment par l'absence de toute autre choses hormis une lampe, quelques papiers administratifs, un interphone beige à l'air vieillot et une petite plaque tournée vers la porte sur laquelle était inscrit le nom et le grade de son propriétaire. Le-dit bureau détonnait particulièrement dans la pièce, d'abord en raison de l'éclairage original dispensé par la grande baie vitrée prenant l'espace d'un mur en face de la porte et à laquelle le général faisait dos, ensuite par les deux grandes bibliothèques de bois se prolongeant sur la totalité d'un mur se trouvant chacune d'un côté de la pièce, l'une emplie de livres, l’autre de divers classeurs et documents. La moquette grise au sol achevait de lui donner un air solennel, et on eut donc été parfaitement en droit d'attendre un bureau massif de bois. Néanmoins, il était en métal, et comportait une lampe, une plaque, des papiers, un interphone et un téléphone, rarement usité.

Le général fut donc surpris, son téléphone ne sonnant habituellement qu'après que sa secrétaire ait transférée l'appel une fois avoir vérifié qui était l'importun. Hors cette fois-ci, la diode rouge indiquant qu'elle était en communication ne s'était pas allumée. Il posa son stylo et reposa sa feuille sur son luxueux bureau métallique, et décrocha en soupirant. Quinze minutes plus tard il raccrocha avec un air grave. Il prit sa tête entre ses mains quelques instants, puis se reprit. Il décrocha à nouveau son téléphone, composa un des numéros d'appel rapide, transmis quelques ordres, puis raccrocha. Enfin, il appuya sur le bouton qui lui permettait de communiquer avec toute la base grâce au système d'interphones, et déclara l'état d'alerte maximale.


La matinée était bien engagée lorsque le maire Danford, son embonpoint, sa calvitie naissante, ses petites lunettes aux branches métalliques, ses yeux d'un bleu morne, son nez en trompette, et son menton fuyant arrivèrent à son bureau. Non pas qu'il avait eu une quelconque difficulté pendant le trajet, ou qu'il ne s'était pas réveillé à temps, il n'aimait simplement pas travailler de bonne heure. Il avait donc ordonné qu'on ne le réveille sous aucun prétexte, serait-ce la fin du monde. Afin d'assurer sa tranquillité il avait alors logiquement cherché le meilleur premier adjoint possible, et avait fini par engager quelqu'un de plus compétent que lui, ce qui lui permettait de se décharger de tout travail qu'il trouvait trop pénible ou trop ennuyeux.

C'est ainsi qu'il fut donc très surpris lorsqu'une fois qu'il ait franchi les portes métalliques de l'ascenseur, puis le couloir dallé de moquette grise cernée par des portes de bureaux aussi blanches que les murs qui les entouraient et la porte de bois massive qui séparait le-dit couloir du bureau de son adjoint, qui servait également d’antichambre au sien, d'apprendre que durant la nuit précédente, un ovni détecté par l'Observatoire, confirmé par l'astronome, et mis en quarantaine par l'armée une poignée d'heures auparavant s'était crashé à quelques kilomètres au nord-est de sa ville. Il fronça d'abord les sourcils, l'air dubitatif, puis pencha la tête sur le côté et allongea le cou, avant de faire passer tout ses doutes et questionnement sur le sujet en un seul mot et une seule question :

« - Pardon ? »

Edmond Royan était un homme strict. Ses cheveux courts et sa raie sur le côté étaient stricts, son costume gris sans fioriture était strict, sa façon de se tenir droit comme un i, le menton levé était stricte, tout dans cet homme jusqu'à ces petites lunettes aux montures fines et noires était strict. C'est donc sans surprise qu'il menait une vie strictement banale, et qu'il était strict et donc efficace dans sa façon de travailler. Edmond Royan était un homme strict, certes, mais surtout efficace et compétent. Et c'était là la raison d'un parcours professionnel irréprochable, partant de simple adjoint d'une petite commune perdue entre deux gigantesques champs, en passant par collaborateur pour divers cabinets ministériels, pour enfin devenir premier adjoint d'une des plus grandes métropoles au monde. Il avait toujours fait son travail de manière de strict et efficace, mais là n'était pas la raison de ses divers séjours parmi les plus grandes administrations.

En réalité, si son historique professionnel semblait être acceptable, nombres d'hommes politiques diraient qu'il est en réalité étonnant pour un homme aussi compétent qu'Edmond Royan. S'il était apprécié des administrations et de leurs dirigeants, c'est parce qu'Edmond Royan n'avait aucune ambition, pas la moindre, n'avait jamais aucune doléance, et n'était donc pas une menace pour ses supérieurs. Il faisait son travail sans plaisir aucun, le considérant comme un devoir envers les administrés dont il devait s'acquitter. Et c'était là toute la raison de sa rigueur : un devoir exige qu'on l'accomplisse de la meilleur manière possible, aussi ne pouvait-il se permettre d'arriver à son bureau à 8h05 lorsqu'il commençait à 8h, de déléguer son travail à quelqu'un d'autres ou pire encore de le remettre à plus tard. Il prenait la décision qui s'imposait dans la limite de sa juridiction et respectait les consignes émises par ses supérieurs. Il était l'assistant parfait.

C'est pourquoi lorsque tôt ce matin, il reçut un appel de la base militaire locale l'avertissant que l'Observatoire avait détecté un ovni qui avait percuté la planète à quelques kilomètres au nord-est de la ville, il avait donné l'autorisation à l'armée de mettre en place une zone de quarantaine tout autour de celui-ci interdisant l'accès à tout personnel qui ne serait pas dans la confidence, avait ordonné à l'astronome de garder sa découverte pour lui-même, puis s'était enquis de prévenir le gouvernement, tout cela sans même se soucier d'appeler son supérieur, puisqu'il avait ordre de ne pas le déranger jusqu'à son arrivée dans les locaux.

Il ne fut donc pas surpris lorsque à son arrivée en fin de matinée dans le bureau tapissée de moquette bleue, au murs blancs, meublé d'un bureau de bois simple en perpendiculaire de la porte d'entrée, ce qui permettait de laisser libre accès au bureau attenant, et d'une grande bibliothèque assortie au bureau emplie de divers documents administratifs, le-dit supérieur le regarda d'un air de surprise absolue avant de laisser s'échapper une question qui semblait supplier que tout ceci ne soit qu'une boutade stupide. Ce qui venant d'Edmond Royan était totalement impossible, sa rigueur le forçant à n'avoir aucun humour, tant l'humour risquerait d'affecter l'efficacité et la productivité de son travail :

« -Pardon ?

- Absolument monsieur le maire, j'ai ici les documents que vous devez signer afin d'officialiser la quarantaine et transmettre l'affaire à des autorités plus élevées.

- Edmond, si vous vous foutez de moi...

- En aucun cas monsieur. Signez je vous prie. »


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