Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Les Fantômes Peuvent Mourir


Par : BaliBalo
Genre : Polar, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 8 : Le tonnerre gronde


Publié le 27/01/2013 à 17:36:31 par BaliBalo

Marco se trouvait en plein exposé sur la BM-B. Il était secondé par le chef-ingénieur qui gérait les différentes équipes travaillant sur la nouvelle automobile et faisait remonter toutes les informations jusqu’à Marco qui, lui, s’occupait de tous les projets de Bertaus. Depuis quelques semaines, tous les efforts de l’entreprise s’étaient redirigés vers la BM-B. En effet, le prototype avait pris du retard et Line s’inquiétait de ne pouvoir le présenter au Mondial de l’Automobile. C’est pourquoi tout le corps dirigeant mettait les bouchées doubles pour faire avancer le projet, d’où ce bigboard réunissant les directeurs de Bertaus et durant lequel Marco et son assistant présentaient les avancées de la BM-B. Malheureusement ces avancées ne satisfaisaient pas le grand patron, Line. Certes, le prototype prenait forme mais elle constatait que les ingénieurs s’étaient trompés de direction sur beaucoup d’aspects, et plus l’exposé de Marco avançait, plus elle était confortée dans cette idée. Quand enfin, son frère se tut et se rassit face à elle, celle-ci s’exprima :

« Il y a encore beaucoup de choses qui ne vont pas. »

Evidemment, Marco s’y attendait et ce n’était pas la première fois que Line lui faisait ce genre de remarque après des mois de travail. D’ailleurs ce constat-ci était plutôt encourageant venant d’elle puisqu’il laissait entendre qu’il y avait du progrès, que certains éléments de la nouvelle automobile convenaient. Avec Line c’était comme cela que ça fonctionnait : elle attendait la perfection et ses ingénieurs, donc Marco, devaient la lui fournir. Cependant, cette fois-ci, Marco ne put se contenir et, brusquement, il se leva et explosa :

« Oh que oui il y a beaucoup de choses qui ne vont pas, à commencer par toi Line. Comment peux-tu rester aussi calme dans une situation pareille ? A croire que tu sais exactement ce qu’il se passe. »

Discrètement, Paul chuchota à son assistant de sortir en compagnie de tous les représentants n’appartenant pas à la fratrie Bertau. L’assistant s’exécuta et fit le tour de la table, transmettant l’ordre de son supérieur. Tandis que la pièce se vidait, Marco affrontait le regard définitivement impénétrable de sa sœur. Il retenait son souffle jusqu’au prochain assaut. Lorsque la porte de verre se referma sur le dernier assistant, Marco poursuivit, plus calmement :

« Comment savais-tu que notre interrogatoire porterait sur notre mère ? Cette question me torture depuis des jours. J’ai beau chercher je ne vois qu’une seule explication : c’est toi qui l’a tuée.
—Ce sont de lourdes accusations Marco, répondit calmement Line, mais j’ai une autre explication à te fournir. Nous avons été convoqués à la Brigade Criminelle, or un crime, dans notre cas, c’est une grosse embrouille financière. Les affaires de Bertaus étant en ordre j’en ai conclu que nous étions convoqués pour une affaire autrement plus grave : un homicide. Outre notre mère, aucune relation ne nous réunissait, voilà comment j’en ai déduis que nous allions être interrogés au sujet de notre mère et voilà pourquoi je vous ai prévenus. Si je n’avais pas réagi nous ne serions pas ici à discuter de la future BM-B. Considérant mon rôle salvateur, je pense être innocente alors que toi Marco, ta façon de perdre tout contrôle suggère que tu as quelque chose à te reprocher. Tu es mal à l’aise, à bout de nerf, comme un assassin qui craint d’être démasqué.

Marco blêmit et, se rasseyant, il murmura faiblement :

— Ce n’est pas moi.
— Tu es injuste Line, intervint Caroline, Marco est tout à fait incapable de tuer quelqu’un : il aurait bien trop peur que cela se révèle et nuise à sa carrière. Tandis que…
— D’où son état de nervosité extrême, coupa Paul, nous savons tous que toi aussi tu en étais capable Caroline. Nous nourrissons tous une haine incommensurable pour notre mère mais toi, et toi seule Caroline, as la fermeté nécessaire pour passer à l’acte.
Outrée, Caroline répondit avec colère :
— Veux-tu que je te rappelle tes paroles lorsque nous sommes allés la voir, Paul ? Tu dis que nous la haïssons tous autant mais ton explosion à son contact traduit ta haine immense, toi qui reste toujours si impassible. Je pense que tu es celui qui déteste le plus cet être qu’est notre mère et qui sait si cela ne t’a pas rendu fou au point de la tuer. On ne sait pas ce que tu penses Paul, tu es secret, tu parviens toujours à intérioriser tes sentiments alors pourquoi n’as-tu pu te retenir face à elle ? »

Un lourd silence s’ensuivit où chacun considéra les arguments des autres. Line estimait que tous pouvaient être coupables et elle savait que malgré tout ce qu’elle dirait, elle ne pourrait prouver son innocence. Sa seule solution résidait en la découverte de la vérité c’est ainsi qu’elle se résolu à mener l’enquête. D’autant plus qu’elle n’aimait pas savoir qu’un assassin avait sa place dans les hautes sphères de Bertaus. Le meurtre de leur mère était peut-être un avertissement pour lui prouver que le tueur était déterminé et, en tant que PDG, Line ne se sentait pas en sécurité. Cependant elle n’avait que peu de temps pour démasquer le coupable, la police comprendrait rapidement que les Quatre avaient menti et elle reviendrait à la charge, plus méfiante que jamais. C’est alors que Line eut une idée : elle devait utiliser la police. Alors qu’un plan germait dans sa tête, la jeune PDG lança :

— Dites-moi tous ce que vous avez fait après avoir revu notre mère.

Une lueur d’incompréhension passa d’un regard à l’autre. Pourquoi Line leur posait-elle cette question ? Où voulait-elle en venir ? Paul fut le premier à cesser de réfléchir au pourquoi du comment et il répondit :

— Je suis retourné au boulot, j’ai appelé quelques patronats dans le but de faire avancer les dossiers de la BM-B, mais j’avoue que j’étais trop énervé pour travailler correctement, je suis donc parti assez tôt, vers dix-huit heures trente il me semble. Je suis rentré à la maison, j’ai diné rapidement et je suis parti me coucher. Je me souviens n’avoir pas très bien dormi. J’ai été réveillé par le coup de téléphone de la Brigade.

Line prenait note des éléments essentiels du témoignage de Paul sur un petit calepin. Il n’y avait rien de particulier dans ce qu’il disait. Elle jeta un regard à Caroline qui prit la parole :

— J’ai plus ou moins réagi comme Paul, sauf qu’avant de rentrer je suis passée chez une amie à laquelle je devais refiler de vieilles fringues. Je ne suis pas restée longtemps, une demi-heure à tout casser, puis je suis rentrée. Comme Paul je me suis couchée tôt et j’ai tout aussi mal dormi.
— Marco ? interrogea Line
— Je suis simplement passé au bureau pour donner quelques directives et récupérer mes affaires, soupira l’aîné, puis je suis rentré. Cette histoire m’avait vraiment chamboulé et je n’étais pas en état de travailler sans devenir violent envers mes collaborateurs. J’ai préféré m’isoler. Je suis ressorti le soir me promener un peu et diner.
— Je vois. Je pense que nous pouvons reprendre la réunion.
— Un instant, intervint Paul, tu ne nous a rien dit de ton emploi du temps, Line.
— Ma foi il me semble que je sais ce que j’ai fait après cette visite.
— Il est injuste que tu sois au courant de nos faits et gestes et que tu nous caches les tiens Line, trancha Caroline, nous t’écoutons.
— Bien. Après cette histoire, je me suis plongée dans le travail pour oublier, j’ai dû quitter mon bureau vers vingt et une heures. Je suis rentrée et j’ai craqué, c’est pour ça que j’ai appelé Papa…
— Quoi ? coupa brusquement Marco s’étant levé de sa chaise, les poings sur la table, tu l’as appelé ? Que lui as-tu dit ?
— Je lui ai raconté la visite à notre mère, à quel point tout cela m’avait chamboulé, tout ça.
— Lui as-tu donné l’adresse Line ? s’inquiéta l’aîné, les yeux fous.
— Je-je ne sais pas, il est possible que je l’ai glissée dans la conversation sans m’en rendre compte, bégaya Line prenant conscience de son erreur, tu penses qu’il aurait pu… »

Le silence qui lui répondit suffit à la jeune femme pour comprendre les pensées que nourrissait son aîné. En jetant un regard aux deux autres, Line comprit que tous en étaient venus à la même conclusion : il y avait désormais un nouveau suspect dans l’affaire.


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