Note de la fic : Non notée
Publié le 19/08/2013 à 01:18:13 par Pseudo supprimé
J'aimerais croire que c'est moi qui, à l'entrée de ce monde ténébreux, parce que je craignais encore de m’y perdre, avais laissé ce fil d'Ariane "au cas où". Je ne pouvais alors m'imaginer ce qui m'attendait au détour du carrefour. A cette époque j'aurais déjà été déçu de ne trouver qu'une impasse derrière le portail que j’ai emprunté, mais j'aurais encore pu m'en accommoder. J'aurais depuis dans un souci de légèreté mentale, choisi d’oublier cette anecdote. Et cette hypothèse est plausible, je veux m'en convaincre. Dans l'urgence mon tri mémoriel est parfois maladroit; il est fort possible que j'aie jeté ce souvenir par inadvertance.
Mais la faille est ouverte, le doute s’y engouffre, me contamine et je ne peux m'empêcher d'avoir peur. Je continue de me méfier des projectiles mortels mais je ne pense plus avoir à les craindre réellement. Le regard du Dieu Mouche ne peut plus me saisir à l'intérieur de la caverne noire où je suis entré. J’ai pris soin de m’envelopper dans d’épais draps de pénombre et les chemins de l’oubli que j’ai empruntés pour parvenir à ma terre promise sont tortueux, je sais que tout virtuose qu’il soit, la trajectoire rectiligne de ses balles ne peut s’adapter à ce dédale complexe. Je n'ai donc qu'à rester suffisamment profond dans l'oubli, ne pas réapparaître trop longtemps dans mon monde originel, ne pas risquer d’y renouer des attaches, pour être définitivement hors de portée de son fusil.
Il n'empêche que je ne suis pas totalement en confiance avec ce fil. Je ne pense pas que les humains, mes anciens congénères, sauront le voir et ainsi suivre ma piste, mais je ne peux pas l’affirmer avec certitude, et si jamais... J'aurais du mal à tolérer que ma terre promise devienne une attraction, à tolérer tout simplement ne plus être le seul à y errer.
Et ce n'est pas la pire hypothèse. Au fond je me refuse à croire que le Dieu Mouche soit si impuissant, j'en serais même déçu quelque part. Serait-il possible qu’un être doté d’une telle intelligence soit dans l’incapacité d’établir un plan d’attaque contre moi ? Bien sûr que non. Il doit avoir bien plus d'un tour dans son sac, dans ses éternités d’assassinats il a forcément mis au point des solutions de rechange pour combler les failles de son système meurtrier. Il a sûrement des serviteurs, des créatures subalternes qui l’aident dans sa quête d’extermination sans fin... Peut-être enverra-t-il des assassins qui n'auront qu'à remonter le fil pour venir me retrouver et corriger l'erreur que je suis.
Plus effrayant encore, peut-être que le supérieur du Dieu Mouche lui-même, exaspéré de mon insolence et de l'incapacité de son vassal, l'enverra en personne pour me traquer. Il le remplacera pendant ce temps au siège du tireur et accomplira sa tâche avec un génie bien plus époustouflant encore que le Dieu Mouche. Dans son courroux il orchestrera un chaos total avec l’efficacité la plus impitoyable qui soit. Comme quoi mon entreprise n'est pas sans risques, peut-être que j’expose mon monde à un pouvoir destructeur bien plus grand que celui du Dieu Mouche.
Et si toutes ces pensées me faisaient déjà courir à ma perte, si ces questions dans lesquelles vibre la paranoïa étaient en fait une arme brandie sur moi en ce moment même, une stratégie pour me débusquer ? De la peur, oui, c’est bien de la peur que je ressens, mais au fond de mon antre, dans cet asile profond, je ne me sens pas en péril. C'est cette distance créée entre moi et le Dieu mouche qui me donne l'avantage, comme si j'avais pris de l'avance sur le temps, gagné en altitude, marqué l'écart.
Ce n'est pas tant ce bunker flottant qui me préserve, c'est plutôt son accès. Quand bien même le dieu mouche en personne tenterait de me surprendre, usant de stratagèmes occultes, il lui sera bien difficile de suivre ce fil que j'ai laissé traîner par dépit ou par inconscience. Il se verra confronté à un labyrinthe en perpétuel mouvement, obligé de jouer avec mes propres règles dans un jeu où il ne pourra qu'être perdant, dénué d'humour et de fantaisie il s'y perdra forcement. Je ne suis pas absolument certain que dans cette chasse acharnée le Dieu mouche me laissera la victoire aussi facilement que je me l'imagine. Mais je ne peux croire en sa réussite, je me suis donné bien trop de mal à atteindre cette préséance pour quelle me soit fatale. J'ai toujours voyagé léger, sans encombres mais aussi sans attaches.
Je ne regrette rien, j'ai bien oeuvré et je suis prêt à assumer mon décalage pourvu qu'il me soit libérateur. En tout état de cause je ne suis pas mécontent de devoir me confronter au dieu mouche en personne, c'est peut être une étape nécessaire et je l'attends de pied ferme. Je suis même bizarrement attiré par cette rencontre, un peu comme s'il devait absolument y avoir un vainqueur et un vaincu pour qu'enfin cette lutte prenne un sens, comme si cette inévitable bataille était une initiation, un passage obligatoire, la clé pour un plus loin, un ailleurs inconcevable que je ne peux encore comprendre. De plus je ne veux pas être en perpétuelle fuite, acculé aux parois de mon refuge, condamné à fabriquer de l'éloignement entre le Dieu mouche et moi dans un éternel recommencement.
Il faudra bien que j'en finisse une fois pour toute et même si mon optimisme est illusoire, si le Dieu mouche me terrasse, je sais bien que je n'ai pas d'autres choix que d'aller au feu. Peut être même est-il déjà en train de préparer le champ de bataille à son avantage en alourdissant cette microgravité si chèrement payée par des attaques psychiques, soumettant mon esprit à la question. Alors il faut que j'évite les doutes, les pourquoi et les comment. Je sais bien que c'est là mon point faible et mon adversaire le sait aussi.
Il est grand temps de réunir mes forces et de faire l'inventaire de mon arsenal. J'ai dans mon paquetage quelques surprises pour le Dieu mouche. Dans mes rencontres parallèles, j'ai appris à jongler avec de la matière étrange, j'ai été le témoin de l'oracle aux pieds nus, le peuple nomade de Carnish m'a initié au secret de la musique cantique, me laissant par sympathie une arme d'une puissance phénoménale qui pourrait bien me donner la prérogative.
Mais la faille est ouverte, le doute s’y engouffre, me contamine et je ne peux m'empêcher d'avoir peur. Je continue de me méfier des projectiles mortels mais je ne pense plus avoir à les craindre réellement. Le regard du Dieu Mouche ne peut plus me saisir à l'intérieur de la caverne noire où je suis entré. J’ai pris soin de m’envelopper dans d’épais draps de pénombre et les chemins de l’oubli que j’ai empruntés pour parvenir à ma terre promise sont tortueux, je sais que tout virtuose qu’il soit, la trajectoire rectiligne de ses balles ne peut s’adapter à ce dédale complexe. Je n'ai donc qu'à rester suffisamment profond dans l'oubli, ne pas réapparaître trop longtemps dans mon monde originel, ne pas risquer d’y renouer des attaches, pour être définitivement hors de portée de son fusil.
Il n'empêche que je ne suis pas totalement en confiance avec ce fil. Je ne pense pas que les humains, mes anciens congénères, sauront le voir et ainsi suivre ma piste, mais je ne peux pas l’affirmer avec certitude, et si jamais... J'aurais du mal à tolérer que ma terre promise devienne une attraction, à tolérer tout simplement ne plus être le seul à y errer.
Et ce n'est pas la pire hypothèse. Au fond je me refuse à croire que le Dieu Mouche soit si impuissant, j'en serais même déçu quelque part. Serait-il possible qu’un être doté d’une telle intelligence soit dans l’incapacité d’établir un plan d’attaque contre moi ? Bien sûr que non. Il doit avoir bien plus d'un tour dans son sac, dans ses éternités d’assassinats il a forcément mis au point des solutions de rechange pour combler les failles de son système meurtrier. Il a sûrement des serviteurs, des créatures subalternes qui l’aident dans sa quête d’extermination sans fin... Peut-être enverra-t-il des assassins qui n'auront qu'à remonter le fil pour venir me retrouver et corriger l'erreur que je suis.
Plus effrayant encore, peut-être que le supérieur du Dieu Mouche lui-même, exaspéré de mon insolence et de l'incapacité de son vassal, l'enverra en personne pour me traquer. Il le remplacera pendant ce temps au siège du tireur et accomplira sa tâche avec un génie bien plus époustouflant encore que le Dieu Mouche. Dans son courroux il orchestrera un chaos total avec l’efficacité la plus impitoyable qui soit. Comme quoi mon entreprise n'est pas sans risques, peut-être que j’expose mon monde à un pouvoir destructeur bien plus grand que celui du Dieu Mouche.
Et si toutes ces pensées me faisaient déjà courir à ma perte, si ces questions dans lesquelles vibre la paranoïa étaient en fait une arme brandie sur moi en ce moment même, une stratégie pour me débusquer ? De la peur, oui, c’est bien de la peur que je ressens, mais au fond de mon antre, dans cet asile profond, je ne me sens pas en péril. C'est cette distance créée entre moi et le Dieu mouche qui me donne l'avantage, comme si j'avais pris de l'avance sur le temps, gagné en altitude, marqué l'écart.
Ce n'est pas tant ce bunker flottant qui me préserve, c'est plutôt son accès. Quand bien même le dieu mouche en personne tenterait de me surprendre, usant de stratagèmes occultes, il lui sera bien difficile de suivre ce fil que j'ai laissé traîner par dépit ou par inconscience. Il se verra confronté à un labyrinthe en perpétuel mouvement, obligé de jouer avec mes propres règles dans un jeu où il ne pourra qu'être perdant, dénué d'humour et de fantaisie il s'y perdra forcement. Je ne suis pas absolument certain que dans cette chasse acharnée le Dieu mouche me laissera la victoire aussi facilement que je me l'imagine. Mais je ne peux croire en sa réussite, je me suis donné bien trop de mal à atteindre cette préséance pour quelle me soit fatale. J'ai toujours voyagé léger, sans encombres mais aussi sans attaches.
Je ne regrette rien, j'ai bien oeuvré et je suis prêt à assumer mon décalage pourvu qu'il me soit libérateur. En tout état de cause je ne suis pas mécontent de devoir me confronter au dieu mouche en personne, c'est peut être une étape nécessaire et je l'attends de pied ferme. Je suis même bizarrement attiré par cette rencontre, un peu comme s'il devait absolument y avoir un vainqueur et un vaincu pour qu'enfin cette lutte prenne un sens, comme si cette inévitable bataille était une initiation, un passage obligatoire, la clé pour un plus loin, un ailleurs inconcevable que je ne peux encore comprendre. De plus je ne veux pas être en perpétuelle fuite, acculé aux parois de mon refuge, condamné à fabriquer de l'éloignement entre le Dieu mouche et moi dans un éternel recommencement.
Il faudra bien que j'en finisse une fois pour toute et même si mon optimisme est illusoire, si le Dieu mouche me terrasse, je sais bien que je n'ai pas d'autres choix que d'aller au feu. Peut être même est-il déjà en train de préparer le champ de bataille à son avantage en alourdissant cette microgravité si chèrement payée par des attaques psychiques, soumettant mon esprit à la question. Alors il faut que j'évite les doutes, les pourquoi et les comment. Je sais bien que c'est là mon point faible et mon adversaire le sait aussi.
Il est grand temps de réunir mes forces et de faire l'inventaire de mon arsenal. J'ai dans mon paquetage quelques surprises pour le Dieu mouche. Dans mes rencontres parallèles, j'ai appris à jongler avec de la matière étrange, j'ai été le témoin de l'oracle aux pieds nus, le peuple nomade de Carnish m'a initié au secret de la musique cantique, me laissant par sympathie une arme d'une puissance phénoménale qui pourrait bien me donner la prérogative.