Note de la fic : Non notée
Publié le 19/08/2013 à 01:18:13 par Pseudo supprimé
Alors, je passe un regard terne et glissant sur le paysage qui m'entoure au quotidien, je ne suis plus dans l'idéal oubli et la pertinence de vouloir éviter la fin en me persuadant que dans mes songes, mes rendez-vous fictifs j'atteindrai les limites de l'inévitable, décrétant qu'en m'éloignant de l'ordinaire, je finirai bien par dépasser la distance, m'effaçant ainsi de son programme. La punition du réel est exemplaire. J?arrondis mon optique et m'accorde à cet axiome primaire. Mais je ne m'avoue pas vaincu pour autant. Je continuerai à voyager sous ces pôles parallèles, là ou le temps s'est aboli de lui même. Là où tout est possible, aléatoire et furtif. Dans cette infinitude intemporelle ce projectile fractal s'y trouve forcement.
J?ai passé bien trop de temps à vouloir décrypter le pourquoi sans aucun résultat et je n'ai plus le loisir d'en perdre. Ma quête est démesurée et l'issue improbable. Je n'ai qu'une chance sur rien de trouver cet explosif à effet retard. Et même si au coin d'une pensée, dans une transe, dans un moment d'éloignement extrême je repère cette balle organique, que se passerait-il ? Faut-il que je m'en inquiète ? Non, cette rencontre est si peu plausible que je sais bien que le Dieu Mouche marquerait un arrêt face à cette préséance conquise, il serait bien obligé de m'offrir un minimum. Un deuxième tour de manège, une seconde chance, une autre vie en bonus. Mais je refuserai ce deal. Un autre destin préfabriqué ne m'intéresse pas. De plus je n'ai aucune confiance en ce Dieu psychopathe. Il a sûrement prévu cette éventualité. Un projectile dormant serait réactivé et ma renaissance serait de courte durée. Une nano seconde de vie, pas plus.
Alors quoi ? Que peut-il me donner d'autre ? Il est inconcevable qu'il puisse abandonner à jamais une de ses prérogatives et me laisser libre de mon destin, libre de choisir le quand et le comment de ma fin. En est-il seulement capable ? Je ne le crois pas. Le Dieu mouche n'est probablement qu'un prestataire de service, un sous traitant, un commis qui encaisse les impayés. Alors la dernière exigence que je pourrais formuler serait de revendiquer mon droit à savoir le pourquoi avant de mourir. Il ne pourra me donner satisfaction ne le sachant pas lui même. Il devra consulter son supérieur, cela le mettra dans l'embarras. C'est déjà ça de gagné. Il me mettra en stand by dans un espace temps figé, une salle d'attente vide, sans sommeil, sans besoins, sans envies, privé de toutes émotions, bref, une salle d'ennui et de supplice, plongé dans un coma conscient pour une éternité d'attente. Mais que tout ça est loin de mon existence! Je suis toujours vivant et quoi qu'il en soit je m'en félicite.
Peut-être que l?on se dit à l?extérieur que je ne suis qu?un vecteur d?organes, un moyen de locomotion sans pilote ; un corps froid et sans conscience, du fait de mes yeux vides et de la virginité de ma mémoire. Car de ma vie en ce monde je n?ai retenu aucun visage, je n?ai sélectionné que ceux des rares vagabonds rencontrés par inadvertance dans mes errances parallèles. J?ai gravé ces êtres, ces paysages-là à même le marbre de mon identité, mais je ne garde de ceux de mon monde originel que la bribe présente qui défile continuellement devant moi. J?ai tout vu, je n?ai rien retenu, je ne regarde ni n?écoute plus rien, mon esprit est désormais verrouillé et, s?il existe une clé ou un code pour le rouvrir, j?ai du décider de l?oublier. J?ai scellé ma mémoire et le présent se dissout sous mes yeux avant qu?il ne devienne le passé. Mes anciens souvenirs se sont évaporés, et les nouveaux se heurtent à ma barrière mentale, rebondissent sur la membrane de mon esprit et sombrent dans l?oubli avant même je ne les aie vécus. Je deviendrai au fil du temps si peu matériel et tellement léger que je pourrai moi aussi rebondir sur la conscience de mes congénères, quand bien même ils n?auront érigé aucune paroi. Je pourrai alors visiter cet endroit dont l?étendue est infinie et où s?accumulent bien des richesses, cette réserve immense où est stocké tout ce qui est perdu sans aucun espoir de retour, tout ce dont l?existence a été réduite par l?oubli au néant le plus total. De ce port d?attache j?aurai accès à beaucoup plus de ces lieux hors du monde, j?irai naviguer sur des mers de négation absolue, dans des océans noirs de vide, tout en étant sûr d?être invulnérable puisque j?aurai disparu de la visée du Dieu Mouche. Mort bien avant mon heure, je renaîtrai de mes cendres invisibles dans cette caverne obscure. Je me jouerai de mon prédateur en lui adressant un signe de main de temps à autre et en disparaissant aussitôt après, laissant son viseur vide sans qu?il s?en rende compte. Quelles seront ses frustrations quand son supérieur viendra l?inspecter et lui désignera ce fusil pointé sur rien, bougeant au rythme du destin qui aurait du être le mien !
J?accumulerai les peines que le réel voudra m?infliger et la liste de mes condamnations s?étirera indéfiniment. Tel un souvenir vivant, un spectre translucide, je demeurerai insaisissable car mon être s?étalera sur plusieurs époques. Je deviendrai peut-être un dieu moi-même, maître des choses secrètes, je régnerai seul dans les ténèbres de l?oubli, j?y accepterai ce que je désirerai et condamnerai le reste au réel. Je deviendrai un accident prémédité, un hasard calculé. Condamné à être libéré, regardant sans être regardé.
Alors, nostalgique, j'errerai dans les coursives de l'aliénation pour y retrouver mes demi-frères, ceux qui au regard des corruptibles sont hors séries et incompatibles. Ils seront mon seul lien avec la chair. Ils seront le seul langage compréhensif pour mon déséquilibre vainqueur. Car c'est bien une fêlure, une fission mentale qui m'aura permis d'échapper au réticulé du Dieu Mouche. Ils me diront ce que je sais déjà mais avec une musique différente, une mélodie que je n'avais pas su entendre. Eux ils se sont bien moqués du Dieu Mouche ou peut être ont-ils eu la sagesse de vouloir parier sur autre chose, fixant avec une telle désinvolture le projectile qui leur était destiné qu'il en était devenu inoffensif ou négligeable. Ils ont choisi un autre canal, un non à une vie sous contrôle pour un oui à un libre parcours. Je ne sais toujours pas si c'est le Dieu Mouche qui a déprogrammé sa visée ou si c'est eux qui dans leur instabilité volontaire ont crée une troisième sortie, une nouvelle équation que ne peut lire la trajectoire de la course. Je suis bien trop dans mon abstraction maintenant pour tout comprendre, il va falloir que je m'y fasse, que je me retourne de temps en temps pour ne pas perdre pied, cette indépendance gagnée m'a peut être coûté plus cher que je ne le croyais.
Bien qu'étant sûr d'avoir gagné la partie, je me laisse une marge, je sais que c'est dangereux le Dieu Mouche y pourrait écrire des mots contaminés par le doute. Je prends le risque d'une balle furtive, je sais bien qu'au moindre faux pas je récupérerai instantanément ma vulnérabilité. Je pourrais me contenter de ma victoire, mais elle a un goût amer. Un peu comme si derrière ma certitude d'avoir échappé à la matière il y avait encore un fil si fin qu'il m'est invisible et je ne sais s'il est dangereux ou nécessaire.
J?ai passé bien trop de temps à vouloir décrypter le pourquoi sans aucun résultat et je n'ai plus le loisir d'en perdre. Ma quête est démesurée et l'issue improbable. Je n'ai qu'une chance sur rien de trouver cet explosif à effet retard. Et même si au coin d'une pensée, dans une transe, dans un moment d'éloignement extrême je repère cette balle organique, que se passerait-il ? Faut-il que je m'en inquiète ? Non, cette rencontre est si peu plausible que je sais bien que le Dieu Mouche marquerait un arrêt face à cette préséance conquise, il serait bien obligé de m'offrir un minimum. Un deuxième tour de manège, une seconde chance, une autre vie en bonus. Mais je refuserai ce deal. Un autre destin préfabriqué ne m'intéresse pas. De plus je n'ai aucune confiance en ce Dieu psychopathe. Il a sûrement prévu cette éventualité. Un projectile dormant serait réactivé et ma renaissance serait de courte durée. Une nano seconde de vie, pas plus.
Alors quoi ? Que peut-il me donner d'autre ? Il est inconcevable qu'il puisse abandonner à jamais une de ses prérogatives et me laisser libre de mon destin, libre de choisir le quand et le comment de ma fin. En est-il seulement capable ? Je ne le crois pas. Le Dieu mouche n'est probablement qu'un prestataire de service, un sous traitant, un commis qui encaisse les impayés. Alors la dernière exigence que je pourrais formuler serait de revendiquer mon droit à savoir le pourquoi avant de mourir. Il ne pourra me donner satisfaction ne le sachant pas lui même. Il devra consulter son supérieur, cela le mettra dans l'embarras. C'est déjà ça de gagné. Il me mettra en stand by dans un espace temps figé, une salle d'attente vide, sans sommeil, sans besoins, sans envies, privé de toutes émotions, bref, une salle d'ennui et de supplice, plongé dans un coma conscient pour une éternité d'attente. Mais que tout ça est loin de mon existence! Je suis toujours vivant et quoi qu'il en soit je m'en félicite.
Peut-être que l?on se dit à l?extérieur que je ne suis qu?un vecteur d?organes, un moyen de locomotion sans pilote ; un corps froid et sans conscience, du fait de mes yeux vides et de la virginité de ma mémoire. Car de ma vie en ce monde je n?ai retenu aucun visage, je n?ai sélectionné que ceux des rares vagabonds rencontrés par inadvertance dans mes errances parallèles. J?ai gravé ces êtres, ces paysages-là à même le marbre de mon identité, mais je ne garde de ceux de mon monde originel que la bribe présente qui défile continuellement devant moi. J?ai tout vu, je n?ai rien retenu, je ne regarde ni n?écoute plus rien, mon esprit est désormais verrouillé et, s?il existe une clé ou un code pour le rouvrir, j?ai du décider de l?oublier. J?ai scellé ma mémoire et le présent se dissout sous mes yeux avant qu?il ne devienne le passé. Mes anciens souvenirs se sont évaporés, et les nouveaux se heurtent à ma barrière mentale, rebondissent sur la membrane de mon esprit et sombrent dans l?oubli avant même je ne les aie vécus. Je deviendrai au fil du temps si peu matériel et tellement léger que je pourrai moi aussi rebondir sur la conscience de mes congénères, quand bien même ils n?auront érigé aucune paroi. Je pourrai alors visiter cet endroit dont l?étendue est infinie et où s?accumulent bien des richesses, cette réserve immense où est stocké tout ce qui est perdu sans aucun espoir de retour, tout ce dont l?existence a été réduite par l?oubli au néant le plus total. De ce port d?attache j?aurai accès à beaucoup plus de ces lieux hors du monde, j?irai naviguer sur des mers de négation absolue, dans des océans noirs de vide, tout en étant sûr d?être invulnérable puisque j?aurai disparu de la visée du Dieu Mouche. Mort bien avant mon heure, je renaîtrai de mes cendres invisibles dans cette caverne obscure. Je me jouerai de mon prédateur en lui adressant un signe de main de temps à autre et en disparaissant aussitôt après, laissant son viseur vide sans qu?il s?en rende compte. Quelles seront ses frustrations quand son supérieur viendra l?inspecter et lui désignera ce fusil pointé sur rien, bougeant au rythme du destin qui aurait du être le mien !
J?accumulerai les peines que le réel voudra m?infliger et la liste de mes condamnations s?étirera indéfiniment. Tel un souvenir vivant, un spectre translucide, je demeurerai insaisissable car mon être s?étalera sur plusieurs époques. Je deviendrai peut-être un dieu moi-même, maître des choses secrètes, je régnerai seul dans les ténèbres de l?oubli, j?y accepterai ce que je désirerai et condamnerai le reste au réel. Je deviendrai un accident prémédité, un hasard calculé. Condamné à être libéré, regardant sans être regardé.
Alors, nostalgique, j'errerai dans les coursives de l'aliénation pour y retrouver mes demi-frères, ceux qui au regard des corruptibles sont hors séries et incompatibles. Ils seront mon seul lien avec la chair. Ils seront le seul langage compréhensif pour mon déséquilibre vainqueur. Car c'est bien une fêlure, une fission mentale qui m'aura permis d'échapper au réticulé du Dieu Mouche. Ils me diront ce que je sais déjà mais avec une musique différente, une mélodie que je n'avais pas su entendre. Eux ils se sont bien moqués du Dieu Mouche ou peut être ont-ils eu la sagesse de vouloir parier sur autre chose, fixant avec une telle désinvolture le projectile qui leur était destiné qu'il en était devenu inoffensif ou négligeable. Ils ont choisi un autre canal, un non à une vie sous contrôle pour un oui à un libre parcours. Je ne sais toujours pas si c'est le Dieu Mouche qui a déprogrammé sa visée ou si c'est eux qui dans leur instabilité volontaire ont crée une troisième sortie, une nouvelle équation que ne peut lire la trajectoire de la course. Je suis bien trop dans mon abstraction maintenant pour tout comprendre, il va falloir que je m'y fasse, que je me retourne de temps en temps pour ne pas perdre pied, cette indépendance gagnée m'a peut être coûté plus cher que je ne le croyais.
Bien qu'étant sûr d'avoir gagné la partie, je me laisse une marge, je sais que c'est dangereux le Dieu Mouche y pourrait écrire des mots contaminés par le doute. Je prends le risque d'une balle furtive, je sais bien qu'au moindre faux pas je récupérerai instantanément ma vulnérabilité. Je pourrais me contenter de ma victoire, mais elle a un goût amer. Un peu comme si derrière ma certitude d'avoir échappé à la matière il y avait encore un fil si fin qu'il m'est invisible et je ne sais s'il est dangereux ou nécessaire.