Note de la fic : Non notée

[Reecriture]_L_Effet_Papillon


Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5


Publié le 19/08/2013 à 01:17:06 par Pseudo supprimé

[c]Chapitre 4[/c]

La mer rouge. Les barges étaient vides, criblées de balles, de sang et de chair humaine. La mer emplit de corps inanimés et de sang lui donnait cette coloration surréaliste. La houle se contentait de remuer cette soupe infâme. Dan s’était élancé sur la plage, la boule au ventre. Il avait réussi à sortir de l’embarcation en évitant les mitrailleuses, les premiers avant lui avaient eu moins de chance, et s’était hissé sur la plage, derrière un hérisson tchèque. Il n’avait pas vu ou était parti le commandant Gerow, mais sa destinée était de rester vivant, alors il ne se faisait pas de soucis pour lui.

Une balle se ficha à cinq centimètres de son nez, dans le métal de l’obstacle anti-char. Il décida d’avancer, alors que la plupart des autres soldats étaient devant lui. Finalement, il allait réussir à survivre, bien planqué derrière les milliers de soldats d’infanterie, qui eux, étaient entraînés. Les tirs d’obus sifflèrent à ses oreilles à intervalles réguliers, en même temps que les bruits sourds des impacts de balles sur le sable. Dan allait devenir sourd au milieu de ce raffut. Si seulement la surdité était son seul souci.

Un cratère se forma non loin de lui, emportant trois soldats avec lui. Un obus venait de soulever des tonnes de sable. Dan se protégea les yeux et la bouche, alors que d’autres soldats parvinrent au même endroit que lui.
« - Allez, faut pas rester là, faut avancer ! Dis l’un des deux, d’une voix déterminée. »
Puis, ils repartirent droit devant, esquivant les balles et se cachant dans les cratères d’obus ou derrière les morts.

Daniel décida d’avancer. Devant lui, un soldat s’effondra tête la première sur le sable, dans une gerbe de sang. Il venait de se faire toucher par une rafale, et son corps avait tressauté pendant plusieurs longues secondes. Dan fit abstraction de cette vision d’horreur, et gagna un autre hérisson tchèque. Les tirs ne cessaient de siffler, alors qu’au loin, il aperçut les blockhaus allemands posés sur les dunes de sable. Les bras des soldats se démembrèrent sous la puissance des mitrailleuses, et les morts se comptaient déjà en milliers. Les cris hantèrent les vivants, qui se cachaient derrière les corps inanimés et baignant dans le sang. Les médecins militaires tentaient de réanimer certains blessés, ou d’abréger les souffrances d’autres. Mais en une seconde, un obus vint souffler un des médecins et son patient.

Dan se dit qu’il ne pourra jamais oublier cette scène. Cette bataille a été une des plus sanglantes de l’humanité, et elle a été un condensé de haine, de douleur, de hurlements, de peur et de cris, tout cela imbibé de milliers de litres de sang. Mais ce fut avant tout une bataille pour la liberté, et les droits de l’homme. Il profita d’une accalmie pour sortir de sa cachette et avancer. Les allemands devaient probablement recharger leurs armes de temps à autre, permettant ainsi aux Alliés de progresser. Dan vit des milliers d’autres soldats se faire éparpiller sur la plage, au fur et à mesure que la lune déclinait dans le ciel, et que le jour apparaissait.

Lorsque Daniel parvint au bout de la plage, il s’abrita derrière une dune de sable, à la limite des barbelés. De l’autre côté, il y avait leurs bases. D’autres soldats étaient parvenus ici, et ils affluaient encore par centaines. Il y avait encore beaucoup de vivant, malgré ce que pensait Dan, et ceux-ci allaient conduire les Alliés et l’Europe à la victoire. Une discussion s’établit entre des gradés, non loin. Dan glissa sur le sable pour s’approcher, furtivement, en prenant soin de ne pas se découvrir à la vue des allemands.
« - Ou sont ces saloperies d’explosifs ?! Gueula un premier.
- J’ai vu l’artificier avec Gerow à 200 mètres d’ici ! L’informa un soldat.
- Qu’est-ce qu’ils foutent ? On ne passera pas sans eux ! »

La situation était catastrophique. Dan comprit qu’ils n’avaient que peu de temps pour faire sauter la clôture, passer de l’autre côté, et démanteler le blockhaus allemand avant qu’ils ne se fassent tous tuer ici, sur cette dune de sable, si proche du but. Dans un éclair de folie, il repartit en arrière, sous les hurlements des gradés.

« - Mais où il va ? Il va se faire tuer, c’con ! Reviens ! »
En quelques minutes, après être passé quelques fois à côté de la mort, il retrouva le corps du commandant. Inanimé, dans un cratère d’obus, assez proche de la dune. Il vérifia à plusieurs fois. « Commandant Leonard T. Gerow » indiquait son veston et son badge. Daniel eut un horrible haut-le-cœur avant de vomir sa bile aux pieds du gradé. S’il était mort, il n’allait pas conduire les Alliés à la victoire, le débarquement allait être un échec, et ils allaient tous mourir ici, ce matin, sur cette plage !

Une explosion retentit. Pas un obus, non, plus proche, plus sec. Dan releva la tête vers la dune. L’artificier était arrivé, et la clôture venait de sauter. Les soldats entraient lentement, gagnant du terrain peu à peu, resserrant l’étau. Daniel se releva, arme au poing, et courut jusqu’à la dune. Il fut stoppé net par une balle qui cogna son casque. Il vacilla, et manqua de s’effondrer, mais il continua à quatre pattes les quelques mètres qui le séparait de la dune et du gradé qui l’attendait. Quand il fut à sa hauteur, il attrapa Dan par le col et le tira à lui.

« - Ne refaites plus jamais ça, pigé ? On a besoin de vous, ici ! »
Dan reconnut un des gradés qui s’était moqué de lui quelques jours plus tôt. Puis, il continua :
« - Je suis fier de vous Lowert. »

Un sourire franc sur les lèvres gercées et pleines de sang d’un sergent de l’armée américaine. Ce dernier se leva de son abri, et passa par le trou dans la clôture. Il tourna la tête alors que celle-ci fut arrachée par une rafale de balles qui passait par là. Son corps s’écroula net sur le sol. Dan s’approcha de l’entrée à son tour, et se pencha sur le corps du sergent.
« - Merde… Je continuerais, sergent. Jay Lowert aura son nom dans les manuels d’histoire. Je le ferais pour vous tous. »

Une larme s’échoua sur le treillis militaire plein de sable du gradé, et Daniel se releva pour partir à l’assaut du bunker. Il parvint à la première porte en un rien de temps, évitant les mines sous les bons conseils des autres soldats. Une dizaine d’hommes étaient à l’entrée.
« - Il faut entrer, on est plus très loin !
- Si on parvient à tous les tuer là-dedans, on sauve tout une garnison, qui sont là, sur la plage ! »
L’artificier posa un explosif sur la porte. Les hommes se plaquèrent contre le mur, serrant les poings et fermant les yeux. La détonation fut puissante, et la porte valsa dans les dunes, à vingt mètres de là.
Un soldat entra dans le Bunker, repassa sa tête à l’extérieur, et lança un sourire à l’attention de ses compagnons d’armes.
« - C’est parti. »


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