Et j’ai dormi, atrocement mal, mon sommeil a été tout, sauf réparateur, je dirais plutôt dévastateur. Cauchemards, froid, trempé, très inconfortable sur un banc, bref, à 7h30 j’étais debout, et les quelques personnes qui me regardaient devaient me prendre pour un SDF, ou un fugueur, je ne sais pas. Mon portable n’était pas HS, une bonne nouvelle. Je m’empresse de l’allumer, et là …

« Vous avez 43 nouveaux messages »

Moi qui ai l’habitude d’être surpris quand j’en reçois un, alors 43 ! Pas mal d’appels en absence, des messages vocaux, et des sms. Apparemment on s’est beaucoup inquiété pour moi gnagnagna … je m’en fous un peu, ça me touche mais bon ce n’est pas ça que je veux savoir. Comment va Elodie ? Elle s’en est sortie ? Mon cœur commence déjà à battre à mille à l’heure, message par message, toujours pas d’indices, pas de signes, rien . Mais il doit m’en rester une vingtaine, et enfin, je tombe sur un message de Marine :

« David, fait surtout pas de conneries, Elodie va mieux, elle va s’en sortir, reviens stp … »

Le soulagement, si elle savait à quel point elle m’a rassuré. Et merde je dois aller en cours moi ! 7h45 … Ah non remarque on est samedi, je suis vraiment un boulet parfois. J’ai faim, j’ai soif, je suis encore trempé, et je ne sais même pas où je suis. Me voilà dans une sacrée situation. Première chose, me laver, et manger. Après on avisera ! Mais je décide de demander ma route pour rejoindre l’Université proche de mon bahut, pour récupérer les clés de mon studio, comme ça je pourrai me doucher, et à l’eau chaude j’espère.

Une femme rousse d’une quarantaine d’années m’a gentiment indiqué le chemin, même si avec la tête dans le cul je n’ai pas tout retenu, je saurais me retrouver je pense. Après une bonne demi-heure de marche, je me repère enfin, avec la Seine ! Je ne dois plus être très loin. Effectivement, 5 minutes plus tard je suis devant l’Université. Je me rends donc à l’accueil.

Moi : Bonjour, je voudrais récupérer mes clés pour le studio, je suis ****** David.
Secrétaire : Attendez je vais voir ça avec le Directeur adjoint du campus.
Moi : Merci bien.

3 minutes plus tard, après avoir maté le bocal de poisson rouge juste à côté du bureau comme un demeuré, la secrétaire revient avec tout un dossier dans les mains.

Secrétaire : Voilà, nous avons juste besoin de quelques signatures et de quelques renseignements s’il vous plaît …

10 minutes à remplir des papiers, à signer etc avec les mains encore gelées de cette nuit.

Secrétaire : Vous avez dormi dehors ou quoi ? Dit elle amusée.
Moi : Euuuh …

Je remue la tête et me remets à écrire, elle me prend pour qui Enfin, quelques minutes plus tard … j’ai mes clés !!!! Oui, ça y est ! Libre comme le vent, comme l’air, plus de parents, indépendant, mon chez moi, ça c’est une bonne nouvelle. Je décide de me manger un morceau juste en face au « Croustillant ». Au petit déj’, un chocolat chaud, des céréales, des gâteaux, 2 croissants, je mange tout ça comme un porc, si bien que la mamie de la table d’à côté a changé de place pour s’éloigner.

Moi : BTG ?
Mamie : Petit insolent !
Moi : Petite vieille

Owned ? Apparemment, elle l’a mal pris, et a fermé sa gueule, je me sens bien là ! J’aurais bien commandé un croustibat, mais apparemment y font pas . Tant pis, je décide donc de me rendre à mon studio, noraj’ ceux qui dorment chez leurs parents. C’est à 2 rues de l’internat donc je ne me perdrai pas, et en 5 minutes j’y suis. Alors, c’est le numéro 4C apparemment, chaud le couloir avec pleins de portes partout ! On dirait un couloir d’internat en fait, peut-être plus grand, mais surtout plus calme, et très silencieux. Je rentre dans mon studio, et là, OMG, y a déjà presque tout dedans ! A vrai dire on rentre directement dans une grande pièce, où se trouve le lit, un bar avec une cuisine intégrée (c’est pas Schmidt mais c’est déjà ça ), la salle de bain juste derrière apparemment avec les W.C. Mais pas de télé, pourtant y a un meuble . Par contre à noter une petite armoire aussi pour les fringues ! Ben dis donc, c’est pas mal tout ça, pas mal du tout ! Manque plus que la télé justement, la 360, avec GoW2, COD4, Fallout 3, RE5, Street Fighter IV, Midnight Club LA, FIFA 09, NBA 2K9, Halo 3, Halo Wars, Oblivion, Skate 2, F.E.A.R 2, GTA IV … On verra ça plus tard hein . Je vais prendre une douche, et me faire un bref M+Z, ça faisait une bonne semaine, et j’en avais tellement plein la vue avec les filles que je venais de rencontrer ! D’ailleurs par respect j’ai fantasmé sur les anciennes bonasses de mon ancien lycée, et pas Marine, Joséphine, et encore moins Elodie.

Bref, qu’allais-je faire de ma matinée Je m’étais dit que je devais trouver des jobs le soir ou le week-end pour me faire de l’argent de poche, et m’acheter une télé ! D’ailleurs en y repensant, je pourrais me désinscrire de l’internat, et ne vivre qu’au studio ? Comme ça je serai libre le soir ! Mais faudrait que je me trouve un colocataire, parce que je payerai plus cher. Mais déjà peut-être que je récupérerais une certaine somme d’argent si je ne reste pas toute l’année à l’internat. D’ailleurs mon compte n’est peut-être pas vide, si ça se trouve ils prélèvent chaque mois. Que de projets qui fleurissent dans ma tête, il me fallait les mener à bien.

La suite est inévitable. Je téléphone à Marine pour savoir à quel hôpital se trouve Elodie.

Marine : David ? C’est toi ?
Moi : Oui …
Marine : Putain tu nous as foutu une de ces trouilles, tu t’es barré où ?
Moi : Bah j’ai dormi dehors mais t’inquiètes pas ça va là.
Marine : A ce point ? A cause d’Elodie ?
Moi : Euh, oui (j’étais un peu gêné là …)
Marine : Mais elle va mieux t’en fais pas ! On est à l’hôpital ******, on est parti manger un morceau avec Maxime, Marco, Héléna et Kéké. On a fini dans 5 minutes.
Moi : Ok ben j’arrive alors, mais c’est où ?

Elle m’explique rapidement, c’est à 500 mètres à peu près de mon studio je crois, ça devrait le faire. Je me prépare comme il se doit, et je m’y rends à pied, ni joyeux, ni triste. Je repense à ce que j’ai vécu le temps d’une nuit à cause de cette foutue crise cardiaque qu’elle a eu. Elodie, elle n’a même pas 17 ans je crois, et sa santé va déjà très mal . A l’hôpital, on me donne le numéro de la chambre voyons que je suis quand plutôt triste, je ne vois pas mon visage mais je le sens bien.

Quelle vision d’horreur une fois arrivé devant elle, je m’assieds silencieusement et la regarde tétanisé, elle a un masque respiratoire, elle semble si fragile. Je crois qu’elle dort, mais ça m’est égal, je vais rester là un peu. 5 minutes, 15 minutes, 30 minutes … A repenser à tout ça, à me remémorer des moments de ma vie, qui m’ont fait reculer, pleurer, et moi qui n’ai plus de parents, plus de familles, j’ai 17 ans et je suis déjà presque indépendant, mais je préfère ça qu’être mort, la vie me donne une énième chance, je vais la saisir. Au milieu de toutes mes pensées, Marine rentre dans la chambre, elle m’embrasse (sur la joue ), me prend la main, la larme à l’œil, elle s’est vraiment inquiétée pour moi apparemment ! Tout ça me réchauffe le cœur, elle me dit de prendre la main d’Elodie …

Moi : Euh, non …
Marine : Pourquoi ? T’as peur ?
Moi : Non mais je vais pas la réveiller.
Marine : Je crois qu’elle est déjà réveillée regarde.

Elle a entrouvert les yeux, c’est vrai, et nous a fait un petit sourire rassurant . Mais je n’ose pas lui prendre la main, c’est pas comme si on était déjà des bons amis, enfin j’aurais aimé lui prendre mais je trouve que ça le fait pas je suis mal placé je crois. Pourtant Marine me regarde comme si je devais le faire, alors je me suis exécuté. Mais quelques secondes plus tard, le médecin entre dans la chambre, et demande :

Médecin : Vous êtes des amis ?
Marine : Oui.
Médecin : Je peux vous parler une seconde ?
Marine : Bien sûr.

Nous sortons donc de la chambre. Et là, le médecin prend une voix plus grave.

Médecin : Etant donné qu’Elodie n’a presque plus de famille, et que personne d’autre que vous ne s’est manifesté, je pense être en droit de vous dire ce qu’il s’est passé réellement. Mais vous devrez garder ça secret bien sûr, puisque que normalement je n’ai pas à vous le dire, mais c’est pour elle que je le fais, d’accord ?
Moi : Oui ne vous en faites pas, venez en au fait …
Médecin : Quelque chose a causé la crise cardiaque de Elodie …
Moi : Quoi ?
Médecin : Il y avait une dose importante de drogue dans son sang.