Note de la fic :
Publié le 08/05/2012 à 02:25:09 par Gregor
Ce n'est une surprise pour personne. Le fait que je sois ici, dans cet état, encore trop secoué par ce qu'il se passe en quelques heures. La veille, j'étais un cadavre ambulant. Maintenant, je me sens plus puissant que jamais. Un souffle s'est glissé en moi. Un souffle presque divin, j'en suis convaincu. Tout ça n'est pas normal. Rien n'est normal, en y réfléchissant.
Je n'ai plus qu'à suivre Roman, dans des couloirs qui ne me semblent plus immenses, étrangers. J'ai l'impression de revivre quelque chose d'enfoui très loin, un peu poussiéreux. Tout est à sa place. Moi, Roman, les murs, les autres. La lumière qui glisse sur mon corps ondule au rythme de nos pas. Nous nous égarons dans les quartiers médicaux, avant de nous en sortir, par une porte dérobée. À partir de là, les couloirs sont plus larges encore. Roman sourit.
— Ne t'inquiète pas. Ce n'est une surprise pour personne. Tout le monde sait qui tu es, quand tu es arrivé. Tout le monde a hâte de te voir ?
— Et c'est qui, tout le monde ?
— La meute.
Il ne m'explique rien de plus, préfère avancer, encore. J'ai tout le loisir de me poser des questions, sans doute pas les bonnes. La meute ? C'est quoi, la meute ? Le major, Roman, et tous les autres ? Ce qui me paraît le plus pertinent me laisse pourtant dans le doute. Ça ne peut pas être aussi simple. Ce n'est pas une simple escouade, ou même une unité un peu plus grande. J'essaye de retrouver le lien qui m'avait fait renaître, toute la force de la connaissance confédérée, comme une encyclopédie géante, utile, en vain. Je renonce, m'en remettant aux bons soins de Roman. Il sait très bien ce qu'il fait. Entend-il encore tout ce dont à quoi je pense ?
Il ne me répond pas. À la place, il nous fait pénétrer dans un immense hall, circulaire, large de vingt mètres, haut de dix, et où se tienne une quinzaine de personnes. Des hommes, uniquement des hommes en armures, casques abaissés. Tous des cyborgs aussi, avec des âges variés. Mais tous paraissent grands, larges, démesurés par rapport à un être humain standard. Tous ont la même carrure, sensiblement la même taille. Il me faut quelques instants pour arriver à assimiler le fait que je fais moi aussi partie de ce lot.
Ils me regardent. Des sourires s'affichent. Des rires un peu malins fusent, caustiques. Je reste silencieux, j'ai l'impression d'être inutile, et de cumuler gaffe sur gaffe. Je suis même certain que je ne reconnaîtrais pas le major Asweltorf. Je me trouve lamentable.
— Ça va aller, me glisse Roman. Tu vas bien t'en sortir.
J'ai donc confirmation qu'il entend tout. Je me sens piégé.
— Je ne sais pas, Roman.
— Laisse-moi faire.
Il me passe devant, se raidit et se met au garde-à-vous face à un homme qui semble âgé d'une quarantaine d'années. Barbe rousse et regard vert d'eau. Une balafre court sur sa joue gauche, refermée par plusieurs espèces d'écrous. Je n'ai pas le temps de me poser la question, j'ai déjà la réponse.
— Major Asweltorf, voici le soldat Max Fabron.
Il me désigne du plat de son immense main gauche. J'ai l'impression que je vais m'écrouler par terre.
— Approchez, soldat. Nous n'allons pas vous tuer.
Une bordée de rire secoue l'assemblée. Malhabile, je tente un pas, un autre. La distance me semble énorme.
— Garde à vous, soldat !
Je m’exécute plus vite que je ne pense. Mon corps a répondu seul. Quelque chose en moi est passé au-delà de ma conscience. Je me retrouve encore plus stupide, je me maudis encore davantage. Je ne suis sans doute pas celui qu'ils cherchaient. C'est impossible. Je suis trop pataud, trop stupide.
— Repos.
Asweltorf me regarde, circonspect. Il me tourne autour, inspecte, jauge. Je sens les fibres de son esprit frôler le mien. Il est puissant, terriblement puissant. Son rôle de chef de meute est une évidence. Il est la main qui porte la bride et donne la direction sans trembler. J'ai envie de m'incliner, je sais que je ne dois pas. Ce serait une hérésie de le faire ailleurs que devant le Magister.
— Roman, vous avez fait du très très bon travail.
Il détache chaque syllabe, sourit.
— Voilà un travail de maître, dans tous les sens du terme.
— Merci, major, mais je ne mérite pas autant de compliments.
— Il serait stupide de s'en priver.
Je sens les autres se rapprocher. Ils finissent par m'entourer. Je sens leur présence comme un apaisement, et non pas un rejet. Même si j'ai encore de sérieux doutes, leur confiance me rend plus fort, plus sûr. Il n'y a pas besoin de mot pour que quelque chose passe entre nous. Je suis dans la Meute. Nous sommes la meute, tous ensemble.
Bewulf, Isaac, Kundun, Ayato, John, Gunthër, Salomon, Walid, Oscar, Roman, et enfin, moi. Nous sommes tous là. Nous ne bougeons pas, nous formons un roc.
Lorsqu'ils placent chacun une main sur mon épaule, je sais ce qu'il se passe. Le Rezo pénètre en moi comme une bénédiction. Je sens l'afflux d'information. C'est un mantra, une révélation stricto sensu. Je perçois leur empathie et leur bienveillance de façon plus accrue. Je bénis leur nature hybride, notre nature hybride. Loin, au-dessus, l’œil du Dieu-Machine nous illumine. L'esprit du Magister nous couvre et nous observe avec attention. Il est heureux. Nous sommes tous là à présent.
— Soldat Max Fabron, bienvenu dans la Meute.
— Bénis sois le Dieu-Machine ajouté-je, transporté de joie.
Je n'ai plus qu'à suivre Roman, dans des couloirs qui ne me semblent plus immenses, étrangers. J'ai l'impression de revivre quelque chose d'enfoui très loin, un peu poussiéreux. Tout est à sa place. Moi, Roman, les murs, les autres. La lumière qui glisse sur mon corps ondule au rythme de nos pas. Nous nous égarons dans les quartiers médicaux, avant de nous en sortir, par une porte dérobée. À partir de là, les couloirs sont plus larges encore. Roman sourit.
— Ne t'inquiète pas. Ce n'est une surprise pour personne. Tout le monde sait qui tu es, quand tu es arrivé. Tout le monde a hâte de te voir ?
— Et c'est qui, tout le monde ?
— La meute.
Il ne m'explique rien de plus, préfère avancer, encore. J'ai tout le loisir de me poser des questions, sans doute pas les bonnes. La meute ? C'est quoi, la meute ? Le major, Roman, et tous les autres ? Ce qui me paraît le plus pertinent me laisse pourtant dans le doute. Ça ne peut pas être aussi simple. Ce n'est pas une simple escouade, ou même une unité un peu plus grande. J'essaye de retrouver le lien qui m'avait fait renaître, toute la force de la connaissance confédérée, comme une encyclopédie géante, utile, en vain. Je renonce, m'en remettant aux bons soins de Roman. Il sait très bien ce qu'il fait. Entend-il encore tout ce dont à quoi je pense ?
Il ne me répond pas. À la place, il nous fait pénétrer dans un immense hall, circulaire, large de vingt mètres, haut de dix, et où se tienne une quinzaine de personnes. Des hommes, uniquement des hommes en armures, casques abaissés. Tous des cyborgs aussi, avec des âges variés. Mais tous paraissent grands, larges, démesurés par rapport à un être humain standard. Tous ont la même carrure, sensiblement la même taille. Il me faut quelques instants pour arriver à assimiler le fait que je fais moi aussi partie de ce lot.
Ils me regardent. Des sourires s'affichent. Des rires un peu malins fusent, caustiques. Je reste silencieux, j'ai l'impression d'être inutile, et de cumuler gaffe sur gaffe. Je suis même certain que je ne reconnaîtrais pas le major Asweltorf. Je me trouve lamentable.
— Ça va aller, me glisse Roman. Tu vas bien t'en sortir.
J'ai donc confirmation qu'il entend tout. Je me sens piégé.
— Je ne sais pas, Roman.
— Laisse-moi faire.
Il me passe devant, se raidit et se met au garde-à-vous face à un homme qui semble âgé d'une quarantaine d'années. Barbe rousse et regard vert d'eau. Une balafre court sur sa joue gauche, refermée par plusieurs espèces d'écrous. Je n'ai pas le temps de me poser la question, j'ai déjà la réponse.
— Major Asweltorf, voici le soldat Max Fabron.
Il me désigne du plat de son immense main gauche. J'ai l'impression que je vais m'écrouler par terre.
— Approchez, soldat. Nous n'allons pas vous tuer.
Une bordée de rire secoue l'assemblée. Malhabile, je tente un pas, un autre. La distance me semble énorme.
— Garde à vous, soldat !
Je m’exécute plus vite que je ne pense. Mon corps a répondu seul. Quelque chose en moi est passé au-delà de ma conscience. Je me retrouve encore plus stupide, je me maudis encore davantage. Je ne suis sans doute pas celui qu'ils cherchaient. C'est impossible. Je suis trop pataud, trop stupide.
— Repos.
Asweltorf me regarde, circonspect. Il me tourne autour, inspecte, jauge. Je sens les fibres de son esprit frôler le mien. Il est puissant, terriblement puissant. Son rôle de chef de meute est une évidence. Il est la main qui porte la bride et donne la direction sans trembler. J'ai envie de m'incliner, je sais que je ne dois pas. Ce serait une hérésie de le faire ailleurs que devant le Magister.
— Roman, vous avez fait du très très bon travail.
Il détache chaque syllabe, sourit.
— Voilà un travail de maître, dans tous les sens du terme.
— Merci, major, mais je ne mérite pas autant de compliments.
— Il serait stupide de s'en priver.
Je sens les autres se rapprocher. Ils finissent par m'entourer. Je sens leur présence comme un apaisement, et non pas un rejet. Même si j'ai encore de sérieux doutes, leur confiance me rend plus fort, plus sûr. Il n'y a pas besoin de mot pour que quelque chose passe entre nous. Je suis dans la Meute. Nous sommes la meute, tous ensemble.
Bewulf, Isaac, Kundun, Ayato, John, Gunthër, Salomon, Walid, Oscar, Roman, et enfin, moi. Nous sommes tous là. Nous ne bougeons pas, nous formons un roc.
Lorsqu'ils placent chacun une main sur mon épaule, je sais ce qu'il se passe. Le Rezo pénètre en moi comme une bénédiction. Je sens l'afflux d'information. C'est un mantra, une révélation stricto sensu. Je perçois leur empathie et leur bienveillance de façon plus accrue. Je bénis leur nature hybride, notre nature hybride. Loin, au-dessus, l’œil du Dieu-Machine nous illumine. L'esprit du Magister nous couvre et nous observe avec attention. Il est heureux. Nous sommes tous là à présent.
— Soldat Max Fabron, bienvenu dans la Meute.
— Bénis sois le Dieu-Machine ajouté-je, transporté de joie.