Note de la fic :
Publié le 06/05/2012 à 20:40:09 par Gregor
L'impression ne dure pas plus d'une dizaine de secondes. Une gigantesque lumière envahit l'espace autour de moi. Ce n'est pas un soleil qui explose, ce n'est même pas une explosion, en réalité. La chaleur qui accompagne la lumière est douce, enivrante. Un sentiment de sérénité absolue m'envahit. J'ai l'impression de n’avoir jamais véritablement heureux auparavant. Mes souvenirs me paraissent terriblement loi, prisonniers d'une autre vie. Ils le sont d'ailleurs. Ma vie renaît ici. La lumière est la source de ma naissance. Elle me porte avec force. Je distingue autre chose avec elle. L'écho de milliards et de milliards de voix chuchotant crée une symphonie harmonieuse. Je touche du doigt une forme d'illumination. Beaucoup de chose et de notions m'échappent encore, mais je comprends que je le saurais, en temps et en heure. Je m'abandonne complètement à la lumière. J'abaisse ma garde, donne ma confiance.
Les ténèbres réapparaissent brusquement.
Il me faut un temps indéfini pour reprendre mes esprits. Ce n'était pas une véritable illumination. Ce n'était que mon premier contact avec la Confédération. Le Dieu-Machine, Le Rezo, les Consciences Mortes. Tout est mélangé, bouilli d'âme en vol libre. J'ai dû passer sur le billard. Non. J'y suis passé, avec certitude. J'imagine que je dois encore y être. Je ne sens pas grand-chose, à peine un souffle d'air. J'ai froid. Il fait froid. La sensation est celle, désagréable, d'une sortie de bain. Ma peau frisonne. J'ai encore peur d'ouvrir les yeux, et de revenir là haut, dans le réel. Tout n'est pas prêt.
Je sais que je n'aurais pas vraiment le temps. Qu'il faut y retourner malgré tout. Sentir la réalité dans mon corps, voir les changements, bref, passer à l'âgé adulte. C'est une mue, une métamorphose. Une chenille qui se fait paillon. Un papillon de mort qui voyage dans le temps.
Le premier contact, c'est d'abord celui des flux. Flux d'informations qui transitent sur les unités coms implantés sur les zones auditives de mon cerveau. Analyse de métadonnées, captage de signal, calibrage et adaptation au champ électrique de l'encéphale. Le coma a été long de dix-neuf jours. L'unité médicale tente un contact avec l'extérieur, sans succès. Mon état n'est pas critique. Mais un bras et une jambe se sont évaporés dans la nature.
— Max ?
Les canaux auditifs se dégagent dans la masse d'informations. Je reconnais aussitôt le ton moqueur de Roman. Il attendait, tranquillement. Je ne sais pas pourquoi je sais ça. J'essaye de lui demander ce qu'il se passe, il pose une main sur ma poitrine.
— Du calme Max, tu ne peux pas encore parler. Mais je peux t'entendre. Tu n'as qu'à élaborer tes idées, et je ferrais le tri.
Le simple fait qu'il puisse voir à quoi je pense me terrifie. Toute idée stupide devra disparaître. C'est illusoire ; il rit.
— Calme-toi, répète-t-il. Nous sommes tous passés par là. Détends toi, nous allons ouvrir les canaux visuels. On va tester tes réactions sur ce plan-là.
Je me demande si nous sommes seuls. Je n'entends rien autour.
— Et c'est le cas, Max. Le major Asweltorf est dans une pièce à côté. Il supervise ton réveil de loin. Étant donné que je suis ton « maître » (je l'imagine faire deux guillemets avec ses doigts), je devais m'occuper des procédures physiques. Te réveiller. Et te revêtir de ton armure.
Une armure ? La même que la leur ?
— C'est bien pour cela que ton réveil est un peu particulier, après tout…
Roman ne me prévient pas, lorsqu'il ouvre les canaux visuels. Je lâche une bordée de nom d'oiseaux, ce qui a pour conséquences de le faire sourire.
— Et c'est tout ? Allez, max, un peu de sérieux. Essaye de fixer la cible que je vais faire apparaître.
Je m'exécute, sans difficulté. Il me faut quelques instants pour remarquer quelques détails notoires. Mon champ de vision est plus large, plus précis qu'avant. Tout un tas d'informations défile régulièrement sur les côtés, des cibles et des curseurs étranges se dessinent en son centre. Le visage de Roman est resplendissant de bonne humeur. Il doit souffler. Il devait se ronger les sangs à l'idée de ce premier réveil.
— Tout va bien, répond-il simplement. Les calibrages sont corrects. Maintenant, passons, à la partie la plus amusante de ce petit jeu.
Je suis sanglé, sur cette table d'opération. Roman au-dessus de moi ne me lâche pas du regard. La suite promet d'être plus mouvementée.
Roman n'a pas menti. Toujours attaché sur cette table, j'ai du mal à lever la tête pour regarder autour de moi. Première observation : mes pieds me semblent beaucoup plus éloignés par rapport à avant. Enfin, mes pieds… Mon pied, pour être plus précis. Une jambe me manque à l'appel, un bras aussi. Curieuses sensations, plutôt un vide qu'une douleur atroce. Je soupire, repose ma tête sur la surface froide de la table d'opération.
— Laisse moi, faire, continue Roman.
Il bricole quelque chose, sur une autre table, à côté. Et bien entendu, se garde bien de me prévenir quand il met en place l'énorme implant qui remplace ma jambe gauche. Une succession de bruits étranges remplit l'air de la pièce. Un vide se remplit, mon interface médicale m'indique que la jambe est bien en place, fonctionnelle. J'essaye de la bouger, elle répond parfaitement. Roman continue son manège, recommence avec le bras bionique qui vient se fixer comme une sangsue sur le moignon de mon épaule droite. Les sangles qui me maintiennent tombent de concert.
— Allez, Max. Mets-toi donc debout.
J'obéis. Je m'assois quelques instants sur le rebord de la table. Oui, j'ai effectivement grandi. Je n'ose pas imaginer ce qu'il s'est passé pendant mon sommeil. J'ai pris près d'un mètre, mon corps amaigri est devenu la sculpture d'un athlète. Puissant, racé, imberbe, et insensible à la douleur. Je note la présence de divers petits implants au niveau de ma poitrine, dont un, de la taille d'un gros bol, saillit comme un diamant. En son centre, un énorme carreau de verre pulse une lumière blanchâtre. Je passe ma main dessus, il est tiède.
— Un générateur plasma. De quoi alimenter l'armure et tes implants, poursuit Roman, qui continue d'entendre toutes mes pensées.
Je repose mon bras valide, lève l'autre, l'artificiel. Assemblage de tiges de métal et de plaques noirs et argentés. Toute la mécanique se devine dans les creux et les articulations qui bruissent doucement. Ma main est devenue un gantelet de métal aux doigts énormes, semblables à ceux de mon mentor. J'en reste bouche bée. Je serre mon poing. Je sens la puissance de l'attribut. C'est étrange, agréablement étrange.
— Alors comment te sens-tu.
Bien. Je m sens terriblement bien. Ça, et l'impression de sortir d'un mauvais cauchemar. Je le gratifie de remerciements.
— Ne va pas trop vite en besogne…
La séance d'habillage continue. Après les implants, ce sont les énormes éléments d'une armure noire et argenté qu'il positionne sur mon corps. Je sens des piques me transpercer, se fixer à mon squelette, mais je n'ai pas mal. Je n'ai plus mal. Le major n'a pas menti non plus. Je n'ai plus de sensibilité à la douleur, seulement la sensation de devenir une passoire. Un peu de mon sang goutte. Je n'ai plus vraiment peur. Petit à petit, je me couvre d'une carapace épaisse. Mes jambes d'abords, engoncées dans des fourreaux confortables, qui s'animent de concert. Mon torse ensuite, où se dessinent des abdominaux figés dans le métal. Mes épaules, recouvertes de plaques arrondies, cyclopéennes, mangeant une partie de mon dos et de mes bras, presque jusqu'au niveau des coudes. Mon dos lui-même, vissé contre une vague de plaques. Mon bras et ma main encore organique, coincés dans un gantelet de la taille de ma main mécanique. Et ma tête, qui disparaît sous un casque confortable. Je respire dans un drôle d'appareil, un osmoseur, qui gonfle dans ma bouche et me fait trembler peur. J'ai l’impression d'étouffer.
— Calme-toi, max, j'ai presque fini.
Il connecte plusieurs câble, pianote sur une série d’hologrammes pendant une dizaine de minutes, avant de ranger le tout, de me poser une main sur l'épaule, et de sourire à nouveau.
— cette fois, c'est bon.
Un miroir se fige dans le projecteur holo. Je vois deux statues de métal, l'une couverte d'un énorme casque, effrayant, brutal, l'autre dont la tête est un savant mélange d'implants et de malice, sous le couvert d'une barbe bien taillée et d'un crâne dont on devine la blondeur. Je ne dis rien. Je sais ce qu'il faut faire. Alors, doucement, je donne l'ordre à l'armure de relever le casque. Elle s’exécute, ma tête se découvre. Et c'est la satisfaction.
Je suis là. Pareil, mais différent. Plus grand, plus massif. Je reconnais les traits du visage pour ce qu'il en reste de véritablement vivant. Et il y ales implants. Un œil qui a disparu, la moitié du crâne, une oreille. Les traits sont là, le nez est le même, les pommettes aussi. Mais le menton est plus massif, les mâchoires aussi, le front plus haut. J'étais presque imberbe, et une barbe de plusieurs jours me mange la peau. Je suis soigneusement rasé, à peine un duvet grisâtre recouvre les parties visibles de mon crâne.
Le reste de mon corps est tout aussi surprenant. Bien qu'engoncé dans cette armure presque moyenâgeuse, je devine le bras et la jambe artificielle, qui ne sont pas complètement recouverts de plaques. Je porte une main à mon menton, le frotte doucement. Il faudra que je m'habitue à la taille de mes doigts. C'est effrayant et excitant à la fois. Je ne suis plus tout à fait un Homme, j'ai pourtant l'impression de n’avoir jamais été aussi bien, aussi tranquille, assuré. Quelque chose change, et ce n'est pas seulement dans ce physique monstrueux que je le trouve.
— Alors satisfait du résultat, Max ?
— Oui.
Cette fois, c'est bien moi qui parle. La voix est rocailleuse, puissante. Elle vibre dans tout mon corps.
— Oui, Roman. Je ne pourrais jamais te dire merci.
— Oh, tu sais, ce n'est qu'un détail.
— Tu trouves, ricané-je ?
Il sourit en coin.
— Bienvenu parmi tes frères, Soldat Max.
Les ténèbres réapparaissent brusquement.
Il me faut un temps indéfini pour reprendre mes esprits. Ce n'était pas une véritable illumination. Ce n'était que mon premier contact avec la Confédération. Le Dieu-Machine, Le Rezo, les Consciences Mortes. Tout est mélangé, bouilli d'âme en vol libre. J'ai dû passer sur le billard. Non. J'y suis passé, avec certitude. J'imagine que je dois encore y être. Je ne sens pas grand-chose, à peine un souffle d'air. J'ai froid. Il fait froid. La sensation est celle, désagréable, d'une sortie de bain. Ma peau frisonne. J'ai encore peur d'ouvrir les yeux, et de revenir là haut, dans le réel. Tout n'est pas prêt.
Je sais que je n'aurais pas vraiment le temps. Qu'il faut y retourner malgré tout. Sentir la réalité dans mon corps, voir les changements, bref, passer à l'âgé adulte. C'est une mue, une métamorphose. Une chenille qui se fait paillon. Un papillon de mort qui voyage dans le temps.
Le premier contact, c'est d'abord celui des flux. Flux d'informations qui transitent sur les unités coms implantés sur les zones auditives de mon cerveau. Analyse de métadonnées, captage de signal, calibrage et adaptation au champ électrique de l'encéphale. Le coma a été long de dix-neuf jours. L'unité médicale tente un contact avec l'extérieur, sans succès. Mon état n'est pas critique. Mais un bras et une jambe se sont évaporés dans la nature.
— Max ?
Les canaux auditifs se dégagent dans la masse d'informations. Je reconnais aussitôt le ton moqueur de Roman. Il attendait, tranquillement. Je ne sais pas pourquoi je sais ça. J'essaye de lui demander ce qu'il se passe, il pose une main sur ma poitrine.
— Du calme Max, tu ne peux pas encore parler. Mais je peux t'entendre. Tu n'as qu'à élaborer tes idées, et je ferrais le tri.
Le simple fait qu'il puisse voir à quoi je pense me terrifie. Toute idée stupide devra disparaître. C'est illusoire ; il rit.
— Calme-toi, répète-t-il. Nous sommes tous passés par là. Détends toi, nous allons ouvrir les canaux visuels. On va tester tes réactions sur ce plan-là.
Je me demande si nous sommes seuls. Je n'entends rien autour.
— Et c'est le cas, Max. Le major Asweltorf est dans une pièce à côté. Il supervise ton réveil de loin. Étant donné que je suis ton « maître » (je l'imagine faire deux guillemets avec ses doigts), je devais m'occuper des procédures physiques. Te réveiller. Et te revêtir de ton armure.
Une armure ? La même que la leur ?
— C'est bien pour cela que ton réveil est un peu particulier, après tout…
Roman ne me prévient pas, lorsqu'il ouvre les canaux visuels. Je lâche une bordée de nom d'oiseaux, ce qui a pour conséquences de le faire sourire.
— Et c'est tout ? Allez, max, un peu de sérieux. Essaye de fixer la cible que je vais faire apparaître.
Je m'exécute, sans difficulté. Il me faut quelques instants pour remarquer quelques détails notoires. Mon champ de vision est plus large, plus précis qu'avant. Tout un tas d'informations défile régulièrement sur les côtés, des cibles et des curseurs étranges se dessinent en son centre. Le visage de Roman est resplendissant de bonne humeur. Il doit souffler. Il devait se ronger les sangs à l'idée de ce premier réveil.
— Tout va bien, répond-il simplement. Les calibrages sont corrects. Maintenant, passons, à la partie la plus amusante de ce petit jeu.
Je suis sanglé, sur cette table d'opération. Roman au-dessus de moi ne me lâche pas du regard. La suite promet d'être plus mouvementée.
Roman n'a pas menti. Toujours attaché sur cette table, j'ai du mal à lever la tête pour regarder autour de moi. Première observation : mes pieds me semblent beaucoup plus éloignés par rapport à avant. Enfin, mes pieds… Mon pied, pour être plus précis. Une jambe me manque à l'appel, un bras aussi. Curieuses sensations, plutôt un vide qu'une douleur atroce. Je soupire, repose ma tête sur la surface froide de la table d'opération.
— Laisse moi, faire, continue Roman.
Il bricole quelque chose, sur une autre table, à côté. Et bien entendu, se garde bien de me prévenir quand il met en place l'énorme implant qui remplace ma jambe gauche. Une succession de bruits étranges remplit l'air de la pièce. Un vide se remplit, mon interface médicale m'indique que la jambe est bien en place, fonctionnelle. J'essaye de la bouger, elle répond parfaitement. Roman continue son manège, recommence avec le bras bionique qui vient se fixer comme une sangsue sur le moignon de mon épaule droite. Les sangles qui me maintiennent tombent de concert.
— Allez, Max. Mets-toi donc debout.
J'obéis. Je m'assois quelques instants sur le rebord de la table. Oui, j'ai effectivement grandi. Je n'ose pas imaginer ce qu'il s'est passé pendant mon sommeil. J'ai pris près d'un mètre, mon corps amaigri est devenu la sculpture d'un athlète. Puissant, racé, imberbe, et insensible à la douleur. Je note la présence de divers petits implants au niveau de ma poitrine, dont un, de la taille d'un gros bol, saillit comme un diamant. En son centre, un énorme carreau de verre pulse une lumière blanchâtre. Je passe ma main dessus, il est tiède.
— Un générateur plasma. De quoi alimenter l'armure et tes implants, poursuit Roman, qui continue d'entendre toutes mes pensées.
Je repose mon bras valide, lève l'autre, l'artificiel. Assemblage de tiges de métal et de plaques noirs et argentés. Toute la mécanique se devine dans les creux et les articulations qui bruissent doucement. Ma main est devenue un gantelet de métal aux doigts énormes, semblables à ceux de mon mentor. J'en reste bouche bée. Je serre mon poing. Je sens la puissance de l'attribut. C'est étrange, agréablement étrange.
— Alors comment te sens-tu.
Bien. Je m sens terriblement bien. Ça, et l'impression de sortir d'un mauvais cauchemar. Je le gratifie de remerciements.
— Ne va pas trop vite en besogne…
La séance d'habillage continue. Après les implants, ce sont les énormes éléments d'une armure noire et argenté qu'il positionne sur mon corps. Je sens des piques me transpercer, se fixer à mon squelette, mais je n'ai pas mal. Je n'ai plus mal. Le major n'a pas menti non plus. Je n'ai plus de sensibilité à la douleur, seulement la sensation de devenir une passoire. Un peu de mon sang goutte. Je n'ai plus vraiment peur. Petit à petit, je me couvre d'une carapace épaisse. Mes jambes d'abords, engoncées dans des fourreaux confortables, qui s'animent de concert. Mon torse ensuite, où se dessinent des abdominaux figés dans le métal. Mes épaules, recouvertes de plaques arrondies, cyclopéennes, mangeant une partie de mon dos et de mes bras, presque jusqu'au niveau des coudes. Mon dos lui-même, vissé contre une vague de plaques. Mon bras et ma main encore organique, coincés dans un gantelet de la taille de ma main mécanique. Et ma tête, qui disparaît sous un casque confortable. Je respire dans un drôle d'appareil, un osmoseur, qui gonfle dans ma bouche et me fait trembler peur. J'ai l’impression d'étouffer.
— Calme-toi, max, j'ai presque fini.
Il connecte plusieurs câble, pianote sur une série d’hologrammes pendant une dizaine de minutes, avant de ranger le tout, de me poser une main sur l'épaule, et de sourire à nouveau.
— cette fois, c'est bon.
Un miroir se fige dans le projecteur holo. Je vois deux statues de métal, l'une couverte d'un énorme casque, effrayant, brutal, l'autre dont la tête est un savant mélange d'implants et de malice, sous le couvert d'une barbe bien taillée et d'un crâne dont on devine la blondeur. Je ne dis rien. Je sais ce qu'il faut faire. Alors, doucement, je donne l'ordre à l'armure de relever le casque. Elle s’exécute, ma tête se découvre. Et c'est la satisfaction.
Je suis là. Pareil, mais différent. Plus grand, plus massif. Je reconnais les traits du visage pour ce qu'il en reste de véritablement vivant. Et il y ales implants. Un œil qui a disparu, la moitié du crâne, une oreille. Les traits sont là, le nez est le même, les pommettes aussi. Mais le menton est plus massif, les mâchoires aussi, le front plus haut. J'étais presque imberbe, et une barbe de plusieurs jours me mange la peau. Je suis soigneusement rasé, à peine un duvet grisâtre recouvre les parties visibles de mon crâne.
Le reste de mon corps est tout aussi surprenant. Bien qu'engoncé dans cette armure presque moyenâgeuse, je devine le bras et la jambe artificielle, qui ne sont pas complètement recouverts de plaques. Je porte une main à mon menton, le frotte doucement. Il faudra que je m'habitue à la taille de mes doigts. C'est effrayant et excitant à la fois. Je ne suis plus tout à fait un Homme, j'ai pourtant l'impression de n’avoir jamais été aussi bien, aussi tranquille, assuré. Quelque chose change, et ce n'est pas seulement dans ce physique monstrueux que je le trouve.
— Alors satisfait du résultat, Max ?
— Oui.
Cette fois, c'est bien moi qui parle. La voix est rocailleuse, puissante. Elle vibre dans tout mon corps.
— Oui, Roman. Je ne pourrais jamais te dire merci.
— Oh, tu sais, ce n'est qu'un détail.
— Tu trouves, ricané-je ?
Il sourit en coin.
— Bienvenu parmi tes frères, Soldat Max.