Note de la fic :
L'achèvement d'une ère.
Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée
Chapitre 5 : Protection et désinfection
Publié le 24/02/2012 à 19:11:23 par Spyko
« Vous avez fait du bon travail, nous informa le maire sans grand entrain. Je suis vraiment désolé pour les trois hommes qui en sont morts. »
« Désolé? s'indigna notre coéquipier. Le Troisième a perdu son chef à cause de cette opération! »
L'augmentation de la voix de Benjamin sorti légèrement le reste du groupe de sa torpeur. Notre leader était en train de parler au maire, Goldman, -qui n'était rien de plus qu'une sorte de petit dirigeant- mais ce qui aurait normalement dû être un petit discours de félicitations s'apprêtait visiblement à se transformer en éclats de voix.
« Je sais que cette perte est regrettable, commença Goldman, mais vous savez bien que ce genre d'opération est vital et que... »
« Ouais, tellement vital que chaque semaine, on perd des hommes et un ou deux camions pour aller récolter quelques kilos de pomme de terre! coupa Ben d'un ton sec. »
« Vous n'avez pas à me parler comme... »
« Alors on fait quoi? Vous continuez à envoyer des hommes au massacre, à perdre des véhicules qui pourraient nous être plus utiles, alors que dès le début, on aurait pu construire cette saloperie de potager à proximité de la ville? »
« Ce qui est fait est fait! répliqua le maire, perdant son masque de calme. On ne pourra pas déplacer les cultures avant un bon moment. Peut-être que cet hiver, quand elles seront toutes sans fruits, nous pourrons... »
« Cet hiver? Combien d'hommes et de femmes vont mourir en attendant cet hiver? »
« Ecoutez, je regrette autant que chaque personne ici la mort de ceux qui ne parviennent pas à revenir. Cependant, nous ne pouvons pas stopper... »
« Pourquoi? coupa une nouvelle fois notre leader. Pourquoi on ne pourrait pas arrêter les opérations pour y aller, en attendant que les nécromorphs soient moins nombreux, ou qu'ils arrêtent de se tenir en embuscade? »
« Parce que nous avons besoin de ces fruits et légumes! »
« Ca, ça m'étonnerait! Bordel, toute la ville sait que nos stocks sont assez importants pour tenir encore un long moment! »
« Ca suffit! hurla Goldman. »
Visiblement, Ben avait poussé le bouchon trop loin.
« Si vous recommencez à me hurler dessus comme vous le faites, je peux vous assurer que vous ne commanderez plus ce groupe, et je pourrais tout aussi bien vous assigner à la cuisine! »
« Comme vous voudrez..., siffla Ben d'un ton haineux. »
Il était inutile de faire un examen approfondi de notre chef pour savoir qu'il aurait volontiers étripé l'homme qui se tenait en face de lui, maire ou non, s'il n'avait pas craint des sentences encore plus lourdes. Mais au lieu de se jeter sur Goldman, il revint s'asseoir avec nous, la mâchoire tellement crispée que c'était à se demander si ses dents n'allaient pas se fracturer. Il nous regarda tous un par un, de Carmen à Mike.
« Allez vous coucher. Qui sait ce qu'on va faire demain... »
Nous nous empressâmes de lui obéir, et c'est dans la lumière artificielle de la ville que chacun d'entre nous reparti dans sa chambre.
Trois jours après la récolte, je prenais un plateau au réfectoire pour le repas du midi, avant d'aller rejoindre mon groupe, qui m'appelait déjà, à l'autre bout de la salle. Je m'installai entre Stephanie et Matt, et commençai à manger tranquillement en les écoutant discuter. Aujourd'hui, la conversation portait sur un groupe de nécromorph qui avait été aperçu la veille au soir.
Hélas, à peine avais-je fini d'avaler la tranche de jambon solitaire dans mon assiette qu'une alarme résonna dans toute la ville, et un petit gyrophare s'alluma dans la salle. Instantanément, tout le monde fut sur le qui-vive, pendant que le haut-parleur laissait échapper des paroles.
« Attention, un convoi de quatre véhicules a été repéré en approche de la ville. Il s'agit probablement de survivants. Les groupe 9, 15 et 6 doivent immédiatement se rendre à la porte Sud pour escorter ce convoi. »
Max réagit le premier.
« Groupe 6! Mais putain, c'est pas à nous de nous occuper de ça! Je te parie que le maire a pas encore digéré votre altercation, Ben... »
« On dirait bien, soupira Ben. Bon aller, vu que c'est pour notre pomme, on a pas le choix. Debout les gars. »
« Et les filles, ajouta Steph' d'une voix malicieuse. »
Elle ponctua cette phrase d'un regard narquois, qui fit sourire chacun des membres. Déjà, trois tables venaient d'être abandonnés, tandis que les groupes 9 et 15 quittaient la salle. Nous nous levâmes à notre tour pour rejoindre les vestiaires, situé à une dizaine de mètres. Les deux soeurs entrèrent dans le leur, pendant que nous allions dans l'autre.
Nous enfilâmes rapidement notre combinaison par-dessus nos vêtements de tous les jours, avant d'aller prendre les armes à l'armurerie situé à côté. Une fois dehors, nous pûmes voir que les deux filles étaient déjà prêtes et assises sur un morceau de ferraille.
« Toujours aussi lents à vous habiller les garçons? »
Nous passâmes outre la remarque en prenant une expression affligée, puis engageâmes notre route vers la porte Sud, toujours par la même passerelle. En quelques minutes, nous arrivâmes en vue de huit jeep qui attendaient patiemment notre arrivée. Car, une fois n'est pas coutume, nous étions les derniers. En nous voyant venir, les groupes 9 et 15, qui comptaient respectivement onze et douze membres, entrèrent dans leur jeeps respectives, trois pour chaque groupe.
N'étant que sept, nous embarquâmes dans les deux dernières, Max, Matt, Stephanie et moi-même dans l'une, et Ben, Carmen et Mike dans la seconde. Le lourd portail s'ouvrit en grinçant, et les huit véhicules se mirent en route, droit vers le nuage de poussière que formaient les quatre 4x4 du convoi qui arrivait.
« Bon les gars, on est les deux dernières bagnoles de la file, alors essayez de pas vous faire distancer, ou plutôt rattraper, ça ferait tâche, conseilla la voix de notre chef dans nos transmetteurs. »
« T'inquiètes Ben, c'est Steph' qui conduit, donc on remettra toute la faute sur elle avant de se faire bouffer »
« La ferme Max, répliqua l'intéressée, c'est pas moi qui ai faillit écraser le maire en revenant des cultures le mois dernier! »
« Je t'ai déjà dit que j'y étais pour rien, on avait des nécros au cul et le chauffeur avait cassé sa pipe! »
« Ok, silence radio... soupira la voix grésillante. »
Bien enfoncé dans mon siège, j'imaginais sans peine la tête que devais faire Benjamin en prononçant cette phrase, ce qui me fit échapper un sourire.
L'escorte s'écarta pour laisser passer le convoi de rescapés, faisant ainsi une protection de quatre jeep de chaque côté. Par la vitre fermée, je vis qu'il s'agissait effectivement de survivants, qui avaient l'air mal en point après tous ces voyages. Après un demi-tour rapide, nous entamâmes le retour à la ville.
Un nécromorph atterrit brutalement sur le toit de la jeep devant nous. Le conducteur tenta de le déséquilibrer en sortant de la file avec un virage serré, mais, avant que qui que ce soit n'ait le temps d'ouvrir les fenêtres pour tirer, la créature se laissa tomber dans la zone circulaire qui permettait de rejoindre la tourelle, et les vitres furent bientôt aspergées de sang. L'un des hommes -qui portait un 9 doré sur sa combinaison- tenta de se hisser à travers l'ouverture, mais il subit le sort de ses coéquipiers avant d'avoir réussit. Son corps glissa sur le toit et s'écrasa sur le sol sec.
Une voix retentit dans le communicateur.
« Merde, on vient de perdre une voiture! A tous les groupes, restez sur vos gardes! »
« Compris! »
« Bon, Matt, fis-je avec un sourire, c'est à toi de t'y coller. »
« Quoi? Et pourquoi moi? »
« Parce que Steph' conduit, et que Max et moi on y est allé pour la récolte. »
Matt se glissa donc par le trou dans lequel le nécromorph avait sauté sur l'autre voiture, afin de prendre le contrôle de la tourelle qui s'y trouvait.
« Vous me payerez ça. Merde, encore ces saloperies qui courent hyper vite! »
En effet, dans notre dos, une dizaine de nécromorph fonçaient sur nous à quatre pattes. Ces créatures, qui avaient jadis été des chiens, au vu de leur apparence, avaient développés des muscles surpuissants au niveau des pattes, ce qui leur permis d'être sur nous en peu de temps. Heureusement, la ville n'était pas très loin, et il ne faudrait qu'une ou deux minute pour être à portée de tirs des défenses.
Mais en attendant, il nous fallait ouvrir le feu. Nous nous penchâmes chacun par une vitre, fusil à la main, pendant que le véhicule tremblait légèrement sous le tir continu de la tourelle laser. L'un des chiens pris de l'avance sur les autres, se ramassa sur lui même, et bondit, pour s'écraser sur le toit du dernier 4x4 de la file.
« Merde, Matt, vire le de là! »
L'intéressé s'exécuta, et le chien fit un vol plané sous la puissance de feu des trois tourelles qui avaient tirées au même moment. Plusieurs projectiles fusèrent au dessus de nous et allèrent s'écraser au milieu du groupe de nécromorphs. Notre convoi d'escorte avait atteint la ville, et les défenses s'étaient mises en marche. Un cri de soulagement retentit dans le communicateur lorsque nous franchîmes les portes.
Cependant, les 4x4 eurent interdiction d'aller plus loin, et l'un de nous se chargea de les escorter dans la sorte de petit bunker situé à proximité, qui permettait de vérifier qu'aucun des survivants n'était contaminé. Je me proposais de mauvaise grâce, parce que le groupe 9 était dans un semi-deuil pour la perte de quatre de leurs membres, et que le 15 n'était pas encore formé pour cette «inspection». Quant à ceux du mien, ils détestaient cordialement faire ce travail. C'était bien sur mon cas, mais quelqu'un devait le faire.
« Bon, vous tous, venez avec moi! appelais-je d'une voix ferme et autoritaire. Inspection obligatoire, on veut s'assurer que vous êtes pas infectés. »
Je m'installai de l'autre côté de la vitre, informant par le micro que les rescapés devaient entrer un par un dans la salle et ne plus bouger jusqu'à ce que je leur dise qu'ils pouvaient sortir. Comme je m'y attendais, ils passèrent tous tranquillement. Deux ou trois avaient un minuscule début d'infection, mais il était tellement peu prononcé que les scientifiques leur administrerait un petit antidote. Antidote qui, hélas, n'était pas suffisamment puissant pour arrêter une infection plus prononcée.
Je vis passer les trois derniers de la file, gardant un oeil fixé sur la console, jusqu'à ce que quelque chose n'attire mon regard. L'avant-dernier survivant était infecté, et beaucoup plus que ses congénères. C'était sans doute lui qui avait refilé le virus aux quelques autres. Je pressai le bouton de verrouillage de la porte, enfilai un petit masque à oxygène, et pénétrai dans la salle.
« Que... Qu'est-ce que c'est? balbutia t-il, paniqué. »
« Vous avez été contaminé, répondis-je d'une voix parfaitement neutre, repoussant ma propre angoisse. Suivez moi, vous ne pouvez pas pénétrer dans l'enceinte de la ville. »
« Mais... »
Le pauvre homme était apeuré. Je l'attrapai sans ménagement par le poignet et l'emmenai dans une salle annexe, en passant par un sas de décontamination. Après quoi, je l'y enfermai et retournai à mon poste pour m'occuper de vérifier le dernier, qui passa rejoindre ses amis.
« C'est bon, tout le monde est passé, informais-je Ben par mon transmetteur. Enfin, il y en a un qui n'a pas pu les rejoindre. Tu peux leur annoncer la nouvelle en douceur? »
« T'en fais pas Alex, je sais ce que ça doit être. »
« Merci Ben »
Toujours avec le masque, je retournai voir le malheureux, qui tambourinait à la porte. Ma main effleura mon arme de poing presque inconsciemment. Ce genre de situation était précisément la raison pour laquelle personne n'aimait faire ce travail. La porte se referma dans mon dos, et l'homme me fixa d'un regard terrifié.
« Qu'est-ce que vous allez faire de moi? »
« Je suis désolé, c'est la procédure. On ne peut pas prendre de risque. »
« Qu'est-ce que vous faites? »
La peur faisait trembler sa voix. Au moins, la salle était insonorisée. Aucun de ses amis n'entendrait quoi que ce soit. J'empoignai mon pistolet, et le tins bien en joue, dirigé sur son crâne. Il poussa un hurlement déchirant et se jeta à genoux pour me supplier. Je fermai les yeux.
« Désolé. »
La détonation se répercuta dans toute la salle, et le cadavre s'affaissa lentement en arrière, baignant dans son propre sang. Si cette méthode était barbare, elle était nécessaire. Nous n'avions aucun antidote pour ça.
C'était la seule méthode de désinfection existante.
« Désolé? s'indigna notre coéquipier. Le Troisième a perdu son chef à cause de cette opération! »
L'augmentation de la voix de Benjamin sorti légèrement le reste du groupe de sa torpeur. Notre leader était en train de parler au maire, Goldman, -qui n'était rien de plus qu'une sorte de petit dirigeant- mais ce qui aurait normalement dû être un petit discours de félicitations s'apprêtait visiblement à se transformer en éclats de voix.
« Je sais que cette perte est regrettable, commença Goldman, mais vous savez bien que ce genre d'opération est vital et que... »
« Ouais, tellement vital que chaque semaine, on perd des hommes et un ou deux camions pour aller récolter quelques kilos de pomme de terre! coupa Ben d'un ton sec. »
« Vous n'avez pas à me parler comme... »
« Alors on fait quoi? Vous continuez à envoyer des hommes au massacre, à perdre des véhicules qui pourraient nous être plus utiles, alors que dès le début, on aurait pu construire cette saloperie de potager à proximité de la ville? »
« Ce qui est fait est fait! répliqua le maire, perdant son masque de calme. On ne pourra pas déplacer les cultures avant un bon moment. Peut-être que cet hiver, quand elles seront toutes sans fruits, nous pourrons... »
« Cet hiver? Combien d'hommes et de femmes vont mourir en attendant cet hiver? »
« Ecoutez, je regrette autant que chaque personne ici la mort de ceux qui ne parviennent pas à revenir. Cependant, nous ne pouvons pas stopper... »
« Pourquoi? coupa une nouvelle fois notre leader. Pourquoi on ne pourrait pas arrêter les opérations pour y aller, en attendant que les nécromorphs soient moins nombreux, ou qu'ils arrêtent de se tenir en embuscade? »
« Parce que nous avons besoin de ces fruits et légumes! »
« Ca, ça m'étonnerait! Bordel, toute la ville sait que nos stocks sont assez importants pour tenir encore un long moment! »
« Ca suffit! hurla Goldman. »
Visiblement, Ben avait poussé le bouchon trop loin.
« Si vous recommencez à me hurler dessus comme vous le faites, je peux vous assurer que vous ne commanderez plus ce groupe, et je pourrais tout aussi bien vous assigner à la cuisine! »
« Comme vous voudrez..., siffla Ben d'un ton haineux. »
Il était inutile de faire un examen approfondi de notre chef pour savoir qu'il aurait volontiers étripé l'homme qui se tenait en face de lui, maire ou non, s'il n'avait pas craint des sentences encore plus lourdes. Mais au lieu de se jeter sur Goldman, il revint s'asseoir avec nous, la mâchoire tellement crispée que c'était à se demander si ses dents n'allaient pas se fracturer. Il nous regarda tous un par un, de Carmen à Mike.
« Allez vous coucher. Qui sait ce qu'on va faire demain... »
Nous nous empressâmes de lui obéir, et c'est dans la lumière artificielle de la ville que chacun d'entre nous reparti dans sa chambre.
Trois jours après la récolte, je prenais un plateau au réfectoire pour le repas du midi, avant d'aller rejoindre mon groupe, qui m'appelait déjà, à l'autre bout de la salle. Je m'installai entre Stephanie et Matt, et commençai à manger tranquillement en les écoutant discuter. Aujourd'hui, la conversation portait sur un groupe de nécromorph qui avait été aperçu la veille au soir.
Hélas, à peine avais-je fini d'avaler la tranche de jambon solitaire dans mon assiette qu'une alarme résonna dans toute la ville, et un petit gyrophare s'alluma dans la salle. Instantanément, tout le monde fut sur le qui-vive, pendant que le haut-parleur laissait échapper des paroles.
« Attention, un convoi de quatre véhicules a été repéré en approche de la ville. Il s'agit probablement de survivants. Les groupe 9, 15 et 6 doivent immédiatement se rendre à la porte Sud pour escorter ce convoi. »
Max réagit le premier.
« Groupe 6! Mais putain, c'est pas à nous de nous occuper de ça! Je te parie que le maire a pas encore digéré votre altercation, Ben... »
« On dirait bien, soupira Ben. Bon aller, vu que c'est pour notre pomme, on a pas le choix. Debout les gars. »
« Et les filles, ajouta Steph' d'une voix malicieuse. »
Elle ponctua cette phrase d'un regard narquois, qui fit sourire chacun des membres. Déjà, trois tables venaient d'être abandonnés, tandis que les groupes 9 et 15 quittaient la salle. Nous nous levâmes à notre tour pour rejoindre les vestiaires, situé à une dizaine de mètres. Les deux soeurs entrèrent dans le leur, pendant que nous allions dans l'autre.
Nous enfilâmes rapidement notre combinaison par-dessus nos vêtements de tous les jours, avant d'aller prendre les armes à l'armurerie situé à côté. Une fois dehors, nous pûmes voir que les deux filles étaient déjà prêtes et assises sur un morceau de ferraille.
« Toujours aussi lents à vous habiller les garçons? »
Nous passâmes outre la remarque en prenant une expression affligée, puis engageâmes notre route vers la porte Sud, toujours par la même passerelle. En quelques minutes, nous arrivâmes en vue de huit jeep qui attendaient patiemment notre arrivée. Car, une fois n'est pas coutume, nous étions les derniers. En nous voyant venir, les groupes 9 et 15, qui comptaient respectivement onze et douze membres, entrèrent dans leur jeeps respectives, trois pour chaque groupe.
N'étant que sept, nous embarquâmes dans les deux dernières, Max, Matt, Stephanie et moi-même dans l'une, et Ben, Carmen et Mike dans la seconde. Le lourd portail s'ouvrit en grinçant, et les huit véhicules se mirent en route, droit vers le nuage de poussière que formaient les quatre 4x4 du convoi qui arrivait.
« Bon les gars, on est les deux dernières bagnoles de la file, alors essayez de pas vous faire distancer, ou plutôt rattraper, ça ferait tâche, conseilla la voix de notre chef dans nos transmetteurs. »
« T'inquiètes Ben, c'est Steph' qui conduit, donc on remettra toute la faute sur elle avant de se faire bouffer »
« La ferme Max, répliqua l'intéressée, c'est pas moi qui ai faillit écraser le maire en revenant des cultures le mois dernier! »
« Je t'ai déjà dit que j'y étais pour rien, on avait des nécros au cul et le chauffeur avait cassé sa pipe! »
« Ok, silence radio... soupira la voix grésillante. »
Bien enfoncé dans mon siège, j'imaginais sans peine la tête que devais faire Benjamin en prononçant cette phrase, ce qui me fit échapper un sourire.
L'escorte s'écarta pour laisser passer le convoi de rescapés, faisant ainsi une protection de quatre jeep de chaque côté. Par la vitre fermée, je vis qu'il s'agissait effectivement de survivants, qui avaient l'air mal en point après tous ces voyages. Après un demi-tour rapide, nous entamâmes le retour à la ville.
Un nécromorph atterrit brutalement sur le toit de la jeep devant nous. Le conducteur tenta de le déséquilibrer en sortant de la file avec un virage serré, mais, avant que qui que ce soit n'ait le temps d'ouvrir les fenêtres pour tirer, la créature se laissa tomber dans la zone circulaire qui permettait de rejoindre la tourelle, et les vitres furent bientôt aspergées de sang. L'un des hommes -qui portait un 9 doré sur sa combinaison- tenta de se hisser à travers l'ouverture, mais il subit le sort de ses coéquipiers avant d'avoir réussit. Son corps glissa sur le toit et s'écrasa sur le sol sec.
Une voix retentit dans le communicateur.
« Merde, on vient de perdre une voiture! A tous les groupes, restez sur vos gardes! »
« Compris! »
« Bon, Matt, fis-je avec un sourire, c'est à toi de t'y coller. »
« Quoi? Et pourquoi moi? »
« Parce que Steph' conduit, et que Max et moi on y est allé pour la récolte. »
Matt se glissa donc par le trou dans lequel le nécromorph avait sauté sur l'autre voiture, afin de prendre le contrôle de la tourelle qui s'y trouvait.
« Vous me payerez ça. Merde, encore ces saloperies qui courent hyper vite! »
En effet, dans notre dos, une dizaine de nécromorph fonçaient sur nous à quatre pattes. Ces créatures, qui avaient jadis été des chiens, au vu de leur apparence, avaient développés des muscles surpuissants au niveau des pattes, ce qui leur permis d'être sur nous en peu de temps. Heureusement, la ville n'était pas très loin, et il ne faudrait qu'une ou deux minute pour être à portée de tirs des défenses.
Mais en attendant, il nous fallait ouvrir le feu. Nous nous penchâmes chacun par une vitre, fusil à la main, pendant que le véhicule tremblait légèrement sous le tir continu de la tourelle laser. L'un des chiens pris de l'avance sur les autres, se ramassa sur lui même, et bondit, pour s'écraser sur le toit du dernier 4x4 de la file.
« Merde, Matt, vire le de là! »
L'intéressé s'exécuta, et le chien fit un vol plané sous la puissance de feu des trois tourelles qui avaient tirées au même moment. Plusieurs projectiles fusèrent au dessus de nous et allèrent s'écraser au milieu du groupe de nécromorphs. Notre convoi d'escorte avait atteint la ville, et les défenses s'étaient mises en marche. Un cri de soulagement retentit dans le communicateur lorsque nous franchîmes les portes.
Cependant, les 4x4 eurent interdiction d'aller plus loin, et l'un de nous se chargea de les escorter dans la sorte de petit bunker situé à proximité, qui permettait de vérifier qu'aucun des survivants n'était contaminé. Je me proposais de mauvaise grâce, parce que le groupe 9 était dans un semi-deuil pour la perte de quatre de leurs membres, et que le 15 n'était pas encore formé pour cette «inspection». Quant à ceux du mien, ils détestaient cordialement faire ce travail. C'était bien sur mon cas, mais quelqu'un devait le faire.
« Bon, vous tous, venez avec moi! appelais-je d'une voix ferme et autoritaire. Inspection obligatoire, on veut s'assurer que vous êtes pas infectés. »
Je m'installai de l'autre côté de la vitre, informant par le micro que les rescapés devaient entrer un par un dans la salle et ne plus bouger jusqu'à ce que je leur dise qu'ils pouvaient sortir. Comme je m'y attendais, ils passèrent tous tranquillement. Deux ou trois avaient un minuscule début d'infection, mais il était tellement peu prononcé que les scientifiques leur administrerait un petit antidote. Antidote qui, hélas, n'était pas suffisamment puissant pour arrêter une infection plus prononcée.
Je vis passer les trois derniers de la file, gardant un oeil fixé sur la console, jusqu'à ce que quelque chose n'attire mon regard. L'avant-dernier survivant était infecté, et beaucoup plus que ses congénères. C'était sans doute lui qui avait refilé le virus aux quelques autres. Je pressai le bouton de verrouillage de la porte, enfilai un petit masque à oxygène, et pénétrai dans la salle.
« Que... Qu'est-ce que c'est? balbutia t-il, paniqué. »
« Vous avez été contaminé, répondis-je d'une voix parfaitement neutre, repoussant ma propre angoisse. Suivez moi, vous ne pouvez pas pénétrer dans l'enceinte de la ville. »
« Mais... »
Le pauvre homme était apeuré. Je l'attrapai sans ménagement par le poignet et l'emmenai dans une salle annexe, en passant par un sas de décontamination. Après quoi, je l'y enfermai et retournai à mon poste pour m'occuper de vérifier le dernier, qui passa rejoindre ses amis.
« C'est bon, tout le monde est passé, informais-je Ben par mon transmetteur. Enfin, il y en a un qui n'a pas pu les rejoindre. Tu peux leur annoncer la nouvelle en douceur? »
« T'en fais pas Alex, je sais ce que ça doit être. »
« Merci Ben »
Toujours avec le masque, je retournai voir le malheureux, qui tambourinait à la porte. Ma main effleura mon arme de poing presque inconsciemment. Ce genre de situation était précisément la raison pour laquelle personne n'aimait faire ce travail. La porte se referma dans mon dos, et l'homme me fixa d'un regard terrifié.
« Qu'est-ce que vous allez faire de moi? »
« Je suis désolé, c'est la procédure. On ne peut pas prendre de risque. »
« Qu'est-ce que vous faites? »
La peur faisait trembler sa voix. Au moins, la salle était insonorisée. Aucun de ses amis n'entendrait quoi que ce soit. J'empoignai mon pistolet, et le tins bien en joue, dirigé sur son crâne. Il poussa un hurlement déchirant et se jeta à genoux pour me supplier. Je fermai les yeux.
« Désolé. »
La détonation se répercuta dans toute la salle, et le cadavre s'affaissa lentement en arrière, baignant dans son propre sang. Si cette méthode était barbare, elle était nécessaire. Nous n'avions aucun antidote pour ça.
C'était la seule méthode de désinfection existante.