Note de la fic :
L'Homme Du Temps
Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction, Sentimental
Statut : C'est compliqué
Chapitre 5 : L'Homme Et L'Imprévu
Publié le 21/09/2011 à 22:12:11 par MassiveDynamic
HS : Merci à ceux qui lisent, dès le prochain chapitre, la fic va démarrer au quart de tour
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" - Et donc, j'ai engagé Joe. Il m'a l'air particulièrement fiable. Et puis, il fait partie de la famille. Et il peut nous protéger. En gros, on peut être tranquille un bon moment je pense. On a juste à rester calme le temps qu'il découvre quelque chose... Rode... ? Chéri, tu m'écoutes ? "
Une Mercedes. J'ai toujours voulu d'une Mercedes. C'est sobre, et c'est un bon gage de richesse, non ? Mais j'avais du mal à me concentrer puisqu'Emma s'acharnait à m'expliquer des choses qu'elle m'avait déjà hier, puis ce matin, puis ce midi, en dégustant un plat moyennement cuit. Elle ne faisait que répéter la même phrase mais sous une autre tournure. Elle était intelligente la bougre ! Elle avait bien compris que je ne voyais qu'en violet. Qu'en billet de cinq-cent euros. Je lui souriais pour lui faire comprendre que j'avais bien compris.
" - T'as engagé ton frère en tant que détective, j'veux bien. En plus, il est flic. Enfin, si tu dis qu'on peut lui faire confiance... Moi ça me va. Du moment que le donateur ne revient pas nous emmerder, ça m'va. "
Et puis j'en avais pas grand chose à faire. Sûr, il fallait couvrir nos arrières, surtout après un coup pareil. Mais merde, après ma vie calamiteuse, je me dis que c'est un juste retour des choses. J'aime à penser que la roue a enfin tournée, et qu'il n'y a rien de plus derrière. Juste un heureux coup du sort.
J'aimais le croire. J'essayais de rester positif. Toujours positif. Même quand des illusions moqueuses mettaient un voile sur la réalité glacée, qu'elles nous absorbaient pour nous persuader de l'impossible et mieux nous aveugler. Je persistais.
Emma était particulièrement affective depuis la grande nouvelle. Ses baisers me recouvraient le visage, et ça n'était pas pour m'en déplaire. Elle avait un sourire vissé au visage en permanence. D'une certaine façon, ça aurait presque suffit à me rendre heureux. Mais même si je ne baignais pas dans une parfaite utopie, j'avais au moins la satisfaction de voir mon âme soeur plongée dans un bonheur durable. L'argent venait de tirer un trait définitif à nos problèmes, et nous pouvions enfin nous vider l'esprit. Respirer. Laisser les autres s'occuper du pourquoi et du comment de cet argent, et respirer...
"- Théo ? Ouais, c'est Rode. Ouaip. Non, on sait toujours pas qui est le donateur. Non, le frère d'Emma est sur le coup. Bref, dis, ce soir, un bon gros kick pour fêter ça, bien stock, ça te tente ? Non, on fait pas ça chez moi ! Si Emma l'apprend, elle va me tuer ! Je passe à dix-huit heures. Préviens Külaire aussi ! "
On ne change pas les habitudes. Et puis je me devais de fêter ça dignement avec les potes. Külaire, c'était Lucas, un autre ami rencontré à Paris. J'ai décidé de l'appeler par son nom de famille parce que le potentiel en jeu de mot possible avec son nom m'éclatait... Perpendikülaire, canikülaire, enkülaire... ça volait haut, quoi.
Emma quitta l'appartement dans l'après-midi pour aller tenter une audition à une pièce de théâtre. Je l'avais prévenue que je serai de retour relativement tard. J'avais passé l'après-midi à réfléchir. Je ne voulais pas y penser, non, mais je n'arrivais pas à mettre ça dans un petit cube de mon cerveau. Ca ne voulait pas disparaître. Je devais savoir qui était derrière tout ça. Et je trouvais ça bien trop facile. Ca n'avait aucun sens. J'ai trimé depuis tout petit, ça n'est quand même pas pour m'en sortir si facilement. J'avoue ne pas avoir été un cas facile à vivre et avoir causé beaucoup de tord, j'avoue que mes plaintes sont des grains de sable dans un désert face aux défavorisés d'extrême et moyen-orient, mais merde, j'ai autant le droit à mes rêves que quiconque. Et me les être fait arrachés si jeune, c'est juste ignoble. C'est tuer l'idole d'un gamin. Flinguer Erasme devant Rabelais. C'est... c'est comme si tous mes rêves partaient en fumée. Une fumée qui s'éloigne, s'éloigne, puis se dissipe, et ne revient jamais. C'est arracher un idéal et laisser le manque causé par cet enlèvement s'agrandir jusqu'à engloutir tout ce qu'il reste d'humain dans la tête du gosse, et la remplir avec des vices, des pêchés qui lui paraitront normaux toute sa vie. A force de rendre l'inhabituel normal, on s'y accommode, et les distinctions disparaissent.
Je quittais mon chez-moi vêtu d'un survêtement, d'un jogging, et de baskets un peu abimées. L'apparence n'avait plus la moindre importance pour moi depuis des mois. Je me laissais aller petit à petit, et ça, en le sachant très bien. Mais c'était dans ma nature la plus profonde. J'étais loin d'être parfait, mais si certaines personnes appréciaient ma présence, c'est que je n'étais pas tout à fait mauvais en soi. Je marchais à vive allure, musique à pleine puissance dans les oreilles. J'étais totalement coupé du monde extérieur. La foule paraissait être comme ces grains de poussière dans l'air. Des choses passagères et fugitives, dont j'aurai oublié l'existence d'ici une poignée de secondes.
Je parcourais rapidement les rues, ne faisant pas attention au trafic. La nuit commençait à tomber, et si je ne me dépêchais pas, ils étaient bien capable de tout fumer sans moi. Je prenais pas mal de risques en traversant, sans même en prendre conscience. Je frôlais les motos, les voitures. J'arrivai juste à temps pour monter dans le RER. Il était bondé de monde. Comme d'habitude. Je détestais le métro et le RER. Tous ces gens, cette impression d'être compressé et écrasé par des inconnus nerveux et impatients autant que nous de quitter ce transport maudit. Le wagon oscillait pas mal, et j'essayais tant bien que mal de ne pas tituber et rester en place, du moins autant que je le pouvais, puisque je me contentais surtout de flotter entre le manteau de l'un et le haut de l'autre. Cette désagréable sensation, cette odeur infecte... A croire que les porcs se tenaient désormais sur deux pattes. Je reçu un sms de Théo que je ne pus pas lire, puis-qu’incapable du moindre mouvement. Mon téléphone allait donc continuer de bercer ma poche encore un petit moment. Les secousses s'intensifiaient de plus en plus dans le wagon. Puis vint un bruit métallique strident. L'espace d'un instant, j'ai ressenti les mêmes symptômes qu'après le repas avec Emma. Un mal affreux, et des flashs fugitifs. Puis, finalement, le métro s'arrêta à une station. Pas la mienne, mais au moins presque tout le monde était descendu. Je m'asseyais à une place assise dans un énorme soupire.
" - J'sais que t'es pas habitué à la ponctualité, mais va falloir penser à arriver vieux, le pillon va pas se garder toute la nuit. "
Coquin de Théo, toujours à pas vouloir partager. Je me mis à lui répondre usant de mes deux mains, concentré sur mon téléphone pour taper le message à lui envoyer. Mais je fus rapidement déconcentré par l'arrivée d'une grande rousse qui s'était mise devant moi. Je la regardais, elle me regardait. Puis elle m'adressa la parole, laissant apparaître une voix presque... tête à claque.
"Excusez-moi, vous savez quel est le terminus du train monsieur ? " Me lança-t-elle, affichant de gros yeux verts et une bouche de canard.
Monsieur. Pas grand monde ne m'appelait monsieur. Je lui répondis avec un brin de sarcasme.
"-Mais bien sûr ma bonne dame, il vous suffit de lever la tête et de jeter un oeil au panneau ! "
Lui dis-je avec un large sourire. Sourire qui se désintégra comme un météore dans l'atmosphère. Une énorme secousse se produisit, si puissante qu'en l'espace d'une seconde, les lumières sautèrent, et le choc me projeta contre le plafond du rer que j'heurtais en poussant un cri de douleur abominable avant de m'écraser au sol.
Le choc me fit immédiatement perdre connaissance. Petit à petit, je me mis à entendre des bruits fugitifs. Comme des parasites lointains. Comme une onde continue, une note ambiante jouée au synthé. Mais je ne voyais rien. Impossible d'ouvrir les yeux, ou même de sentir le moindre de mes membres. C'était une sensation horrible. Comme si ma conscience s'était soudainement détachée de mon enveloppe corporelle. Je n'entendais que ce flou ambiant, ce bruit intemporel, presque inexistant. Puis, petit à petit, je repris conscience. Le bruit ambiant se clarifia et se caractérisa. Le silence. Et j'émergeais à mon tour. Revenant de loin. Le noyé tiré d'un lac. Je sentis mes membres s'engourdir, mais étrangement, cela me réveillait. Je ne pouvais toujours rien voir, mais je me sentais faible. Abattu. Terriblement fatigué. Éreinté. Je priais pour ne rien m'être cassé. Je n'arrivais pas encore à bouger, j'étais trop sonné pour ça. Mais quand mes yeux s'ouvrirent, c'est de tous les côtés que j'essayais de m'échapper. Je n'avais jamais vu ça. Et j'étais pourtant sûr d'être bien réveillé, de ne pas rêver. J'avais pleinement conscience que tout ceci était bien réel, et c'était ça le plus effrayant. De voir ce que je voyais. Je me trouvais dans une sorte de suite luxueuse, dans un gratte-ciel surplombant une immense ville. Les bâtiments étaient tous d'un blanc rayonnant, et des rampes s'élevaient jusqu'au ciel. Je contemplais tout cela horrifié, derrière l'immense vitre qui me séparait de l'extérieur.
Et je pouvais clairement voir mon reflet. Celui d'un vieillard ridé, croulant, à la peau plissé, et hagard. J'étais quelqu'un d'autre.
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" - Et donc, j'ai engagé Joe. Il m'a l'air particulièrement fiable. Et puis, il fait partie de la famille. Et il peut nous protéger. En gros, on peut être tranquille un bon moment je pense. On a juste à rester calme le temps qu'il découvre quelque chose... Rode... ? Chéri, tu m'écoutes ? "
Une Mercedes. J'ai toujours voulu d'une Mercedes. C'est sobre, et c'est un bon gage de richesse, non ? Mais j'avais du mal à me concentrer puisqu'Emma s'acharnait à m'expliquer des choses qu'elle m'avait déjà hier, puis ce matin, puis ce midi, en dégustant un plat moyennement cuit. Elle ne faisait que répéter la même phrase mais sous une autre tournure. Elle était intelligente la bougre ! Elle avait bien compris que je ne voyais qu'en violet. Qu'en billet de cinq-cent euros. Je lui souriais pour lui faire comprendre que j'avais bien compris.
" - T'as engagé ton frère en tant que détective, j'veux bien. En plus, il est flic. Enfin, si tu dis qu'on peut lui faire confiance... Moi ça me va. Du moment que le donateur ne revient pas nous emmerder, ça m'va. "
Et puis j'en avais pas grand chose à faire. Sûr, il fallait couvrir nos arrières, surtout après un coup pareil. Mais merde, après ma vie calamiteuse, je me dis que c'est un juste retour des choses. J'aime à penser que la roue a enfin tournée, et qu'il n'y a rien de plus derrière. Juste un heureux coup du sort.
J'aimais le croire. J'essayais de rester positif. Toujours positif. Même quand des illusions moqueuses mettaient un voile sur la réalité glacée, qu'elles nous absorbaient pour nous persuader de l'impossible et mieux nous aveugler. Je persistais.
Emma était particulièrement affective depuis la grande nouvelle. Ses baisers me recouvraient le visage, et ça n'était pas pour m'en déplaire. Elle avait un sourire vissé au visage en permanence. D'une certaine façon, ça aurait presque suffit à me rendre heureux. Mais même si je ne baignais pas dans une parfaite utopie, j'avais au moins la satisfaction de voir mon âme soeur plongée dans un bonheur durable. L'argent venait de tirer un trait définitif à nos problèmes, et nous pouvions enfin nous vider l'esprit. Respirer. Laisser les autres s'occuper du pourquoi et du comment de cet argent, et respirer...
"- Théo ? Ouais, c'est Rode. Ouaip. Non, on sait toujours pas qui est le donateur. Non, le frère d'Emma est sur le coup. Bref, dis, ce soir, un bon gros kick pour fêter ça, bien stock, ça te tente ? Non, on fait pas ça chez moi ! Si Emma l'apprend, elle va me tuer ! Je passe à dix-huit heures. Préviens Külaire aussi ! "
On ne change pas les habitudes. Et puis je me devais de fêter ça dignement avec les potes. Külaire, c'était Lucas, un autre ami rencontré à Paris. J'ai décidé de l'appeler par son nom de famille parce que le potentiel en jeu de mot possible avec son nom m'éclatait... Perpendikülaire, canikülaire, enkülaire... ça volait haut, quoi.
Emma quitta l'appartement dans l'après-midi pour aller tenter une audition à une pièce de théâtre. Je l'avais prévenue que je serai de retour relativement tard. J'avais passé l'après-midi à réfléchir. Je ne voulais pas y penser, non, mais je n'arrivais pas à mettre ça dans un petit cube de mon cerveau. Ca ne voulait pas disparaître. Je devais savoir qui était derrière tout ça. Et je trouvais ça bien trop facile. Ca n'avait aucun sens. J'ai trimé depuis tout petit, ça n'est quand même pas pour m'en sortir si facilement. J'avoue ne pas avoir été un cas facile à vivre et avoir causé beaucoup de tord, j'avoue que mes plaintes sont des grains de sable dans un désert face aux défavorisés d'extrême et moyen-orient, mais merde, j'ai autant le droit à mes rêves que quiconque. Et me les être fait arrachés si jeune, c'est juste ignoble. C'est tuer l'idole d'un gamin. Flinguer Erasme devant Rabelais. C'est... c'est comme si tous mes rêves partaient en fumée. Une fumée qui s'éloigne, s'éloigne, puis se dissipe, et ne revient jamais. C'est arracher un idéal et laisser le manque causé par cet enlèvement s'agrandir jusqu'à engloutir tout ce qu'il reste d'humain dans la tête du gosse, et la remplir avec des vices, des pêchés qui lui paraitront normaux toute sa vie. A force de rendre l'inhabituel normal, on s'y accommode, et les distinctions disparaissent.
Je quittais mon chez-moi vêtu d'un survêtement, d'un jogging, et de baskets un peu abimées. L'apparence n'avait plus la moindre importance pour moi depuis des mois. Je me laissais aller petit à petit, et ça, en le sachant très bien. Mais c'était dans ma nature la plus profonde. J'étais loin d'être parfait, mais si certaines personnes appréciaient ma présence, c'est que je n'étais pas tout à fait mauvais en soi. Je marchais à vive allure, musique à pleine puissance dans les oreilles. J'étais totalement coupé du monde extérieur. La foule paraissait être comme ces grains de poussière dans l'air. Des choses passagères et fugitives, dont j'aurai oublié l'existence d'ici une poignée de secondes.
Je parcourais rapidement les rues, ne faisant pas attention au trafic. La nuit commençait à tomber, et si je ne me dépêchais pas, ils étaient bien capable de tout fumer sans moi. Je prenais pas mal de risques en traversant, sans même en prendre conscience. Je frôlais les motos, les voitures. J'arrivai juste à temps pour monter dans le RER. Il était bondé de monde. Comme d'habitude. Je détestais le métro et le RER. Tous ces gens, cette impression d'être compressé et écrasé par des inconnus nerveux et impatients autant que nous de quitter ce transport maudit. Le wagon oscillait pas mal, et j'essayais tant bien que mal de ne pas tituber et rester en place, du moins autant que je le pouvais, puisque je me contentais surtout de flotter entre le manteau de l'un et le haut de l'autre. Cette désagréable sensation, cette odeur infecte... A croire que les porcs se tenaient désormais sur deux pattes. Je reçu un sms de Théo que je ne pus pas lire, puis-qu’incapable du moindre mouvement. Mon téléphone allait donc continuer de bercer ma poche encore un petit moment. Les secousses s'intensifiaient de plus en plus dans le wagon. Puis vint un bruit métallique strident. L'espace d'un instant, j'ai ressenti les mêmes symptômes qu'après le repas avec Emma. Un mal affreux, et des flashs fugitifs. Puis, finalement, le métro s'arrêta à une station. Pas la mienne, mais au moins presque tout le monde était descendu. Je m'asseyais à une place assise dans un énorme soupire.
" - J'sais que t'es pas habitué à la ponctualité, mais va falloir penser à arriver vieux, le pillon va pas se garder toute la nuit. "
Coquin de Théo, toujours à pas vouloir partager. Je me mis à lui répondre usant de mes deux mains, concentré sur mon téléphone pour taper le message à lui envoyer. Mais je fus rapidement déconcentré par l'arrivée d'une grande rousse qui s'était mise devant moi. Je la regardais, elle me regardait. Puis elle m'adressa la parole, laissant apparaître une voix presque... tête à claque.
"Excusez-moi, vous savez quel est le terminus du train monsieur ? " Me lança-t-elle, affichant de gros yeux verts et une bouche de canard.
Monsieur. Pas grand monde ne m'appelait monsieur. Je lui répondis avec un brin de sarcasme.
"-Mais bien sûr ma bonne dame, il vous suffit de lever la tête et de jeter un oeil au panneau ! "
Lui dis-je avec un large sourire. Sourire qui se désintégra comme un météore dans l'atmosphère. Une énorme secousse se produisit, si puissante qu'en l'espace d'une seconde, les lumières sautèrent, et le choc me projeta contre le plafond du rer que j'heurtais en poussant un cri de douleur abominable avant de m'écraser au sol.
Le choc me fit immédiatement perdre connaissance. Petit à petit, je me mis à entendre des bruits fugitifs. Comme des parasites lointains. Comme une onde continue, une note ambiante jouée au synthé. Mais je ne voyais rien. Impossible d'ouvrir les yeux, ou même de sentir le moindre de mes membres. C'était une sensation horrible. Comme si ma conscience s'était soudainement détachée de mon enveloppe corporelle. Je n'entendais que ce flou ambiant, ce bruit intemporel, presque inexistant. Puis, petit à petit, je repris conscience. Le bruit ambiant se clarifia et se caractérisa. Le silence. Et j'émergeais à mon tour. Revenant de loin. Le noyé tiré d'un lac. Je sentis mes membres s'engourdir, mais étrangement, cela me réveillait. Je ne pouvais toujours rien voir, mais je me sentais faible. Abattu. Terriblement fatigué. Éreinté. Je priais pour ne rien m'être cassé. Je n'arrivais pas encore à bouger, j'étais trop sonné pour ça. Mais quand mes yeux s'ouvrirent, c'est de tous les côtés que j'essayais de m'échapper. Je n'avais jamais vu ça. Et j'étais pourtant sûr d'être bien réveillé, de ne pas rêver. J'avais pleinement conscience que tout ceci était bien réel, et c'était ça le plus effrayant. De voir ce que je voyais. Je me trouvais dans une sorte de suite luxueuse, dans un gratte-ciel surplombant une immense ville. Les bâtiments étaient tous d'un blanc rayonnant, et des rampes s'élevaient jusqu'au ciel. Je contemplais tout cela horrifié, derrière l'immense vitre qui me séparait de l'extérieur.
Et je pouvais clairement voir mon reflet. Celui d'un vieillard ridé, croulant, à la peau plissé, et hagard. J'étais quelqu'un d'autre.