Note de la fic : Non notée

Le Poids Des Mots


Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 8 : Horne


Publié le 14/08/2011 à 05:46:17 par MassiveDynamic

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Au bout de soixante-douze heures sans fermer l'oeil, on risque la psychose. Il ne me fallut que la moitié pour commencer à halluciner. Vision trouble, pensées fugitives. Peur incontrôlable. Estomac noué. Désorientation, également. Où suis-je ? J'ai encore du mal à le croire. Tout est allé tellement vite. Si rapidement. Et me voilà, maintenant, épuisé, avec mon égo de côté, et je suis fatigué de cette farce. Je veux partir d'ici.



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Deux jours plus tôt
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"- Je ne trouve vraiment pas ça drôle comme plaisanterie, dit Simon.

- Mais moi non plus ! Et ça n'a rien de drôle ! J'ai peur, tu comprends ? Je veux dire, vraiment. Les lettres anonymes, puis le soir dans cette maison... on aurait dit un cauchemar... Les vidéos ! tu le vois bien, c'est moi ! Exactement moi ! Et leur piqûre... elle m'a fait oublié ces évènements. Ils peuvent m'effacer la mémoire. J'ai peur, Simon. J'ai besoin d'aide. "


Je me trouvais en face de lui, dans sa chambre. Mon angoisse était telle que je n'avais pas songé à une autre alternative, si ce n'est celle-ci. Foncer chez lui le plus rapidement possible. Je transpirais, ma chemise était trempée. Mais je me moquais bien de mon image à cet instant précis. Et sinon, lui, était dubitatif. Comme si quelque chose le dérangeait. Au delà du contexte inhabituel et presque effrayant. Non, quelque chose lui posait problème. Quelque chose qu'il semblait vouloir cacher.


Mes épaules oscillaient de gauche à droite. J'étais en train de trembler, sans même m'en rendre compte. Mon ami réflechissait, et moi, nerveux, je tournais la tête à chaque battement d'oeil, posant mon regard dans un coin de pièce, puis vers la fenêtre, puis au pied de son lit, chaque regard étant accompagné d'un spasme nerveux incontrôlé. Mes pupilles étaient dilatées. Très franchement, je frôlais la crise d'angoisse, mais je n'en avais absolument pas conscience à ce moment précis. Les enjeux étaient bien plus grand. L'incompréhension engendre quelque chose bien pire encore que la peur. C'est une terreur, la crainte de quelque chose que l'on ne comprend pas, car elle n'existe pas, ou, du moins, n'est pas censée exister. Et mon esprit cartésien ne parvenait pas à faire le rapprochement. Pourquoi moi ? Etait-ce un complot terroriste de grande envergure, dans le but d'extorquer de l'argent à ma famille ? Je ne voyais que cette option. Et tout était réel, bien réel. Le dos courbé, je posais, le temps de quelques battements de cils, le regard sur mon écran de téléphone. Et la vidéo repassait. Le son également. Je ne rêvais pas, Simon m'en était témoin. Simon, qui était tellement silencieux que l'on pouvait entendre mon coeur se fracasser contre ma poitrine à chaque pulsation.

" La fondation Horne. "

Simon lança une phrase, dans un murmure. Puis il se reprit, et, voyant qu'il avait capté mon attention, il soupira un moment, puis se décida.


" - Isaac. Je t'avais dit qu'avant de partir, j'allais avoir pas mal de choses à te dire, et bien... "


Il se reprit, s'assis, puis se mit à me regarder fixement. C'était un regard sincère, qui pénétrait le mien. Et je le fixais également, avec cette étrange sensation qui me nouait l'estomac.


"- Si tu veux des réponses, c'est vers la fondation Horne qu'il faut te tourner. Le bâtiment au nord de la ville, me dit-t-il en détournant le regard.

- La fondation Horne ? Qu'est-ce que c'est que cette connerie ?! "


J'avais cette étrange sensation qui m'envahissait. Il savait. Ce salaud savait des choses. Contre moi. Il savait des choses et me les avait caché. Colérique, je lui mis le téléphone sous le nez, passant en boucle la vidéo, et levant la voix.


"- Tu veux dire que tu sais pour ça ? Tu sais qui ils sont ? Tu sais à quoi ça rime, l'autre moi, étendu au sol ?! Non mais je rêve ! On t'a payé combien pour t'associer à eux ? Tu veux m'extorquer de l'argent ? Vous voulez vous en prendre à moi ? REPONDS ! "


Alors que je commençais à m'emporter, la porte de sa chambre s'ouvrit brusquement. C'était son père.


"- Simon... Hmm, les enfants, écoutez, il est tard, Catherine est épuisée, elle essaie de dormir. Elle a eu une dure journée aujourd'hui, et son bilan médical a été reporté alors que notre départ est imminent. Alors, vous comprenez, je sais qu'on est un peu tous sur les nerfs, mais s'il vous plait, un peu de savoir vivre. "


Il souriait naïvement. C'était le père de Simon. Edouard, ou plus communément, Eddy. Un sacré personnage, au caractère prononcé, quoi qu'un peu sénile sur les bords. A son âge, c'était inquiétant. Il quitta la pièce juste après son intervention. Simon me regardait. La situation était désamorcée, mais j'étais désireux de réponses. Plus que jamais.


"- Ecoute, Isaac. Cette histoire te concerne tout autant que moi. Et, crois-moi, personne ne veut t'extorquer. Et personne ne veut te faire de mal. Ecoute, la fondation Horne est à une trentaine de minutes à pied d'ici, tu n'as qu'à y aller en vélo. Une permanence est tenue toute la nuit. Va-y, et tu comprendras par toi-même de quoi il en retourne, m'expliqua-t-il, sur un ton conciliant.

-Non, toi tu m'écoutes. Je pensais qu'on pouvait renouer, tous les deux. Je pensais que tu étais sincère en revenant vers moi, que tu pensais vraiment ce que tu me disais. Je croyais vraiment en notre amitié, même en dépit de ton déménagement. Mais tu t'es foutu de moi. Encore une manipulation de ta part. Alors, qu'on soit bien d'accord. Je vais aller à la fondation tirer ça au clair immédiatement. Je vais leur foutre un procès au cul pour des dizaines d'infractions graves, agrémenté de quelques autres que mon avocat se fera un plaisir de leur attribuer. Et une fois que ces fumiers me mangeront dans la main, je reviendrai pour toi. Je rachèterai ta maison. Et toi, Simon, peut-être qu'à ce moment là, tu t'excuseras. "


Je le quittai en colère, avec une douleur profonde. La peur avait cédé sa place à la rage. J'épongeai mon visage suant d'un revers de la main, puis je sorti dans la rue. Je fis quelques vingtaines de mètres, les sourcils froncés, marchant frénétiquement à la leur des réverbères. Puis, sortant d'une ruelle, une leur verte vint s'écraser sur moi. Et de la ruelle se dégagea un visage familier se rapprochant de moi, souriant, pointant son laser comme un enfant le pointerait sur une personne dans la rue. C'était Isaac. Il était moi.


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