Le soleil se leva sur le royaume indien, inondant ses paysages sauvages de sa lumière irradiante. La vie reprenait son cours dans le pays, et plus particulièrement au palais, où le majordome du roi, Agni, venait de faire une découverte inaccoutumée. Il accourut à la salle du trône, les yeux envahit par la stupeur, un paquet enveloppé d'un drap blanc dans les bras.

- Majesté ! Voyez cela, je viens de le trouver devant les portes du palais.
- Qu'est-ce donc ?
- Un nouveau-né, sire. Il ne doit pas avoir plus de six mois.
- Par Shiva ! Qu'est-ce qu'un être aussi jeune fabriquait devant notre demeure ? Où était-il exactement ?
- Posé à même le sol, sire...
- C'est inconcevable. Qui aurait eu l'idée d'abandonner un nourrisson à un tel endroit ? Oh misère, me voilà dans un beau pétrin... que va dire Priya...
- Par Krishna ! Qui est ce magnifique chérubin ? D'où vient-il ? Quelle délicatesse dans ses traits ! Quelle perfection !
- Quand on parle du loup...

La reine fit irruption dans la salle et se rua directement sur le nourrisson, les yeux étincelants d'émerveillement. Elle était déjà sous le charme.
- N'y songe même pas, femme. Je te vois venir. Tu sais parfaitement que nous ne pouvons pas nous le permettre...
- Cesse d'être aussi trouble-fête, Rajan. Bien sûr qu'on peut ! Et largement même !
- Hors de question. N'insiste pas, pour l'amour du ciel !
- Parfait ! Alors qu'est-ce que tu suggères ? Qu'on la laisse mourir dehors ? Tu sais très bien que vu la situation actuelle de notre royaume, personne ne la recueillera, ça coûterait bien trop cher aux paysans. Nous sommes les seuls à pouvoir s'en occuper.
- Je sais tout ça ! Inutile de me le rappeler. Mais je te signal que nous avons déjà une fille à anoblir... sa formation au titre de future reine est déjà bien assez prenante !
- Ne cherche pas d'excuses minables ! Nous savons aussi bien l'un que l'autre qu'elle est déjà totalement autonome ! Cela fait bien longtemps qu'elle n'a plus besoin de nous pour apprendre. Elle est mille fois plus intelligente que son père tu sais...
- Ahem, si je puis me permettre majestés...

Agni, qui était resté silencieux durant toute la conversation, finit par se manifester. Il s'avança lentement, son regard argenté brillant d'un éclat astucieux.
- Sachez que si vous décideriez finalement d'adopter cet enfant, son éducation ne vous causerait aucun désagrément. Je m'en occuperais bien volontiers.
- Ta bonté te perdra, Agni. Je t'en serais éternellement reconnaissante. Alors, messire le défaitiste, est-ce que cela vous convient ?
- Mon cher et fidèle Agni... sais-tu au moins, ô combien il est épuisant de s'occuper d'un marmot d'un tel âge ?
- Ne vous souciez guère de moi. Je serais un irréprochable éducateur, je vous en fait le serment, majesté.
- Bien, qu'il en soit donc ainsi...
- Je savais que tu étais un homme de grande âme, mon cher !
- Allons allons... ne cris pas victoire si vite. Tu le regretteras un jour, tu verras.
- Tu radotes !
- Ma Reine, sauf votre respect, ne serait-il pas adéquat de nommer votre nouvelle fille, à présent ?
- Bien pensé, Agni. C'est juste. Mais je manque cruellement d'inspiration aujourd'hui... Cependant, puisque c'est toi qui va en grande partie t'en occuper, pourquoi ne choisirais-tu pas toi-même son prénom ?
- Comme son excellence le voudra. Si vous voulez bien m'excusez, je vais y réfléchir tout en préparant sa chambre et en la couchant, elle doit avoir passer une nuit fort désagréable étendue là-dehors sous la pluie...
- Tu prends ton nouveau rôle très au sérieux à ce que je vois, tu ne perds pas de temps ! Fais donc. Au fait, tant que tu y es, pourrais-tu dire à Yoruichi de venir nous rejoindre si tu la croise ? Elle doit savoir pour sa s½ur, et le plus tôt sera le mieux.
- Vos désirs sont des ordres, j'y cours.

Il salua le couple royal en une révérence pleine de grâce et s'éclipsa de la salle du trône pour se diriger vers les appartements princiers. Il choisit la plus belle chambre disponible. Elle ne se trouvait pas très loin de celle de Yoruichi, qui était bien évidement la chambre la plus belle du palais, ce qui correspondait assez bien avec son occupante. Il alla toquer à sa porte.
- Qui est-ce ?
- Agni, votre altesse. Je viens vous informez que sa majesté la reine, votre mère, vous mande à la salle du trône.
- Ah ? Et pour quelle raison ?
- Elle doit prestement vous faire part d'une nouvelle singulièrement importante, altesse.
- Fort bien, j'y vais de ce pas... tu peux te retirer.
- Bien, votre altesse.
Il poursuivit son chemin jusqu'à la chambre qu'il avait mentalement sélectionné.

Le nourrisson dans un bras, aménagent la chambre de l'autre, Agni mena à bien sa mission en un temps record. Il déposa délicatement sa petite protégée à l'intérieur de son nouveau berceau et la recouvra avec le drap qu'elle portait. Cela suffirait largement, la chaleur était bien assez élevée ici. Il s'accouda sur le rebord du berceau, pencha sa tête vers l'endormie, les yeux pétillants d'enchantement. Il était ravi d'avoir un tel ange sous sa responsabilité. Il se jura intérieurement de tout faire au nom de son bonheur. Pour tenir son serment envers son souverain. A partir de maintenant, son existence lui sera entièrement dévouée. Il se pencha d'avantage et l'embrassa sur sa joue mate.
« Belle nuit à toi, Shanoa. »