Alors que tout le monde félicitait la fille du seigneur local, Anthèlme, lui, n’osait pas la regardait. On la congratulait, riait, la questionnait sur son mentor. Elle répondait comme elle devait répondre, chastement, sincèrement. On la félicitait à nouveau sur son exploit. Ainarïel remarqua l’étrange comportement d’Anthèlme. Puisqu’il l’aimait, il aurait du la féliciter. Alors cela lui avait paru étrange, une telle taciturnité. Aussi elle lui posa la question. Ce fut l’étincelle qui alluma le stock de poudre. Il se retourna vivement, et tous furent surpris. Ils reculèrent d’un pas, par réflexe.

-Eh bien, pour ma part, j’ai trouvé ça irresponsable, si vous voulez savoir !
-Elle s’est pourtant très bien débrouillée. Répliqua Delphia. Je ne vois pas ce que tu lui reproche, Anthèlme.
-Elle a failli se faire tuer, en prenant part au combat ! Les nobles sont sous la garde des soldats. Pas l’inverse !
-Mais elle en a tuée plus que toi, il me semble, non ? demanda Zenya.
-Là n’est pas la question ! Les soldats ont pour devoir de protéger, et sacrifier leur vie s’ils le doivent. Si sa seigneurie était blessée, ou morte, on nous tranchera la tête !
-C’est prendre cela trop à cœur, Anthèlme, déclara Ainarïel.
-De plus, sauf votre respect, mais je désapprouve totalement que vous soyez habilitées à vous battre. Toutes. Même vous, maîtresse. Jamais les femmes n’auraient dues toucher les armes. Surtout pas vous, seigneurie.
-Maître Paladin, permettez moi, et pardonnez moi si je me trompe car je n’ai pas eut de vraie formation martiale. Une quantité impressionnante de femmes sont engagées dans notre armée Rédaheloise. De plus, nombre de ces femmes occupent une place d’officier, toujours si je ne me trompe pas.
-Oui, c’est bien cela.
-Et, Maîtresse Delphia n’est autre que Séraphine, il me semble. C’est ce qu’on m’a dit. La seule femme parmi les 6 autres Séraphins. Alors, pensez-vous, après un tel exemple que les femmes n’auraient jamais dues toucher les armes ? Personnellement, j’ai demandé une formation au combat, car je voulais être comme vous toutes. Une guerrière, prête à donner ma vie pour défendre le peuple. Mais ma condition, et ma naissance m’en empêchent.
-Vous avez la un fort mauvais apriori sur le rôle des soldats, seigneurie. Certains soldats ne sacrifieraient jamais leurs vies pour défendre le bas peuple.
-Mais ce n’est pas le cas des Paladins, Anthèlme, répliqua sèchement Delphia. De plus, nous t’avons prouvé que les femmes ont leur place dans l’armée, cette discussion n’a pas besoin d’être poursuivie plus longtemps. Alors ravale ta fierté d’homme, et ton orgueil. Dran pourrait te punir pour de telles paroles et actions, tu le sais.
-Excusez-moi maîtresse.

Le groupe se remit en marche. Un peu plus tard, alors que le soleil était à son zénith, ils arrivèrent en ville. Ils furent escortés par une patrouille de garde, puis emmenés au château du seigneur. Celui-ci les convoqua dans son bureau. Dans le bureau, rien n’avait changé. Tout était toujours aussi propre et ordonné.

-Anthèlme, votre groupe s’agrandit de jour en jour. Vous savez ce qui adviendra de votre récompense. Qu’avons-nous là ? Et puis, d’abord, où est ma fille ? Demanda le seigneur.

Elle entra.