On ne devient pas un Héros. On est un Héros. Chaque putain de jour de sa vie.





Il paraît que le lycée est l'un des endroits les plus sûrs de notre vie, un cocon douillet, havre de paix au service de l'éducation de jeunes esprits en formation. Et pourtant, le mien semble s'écrouler lentement par petits morceaux de peinture écaillée. Vaguement catholique sur les bords, mais après tout, qui l'est encore véritablement à notre époque ? Seul le prêtre résidant au quatrième étage et arpentant rarement nos couloirs dans sa soutane délavée est un rappel de cette réalité.

Je suis arrivé ici l'année dernière, la fameuse entrée en seconde ! On en fait un plat pour pas grand chose, les choses ne changent jamais réellement au fond. Encore moins lorsque vous atterrissez au beau du milieu du Larzac car votre célibataire de mère fait sa crise de la quarantaine, s'envoie en l'air le fermier du coin et vous case dans le seul lycée ayant un internat pour avoir la paix. Je peux dire que je suis le genre de gars qu'est verni ! Il y a ici une sorte d'inertie tellement forte que j'ai pas l'impression que le XXIème siècle soit arrivé jusqu'aux habitants de cette région.

Alors vous allez sans doute vous demander comment j'ai fait pour arriver jusqu'en première sans mourir d'ennui ? La première raison est blonde, plantureuse et aguicheuse ! Oui, je parle d'une fille ! La beauté divine qui se trouve être dans votre classe mais où malheureusement chaque autre mâle est un rival ! Faut dire que dans le Larzac, des jolies filles, y en a pas des masses. Alors Charlotte, c'est un peu la nana que tout le monde rêverait de séduire. Hélas, dans une région consanguine où tout le monde se connaît : s'intégrer n'est pas chose aisée. Je suis l'Étranger. Bien que je me sois toujours pas vraiment senti à ma place. Moi ce que j'aime, c'est l'informatique et la mécanique ! Laissez moi dans une pièce avec un caisse à outil et je vous fabrique un ordinateur à partir d'un aspirateur.

Bon, je vous mentirais en disant que je suis toujours tout seul. Ce serait pas tenable comme situation. Donc j'ai un substitut d'ami qui me tient compagnie la plupart du temps. Julien. Le pauvre est considéré comme un simple d'esprit par la majorité des gens. Faut dire que c'est le seul type que je connaisse qui a essayé de sauter du deuxième étage pour voir s'il pouvait voler. Je l'ai toujours vu avec une paire de béquille, du coup, on l'entend arriver à des kilomètres à la ronde.


Voilà tout ça, c'est un peu mon univers. Et tout aurait continué sans problème si je n'avais pas inventé cette saloperie de machine à remonter dans le temps.