Ils étaient là, tous ensembles, tous les cinq, adossés à un coin de rue, silencieux. Riff adorait ça, le calme avant la tempête, ce moment de flottement avant que tout n’explose.
Lentement, la main du sergent Tyre se leva. Un instant avant qu’elle ne s’abaisse, Riff commanda d’un mot à l’ordi embaqué dans son armure de lui injecter le « cocktail E-wave », l’effet fût immédiat. L’E-wave était un mélange d’adrénaline et d’amphétamines conçu pour le combat, il conférait à celui qui se l’injectait une énergie et une vivacité d’esprit hors du commun, les effets étaient courts mais suffisant pour survivre au milieu d’une mêlée. Riff sentit immédiatement l’effet vivifiant qu’avait l’E-wave sur lui, il avait l’impression de voler, de pouvoir soulever des montagnes.
La main du sergent s’abaissa brusquement, l’assaut était donné. Chacun connaissait sa place dans le commando : Jungo et Macie restait en arriere afin de fournir un tir de couverture aux autres le temps qu’ils trouvent de quoi se mettre à couvert tandis que le sergent, Hart et lui avançaient. Au moment où les premières balles claquaient dans le canon de Macie, Riff s’élança sous les feux ennemis.
Il sentait les présences rassurantes du sergent et de Hart a sa gauche mais son regard était fixé sur un ennemi posté à une fenêtre a vingt mètres d’eux, il le descendit d’une rafale. L’adrénaline supplémentaire lui procurait une telle acuité qu’il savait exactement où étaient les adversaires, il en tua un d’une balle avant de rouler derrière une carcasse de voiture. Il sortait la tête afin de repérer la position des autres membres du commando quand il reçu un choc violent a la tête. C’était une balle de gros calibre qui avait ricoché sur son casque en nanotubes de carbone.
-Merde, jura riff, on a un sniper, je dirai cent cinquante mètres devant, dans l’immeuble à droite.
La voix de Jungo lui répondit :
-M’en occupe !
Riff regarda dans sa direction et vit qu’il s’était arrêté de tirer pour s’armer de son fusil, en général accroché dans son dos. Jungo inséra une balle dans le canon et rechargea. Il prit une grande inspiration et cala son fusil contre son épaule. A peine avait-il montré sa tête qu’un coup retentit, le sniper adverse l’avait repéré. Le corps de Jungo roula sur le pavé, un trou de la taille d’un poing sur l’avant de son casque.
-Fais chier, ils ont eu Jungo, gronda le sergent Tyre, démontez-les ces connards, allez !
-Tir de couverture, je vais récupérez le fusil, chuchota Macie dans son casque.
Riff se leva et tira quelques rafales en direction de l’immeuble occupé par le sniper pendant que Hart et le sergent tenaient les autres ennemis en respect.
-C’est bon, je l’ai ! Continuer les tirs de couverture le temps que je dégomme ce salopard !
Un court instant se passa puis :
-Sergent ! Faites gaffe !
Deux coups retentirent, le sergent s’écroula, Macie jura :
-Oh ouais je l’ai eu !
-Il a eu le temps de descendre le sergent avant ça, lui répondit Hart, situé non loin du cadavre de Tyre.
Riff jura tout en dégoupillant une grenade traceuse, qu’il lança dans une fenêtre occupée par un ennemi un instant plus tôt. Ce petit bijou détectait l’organisme vivant le plus proche et s’y collait, avant d’exploser. La réaction ne fût pas longue, il y eu un cri, suivit d’une explosion qui fit s’écrouler un pan entier de mur.
Hart profita de la diversion pour sortir de derrière son tas de gravats et aligner un ennemi de l’autre côté de la rue tandis que Macie courait se planquer dans un magasin dont la vitrine était fracassée. La fusillade reprenait avec une puissance décuplée quand la voie de Macie résonna dans le casque de Riff :
-Il y a un escalier dans le fond du magasin, si je passe par là je pense pouvoir les prendre à revers.
-Vas-y, on les occupe, mais fais gaffe, ils t’ont vu renter dans le magasin, lui conseilla Hart.
-Bien reçu.
Le tir ennemi était tellement nourri que les deux soldats ne pouvaient sortir un cheveu de leur planque respective. Soudain Riff entendit sur sa droite le tintement caractéristique provoqué par la chute d’une grenade sur le pavé, son sang ne fit qu’un tour, il se jeta vers le côté opposé du bruit sans se soucier des balles qui ricochaient ou s’enfonçaient dans son armure, elles n’avaient que très peu de chance de s’enfoncer assez loin pour le blesser. Le souffle de l’explosion le propulsa à quelques mètres de là, derrière un vieux kiosque à journaux.
Sonné, il trouva quand même la force de se plaquer contre la paroi du kiosque pour se protéger des balles. Il appela Hart il ne reçu aucune réponse. Il osa un regard vers le tas de gravats derrière lequel se cachait Hart, le tas avait disparu, soufflé pas une grenade.
-Macie, tu m’entends ? Hart est mort.
-Ah les salauds ! J’en ai eu deux mais ils m’ont coincé dans une pièce, je vais pas tenir longtemps, tu peux venir m’ai…HAAAA !
Riff entendit le bruit d’une explosion dans l’immeuble en face de lui, il appela, une fois, deux fois, pas de réponses, Macie était morte, il était seul.
Il fut pris d’une rage incontrôlable et sortit de sa cache en hurlant. L’énergie du désespoir coulait dans ses veines et il n’avait plus rien à perdre. Il descendit deux soldats à sa droite et se tournait vers ceux à sa gauche qui criblaient son armure de balle quand il entendit un cliquetis derrière lui. Il n’avait plus le temps de s’enfuir, il se retourna au moment de l’explosion de la grenade. Il vit ses jambes exploser avant de s’envoler sous le souffle de l’explosion.

-Fin de la session d’entrainement, annonça une voix féminine.
Le soldat Riff cligna des yeux, il avait toujours du mal à revenir dans la réalité apres une longue session d’Unreal Life.