Note de la fic :
Publié le 21/10/2009 à 21:45:42 par -AtantoinE-
VII
-Oui. Elle était partie, avait bifurqué sur la gauche, et je ne l’ai plus revue.
-Voilà, c’était à ce moment-là, alors.
-Merde…
-Vous vous en remettrez, allons.
-Rien n’est moins sûr…
-Il y a d’autres choses à recevoir de la vie… Vous verrez, demain ça ira mieux !
-Je vais essayer de vous croire.
Il y eut un long silence. Je ne savais plus trop quoi dire, et je n’avais d’ailleurs rien à ajouter. Juste qu’on me laisse enfin seul. Et enfin ce plaisir me fut accordé.
-Voilà, encore tous mes encouragements.
-Je vous remercie.
J’avais raccroché juste après ces mots. J’ai alors posé le téléphone, me suis assis sur mon lit et ais scruter le plancher fixement pendant de longues minutes. A l’extérieur, rien ne laissait transparaître une once d’émotion. J’ai toujours essayé de garder ce genre de choses à l’intérieur de moi. Et ce n’était pas forcément quelque chose de bien. Car une véritable bataille explosait dans mon âme, dont chaque assaut tiraillait mon cœur. C’était un duel qui opposait mes pensées les plus sombres à ma raison la plus pure. Les clairons avaient sonné la naissance d’une lutte que je savais déjà perpétuelle. La seule manière de mettre un terme à ce conflit était de faire entendre le glas. Mais j’avais une dernière chose à accomplir.
Quelques jours ont passés depuis ce coup de téléphone. Je les ais espéré à attendre patiemment, seul. A compter les heures avant de m’apercevoir qu’il ne s’agissait que de minutes. A voir le Soleil succéder à la Lune, à observer le jour se substituer à la nuit. Jamais je n’aurais cru que le temps était aussi assassin. Tel un bourreau, que rien ne fait trébucher ni même fait ressortir une larme, il accomplit son œuvre macabre, sans émotion, sans sourciller, sans dire mot. Cela lui importe peu, du moment que la peine est conviée à voir la scène. Le temps. Nous le maudissons quand il est trop envahissant et l’implorons lorsqu’il nous manque. Peut-il s’accorder à ce que nous souhaitons vraiment ? Non, bien sûr… La vie n’en serait que trop facile.
. Je suis donc parti. J’ai longuement marché à travers les rues, désespérément seul, en direction d’un jardin. Pas celui que je connaissais. Un autre, que tout le monde a déjà visité un jour. En ligne droite, sans détour, ni flânerie. Je n’avais plus le cœur à cela. Je me demande si je l’aurai encore un jour…
Je passais enfin l’imposant portail et pénétrais dans l’enceinte de cet immense parc, si tranquille et reposant. On aurait pu s’y perdre. Mais heureusement, des silhouettes sombres se mouvaient à ma droite. Elles restaient muettes et immobiles un long moment. Je me suis mis à quelques mètres derrière eux et ais attendu qu’ils finissent leur besogne. Le vent soupirait son air glacial, comme à son habitude. Mais cette fois-ci, je ne le sentais plus. Je crois que c’était parce que je lui ressemblais trop…
Enfin, après de longues minutes d’attente, les silhouettes commencèrent à se mouvoir. Certaines ombres semblèrent se saluer, puis, rapidement, il n’y eut plus personne. Ca y est. Je me retrouvais enfin seul. Je m’approchais lentement, hésitant. Je savais que chaque résonnance de mes pas trouvait son écho quelques mètres plus bas, dans son cœur. Cette idée m’avait ébranlé.
Je trouvai alors une modeste pierre élevée à la verticale, dominant une plaque, plus petite encore. J’en étais affligé. Le petit cliquetis métallique auquel je m’étais habitué avait disparu. Je crois que c’est à cet instant, devant cette tombe que j’ai soupiré :
-Excuse-moi, Tina… Je ne savais pas que tu avais des problèmes au cœur…
Je fermai les yeux et réfléchissais à cet instant. Je l’ai vu partir après notre dispute. Elle était pressée, sans doute exaspérée par ce que j’ai dû lui dire. On est souvent perdus dans ses pensées dans ces cas-là. Il aura suffit d’un événement un peu affolant, qui l’aurait tiré violemment de ses songes pour que son cœur s’emballe. Et dire que sans ce mensonge, j’aurais pu éviter ça. Si je lui avais dit la vérité, elle ne se serait pas fâchée. Elle serait restée ici, auprès de moi. Il ne lui serait rien arrivé. Et tous ces poèmes, étaient-ils si important ? Fallait-il réellement les cacher ainsi. C’était ridicule. Si ça se trouve, elle aurait été touchée en les lisant… Nous nous serions alors… embrassés ?
Je n’entendais plus que le vent souffler sur le vaste champ de ruine que je devais maintenant entretenir. Moi aussi, j’ai des problèmes au cœur.
-Encore pardon…
Cette fois, ce sont tous mes souvenirs d’enfant qui revinrent à la surface. Je n’avais plus osé les évoquer, même à voix basse.
-Tu te souviens, Tina, lorsque je m’amusais à te dessiner des labyrinthes ? Tu devais trouver la sortie, et j’étais là pour t’aider. J’avais disposé des cœurs un peu partout. Tu pouvais retenter ta chance, si tu en attrapais un… J’étais amoureux de toi.
Un nouveau silence s’installa. Je savais qu’il n’y avait que le vent pour me répondre. Mais j’étais persuadé qu’une âme discrète avait encore assez de vie qui coulait en elle pour savoir m’écouter ne serait-ce que pour quelques secondes. Juste avant de s’échapper. Alors j’ai de nouveau ouvert les yeux, dévoilant une marée de tourment et des flots de larmes noyant mon iris. De toute manière, j’étais déjà aveuglé. Aveuglé par mes sentiments et mes idées noires qui me suppliciaient. A quoi m’aurait-il servi de voir à nouveau ?
-C’était il y a si longtemps… Et comme tu vois, rien n’a changé…
Ma main plongea alors dans ma poche. Je saisis l’objet qui l’habitait et le dévoila à Tina.
-Une fleur de bougainvilliers. Je l’ai cueillie pour toi, j’avais lâché la mienne. Ce n’était pas cette fleur que je voulais… C’était toi. Mais ne te porte-t-elle pas chance ? Excuse-moi de te l’avoir rendue trop tard.
Je posais alors la fleur de bougainvilliers sur la tombe. Elle y dansait avec le vent, semblait vouloir s’envoler vers le ciel infini. Je ne pouvais pas la retenir.
-Sa fin ne doit pas être aussi moche que la mienne… Qu’elle vive encore.
Je me relevais difficilement, après avoir bavardé une dernière fois en compagnie de Tina. Puis, en séchant mes larmes, j’avançai de quelques pas. En me retournant, je vis la fleur de bougainvilliers s’envoler silencieusement, de plus en plus haut. Jusqu’à ce que je ne puisse plus suivre sa trajectoire, à cause du Soleil qui aveuglait mes yeux. Mais il éblouissait également la tombe de Tina. Alors je pus m’en aller sereinement. Pendant quelques secondes, j’ai même cru pouvoir entendre son souffle par instants… Je n’avais pas le choix, c’est donc moi qui lui ai finalement dis au revoir.
Ce n’était vraiment pas mon genre…
-Oui. Elle était partie, avait bifurqué sur la gauche, et je ne l’ai plus revue.
-Voilà, c’était à ce moment-là, alors.
-Merde…
-Vous vous en remettrez, allons.
-Rien n’est moins sûr…
-Il y a d’autres choses à recevoir de la vie… Vous verrez, demain ça ira mieux !
-Je vais essayer de vous croire.
Il y eut un long silence. Je ne savais plus trop quoi dire, et je n’avais d’ailleurs rien à ajouter. Juste qu’on me laisse enfin seul. Et enfin ce plaisir me fut accordé.
-Voilà, encore tous mes encouragements.
-Je vous remercie.
J’avais raccroché juste après ces mots. J’ai alors posé le téléphone, me suis assis sur mon lit et ais scruter le plancher fixement pendant de longues minutes. A l’extérieur, rien ne laissait transparaître une once d’émotion. J’ai toujours essayé de garder ce genre de choses à l’intérieur de moi. Et ce n’était pas forcément quelque chose de bien. Car une véritable bataille explosait dans mon âme, dont chaque assaut tiraillait mon cœur. C’était un duel qui opposait mes pensées les plus sombres à ma raison la plus pure. Les clairons avaient sonné la naissance d’une lutte que je savais déjà perpétuelle. La seule manière de mettre un terme à ce conflit était de faire entendre le glas. Mais j’avais une dernière chose à accomplir.
Quelques jours ont passés depuis ce coup de téléphone. Je les ais espéré à attendre patiemment, seul. A compter les heures avant de m’apercevoir qu’il ne s’agissait que de minutes. A voir le Soleil succéder à la Lune, à observer le jour se substituer à la nuit. Jamais je n’aurais cru que le temps était aussi assassin. Tel un bourreau, que rien ne fait trébucher ni même fait ressortir une larme, il accomplit son œuvre macabre, sans émotion, sans sourciller, sans dire mot. Cela lui importe peu, du moment que la peine est conviée à voir la scène. Le temps. Nous le maudissons quand il est trop envahissant et l’implorons lorsqu’il nous manque. Peut-il s’accorder à ce que nous souhaitons vraiment ? Non, bien sûr… La vie n’en serait que trop facile.
. Je suis donc parti. J’ai longuement marché à travers les rues, désespérément seul, en direction d’un jardin. Pas celui que je connaissais. Un autre, que tout le monde a déjà visité un jour. En ligne droite, sans détour, ni flânerie. Je n’avais plus le cœur à cela. Je me demande si je l’aurai encore un jour…
Je passais enfin l’imposant portail et pénétrais dans l’enceinte de cet immense parc, si tranquille et reposant. On aurait pu s’y perdre. Mais heureusement, des silhouettes sombres se mouvaient à ma droite. Elles restaient muettes et immobiles un long moment. Je me suis mis à quelques mètres derrière eux et ais attendu qu’ils finissent leur besogne. Le vent soupirait son air glacial, comme à son habitude. Mais cette fois-ci, je ne le sentais plus. Je crois que c’était parce que je lui ressemblais trop…
Enfin, après de longues minutes d’attente, les silhouettes commencèrent à se mouvoir. Certaines ombres semblèrent se saluer, puis, rapidement, il n’y eut plus personne. Ca y est. Je me retrouvais enfin seul. Je m’approchais lentement, hésitant. Je savais que chaque résonnance de mes pas trouvait son écho quelques mètres plus bas, dans son cœur. Cette idée m’avait ébranlé.
Je trouvai alors une modeste pierre élevée à la verticale, dominant une plaque, plus petite encore. J’en étais affligé. Le petit cliquetis métallique auquel je m’étais habitué avait disparu. Je crois que c’est à cet instant, devant cette tombe que j’ai soupiré :
-Excuse-moi, Tina… Je ne savais pas que tu avais des problèmes au cœur…
Je fermai les yeux et réfléchissais à cet instant. Je l’ai vu partir après notre dispute. Elle était pressée, sans doute exaspérée par ce que j’ai dû lui dire. On est souvent perdus dans ses pensées dans ces cas-là. Il aura suffit d’un événement un peu affolant, qui l’aurait tiré violemment de ses songes pour que son cœur s’emballe. Et dire que sans ce mensonge, j’aurais pu éviter ça. Si je lui avais dit la vérité, elle ne se serait pas fâchée. Elle serait restée ici, auprès de moi. Il ne lui serait rien arrivé. Et tous ces poèmes, étaient-ils si important ? Fallait-il réellement les cacher ainsi. C’était ridicule. Si ça se trouve, elle aurait été touchée en les lisant… Nous nous serions alors… embrassés ?
Je n’entendais plus que le vent souffler sur le vaste champ de ruine que je devais maintenant entretenir. Moi aussi, j’ai des problèmes au cœur.
-Encore pardon…
Cette fois, ce sont tous mes souvenirs d’enfant qui revinrent à la surface. Je n’avais plus osé les évoquer, même à voix basse.
-Tu te souviens, Tina, lorsque je m’amusais à te dessiner des labyrinthes ? Tu devais trouver la sortie, et j’étais là pour t’aider. J’avais disposé des cœurs un peu partout. Tu pouvais retenter ta chance, si tu en attrapais un… J’étais amoureux de toi.
Un nouveau silence s’installa. Je savais qu’il n’y avait que le vent pour me répondre. Mais j’étais persuadé qu’une âme discrète avait encore assez de vie qui coulait en elle pour savoir m’écouter ne serait-ce que pour quelques secondes. Juste avant de s’échapper. Alors j’ai de nouveau ouvert les yeux, dévoilant une marée de tourment et des flots de larmes noyant mon iris. De toute manière, j’étais déjà aveuglé. Aveuglé par mes sentiments et mes idées noires qui me suppliciaient. A quoi m’aurait-il servi de voir à nouveau ?
-C’était il y a si longtemps… Et comme tu vois, rien n’a changé…
Ma main plongea alors dans ma poche. Je saisis l’objet qui l’habitait et le dévoila à Tina.
-Une fleur de bougainvilliers. Je l’ai cueillie pour toi, j’avais lâché la mienne. Ce n’était pas cette fleur que je voulais… C’était toi. Mais ne te porte-t-elle pas chance ? Excuse-moi de te l’avoir rendue trop tard.
Je posais alors la fleur de bougainvilliers sur la tombe. Elle y dansait avec le vent, semblait vouloir s’envoler vers le ciel infini. Je ne pouvais pas la retenir.
-Sa fin ne doit pas être aussi moche que la mienne… Qu’elle vive encore.
Je me relevais difficilement, après avoir bavardé une dernière fois en compagnie de Tina. Puis, en séchant mes larmes, j’avançai de quelques pas. En me retournant, je vis la fleur de bougainvilliers s’envoler silencieusement, de plus en plus haut. Jusqu’à ce que je ne puisse plus suivre sa trajectoire, à cause du Soleil qui aveuglait mes yeux. Mais il éblouissait également la tombe de Tina. Alors je pus m’en aller sereinement. Pendant quelques secondes, j’ai même cru pouvoir entendre son souffle par instants… Je n’avais pas le choix, c’est donc moi qui lui ai finalement dis au revoir.
Ce n’était vraiment pas mon genre…