Note de la fic : Non notée

Justice - Réécriture


Par : Mati07
Genre : Réaliste
Statut : En cours



Chapitre 9


Publié le 30/05/2017 à 07:39:58 par Mati07

Aussitôt, un bras fend l'air en sifflant. Je parviens à esquiver la lame secrète, attrape le bras de mon adversaire et l'envoie contre le mur. Je profite qu'il soit sonné pour agripper son casque et le cogner plusieurs fois contre le mur. Il tombe sur le sol, inconscient. J'utilise la lame de mon épée pour arracher la plaque de protection de son torse, avant de la planter dans son cœur. Pendant ce temps, Ombre s'est occupée du deuxième soldat. Le troisième protège Lairn, derrière lui, en écartant les bras. J'échange un regard avec Ombre, qui me laisse discrètement voir un pistolet dans sa main. J'acquiesce discrètement et pointe ma lame fantôme sur la tête de ma cible. Aussitôt, un pistolet apparaît dans la main du soldat qui me braque avec. Ombre en profite pour lui tirer dans la tête. Le temps qu'il s'effondre, je tire sur Lairn. La blessure causée par la fléchette n'est pas immédiatement fatale. Nous allons pouvoir le faire parler.

-Sabre, interroge-le, me dit Ombre en rangeant son pistolet. Je surveille les alentours.
-Compris.

J'attrape le col du contremaître et le traîne sans ménagement avant de le projeter contre le mur. Je m'agenouille près de lui. Il me regarde avec un petit rire.

-Vous ne savez pas à quoi vous vous attaquez, dit-il.
-Ah oui ? J'ai comme l'impression que tu vas me le dire.
-Si ça peut te rassurer, ce n'est qu'une impression. Le Père de la Sagesse me guide, et il a décidé que mon heure n'était pas encore venue.

Il regarde par-dessus mon épaule. Je n'ai pas le temps de me retourner qu'une déflagration retentit, et Lairn se retrouve avec un trou entre les deux yeux. Je me relève aussitôt, épée à la main, pour voir David assis sur un fauteuil, les pieds posés sur le bureau. Dans sa main, un pistolet au canon fumant.

-Si je le voulais, je pourrais te tuer aussi.

Ombre débarque et pointe son arme sur le Templier. Ce dernier la regarde en haussant un sourcil. Il sourit sereinement et baisse son pistolet.

-Mais je ne vais pas le faire.
-Pourquoi ? je lui lance.
-Nous avons un duel à terminer. Te tuer ainsi serait déshonorant, à la fois pour toi comme pour moi, explique-t-il.
-C'est vous David de Fresnes ? demande Ombre brusquement.
-C'est bien moi. Je crois que vous êtes la tristement célèbre Ombre, n'est-ce pas ? Enchanté.
-Pourquoi l'avoir tué ? je lui demande en montrant Lairn de mon épée. Je croyais qu'il était un Templier lui aussi.
-Non, non, soupire David. Il n'était rien de plus qu'un pion. Mais il n'a jamais été un membre de notre Ordre, bien qu'il ait toujours voulu en faire partie. Si je l'ai tué, c'est parce que notre Grand Maître a jugé qu'il était devenu inutile.
-Pourquoi les Templiers ont besoin de ces drones ? s'exclame Ombre.
-Voyons, très chère, cela me semble évident. Pour contrôler la population. Le contrôle, c'est le pouvoir. Et c'est ce que vise notre Ordre depuis la nuit des temps. Votre sabotage ne fait que retarder la création de ces outils. Dès que nos ingénieurs auront trouvé le moyen de les auto-alimenter, les Assassins n'auront nulle part où se cacher.

Pendant qu'il parle, il lance son pistolet en l'air, comme s'il s'ennuyait. Ombre et moi sommes aux aguets du moindre mouvement suspect. Elle se déplace légèrement sur la gauche, toujours prête à faire feu.

-Puis vous tuerez vos ingénieurs, comme vous l'avez fait avec Lairn, dis-je avec mépris.
-Oh, non. Il a profané le nom du Père de la Sagesse. Et je déteste ça. Personne d'autre que le Grand Maître n'est capable de savoir ce qu'il veut. C'est d'autant plus drôle qu'il pensait que je venais le sauver.

Une explosion secoue la pièce pendant quelques secondes. David se relève lentement, prend le temps de ranger correctement la chaise, puis se tourne vers nous.

-On dirait bien que votre sabotage fonctionne. Vous devriez partir, si vous voulez rester en vie. La BAR arrive.

Puis il casse la fenêtre avant de sauter. Je vais pour le suivre, mais j'aperçois toute une troupe de garde en bas qui surveille le périmètre. Une nouvelle explosion retentit.

-Sabre ! Il faut fuir ! me crie Ombre.

Nous sortons de la pièce et, avec l'aide de nos grappins, retournons sur les passerelles. Ombre utilise son pistolet pour briser une vitre du toit. Une chaleur insupportable monte du rez-de-chaussée, mais je ne préfère pas regarder en bas. Nous tirons nos grappins pour nous hisser sur le toit, et une douleur à l'épaule me donne l'impression que mon bras va se détacher de mon corps. Mais non, il tient bon, et j'arrive sain et sauf sur la vitre voisine, aux côtés d'Ombre. Cette dernière se tourne vers moi.

-L'usine ne tiendra pas très longtemps. Retournons vite au QG, mais fait attention à la BAR. Séparons-nous, nous passerons plus facilement inaperçus. Je passe par l'ouest, et toi à l'est.
-Bien compris.
-Sois prudent.
-Toi aussi, Ombre.

Nous nous séparons donc, et j'utilise à nouveau un câble en acier pour passer sur la toiture des maisons. Mais une explosion un peu plus violente retentit dans mon dos, et je sens le câble se détacher. Je me précipite en avant, mais trop tard ; le câble se détache, et je m'y rattrape de justesse pour ne pas m'écraser au sol. À la place, je traverse la rue tel Tarzan et je me prends la façade de la maison de plein fouet. Le choc me fait lâcher prise, et je tombe sur le trottoir qui fait horriblement craquer mon crâne. Je suis sonné pendant quelques secondes au cours desquelles je tente péniblement de me relever. Lorsque je suis enfin sur pied, j'entends quelqu'un crier « Il est là ! » dans mon dos. Je me retourne pour voir une dizaine de soldats de la BAR avec des fusils braqués droit sur moi.
Je me précipite aussitôt dans la rue et, alors que je m'aide du rebord d'une fenêtre pour monter à un mur, j'entends les premiers coups de feu. Je rebondis contre le mur et tire mon grappin sur le toit. Pendant une fraction de seconde, je reste suspendu dans les airs, et je pourrais presque voir les balles se diriger vers moi. Puis le grappin me hisse sur le toit, trop vite pour que les tirs m'atteignent. Je cours sur le toit et les coups de feu me confirment que la BAR est toujours à mes trousses. J'aperçois une fenêtre ouverte en contrebas et saute dedans sans réfléchir. J'atterris dans une roulade sur une moquette rapiécée. Je me relève et examine rapidement les lieux sans m'arrêter de courir : une autre fenêtre se trouve devant moi. J'entends une femme hurler pendant que je saute par-dessus la table. Elle m'a éclaté les tympans ! C'est sans regret que je casse sa fenêtre avec une chaise, puis je m'appuie sur le rebord pour monter sur le toit d'en face avec le grappin. De nouveaux coups de feu m'indiquent que la BAR est toujours à mes trousses. Ils sont tenaces !
Là, devant moi, le toit s'arrête et laisse place à la rue. Le prochain toit se trouve à une cinquantaine de mètres. Je cherche un moyen de traverser sans ralentir ma course. Je repère un rebord assez large sur tout le côté du bâtiment. Je comprends alors ce que je dois faire, et mon cœur se met à accélérer, non pas parce que je cours, mais à cause des mots de Patriarche qui résonnent dans ma tête. « Si vous êtes sûrs de vous – mais c'est très dangereux ». Je ne suis absolument pas sûr de moi, et le danger était évidemment très grand. Mais pas le temps de réfléchir. Je vise le toit d'en face avec mon grappin, tire, et une fois arrivé au bord, je saute dans le vide.
Le temps semble ralentir autour de moi. J'ai l'impression que mon cœur va exploser, ou bien qu'il s'est arrêté, au choix. Mon cerveau me hurle que je vais m'écraser sur le sol, que je vais mourir dans les secondes à venir. Puis le câble entre le toit et mon poignet se tend et je me sens poussé en avant. Je me balance une nouvelle fois dans la rue, mais cette fois c'est contrôlé. Je me concentre de toutes mes forces en essayant autant que possible de me diriger sur le rebord à droite. Je n'ai le droit qu'à un seul essai. Je sens le rebord sous mes pieds. Aussitôt, je rembobine mon grappin et, avec un grand soupir de soulagement, je continue de courir.
Après plusieurs minutes de course qui me semblent être des heures, je me réfugie dans une maison vide et, après encore quelques minutes à attendre, j'ai enfin semé la BAR. Je sors lentement, aux aguets, et avance dans la rue en m'assurant que mon foulard et ma capuche sont toujours bien en place. Je sors du quartier des Halles et me dirige vers le QG de l'Ordre.

Plusieurs jours ont passé depuis l'assassinat de Lairn. Patriarche nous a félicités et a confirmé l'arrêt temporaire de la production de DGC. Il m'a même fait passer plusieurs rangs d'un coup, chose plutôt rare dans l'Ordre. Personne ne comprend pourquoi le chef a mis un simple débutant sur une mission aussi importante, et je dois avouer que moi non plus. Mais j'ai réussi ma mission, et c'est le principal. Rapière est venu me voir pour me montrer quelque chose sur son portable : une vidéo amateur sur un site d'informations où on peut voir une silhouette avec un manteau rouge se balancer au-dessus de la route, atterrir sur le rebord du bâtiment, et disparaître dans le coin d'une maison. Tout le monde m'a félicité pour cet exploit, même le chef après m'avoir reproché que c'était dangereux.
Puis les journées ont continué de s'enchaîner, pendant lesquelles je ne faisait que des missions « mineures » : défendre des citoyens, retrouver des voleurs ou des meurtriers qui ont échappé à la BAR – enfin je veux dire, qui ont corrompu la BAR – ou aider d'autres Assassins dans le pétrin. Un jour, Rapière et Sniper nous invitent, Ombre et moi, à boire un verre dans un vieux bar au coin de la rue. J'y suis allé volontiers, mais j'ai presque forcé Ombre à m'accompagner, elle a finalement accepté de venir. Cela fait vraiment bizarre de tous les voir en tenues civiles. Rapière porte un simple débardeur qui laisse apparaître ses muscles (il doit vraiment avoir froid, avec le temps qu'il fait ! ) ainsi qu'un short et des baskets. Sniper est emmitouflé dans un épais manteau, la capuche doublée en fourrure. Je ne serais pas étonné que ce soit aussi le cas de son pantalon. Ombre, elle, a choisi une simple chemise bleu marine, et a noué ses cheveux dans une queue-de-cheval, et je dois avouer que ça lui va plutôt bien, elle devrait les attacher comme ça plus souvent.

-À Sabre ! lance Rapière en levant son verre. Et à Ombre ! Pour leur mission réussie, et parce que Sabre est un petit nouveau surdoué.
-Moins fort, Rapière, lui dit Ombre d'une voix lasse tout en levant son verre aussi. Je te rappelle que nous sommes des criminels recherchés.
-Justement, à part toi, personne n'a été recherché par la BAR aussi tôt !
-Je n'ai pas l'impression que ce soit vraiment un exploit, je rétorque en attrapant mon verre, suivit de Sniper.
-En même temps, je sais pas ce qu'a pris la BAR pour te mettre une prime aussi petite, déclare ce dernier. Elle porte bien son nom, tiens ! Ils devaient être bourrés à ce moment-là.
-Bref, trinquons ! s'exclame Rapière.

Nos verres s'entrechoquent dans un tintement scintillant. Deux secondes plus tard, Rapière était déjà en train de boire, et encore deux secondes après, son verre était vide. Ce type boit comme un trou. Sniper commence à nous raconter sa première mission et comment il a failli se rater. Pendant la demi-heure qui a suivi, Rapière était devenu rouge et était affalé sur la table, ce qui ne l'empêcher pas de répondre à Sniper, ou de le corriger lorsqu'il embellissait un peu trop l'histoire. Dix minutes plus tard, et après avoir vidé une bouteille d'alcool, il s'écroule sur le sol en manquant d'emporter la table, ce qui nous fait bien rire – surtout Ombre qui recrache la bière qu'elle était en train de boire sur Sniper, en face d'elle.
Je crois que je n'avais pas autant rit depuis longtemps.


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