Note de la fic :
Publié le 30/08/2016 à 18:11:43 par maKharena
Le professeur continuait ses allées et venues incessants dans les rangs. Régulièrement, il s'arrêtait à côté d'une table, lâchait un soupir de désespoir et rendait une copie à son propriétaire en l'accompagnant d'un agréable commentaire démoralisant.
Les contrôles étaient ramassés dans l'ordre, il lui était donc possible de les garder rangés pour les rendre rapidement, mais il aimait faire durer les choses. Plus on était loin de l'élève qui recevait ses résultats, plus on pouvait s'attendre à être le prochain à connaître sa note.
Le pire dans tout ça, c'était ce petit regard hautain qui se baladait d'un adolescent à l'autre. Parfois, il s'arrêtait en fixant quelqu'un au hasard, comme pris d'un sentiment de mépris tel qu'il en oubliait de marcher, puis la distribution reprenait.
-Gwendoline, je rêve du jour où vous comprendrez enfin que les filières générales ne sont pas accessibles aux animaux.
C'était direct, gracieux, d'une finesses sans égale. Il se délectait de ses phrases qui, je supposais, avaient été mûrement réfléchies au préalable. Quand elle reçut sa note, le regard de mon amie bouillonna de colère, mais ce ne fut qu'une fois qu'il eut le dos tournée qu'elle offrit au professeur une grimace accompagnée d'un magnifique doigt d'honneur.
À chaque distribution, il n'y avait toujours que deux ou trois élèves qui recevaient une note suffisante aux yeux de notre bourreau, et même ceux-là pouvaient s'attendre à un manque de respect.
-Dylan, encore une fois vous prouvez à ces... "élèves" que mes contrôles sont accessibles au premier venu.
Habitué à ces remarques, le garçon se contenta d'acquiescer et de découvrir sa note en souriant, pendant qu'une nouvelle proie se voyait victime de médisances. À plusieurs reprises, il avait été question d'un licenciement de monsieur Drouillet, mais il semblait que le projet ait été avorté.
Lorsqu'il se dirigea vers moi, le vieil homme plaqua un sourire sans joie sur son visage, comme un masque ayant pour but de cacher la tristesse que je lui inspirais.
-Léa Hissan, j'ai été impressionné, c'est absolument parfait.
-C'est vrai ?
Je n'en croyais pas mes yeux, et toute la classe non plus. Même ceux qui dormaient s'étaient réveillés pour scruter le regard du professeur à la recherche d'un sarcasme.
-Évidement que c'est vrai, aussi vrai que ce lycée sera bientôt élu meilleur lycée de France grâce à vous... Ma pauvre fille, si vous ne vous mettez pas à travailler, les bonnes notes ne tomberont pas du ciel.
Dans une gestuelle dédaigneuse, il jeta ma copie sur la table comme s'il s'était agi d'une vieille poubelle pleine d'excréments. Sans me soucier une seule seconde de ses propos, je me penchai sur la feuille pour y découvrir la fameuse note.
En la voyant, j'étais partagée entre de nombreuses envies. La première était de demander au professeur de choisir ses phrases en fonction des résultats, pour ne pas prononcer des choses trop incohérentes : ma note démontrait que je m'étais mise à travailler, contrairement à ce qu'il disait.
Ma deuxième envie consistait à être heureuse de ce bond en avant dans ma moyenne. Jamais je n'avais eu une aussi bonne note dans cette matière, et ce simplement grâce à une après-midi de révision.
La troisième envie se résumait simplement en une pendaison dans ma chambre; malgré mes efforts, j'étais loin d'avoir atteint l'objectif de quatorze.
À la sortie des cours, le visage faussement décontracté de Gwen me donna envie de la prendre contre moi et de ne jamais la libérer. Son apparente insouciance cachait en réalité une anxiété que j'apprenais à découvrir. Pour la détendre, je lui proposai de prendre une cigarette devant le lycée, l'idée lui était déjà probablement passée par la tête mais savoir qu'un autre la partage pouvait la rendre plus agréable.
-T'as eu combien ? me demanda-t-elle, pleine d'espoir.
-Dix et demi. C'était un peu surréaliste d'espérer quoi que ce soit avec ce malade mental. Et toi ?
-Un peu moins d'un tiers de ta note, répondit-elle dans un sourire innocent. Du coup, je suppose que c'est mort pour faire les magasins.
-J'ai peur que oui. Le seul moyen serait de voler de l'argent dans le portefeuille de ma mère, mais ça risque de pas être rentable si elle s'en aperçoit. On n'a qu'à y aller ensemble et je regarde, pas la peine d'acheter pour moi...
-N'y pense même pas. On va trouver un moyen, quitte à dealer pour Jérémy, mais on va trouver.
Tout en prononçant ces mots, elle avait allumé une cigarette et s'était assise sur le bitume salle qui longeait les grilles du lycée. De mon côté, je me rendais compte avec effroi que mon paquet était vide.
-Dis, tu peux m'en prêter une ? Faux que j'aille en racheter... Putain c'est vraiment la merde, t'as raison, on va tout faire pour trouver de la thune.
Rien que de voir le petit bout rougeoyer et crépiter me relaxait déjà après cette heure entière d'angoisse qui avait clôturé le mercredi matin. C'était pour ce genre de moment que j'adorais fumer. Sentir son stress partir en fumée, littéralement parlant, il n'y avait rien de plus beau.
-Je dois pouvoir taxer Nina, m'expliqua Gwen en tapotant doucement sa cigarette. Elle me refusera rien, et on s'arrangera pour la rembourser en bossant quelque part. T'auras qu'à faire serveuse dans un petit resto, ça doit se gagner en une semaine facilement.
-Pourquoi pas... Je trouverais bien, c'est pas les boulots de merde qui manquent dans cette ville. Si ma mère arrive à survivre en étant au chômage, je dois pouvoir me payer des vêtements en travaillant. Tu vas voir Nina quand ?
-On n'a qu'à y aller tout de suite. On se prends un grec sur la route ?
-Je préfère pas. Contrairement à toi, quand je mange, ça se voit. J'ai réussi à pas ressembler à tous ces gros tas qui doivent représenter la moitié des filles du lycée, j'aimerais bien continuer. T'es vraiment une salope de pouvoir bouffer sans grossir.
-Dans ce cas, Salope Powa ! On vas se récupérer une salade chez le boulanger ? Enfin plutôt un sandwich à la salade en fait.
-On fait ça. Nina habite loin ?
-À vingt minutes d'ici, trente si on compte la pause miam-miam.
Comme l'avait dit Gwendoline, il nous fallut exactement trente minutes pour atteindre l'immeuble de la jeune lesbienne. Le ventre encore à moitié vide après le sandwich végétarien, je remplissais mon estomac d'idéaux sur la minceur et la beauté physique pour essayer de le raisonner.
Puisque la sonnette était cassée et la porte verrouillée, il n'y avait qu'un seul moyen d'appeler les locataires du grand bâtiment jaunâtre où vivait Nina. Pour cela, il fallait s'armer de patience et hurler le nom de celle qu'on voulait contacter en espérant qu'elle ait la fenêtre ouverte.
Postée suffisamment loin pour que Nina ne se doute pas que son argent allait me servir, je regardais mon amie crier en boucle dans l'attente d'un résultat. Enfin, après presque cinq minutes où un nombre incalculable de têtes avaient demandé le silence, le petit visage sortit de sa fenêtre et demanda à Gwen ce qu'elle voulait.
Il s'ensuivit alors une courte discussion, ma meilleure amie pénétra dans l'immeuble et revint après plusieurs minutes. Sur son visage se lisait le sourire de celle qui a réussi.
-Cent cinquante euros, elle me fait cadeau des cinquante supplémentaires. Cette fille est vraiment adorable, ça doit être pour ça que c'est la seule que j'assume pas de tromper.
-Même si ça t'empêche pas de le faire.
-Évidement ! Il y a trop de filles sur la planète pour se contenter d'une seule chatte.
Voyant que ses relations homosexuelles continuaient à représenter pour moi un sujet délicat, Gwen m'offrit un nouvel éclat de rire suivit d'une tape sur l'épaule.
-Tu peux ne pas aimer Nina, n'empêche qu'elle vient de t'offrir une nouvelle garde-robe.
-Comment t'as fait pour la convaincre de te donner l'argent ?
-Déjà parce qu'elle est folle de moi, et ensuite parce que je lui ai dis la vérité. J'avais prévu d'aller faire du shopping avec des amies et je me suis retrouvée à cours d'argent pour une raison ou une autre. Ouais enfin, c'est presque la vérité...
-Et elle n'a pas demandé à venir ?
-Nina qui fait les magasins avec une autre fille ? Elle y va une fois par trimestre et achète une quantité astronomique de trucs en un temps record, elle n'a rien compris à l'intérêt de faire les magasins. Surtout qu'elle porte toujours un gilet pour pas être obligée de s'acheter des jolis tee-shirt. Enfin en gros, pour rien au monde elle n'aurait désiré venir. On y va ?
L'une à côté de l'autre, deux-cent-cinquante euros en poche, nous marchions désormais en direction de l'arrêt de bus qui allait nous mener vers notre activité préférée...
Les contrôles étaient ramassés dans l'ordre, il lui était donc possible de les garder rangés pour les rendre rapidement, mais il aimait faire durer les choses. Plus on était loin de l'élève qui recevait ses résultats, plus on pouvait s'attendre à être le prochain à connaître sa note.
Le pire dans tout ça, c'était ce petit regard hautain qui se baladait d'un adolescent à l'autre. Parfois, il s'arrêtait en fixant quelqu'un au hasard, comme pris d'un sentiment de mépris tel qu'il en oubliait de marcher, puis la distribution reprenait.
-Gwendoline, je rêve du jour où vous comprendrez enfin que les filières générales ne sont pas accessibles aux animaux.
C'était direct, gracieux, d'une finesses sans égale. Il se délectait de ses phrases qui, je supposais, avaient été mûrement réfléchies au préalable. Quand elle reçut sa note, le regard de mon amie bouillonna de colère, mais ce ne fut qu'une fois qu'il eut le dos tournée qu'elle offrit au professeur une grimace accompagnée d'un magnifique doigt d'honneur.
À chaque distribution, il n'y avait toujours que deux ou trois élèves qui recevaient une note suffisante aux yeux de notre bourreau, et même ceux-là pouvaient s'attendre à un manque de respect.
-Dylan, encore une fois vous prouvez à ces... "élèves" que mes contrôles sont accessibles au premier venu.
Habitué à ces remarques, le garçon se contenta d'acquiescer et de découvrir sa note en souriant, pendant qu'une nouvelle proie se voyait victime de médisances. À plusieurs reprises, il avait été question d'un licenciement de monsieur Drouillet, mais il semblait que le projet ait été avorté.
Lorsqu'il se dirigea vers moi, le vieil homme plaqua un sourire sans joie sur son visage, comme un masque ayant pour but de cacher la tristesse que je lui inspirais.
-Léa Hissan, j'ai été impressionné, c'est absolument parfait.
-C'est vrai ?
Je n'en croyais pas mes yeux, et toute la classe non plus. Même ceux qui dormaient s'étaient réveillés pour scruter le regard du professeur à la recherche d'un sarcasme.
-Évidement que c'est vrai, aussi vrai que ce lycée sera bientôt élu meilleur lycée de France grâce à vous... Ma pauvre fille, si vous ne vous mettez pas à travailler, les bonnes notes ne tomberont pas du ciel.
Dans une gestuelle dédaigneuse, il jeta ma copie sur la table comme s'il s'était agi d'une vieille poubelle pleine d'excréments. Sans me soucier une seule seconde de ses propos, je me penchai sur la feuille pour y découvrir la fameuse note.
En la voyant, j'étais partagée entre de nombreuses envies. La première était de demander au professeur de choisir ses phrases en fonction des résultats, pour ne pas prononcer des choses trop incohérentes : ma note démontrait que je m'étais mise à travailler, contrairement à ce qu'il disait.
Ma deuxième envie consistait à être heureuse de ce bond en avant dans ma moyenne. Jamais je n'avais eu une aussi bonne note dans cette matière, et ce simplement grâce à une après-midi de révision.
La troisième envie se résumait simplement en une pendaison dans ma chambre; malgré mes efforts, j'étais loin d'avoir atteint l'objectif de quatorze.
À la sortie des cours, le visage faussement décontracté de Gwen me donna envie de la prendre contre moi et de ne jamais la libérer. Son apparente insouciance cachait en réalité une anxiété que j'apprenais à découvrir. Pour la détendre, je lui proposai de prendre une cigarette devant le lycée, l'idée lui était déjà probablement passée par la tête mais savoir qu'un autre la partage pouvait la rendre plus agréable.
-T'as eu combien ? me demanda-t-elle, pleine d'espoir.
-Dix et demi. C'était un peu surréaliste d'espérer quoi que ce soit avec ce malade mental. Et toi ?
-Un peu moins d'un tiers de ta note, répondit-elle dans un sourire innocent. Du coup, je suppose que c'est mort pour faire les magasins.
-J'ai peur que oui. Le seul moyen serait de voler de l'argent dans le portefeuille de ma mère, mais ça risque de pas être rentable si elle s'en aperçoit. On n'a qu'à y aller ensemble et je regarde, pas la peine d'acheter pour moi...
-N'y pense même pas. On va trouver un moyen, quitte à dealer pour Jérémy, mais on va trouver.
Tout en prononçant ces mots, elle avait allumé une cigarette et s'était assise sur le bitume salle qui longeait les grilles du lycée. De mon côté, je me rendais compte avec effroi que mon paquet était vide.
-Dis, tu peux m'en prêter une ? Faux que j'aille en racheter... Putain c'est vraiment la merde, t'as raison, on va tout faire pour trouver de la thune.
Rien que de voir le petit bout rougeoyer et crépiter me relaxait déjà après cette heure entière d'angoisse qui avait clôturé le mercredi matin. C'était pour ce genre de moment que j'adorais fumer. Sentir son stress partir en fumée, littéralement parlant, il n'y avait rien de plus beau.
-Je dois pouvoir taxer Nina, m'expliqua Gwen en tapotant doucement sa cigarette. Elle me refusera rien, et on s'arrangera pour la rembourser en bossant quelque part. T'auras qu'à faire serveuse dans un petit resto, ça doit se gagner en une semaine facilement.
-Pourquoi pas... Je trouverais bien, c'est pas les boulots de merde qui manquent dans cette ville. Si ma mère arrive à survivre en étant au chômage, je dois pouvoir me payer des vêtements en travaillant. Tu vas voir Nina quand ?
-On n'a qu'à y aller tout de suite. On se prends un grec sur la route ?
-Je préfère pas. Contrairement à toi, quand je mange, ça se voit. J'ai réussi à pas ressembler à tous ces gros tas qui doivent représenter la moitié des filles du lycée, j'aimerais bien continuer. T'es vraiment une salope de pouvoir bouffer sans grossir.
-Dans ce cas, Salope Powa ! On vas se récupérer une salade chez le boulanger ? Enfin plutôt un sandwich à la salade en fait.
-On fait ça. Nina habite loin ?
-À vingt minutes d'ici, trente si on compte la pause miam-miam.
Comme l'avait dit Gwendoline, il nous fallut exactement trente minutes pour atteindre l'immeuble de la jeune lesbienne. Le ventre encore à moitié vide après le sandwich végétarien, je remplissais mon estomac d'idéaux sur la minceur et la beauté physique pour essayer de le raisonner.
Puisque la sonnette était cassée et la porte verrouillée, il n'y avait qu'un seul moyen d'appeler les locataires du grand bâtiment jaunâtre où vivait Nina. Pour cela, il fallait s'armer de patience et hurler le nom de celle qu'on voulait contacter en espérant qu'elle ait la fenêtre ouverte.
Postée suffisamment loin pour que Nina ne se doute pas que son argent allait me servir, je regardais mon amie crier en boucle dans l'attente d'un résultat. Enfin, après presque cinq minutes où un nombre incalculable de têtes avaient demandé le silence, le petit visage sortit de sa fenêtre et demanda à Gwen ce qu'elle voulait.
Il s'ensuivit alors une courte discussion, ma meilleure amie pénétra dans l'immeuble et revint après plusieurs minutes. Sur son visage se lisait le sourire de celle qui a réussi.
-Cent cinquante euros, elle me fait cadeau des cinquante supplémentaires. Cette fille est vraiment adorable, ça doit être pour ça que c'est la seule que j'assume pas de tromper.
-Même si ça t'empêche pas de le faire.
-Évidement ! Il y a trop de filles sur la planète pour se contenter d'une seule chatte.
Voyant que ses relations homosexuelles continuaient à représenter pour moi un sujet délicat, Gwen m'offrit un nouvel éclat de rire suivit d'une tape sur l'épaule.
-Tu peux ne pas aimer Nina, n'empêche qu'elle vient de t'offrir une nouvelle garde-robe.
-Comment t'as fait pour la convaincre de te donner l'argent ?
-Déjà parce qu'elle est folle de moi, et ensuite parce que je lui ai dis la vérité. J'avais prévu d'aller faire du shopping avec des amies et je me suis retrouvée à cours d'argent pour une raison ou une autre. Ouais enfin, c'est presque la vérité...
-Et elle n'a pas demandé à venir ?
-Nina qui fait les magasins avec une autre fille ? Elle y va une fois par trimestre et achète une quantité astronomique de trucs en un temps record, elle n'a rien compris à l'intérêt de faire les magasins. Surtout qu'elle porte toujours un gilet pour pas être obligée de s'acheter des jolis tee-shirt. Enfin en gros, pour rien au monde elle n'aurait désiré venir. On y va ?
L'une à côté de l'autre, deux-cent-cinquante euros en poche, nous marchions désormais en direction de l'arrêt de bus qui allait nous mener vers notre activité préférée...