Note de la fic :
Publié le 30/08/2016 à 18:13:11 par maKharena
Le centre commercial où nous nous rendions avait deux énormes défauts. Le premier était d'accueillir un nombre incalculable de magasins tous plus merveilleux les uns que les autres, si bien qu'on ne pouvait pas faire deux mètres sans s'arrêter pour lécher une nouvelle vitrine.
Le deuxième, c'était que puisqu'il avait décidé de servir les quatre villes alentours, les familles des cités n'étaient pas sa clientèle privilégiée et cela se ressentait assez violemment sur les prix des diverses marques en présence.
Parfois, quand je m'ennuyais mais que je n'avais pas les moyens d'acheter quoi que ce soit, j'allais là-bas et je regardais les filles de riches. Je les voyais par bande de cinq ou plus, un sac de marque au bout du bras, un jean Levi's en guise de pantalon et un polo Ralph Lauren pour couvrir leur poitrine. Elles discutaient entre elles, riaient, prenaient des selfies sur leur iPhone 28S++ offert par leur père parce qu'elles avaient eu la moyenne au dernier contrôle d'anglais... Bref, je les jalousais à un point inimaginable.
Sauf que cette fois-ci, c'était nous les reines du shopping. Quand le bus s'arrêta pour nous laisser descendre, Gwen et moi avions bien l'intention de dépenser ces deux-cent-cinquante euros comme s'il s'était agi d'une bagatelle.
On allait passer plusieurs semaines à la plage, il était hors de question d'être les seules en tenue de ville. En réalité, j'avais quand même quelques vêtements de plages, juste au cas où, dont ceux que Gwen m'avait fait enfiler pour la soirée de Jérémy, mais c'était loin d'être suffisant pour deux semaines sous le soleil.
-On commence par quoi ? Moi je dis Hollister, proposa mon amie, déjà dans un état d'ébullition total.
-N'y pense même pas, sauf si tu veux épuiser ton budget après avoir acheté deux maillots de bain. Est-ce que tu te rends compte qu'un short vaut 50€ chez eux ?
-Mais c'est trop beau ! répondit-elle en me faisant les yeux doux. En plus ils font des promos en ce moment pour préparer l'été. Dis oui ! Dis oui ! Dis oui !
Cette fille était vraiment un cas, mais elle était tellement adorable qu'il était impossible de résister à ce petit sourire et à ce regard de chat triste.
-D'accord, on ira à Hollister, mais en dernier. D'abord on s'assure d'avoir du stock avant de tout foutre dans des robes à 130€.
-T'es la meilleure, dit-elle en m'embrassant sur la joue.
Avec elle, j'avais l'impression d'être une maman autoritaire qui emmenait son enfant faire les magasins. Ce qui était sûr, c'est que ça n'allait pas durer : une fois en face des rayons, j'étais capable de devenir encore pire qu'elle.
Enfin, nous étions dans ces grandes allées lumineuses, jonchées de vitrines regorgeant de vêtements, jouets, bijoux et autres sacs à main. Tout, absolument tout aurait valu qu'on s'arrête pour admirer ce qui était en exposition, mais nous avions une mission bien précise.
Mission qui s'oublia immédiatement lorsque nous nous arrêtâmes devant la vitrine de Michael Kors. Impossible de se payer ne serait-ce que les lanières d'un seul de ces sacs, mais ils étaient tellement parfaits.
Incapables de résister, nous pénétrâmes dans le magasin illuminé où des tonnes de sacs s'offraient à nous. Sur les murs, les tables, les affiches, le comptoir, partout on pouvait voir les plus beaux sacs de la création. On s'imaginait déjà amener ça au lycée, attirer tous les regards, être les reines de l'établissement.
Là, à la caisse, une fille de quatorze ans se faisait offrir un de ces sacs noirs par sa mère, et elle avait l'air légèrement boudeuse. Même pas un sourire sur son visage ni un merci lorsqu'elle reçut le sac, juste un regard mauvais vers sa mère. J'aurais eu envie de l'assassiner et de dévorer son cœur sous ses yeux agonisants, mais je me retins pour ne pas être virée du centre.
Quelques secondes après, nous nous retrouvâmes dans les rayons d'Histoire d'or, puis ceux Ralph Lauren, on passait d'une marque inaccessible à l'autre, parfois on essayait des vêtements en sachant qu'on ne pourrait pas les acheter, jusqu'au moment où Gwen jeta un coup d'œil à l'heure.
-Ça fait deux heures qu'on est là ? Bordel, faudrait peut être se recentrer un peu, non ?
-Peut être, ouais, répondis-je à travers la cabine en enfilant une robe courte à 399€.
-Dépêches-toi de ranger ça et puis on va à H&M, ok ?
-Bonne idée.
À contrecœur, j'enlevais cette merveille de style qui paraissait avoir été taillée exprès pour mon corps, puis je sortis de la cabine après m'être rhabillée. Là, Gwendoline m'attendait sur un fauteuil, les jambes croisés et un tas de vêtements sur les genoux.
-C'est parti ? Je peux laisser tout ça là ? demanda-t-elle en regardant ses jambes.
-Oui, ils vont ranger pour nous. Vu le prix de leurs machins, ils ont intérêt à embaucher des gens pour faire le ménage.
À part la séduction, il n'y avait aucune activité qui voyait Gwen dépenser une telle énergie que le shopping. À peine étions nous arrivées dans les rayons blanchâtres de H&M que déjà elle naviguait d'un groupe de vêtements à l'autre, récupérant ce qui lui plaisait et faisant l'impasse sur le reste.
Avec moi, on pouvait facilement dire que j'étais son exacte opposée. Je passais une heure devant chaque robe, haut ou short pour juger le pour et le contre, puis je le reposais et passais au suivant.
Nous avions beau ne pas atteindre les tarifs d'Hollister, on ne pouvait pas non plus dire que les vêtements du magasin étaient donnés. Quand j'eu le sentiment d'en avoir choisi suffisamment, je rejoignis Gwen devant les cabines d'essayage. L'adolescente m'attendait et, quand je fus à portée, elle me tira avec elle derrière un des rideaux.
-Je peux savoir ce que tu fais ? Les gens vont s'imaginer des trucs.
-Rien du tout, répondit Gwen. Les gens ne vont rien s'imaginer et au pire on s'en fout. C'est mieux d'être dans la même cabine, on peut regarder comment l'autre s'habille sans avoir à sortir pour faire la mannequin.
En disant ça, elle avait déjà enlevé son haut et s'attelait à faire de même pour son pantalon. J'avais déjà vu mon amie en sous-vêtements, ça n'avait rien de nouveau, je m'étais même mise à nue dans son dos pour me changer, mais dans le cas présent ça avait quelque chose de différent.
On était serrées l'une contre l'autre, entre un miroir et un rideau, avec un groupe de gens de l'autre côté, et on allait passer les prochaines minutes à mettre et enlever des vêtements. Ça avait sérieusement quelque chose de gênant.
-Alors ? Tu t'y met ? Les habits vont pas se mettre tous seuls. Sinon c'est moi qui m'occupe de dévoiler ce magnifique petit corps.
Parfaitement consciente qu'elle était capable de le faire, je m'empressais d'ôter ce que je portais pour commencer la séance d'essayage. Au début, la gêne me ralentissait dans mes mouvements, mais bien vite je pris goût à ce marathon de mode.
Chacun notre tour, nous enfilions ce que nous avions récolté dans les rayons, puis on se regardait dans le miroir en demandant ce que l'autre en pensait. Ensuite, on pouvait soit déposer l'habit en question sur le tas de ceux qu'on comptait acheter, soit sur celui de ceux qu'on comptait laisser.
Après presque une demi heure, tout y était passé et j'en avais pour un peu plus de cinquante euros d'achats. Une robe grise assez courte aux épaules dénudées, un top en jersey sans manche avec un col en V, un débardeur blanc serré et relativement court, un short en molleton bleu foncé et un maillot de bain violet deux pièces.
Gwen avait dépensé un peu moins que moi en ne prenant que deux hauts et un maillot : elle avait déjà une collection hallucinante de shorts et de robes courtes. À la caisse, le regard du vendeur sauta de nos visages enjoués au prix qui s'affichait sur l'écran; j'étais persuadée qu'il ne savait pas ce qui était le plus beau à regarder.
-Ça, c'est fait. On passe au suivant ? Zara doit être un bon choix, tu crois pas ?
Ça n'était pas totalement vrai, mais dans ma tête, Zara était un magasin aux prix très accessibles. Au final, on n'était pas si loin d'Hollister malgré des vêtements beaucoup moins beaux, pourtant j'avais toujours la sensation de faire des affaires en achetant là-bas.
C'est pourquoi nous nous retrouvâmes bien vite à errer dans le magasin espagnol en quête d'un nouveau stock pour une nouvelle séance d'essayage. Cette fois, les choses allèrent beaucoup plus vite. Les prix étaient plus élevés et les produits moins attrayants, il ne nous fallut donc que peu de temps pour réunir la liste de nos envies.
Les choses allèrent même tellement vite qu'après dix minutes d'essayage sans trouver ce qui nous convenait, nous retournâmes dans les rayons pour trouver quelque chose à notre goût. C'était comme si une loi nous interdisait de sortir sans avoir rien acheté, mais que les prix nous interdisaient d'acheter n'importe quel article un minimum attirant.
Finalement, après une heure entière, je sortis du magasin avec Gwen. Dans le sac estampillé Zara se trouvait mon nouveau short en jean dont le rouge des poches attirait immédiatement le regard. Pour être satisfaite de mon achat, je devais oublier les 25€ qu'il m'avait coûté.
-Bon, on va à Hollister maintenant ? me supplia Gwen, au bord de l'explosion. J'ai encore soixante euros et toi t'en a soixante-quinze, on a les moyens non ?
-Mouais, répondis-je en soupirant.
J'étais partagée entre l'envie de rentabiliser au mieux mes dépenses et celle de tout donner pour ce magasin qui était de loin mon préféré. Là, dans cet atmosphère tamisée, en face des écrans où la mer se jetait violemment sur une plage dorée, c'était déjà les vacances.
Dans les rayons ombragées, deux jeunes filles guidaient les clients. Elles auraient pu facilement remplacer les femmes qu'on voyait sur les affiches publicitaires et portaient une tenue assez originale. Un jean plutôt ample qui devenait serré au niveau des fesses, dont les deux bretelles passaient au dessus d'un chemisier à carreau rouge et blanc qui laissait les épaules à nue et dont le décrochage d'un seul nouveau bouton aurait permis de voir le soutien-gorge des deux filles.
Peu importaient les 35 euros inscrits sur l'étiquette, ces chemises étaient bien trop belles pour que j'ose passer à côté. Mon achat sous le bras, je parcourais le magnifique magasin ombragé à la recherche des offres dont avait parlé Gwendoline.
L'une d'entre elles arrêta mon cœur de battre : une robe, un short et un maillot pour seulement 40€. Ça n'était que dans une petite sélection de vêtements, mais tout était magnifique ici. Avant de faire mon choix, je traversais la boutique à la recherche de mon amie pour l'avertir de cette occasion en or.
Sa réaction fut encore plus exagérée que la mienne et bientôt, nous fouillions chaque recoin de l'endroit où l'offre était valable. La première qui fut sélectionnée était une robe babydoll bordeaux avec un décolleté correct. Ensuite ce fut au tour d'un short en jean déchiré qui remontait au raz des fesses et dont les trous frôlaient parfois les positions inconvenantes. Pour le maillot de bain, je choisis la simplicité d'un bikini noir push-up à ficelles.
En passant à la caisse, j'avais le sentiment que jamais mon argent n'avait été aussi bien dépensé. Mes trois sacs sous les bras, il me restait à peine une dizaine d'euros et le McDo qui était en face d'Hollister paraissait m'appeler pour les dépenser chez lui.
C'est pourquoi nous nous assîmes bien vite autour d'une petite table, Gwen devant un Coca et moi devant un IceTea. Entre deux gorgées, on ventait nos achats en rêvant au moment où on pourrait les porter sur la plage.
-Tu vois ? Je t'avais dit qu'Hollister c'était la vie, me rappela mon amie.
-Je le savais, c'était simplement pas prudent de commencer par là. Mais putain l'offre qu'on a eu ! Plus de chance que ça tu meurs.
-Tellement ! Faut vite taxer tous les gens qu'on connaît pour y retourner avant que ça se termine, à ce prix là c'est presque donné.
Dix-sept heure sonnerait bientôt et pour nous deux, cette journée était une des meilleures qui nous avait été donné de vivre, du moins jusqu'à notre prochaine sortie shopping. Tout en sirotant mon thé glacé, je vis le regard de ma meilleure amie se perdre dans mon dos.
-Léa, il y a un mec là-bas qui...
-Tais-toi ! Tout de suite, tais-toi !
Sans hésiter, elle m'avait obéi et me regardait avec un air parfaitement choqué. Si on avait inversé les rôles, elle aurait éclaté de rire, mais je savourais déjà intérieurement d'avoir réussi à clouer le bec de la fameuse Gwendoline. Cependant, après quelques secondes, la curiosité reprit le dessus.
-Qu'est-ce qu'il a le mec ?
-Il te matte depuis qu'on est arrivées, répondit-elle dans un sourire que je connaissais trop bien.
-T'es sûre que c'est moi ? Parce que là il peux juste voir mon dos.
-Sûre à 100%, et ton dos à l'air de le captiver. Il attends simplement que tu te retourne.
-Je te crois pas, tu te fais des idées...
-Tu veux vérifier ? Il est juste à côté du comptoir. Tu y vas, tu commandes un truc et tu te rends compte que tu n'as pas de quoi payer, la magie fera le reste.
-Mais t'es pas sérieuse ?
-Allez, fais-moi confiance, dit-elle en me poussant délicatement.
Et à nouveau, je me jetais dans un des nombreux plans merdiques que Gwen adorait élaborer pour moi...
Le deuxième, c'était que puisqu'il avait décidé de servir les quatre villes alentours, les familles des cités n'étaient pas sa clientèle privilégiée et cela se ressentait assez violemment sur les prix des diverses marques en présence.
Parfois, quand je m'ennuyais mais que je n'avais pas les moyens d'acheter quoi que ce soit, j'allais là-bas et je regardais les filles de riches. Je les voyais par bande de cinq ou plus, un sac de marque au bout du bras, un jean Levi's en guise de pantalon et un polo Ralph Lauren pour couvrir leur poitrine. Elles discutaient entre elles, riaient, prenaient des selfies sur leur iPhone 28S++ offert par leur père parce qu'elles avaient eu la moyenne au dernier contrôle d'anglais... Bref, je les jalousais à un point inimaginable.
Sauf que cette fois-ci, c'était nous les reines du shopping. Quand le bus s'arrêta pour nous laisser descendre, Gwen et moi avions bien l'intention de dépenser ces deux-cent-cinquante euros comme s'il s'était agi d'une bagatelle.
On allait passer plusieurs semaines à la plage, il était hors de question d'être les seules en tenue de ville. En réalité, j'avais quand même quelques vêtements de plages, juste au cas où, dont ceux que Gwen m'avait fait enfiler pour la soirée de Jérémy, mais c'était loin d'être suffisant pour deux semaines sous le soleil.
-On commence par quoi ? Moi je dis Hollister, proposa mon amie, déjà dans un état d'ébullition total.
-N'y pense même pas, sauf si tu veux épuiser ton budget après avoir acheté deux maillots de bain. Est-ce que tu te rends compte qu'un short vaut 50€ chez eux ?
-Mais c'est trop beau ! répondit-elle en me faisant les yeux doux. En plus ils font des promos en ce moment pour préparer l'été. Dis oui ! Dis oui ! Dis oui !
Cette fille était vraiment un cas, mais elle était tellement adorable qu'il était impossible de résister à ce petit sourire et à ce regard de chat triste.
-D'accord, on ira à Hollister, mais en dernier. D'abord on s'assure d'avoir du stock avant de tout foutre dans des robes à 130€.
-T'es la meilleure, dit-elle en m'embrassant sur la joue.
Avec elle, j'avais l'impression d'être une maman autoritaire qui emmenait son enfant faire les magasins. Ce qui était sûr, c'est que ça n'allait pas durer : une fois en face des rayons, j'étais capable de devenir encore pire qu'elle.
Enfin, nous étions dans ces grandes allées lumineuses, jonchées de vitrines regorgeant de vêtements, jouets, bijoux et autres sacs à main. Tout, absolument tout aurait valu qu'on s'arrête pour admirer ce qui était en exposition, mais nous avions une mission bien précise.
Mission qui s'oublia immédiatement lorsque nous nous arrêtâmes devant la vitrine de Michael Kors. Impossible de se payer ne serait-ce que les lanières d'un seul de ces sacs, mais ils étaient tellement parfaits.
Incapables de résister, nous pénétrâmes dans le magasin illuminé où des tonnes de sacs s'offraient à nous. Sur les murs, les tables, les affiches, le comptoir, partout on pouvait voir les plus beaux sacs de la création. On s'imaginait déjà amener ça au lycée, attirer tous les regards, être les reines de l'établissement.
Là, à la caisse, une fille de quatorze ans se faisait offrir un de ces sacs noirs par sa mère, et elle avait l'air légèrement boudeuse. Même pas un sourire sur son visage ni un merci lorsqu'elle reçut le sac, juste un regard mauvais vers sa mère. J'aurais eu envie de l'assassiner et de dévorer son cœur sous ses yeux agonisants, mais je me retins pour ne pas être virée du centre.
Quelques secondes après, nous nous retrouvâmes dans les rayons d'Histoire d'or, puis ceux Ralph Lauren, on passait d'une marque inaccessible à l'autre, parfois on essayait des vêtements en sachant qu'on ne pourrait pas les acheter, jusqu'au moment où Gwen jeta un coup d'œil à l'heure.
-Ça fait deux heures qu'on est là ? Bordel, faudrait peut être se recentrer un peu, non ?
-Peut être, ouais, répondis-je à travers la cabine en enfilant une robe courte à 399€.
-Dépêches-toi de ranger ça et puis on va à H&M, ok ?
-Bonne idée.
À contrecœur, j'enlevais cette merveille de style qui paraissait avoir été taillée exprès pour mon corps, puis je sortis de la cabine après m'être rhabillée. Là, Gwendoline m'attendait sur un fauteuil, les jambes croisés et un tas de vêtements sur les genoux.
-C'est parti ? Je peux laisser tout ça là ? demanda-t-elle en regardant ses jambes.
-Oui, ils vont ranger pour nous. Vu le prix de leurs machins, ils ont intérêt à embaucher des gens pour faire le ménage.
À part la séduction, il n'y avait aucune activité qui voyait Gwen dépenser une telle énergie que le shopping. À peine étions nous arrivées dans les rayons blanchâtres de H&M que déjà elle naviguait d'un groupe de vêtements à l'autre, récupérant ce qui lui plaisait et faisant l'impasse sur le reste.
Avec moi, on pouvait facilement dire que j'étais son exacte opposée. Je passais une heure devant chaque robe, haut ou short pour juger le pour et le contre, puis je le reposais et passais au suivant.
Nous avions beau ne pas atteindre les tarifs d'Hollister, on ne pouvait pas non plus dire que les vêtements du magasin étaient donnés. Quand j'eu le sentiment d'en avoir choisi suffisamment, je rejoignis Gwen devant les cabines d'essayage. L'adolescente m'attendait et, quand je fus à portée, elle me tira avec elle derrière un des rideaux.
-Je peux savoir ce que tu fais ? Les gens vont s'imaginer des trucs.
-Rien du tout, répondit Gwen. Les gens ne vont rien s'imaginer et au pire on s'en fout. C'est mieux d'être dans la même cabine, on peut regarder comment l'autre s'habille sans avoir à sortir pour faire la mannequin.
En disant ça, elle avait déjà enlevé son haut et s'attelait à faire de même pour son pantalon. J'avais déjà vu mon amie en sous-vêtements, ça n'avait rien de nouveau, je m'étais même mise à nue dans son dos pour me changer, mais dans le cas présent ça avait quelque chose de différent.
On était serrées l'une contre l'autre, entre un miroir et un rideau, avec un groupe de gens de l'autre côté, et on allait passer les prochaines minutes à mettre et enlever des vêtements. Ça avait sérieusement quelque chose de gênant.
-Alors ? Tu t'y met ? Les habits vont pas se mettre tous seuls. Sinon c'est moi qui m'occupe de dévoiler ce magnifique petit corps.
Parfaitement consciente qu'elle était capable de le faire, je m'empressais d'ôter ce que je portais pour commencer la séance d'essayage. Au début, la gêne me ralentissait dans mes mouvements, mais bien vite je pris goût à ce marathon de mode.
Chacun notre tour, nous enfilions ce que nous avions récolté dans les rayons, puis on se regardait dans le miroir en demandant ce que l'autre en pensait. Ensuite, on pouvait soit déposer l'habit en question sur le tas de ceux qu'on comptait acheter, soit sur celui de ceux qu'on comptait laisser.
Après presque une demi heure, tout y était passé et j'en avais pour un peu plus de cinquante euros d'achats. Une robe grise assez courte aux épaules dénudées, un top en jersey sans manche avec un col en V, un débardeur blanc serré et relativement court, un short en molleton bleu foncé et un maillot de bain violet deux pièces.
Gwen avait dépensé un peu moins que moi en ne prenant que deux hauts et un maillot : elle avait déjà une collection hallucinante de shorts et de robes courtes. À la caisse, le regard du vendeur sauta de nos visages enjoués au prix qui s'affichait sur l'écran; j'étais persuadée qu'il ne savait pas ce qui était le plus beau à regarder.
-Ça, c'est fait. On passe au suivant ? Zara doit être un bon choix, tu crois pas ?
Ça n'était pas totalement vrai, mais dans ma tête, Zara était un magasin aux prix très accessibles. Au final, on n'était pas si loin d'Hollister malgré des vêtements beaucoup moins beaux, pourtant j'avais toujours la sensation de faire des affaires en achetant là-bas.
C'est pourquoi nous nous retrouvâmes bien vite à errer dans le magasin espagnol en quête d'un nouveau stock pour une nouvelle séance d'essayage. Cette fois, les choses allèrent beaucoup plus vite. Les prix étaient plus élevés et les produits moins attrayants, il ne nous fallut donc que peu de temps pour réunir la liste de nos envies.
Les choses allèrent même tellement vite qu'après dix minutes d'essayage sans trouver ce qui nous convenait, nous retournâmes dans les rayons pour trouver quelque chose à notre goût. C'était comme si une loi nous interdisait de sortir sans avoir rien acheté, mais que les prix nous interdisaient d'acheter n'importe quel article un minimum attirant.
Finalement, après une heure entière, je sortis du magasin avec Gwen. Dans le sac estampillé Zara se trouvait mon nouveau short en jean dont le rouge des poches attirait immédiatement le regard. Pour être satisfaite de mon achat, je devais oublier les 25€ qu'il m'avait coûté.
-Bon, on va à Hollister maintenant ? me supplia Gwen, au bord de l'explosion. J'ai encore soixante euros et toi t'en a soixante-quinze, on a les moyens non ?
-Mouais, répondis-je en soupirant.
J'étais partagée entre l'envie de rentabiliser au mieux mes dépenses et celle de tout donner pour ce magasin qui était de loin mon préféré. Là, dans cet atmosphère tamisée, en face des écrans où la mer se jetait violemment sur une plage dorée, c'était déjà les vacances.
Dans les rayons ombragées, deux jeunes filles guidaient les clients. Elles auraient pu facilement remplacer les femmes qu'on voyait sur les affiches publicitaires et portaient une tenue assez originale. Un jean plutôt ample qui devenait serré au niveau des fesses, dont les deux bretelles passaient au dessus d'un chemisier à carreau rouge et blanc qui laissait les épaules à nue et dont le décrochage d'un seul nouveau bouton aurait permis de voir le soutien-gorge des deux filles.
Peu importaient les 35 euros inscrits sur l'étiquette, ces chemises étaient bien trop belles pour que j'ose passer à côté. Mon achat sous le bras, je parcourais le magnifique magasin ombragé à la recherche des offres dont avait parlé Gwendoline.
L'une d'entre elles arrêta mon cœur de battre : une robe, un short et un maillot pour seulement 40€. Ça n'était que dans une petite sélection de vêtements, mais tout était magnifique ici. Avant de faire mon choix, je traversais la boutique à la recherche de mon amie pour l'avertir de cette occasion en or.
Sa réaction fut encore plus exagérée que la mienne et bientôt, nous fouillions chaque recoin de l'endroit où l'offre était valable. La première qui fut sélectionnée était une robe babydoll bordeaux avec un décolleté correct. Ensuite ce fut au tour d'un short en jean déchiré qui remontait au raz des fesses et dont les trous frôlaient parfois les positions inconvenantes. Pour le maillot de bain, je choisis la simplicité d'un bikini noir push-up à ficelles.
En passant à la caisse, j'avais le sentiment que jamais mon argent n'avait été aussi bien dépensé. Mes trois sacs sous les bras, il me restait à peine une dizaine d'euros et le McDo qui était en face d'Hollister paraissait m'appeler pour les dépenser chez lui.
C'est pourquoi nous nous assîmes bien vite autour d'une petite table, Gwen devant un Coca et moi devant un IceTea. Entre deux gorgées, on ventait nos achats en rêvant au moment où on pourrait les porter sur la plage.
-Tu vois ? Je t'avais dit qu'Hollister c'était la vie, me rappela mon amie.
-Je le savais, c'était simplement pas prudent de commencer par là. Mais putain l'offre qu'on a eu ! Plus de chance que ça tu meurs.
-Tellement ! Faut vite taxer tous les gens qu'on connaît pour y retourner avant que ça se termine, à ce prix là c'est presque donné.
Dix-sept heure sonnerait bientôt et pour nous deux, cette journée était une des meilleures qui nous avait été donné de vivre, du moins jusqu'à notre prochaine sortie shopping. Tout en sirotant mon thé glacé, je vis le regard de ma meilleure amie se perdre dans mon dos.
-Léa, il y a un mec là-bas qui...
-Tais-toi ! Tout de suite, tais-toi !
Sans hésiter, elle m'avait obéi et me regardait avec un air parfaitement choqué. Si on avait inversé les rôles, elle aurait éclaté de rire, mais je savourais déjà intérieurement d'avoir réussi à clouer le bec de la fameuse Gwendoline. Cependant, après quelques secondes, la curiosité reprit le dessus.
-Qu'est-ce qu'il a le mec ?
-Il te matte depuis qu'on est arrivées, répondit-elle dans un sourire que je connaissais trop bien.
-T'es sûre que c'est moi ? Parce que là il peux juste voir mon dos.
-Sûre à 100%, et ton dos à l'air de le captiver. Il attends simplement que tu te retourne.
-Je te crois pas, tu te fais des idées...
-Tu veux vérifier ? Il est juste à côté du comptoir. Tu y vas, tu commandes un truc et tu te rends compte que tu n'as pas de quoi payer, la magie fera le reste.
-Mais t'es pas sérieuse ?
-Allez, fais-moi confiance, dit-elle en me poussant délicatement.
Et à nouveau, je me jetais dans un des nombreux plans merdiques que Gwen adorait élaborer pour moi...