Note de la fic :
Publié le 13/10/2015 à 01:07:21 par Loiseau
Ce fut une odeur qui me réveilla. Une odeur comme je n’en avais jamais senti. Elle provoqua immédiatement en moi une faim irrépressible et dévorante. Elle me fit aussi reprendre conscience de mon corps ainsi que de mon extrême faiblesse et d’une douleur aiguë dans le ventre. J’ouvris les yeux. La pièce dans laquelle je me trouvais était plongée dans la semi-obscurité, quelques rayons de lumière filtraient par le store fermé. La porte était entrebâillée et je pouvais entendre des voix un peu plus loin. Elles parlaient calmement et je me dis que la mort n’était pas quelque chose de désagréable finalement, ou alors je n’étais pas encore mort.
Une tête passa par la porte et deux yeux verts se fixèrent sur moi.
-T’avais raison Kat’, il est réveillé. C’est le seul pour l’instant.
La porte s’ouvrit en grand et un homme trapu et souriant s’approcha de moi, un plateau entre les mains. C’est de ce plateau que se dégageait l’odeur délicieuse. Il le posa sur une table de chevet et s’assit au pied du lit. Instinctivement, je remontais un peu la couverture sur moi. L’homme était… différent de tout ce que j’avais pu voir. Il émanait de lui quelque chose que je n’avais pas su définir à ce moment mais qui était en fait un naturel désarmant. Petit, assez costaud, il arborait fièrement une moustache parfaitement entretenue et une coupe en brosse. Vêtu d’une chemise noire ouverte de deux boutons et d’un simple jean, en chaussettes, il me paraissait comme sorti d’une autre dimension. Lorsqu’il me parla, ce fut avec beaucoup de douceur.
-Bonjour. Est-ce que vous vous sentez reposé ?
Je ne pus lui répondre qu’en balbutiant.
-Oui je… Je… Oui monsieur. Prêt à reprendre le travail.
Il secoua la tête.
-Non, non. Vous n’avez plus à travailler, rassurez-vous. Nous allons vous expliquer ce que vous faites ici et qui nous sommes. Désirez-vous manger ?
Il fit un geste vers le plateau et mon estomac poussa un grondement. Je n’avais jamais eu aussi faim de ma vie et je hochais donc la tête. Il posa le plateau sur mes genoux. Je n’avais la moindre idée de ce que contenait mon assiette, c’était comme plein de petits fils pâles et visqueux recouverts d’un liquide rouge, de boulettes marron et d’étranges lamelles translucides. J’y goutais.
C’est… c’est…
Mon cerveau cherchait désespérément un mot pour qualifier ce que je venais de mettre dans ma bouche, sans succès. Aussi, quand l’homme me demanda comment je trouvais la nourriture je ne pus que dire.
-C’est supérieur.
-Ça s’appelle des spaghettis à la sauce bo-lo-gnaise, dit-il en articulant soigneusement, un sourire au coin des lèvres.
-Je… ne connais pas.
-C’est normal. Ça n’existe pas dans les centres. La nourriture qu’ils vous servent est…
Il s’interrompit et secoua la tête.
-Plus tard, plus tard. Pour l’instant, mangez calmement. Si vous avez encore faim une fois que vous aurez fini, n’hésitez pas à me le dire. Je peux même rester ici si vous ne voulez pas être seul.
J’ai envie qu’il reste.
A nouveau, la tête me tourna. Moins que les fois précédentes cependant. C’était la première affirmation qui résonnait dans mon crâne. Mes premières pensées n’étaient que des questions, là j’avais émis un désir. J’acquiesçais donc silencieusement, continuant à manger ces « spaghettis ». Leur chaleur se transmettait dans tout mon corps et rapidement je me dis que, quelle que soit la situation dans laquelle je me trouvais, elle était positive. L’homme ne prononça pas un mot, se contentant de sourire calmement, comme si le simple fait de me voir manger contribuait à son bien-être. Lorsque j’eus fini, je me sentais repu. Je bus avidement le verre d’eau posé à côté de moi… et failli m’étrangler une nouvelle fois. Elle avait un goût différent. L’homme se leva et vint doucement me tapoter le dos.
-Tout va bien ? Je suis désolé, j’ai oublié de vous prévenir que notre eau n’est pas traitée et que son goût doit… euh… grandement différer de ce dont vous avez l’habitude.
-Oui, murmurais-je en reprenant mon souffle.
-Voulez-vous vous reposer encore un peu ou bien êtes-vous prêt à me suivre ?
-Je vais vous suivre, supérieur.
Son visage se crispa légèrement, comme si une vieille douleur s’était réveillée en lui.
-Je vous en prie, appelez-moi Yann.
-Je vais vous suivre, Yann.
Il soupira et me tendit la main. Je la saisis par automatisme et il m’aida à me redresser. Mon ventre m’élança et je poussais un petit cri. Il lâcha immédiatement ma main et me rallongea.
-Kat’ ! Viens vite voir s’il te plait ! L’autre gros débile y est encore allé trop fort ! cria-t-il.
Des bruits de pas précipités se firent entendre et une jeune femme surgit dans la pièce, les cheveux en bataille, une brosse à dents dans la bouche, en pyjama bleu nuit.
-S’pache quoi ?
-Mart’ l’a tasé et ça l'a brûlé au ventre. Y’a pas idée de taser un papy comme ça, putain !
-‘tain… N’bouge pas, j’vais chercher la trousse de soins.
Elle repartit aussi vite qu’elle était venu. Je ne comprenais pourquoi ils s’agitaient tant. Je pouvais marcher, il fallait juste que je m’habitue à la douleur. Ce n’était pas la première fois. Et s’ils trouvaient que cela réduisait mon efficacité, il suffisait d’appeler un agent de MédiCorp…
-Je peux marcher.
-Hmmm ? Non, non, on va d’abord vous soigner. On n’a pas beaucoup de matos, mais on devrait au moins pouvoir calmer la douleur. Dommage que le rebouteux n’soit pas là, il vous aurait guéri ça en un rien de temps.
Je n’avais presque rien saisi de cette tirade, mais je restais allongé. Je commençais vraiment à me demander où j’étais tombé. Ces gens n’avaient clairement rien à voir avec la PC, Arès Security, Gouvernance ou n’importe quelle autre corporation. Je n’avais pas le Droit de poser des questions mais…
Est-ce que le Droit s’applique ici ?
Cette simple question et toutes celles qui en découlaient me fit m’évanouir une nouvelle fois. Juste avant de rejoindre les ténèbres, une pensée fusa.
Faudrait quand même que tu t’habitues.
Une tête passa par la porte et deux yeux verts se fixèrent sur moi.
-T’avais raison Kat’, il est réveillé. C’est le seul pour l’instant.
La porte s’ouvrit en grand et un homme trapu et souriant s’approcha de moi, un plateau entre les mains. C’est de ce plateau que se dégageait l’odeur délicieuse. Il le posa sur une table de chevet et s’assit au pied du lit. Instinctivement, je remontais un peu la couverture sur moi. L’homme était… différent de tout ce que j’avais pu voir. Il émanait de lui quelque chose que je n’avais pas su définir à ce moment mais qui était en fait un naturel désarmant. Petit, assez costaud, il arborait fièrement une moustache parfaitement entretenue et une coupe en brosse. Vêtu d’une chemise noire ouverte de deux boutons et d’un simple jean, en chaussettes, il me paraissait comme sorti d’une autre dimension. Lorsqu’il me parla, ce fut avec beaucoup de douceur.
-Bonjour. Est-ce que vous vous sentez reposé ?
Je ne pus lui répondre qu’en balbutiant.
-Oui je… Je… Oui monsieur. Prêt à reprendre le travail.
Il secoua la tête.
-Non, non. Vous n’avez plus à travailler, rassurez-vous. Nous allons vous expliquer ce que vous faites ici et qui nous sommes. Désirez-vous manger ?
Il fit un geste vers le plateau et mon estomac poussa un grondement. Je n’avais jamais eu aussi faim de ma vie et je hochais donc la tête. Il posa le plateau sur mes genoux. Je n’avais la moindre idée de ce que contenait mon assiette, c’était comme plein de petits fils pâles et visqueux recouverts d’un liquide rouge, de boulettes marron et d’étranges lamelles translucides. J’y goutais.
C’est… c’est…
Mon cerveau cherchait désespérément un mot pour qualifier ce que je venais de mettre dans ma bouche, sans succès. Aussi, quand l’homme me demanda comment je trouvais la nourriture je ne pus que dire.
-C’est supérieur.
-Ça s’appelle des spaghettis à la sauce bo-lo-gnaise, dit-il en articulant soigneusement, un sourire au coin des lèvres.
-Je… ne connais pas.
-C’est normal. Ça n’existe pas dans les centres. La nourriture qu’ils vous servent est…
Il s’interrompit et secoua la tête.
-Plus tard, plus tard. Pour l’instant, mangez calmement. Si vous avez encore faim une fois que vous aurez fini, n’hésitez pas à me le dire. Je peux même rester ici si vous ne voulez pas être seul.
J’ai envie qu’il reste.
A nouveau, la tête me tourna. Moins que les fois précédentes cependant. C’était la première affirmation qui résonnait dans mon crâne. Mes premières pensées n’étaient que des questions, là j’avais émis un désir. J’acquiesçais donc silencieusement, continuant à manger ces « spaghettis ». Leur chaleur se transmettait dans tout mon corps et rapidement je me dis que, quelle que soit la situation dans laquelle je me trouvais, elle était positive. L’homme ne prononça pas un mot, se contentant de sourire calmement, comme si le simple fait de me voir manger contribuait à son bien-être. Lorsque j’eus fini, je me sentais repu. Je bus avidement le verre d’eau posé à côté de moi… et failli m’étrangler une nouvelle fois. Elle avait un goût différent. L’homme se leva et vint doucement me tapoter le dos.
-Tout va bien ? Je suis désolé, j’ai oublié de vous prévenir que notre eau n’est pas traitée et que son goût doit… euh… grandement différer de ce dont vous avez l’habitude.
-Oui, murmurais-je en reprenant mon souffle.
-Voulez-vous vous reposer encore un peu ou bien êtes-vous prêt à me suivre ?
-Je vais vous suivre, supérieur.
Son visage se crispa légèrement, comme si une vieille douleur s’était réveillée en lui.
-Je vous en prie, appelez-moi Yann.
-Je vais vous suivre, Yann.
Il soupira et me tendit la main. Je la saisis par automatisme et il m’aida à me redresser. Mon ventre m’élança et je poussais un petit cri. Il lâcha immédiatement ma main et me rallongea.
-Kat’ ! Viens vite voir s’il te plait ! L’autre gros débile y est encore allé trop fort ! cria-t-il.
Des bruits de pas précipités se firent entendre et une jeune femme surgit dans la pièce, les cheveux en bataille, une brosse à dents dans la bouche, en pyjama bleu nuit.
-S’pache quoi ?
-Mart’ l’a tasé et ça l'a brûlé au ventre. Y’a pas idée de taser un papy comme ça, putain !
-‘tain… N’bouge pas, j’vais chercher la trousse de soins.
Elle repartit aussi vite qu’elle était venu. Je ne comprenais pourquoi ils s’agitaient tant. Je pouvais marcher, il fallait juste que je m’habitue à la douleur. Ce n’était pas la première fois. Et s’ils trouvaient que cela réduisait mon efficacité, il suffisait d’appeler un agent de MédiCorp…
-Je peux marcher.
-Hmmm ? Non, non, on va d’abord vous soigner. On n’a pas beaucoup de matos, mais on devrait au moins pouvoir calmer la douleur. Dommage que le rebouteux n’soit pas là, il vous aurait guéri ça en un rien de temps.
Je n’avais presque rien saisi de cette tirade, mais je restais allongé. Je commençais vraiment à me demander où j’étais tombé. Ces gens n’avaient clairement rien à voir avec la PC, Arès Security, Gouvernance ou n’importe quelle autre corporation. Je n’avais pas le Droit de poser des questions mais…
Est-ce que le Droit s’applique ici ?
Cette simple question et toutes celles qui en découlaient me fit m’évanouir une nouvelle fois. Juste avant de rejoindre les ténèbres, une pensée fusa.
Faudrait quand même que tu t’habitues.
Commentaires
- Sheyne
24/11/2015 à 02:13:33
Bordel, arriver à décrire les premières pensées d'un homme nouveau né, c'est juste un truc de malade...
- Droran
26/10/2015 à 00:38:36
Alleeeeez la suite.
- Loiseau
14/10/2015 à 01:09:28
Ça aussi c'est un beau compliment, merci !
- Droran
14/10/2015 à 01:04:02
Jusque là, c'est très intéressant. Très appréciable à lire, surtout. Tu t'es bien amélioré.
Je me demande ce que va donner le récit avec un vieillard en tant que personnage principal. Suite ! - Loiseau
13/10/2015 à 12:34:02
C'est un beau compliment que tu me fais là
- Megakoul
13/10/2015 à 08:28:51
Ouais, c'est toujours aussi bon.
Mais c'est frustrant d'arriver à la fin tant les chapitres sont courts