Note de la fic :
Publié le 10/06/2015 à 16:50:59 par Loiseau
Je suis né dans l’un des très nombreux Centres de Régulation Démographique de la Terre, en France. Je ne sais ni quel temps il faisait ce jour-là, ni qui était présent pour mon arrivée au monde, ni si mes parents étaient heureux de m’avoir. Je ne sais pas non plus leur nom, ni celui qu’il m’aurait donné s’ils l’avaient pu ou voulu. Je ne connais que la date et l’heure de ma naissance. Je connais le nom que la PC m’a donné et mon numéro. Et je me souviens, miraculeusement, de presque chaque instant que j’ai passé dans cette organisation. Je me souviens aussi de ce qui s’est passé après…
C’est en l’an 125 après la Grande Ruine que je suis venu au monde. Je faisais partie de la cinquième génération de la Professorial Corporation, qui était l’une des toutes premières organisations à s’être créée après la Grande Ruine. La plupart n’en étaient qu’à leur deuxième ou troisième génération, mais la machine était suffisamment bien huilée dès le départ pour que cela ne retarde en rien la « marche vers un monde neuf ». Nous naissions en « ferme » d’une certaine façon, nos parents n’étaient que des agents de la PC forcés de se reproduire. Bien entendu, ils étaient persuadés de s’aimer, mais leur niveau de Droit n’était pas suffisamment haut, loin s’en fallait, pour pouvoir réellement éprouver ce sentiment. Il s’agissait simplement d’une attirance chimique orchestrée par les spécialistes de la Démographie engagés par la PC. De telles dispositions coûtaient cher, et beaucoup d’entreprises s’en passaient, se contentant d’enfermer des couples dans des box jusqu’à ce que l’ordinateur confirme le coït et que les chances de procréer soient maximales. Une manière rustre pour créer des rustres.
Après la naissance, les nouveau-nés étaient tatoués en fonction de leur appartenance à telle ou telle entreprise, placés en couveuse et des agents de la gigantesque Medi©orp s’occupaient d’eux. Il fallait un peu moins d’un an à un bébé pour être considéré comme sevré, ensuite il était confié aux Formateurs de son entreprise.
S’ensuivait un lavage de cerveau de dix-huit ans, durant lesquels les jeunes étaient soigneusement programmés pour devenir de « bons humains ». Des humain presque monofonction, voués à accomplir toute leur vie la même chose, celle pour laquelle ils avaient été formés.
Comme je l’ai déjà dit, j’avais atterri à la Professorial Corporation, l’entreprise chargée de la Formation. Il s’agissait de l’une des plus grosses entreprises du monde, après la Medi©orp, Agros, Gouvernance et, bien entendu, Arès Security. La médecine, l’agro-alimentaire, la « politique » et la police. Mon devoir, ou plutôt ma seule raison de vivre, était donc d’enseigner à de jeunes esprits qu’ils devaient obéir et travailler sans jamais remettre en question quoi que ce soit. Je faisais partie des pires créatures engendrées par ce système malade. Je tuais dans l’œuf toute possibilité de changement, d’évolution, de prise de conscience…
Contrairement aux nombreux régimes totalitaires qui avaient précédé la Grande Ruine, la méthode mise en place ne comportait aucune faille visible. Impossible de créer des mouvements de résistance, les humains « libres », c’est-à-dire vivant hors des Cités, n’existaient plus, du moins pas en Europe. Les rares personnes à avoir leurs propres maisons étaient d’anciens agents ayant dépassé leur date de péremption mais suffisamment obéissants et endoctrinés pour qu’il n’y ai aucun risque de rébellion, inutile donc de les tuer. Il était plus simple et plus intelligent de les récompenser pour leurs décennies de totale servitude que de s’en débarrasser, ça encourageait les autres à suivre leur exemple.
Nous ne savions pas qui étaient nos maitres, les dirigeants ou les actionnaires des entreprises, ceux qui avaient créé ce système. Je crois que nous n’avions même pas conscience de leur réalité, car cela aurait signifié que nous connaissions l’existence d’un mode de vie libre. Et, l’Union Européenne d’avant la Grande Ruine ayant coupé toute relation avec les autres pays du monde, nous ne savions pas non plus ce qu’il se passait au-delà des mers… encore eût-il fallu que ça nous intéresse. En clair, nous n’étions fixés que sur nos tâches quotidiennes. On se réveillait le matin dans les immenses dortoirs des Cités puis nous accomplissions nos obligations toute la journée. Jusqu’au soir où nous mangions, puis dormions et ainsi de suite jusqu’à la fin. Je vous épargnerai donc la narration de mes soixante-dix années de vide émotionnel, d’aliénation et d’esclavage.
L’histoire commencera par l’avant dernier chapitre de ma vie. Elle commencera le jour où, ma date de péremption dépassée depuis six ans, je fis mon entrée dans ce qu’on appelait « le domaine public ». Elle commencera le jour où je fus enfin autorisé à penser par moi-même, après soixante-dix ans de servitude. Elle commencera deux mois avant ce que j’appelle aujourd’hui la Révélation de ma vie.
C’est en l’an 125 après la Grande Ruine que je suis venu au monde. Je faisais partie de la cinquième génération de la Professorial Corporation, qui était l’une des toutes premières organisations à s’être créée après la Grande Ruine. La plupart n’en étaient qu’à leur deuxième ou troisième génération, mais la machine était suffisamment bien huilée dès le départ pour que cela ne retarde en rien la « marche vers un monde neuf ». Nous naissions en « ferme » d’une certaine façon, nos parents n’étaient que des agents de la PC forcés de se reproduire. Bien entendu, ils étaient persuadés de s’aimer, mais leur niveau de Droit n’était pas suffisamment haut, loin s’en fallait, pour pouvoir réellement éprouver ce sentiment. Il s’agissait simplement d’une attirance chimique orchestrée par les spécialistes de la Démographie engagés par la PC. De telles dispositions coûtaient cher, et beaucoup d’entreprises s’en passaient, se contentant d’enfermer des couples dans des box jusqu’à ce que l’ordinateur confirme le coït et que les chances de procréer soient maximales. Une manière rustre pour créer des rustres.
Après la naissance, les nouveau-nés étaient tatoués en fonction de leur appartenance à telle ou telle entreprise, placés en couveuse et des agents de la gigantesque Medi©orp s’occupaient d’eux. Il fallait un peu moins d’un an à un bébé pour être considéré comme sevré, ensuite il était confié aux Formateurs de son entreprise.
S’ensuivait un lavage de cerveau de dix-huit ans, durant lesquels les jeunes étaient soigneusement programmés pour devenir de « bons humains ». Des humain presque monofonction, voués à accomplir toute leur vie la même chose, celle pour laquelle ils avaient été formés.
Comme je l’ai déjà dit, j’avais atterri à la Professorial Corporation, l’entreprise chargée de la Formation. Il s’agissait de l’une des plus grosses entreprises du monde, après la Medi©orp, Agros, Gouvernance et, bien entendu, Arès Security. La médecine, l’agro-alimentaire, la « politique » et la police. Mon devoir, ou plutôt ma seule raison de vivre, était donc d’enseigner à de jeunes esprits qu’ils devaient obéir et travailler sans jamais remettre en question quoi que ce soit. Je faisais partie des pires créatures engendrées par ce système malade. Je tuais dans l’œuf toute possibilité de changement, d’évolution, de prise de conscience…
Contrairement aux nombreux régimes totalitaires qui avaient précédé la Grande Ruine, la méthode mise en place ne comportait aucune faille visible. Impossible de créer des mouvements de résistance, les humains « libres », c’est-à-dire vivant hors des Cités, n’existaient plus, du moins pas en Europe. Les rares personnes à avoir leurs propres maisons étaient d’anciens agents ayant dépassé leur date de péremption mais suffisamment obéissants et endoctrinés pour qu’il n’y ai aucun risque de rébellion, inutile donc de les tuer. Il était plus simple et plus intelligent de les récompenser pour leurs décennies de totale servitude que de s’en débarrasser, ça encourageait les autres à suivre leur exemple.
Nous ne savions pas qui étaient nos maitres, les dirigeants ou les actionnaires des entreprises, ceux qui avaient créé ce système. Je crois que nous n’avions même pas conscience de leur réalité, car cela aurait signifié que nous connaissions l’existence d’un mode de vie libre. Et, l’Union Européenne d’avant la Grande Ruine ayant coupé toute relation avec les autres pays du monde, nous ne savions pas non plus ce qu’il se passait au-delà des mers… encore eût-il fallu que ça nous intéresse. En clair, nous n’étions fixés que sur nos tâches quotidiennes. On se réveillait le matin dans les immenses dortoirs des Cités puis nous accomplissions nos obligations toute la journée. Jusqu’au soir où nous mangions, puis dormions et ainsi de suite jusqu’à la fin. Je vous épargnerai donc la narration de mes soixante-dix années de vide émotionnel, d’aliénation et d’esclavage.
L’histoire commencera par l’avant dernier chapitre de ma vie. Elle commencera le jour où, ma date de péremption dépassée depuis six ans, je fis mon entrée dans ce qu’on appelait « le domaine public ». Elle commencera le jour où je fus enfin autorisé à penser par moi-même, après soixante-dix ans de servitude. Elle commencera deux mois avant ce que j’appelle aujourd’hui la Révélation de ma vie.
Commentaires
- Loiseau
14/10/2015 à 01:05:12
Oui, je l'ai vu il y a un moment. C'est donc fort possible que je m'en sois inspiré plus ou moins consciemment.
- Droran
14/10/2015 à 00:48:55
Lorsque tu as tapé ce chapitre, avais-tu déjà vu le film Equilibrium ? J'ai l'impression d'y lire des passages dits dans ce film.
- Loiseau
10/06/2015 à 17:22:01
Ah merde, je savais que c'était mal formulé. J'ai corrigé. En fait je voulais dire "échoir", pas "échouer"
Du coup j'ai mis "atterri". - Atzerkins
10/06/2015 à 17:19:13
Plus déprimant que le premier chapitre, plus intéressant aussi.
Néanmoins, je ne comprends pas son échec au PC. Il a échoué mais il enseigne tout de même ?