Note de la fic :
Opal and Onyx
Par : Star_How
Genre : Fantastique, Action
Statut : C'est compliqué
Chapitre 8 : Le commencement de l'enfer
Publié le 10/10/2014 à 18:57:42 par Star_How
J’étais un guerrier renommé dans les enfers, mon sens martial était sans égal. Je pouvais à moi seul retourner le cours d’une bataille contre les anges alors même que la défaite s’annonçait. Il y a longtemps, les mages infernaux avaient mis au point un sortilège capable de lever la limite possible de nos pouvoirs, mais le contrecoup était terrible. Seuls les plus valeureux étaient capables de tenir la violence de la transformation à la suite de ce sort ; qui nous donnait une apparence encore plus monstrueuse que celle que nous avions déjà. Les « cobayes » précédents changeaient aussi bien physiquement que mentalement ; leur corps étaient meurtris, méconnaissables. Ils ne ressentaient aucune douleur, aussi vive soit-elle, mais ne faisaient aucune distinction entre ennemi et allié. Leur seul instinct était de tuer, encore et encore et encore ; ils n’étaient jamais rassasiés.
Plusieurs démons considérés comme parmi les plus puissants succombèrent, tués par des guerriers plus puissants ou explosèrent purement et simplement à cause de leur excédent de puissance. Voyant la dangerosité de ce sort, les hautes sphères infernales ont fait de ce sort un sort interdit, utilisable sous aucun prétexte, et ont supprimé les mages à l’origine de la création du sort. Quiconque tenterait d’utiliser cette puissance serait immédiatement tué, soit par les chefs de guerre, soit par le sort lui-même.
Cependant, la « purge » des mages n’avait pas totalement réussi. Même s’ils avaient été tués et leurs notes détruites, un seul apprenti avait été épargné. Il avait perpétué l’héritage du sort de « réveil du berserker » et l’avait amélioré… Grâce à moi…
_Comment ça ?
A la suite d’une bataille contre les anges, les institutions m’ont nommé chef de guerre infernal, et par cette fonction j’avais été chargé avec d’autres de la mise en application de la purge. J’ai tué les autres scientifiques avec mes pairs, mais cet apprenti en question, je n’ai jamais pu le supprimer. Il me rappelait tellement mon fils…
Une larme coulait sur ma joue à l’évocation de ce souvenir, mais sous cette forme, le gosse ne pouvait pas le voir… Je suppose.
_Tu avais un fils ? il me demandait étonné.
_Un fils illégitime. Personne dans les enfers ne l’a jamais su. C’était un enfant batard, né de l’union entre un ange et un démon. Il était rejeté des deux côtés, et ne pouvait donc pas vivre… J'ai du le tuer de mes mains pour garder ma légitimité dans le royaume.
Ce jeune mage me le rappelait trop, je n’ai pu me résigner à le supprimer. Je l’ai donc caché aux yeux de tous, pendant que les autres tuaient les scientifiques responsables de la création du sort. Ils hurlaient, et suppliaient de les laisser en vie, mais rien n’y faisait. Les chefs ne connaissent pas la pitié ni la compassion, c’est une attitude d’ange, donc de faible. Le carnage a duré quatre jours et quatre nuits, et le jeune homme devait rester caché pour survivre. Il était terrorisé mais reconnaissant envers moi de l’avoir gardé en vie. Je lui ai appris à devenir plus fort, plus polyvalent. Je lui ai appris tout ce que je savais sur les stratégies martiales, sur la magie de puissance, mais aussi sur l’art du combat. Il devait devenir un guerrier en plus d’être un mage pour qu’il puisse se protéger lui-même.
Avec ces nouvelles connaissances il a pu se perfectionner en magie dans la lignée de son maitre, et y combiner mes connaissances du combat. Pendant huit de vos années terrestres, il m’a également appris des sorts de soin, de force, et mes compétences s’en trouvaient grandement améliorées. Durant les combats je tuais comme personne, mes ennemis me craignaient, et je sentais une certaine jalousie du coté de mes pairs, ils sentaient que j’étais devenu un danger pour eux, pour leur place et leur prestige.
Deux années plus tard, le jeune homme vint me voir pour m’annoncer une « grande nouvelle » selon lui. Il était tout content, sans aucune raison apparente et portait un gros livre apposé du sceau de son ancien maitre, qu’il a utilisé pour ses propres notes. Cependant je remarquai un changement certain chez lui, il avait perdu cette allure chétive et fragile qu’il avait lorsque je l’ai recueilli, il était bien plus sûr de lui, et dégageait une puissance étrange. J’avais un mauvais pressentiment à ce propos, ce qu’il dégageait n’était pas naturel. Cette aura… C’était la mienne. Comment avait-il pu obtenir un fragment de ma puissance ? Chaque démon dégage une aura qui lui est propre, même s’il est éduqué et possède le même arsenal qu’un autre. C’est comme ce que vous les humains appelez les « empreintes digitales ». Il me criait ravi :
_Ça y est j’ai réussi ! J’ai réussi !
_Quoi donc ?
_J’ai enfin pu stabiliser le sort ultime de mon défunt maitre, et c’est grâce à toi !
_Qu’est-ce c’est ? Cette aura... C’est la mienne... Qu’est-ce que tu as fait ?
Voyant ma mine dure, il se stoppa net, il préférait rester à bonne distance, surement par peur ou par appréhension.
_Tu as remarqué... Je ne pensais pas que tu verrais aussi rapidement... Il restait de bonne humeur.
C’est grâce toi tout ça, le sang d’un haut chef de guerre démon était la clé pour améliorer le sort, mais je ne pouvais pas l’utiliser. J’ai donc eu l’idée de te voler un peu du tien, je savais que tu ne me le donnerais pas de ton plein gré… je suis désolé… Il faisait la moue
_Tu as raison, je ne te l’aurais jamais donné ! Criais-je. Comment as-tu osé me voler ? Je t’ai sauvé, je t’ai recueilli, je t’ai éduqué, et tu te sers de moi comme ça ?
_Ne sois pas aussi dur s’il te plait, et laisse-moi finir. C’est pour te remercier de tout cela justement. Le réveil du berserker était un sort extrêmement puissant, mais il était incomplet. Nous avions prévenu les hauts seigneurs démon de la dangerosité du sort, mais ils n’ont rien voulu savoir. Et bien évidemment nous étions les premiers responsables du contrecoup du sortilège, il fallait un bouc-émissaire, et qui de mieux que les créateurs même du sort pour être les premiers fautifs de la morts de ses guerriers ? Le réveil du berserker est devenu un sort interdit, mais ils ne nous ont même pas laissé le terminer… A vrai dire nous n’avancions pas du tout dans l’élaboration de cette technique, d’où la prononciation de la purge.
_Je…Je n’étais pas au courant…Je n’ai fait que suivre les ordres... Je plongeais mes mains dans ma tête, j’ai tué tous ces mages, sans les laisser parler… Je… Nous les avons supprimés simplement pour montrer l’exemple…
_J’ai pu sauver les notes de mon maitre sur le sort, et grâce à ces écrits et grâce à au sang d’un haut chef de guerre démoniaque, le sort est devenu totalement fonctionnel. Je l’ai utilisé sur moi à un degré moindre, mais regarde-moi maintenant ! Je suis plus fort, plus rapide, plus puissant ! Et je suis sûr que si je l’utilise à pleine puissance sur toi, tu deviendras plus fort que n’importe quel démon, même plus fort que le roi lui-même !
_Je ne veux pas être plus fort… Je veux simplement….
Avant même de terminer ma phrase, une meute de soldats du roi firent irruption chez moi, leurs armes braquées sur moi et sur mon jeune mage. Leur capitaine avança devant moi et me dit d’un ton dur mais courtois, car malgré le fait qu’ils étaient plus nombreux, je pouvais facilement m’en débarrasser.
_Haut chef de guerre démoniaque, vous êtes soupçonné d’avoir épargné un mage durant la purge, vous avez désobéi à un ordre direct de votre roi, vous allez nous suivre s’il vous plait.
Mon élève se jeta sur lui en hurlant :
_Jamais vous ne l’aurez-vous m’entendez ??
Le capitaine se mit en position de garde, mais bascula devant lui. Il disait vrai, je reconnaissais ma puissance destructrice dans ses mouvements, même si leur potentiel de destruction était moindre que le mien. Il lui décocha une terrible droite dans la mâchoire, son poing s’étant enflammé juste avant de se loger sur son visage. Le sang du capitaine coulait sur son visage. Le coup était terrible, mais il n’était pas suffisant pour le faire vaciller. Il essuya la brulure à l’endroit où le coup était arrivé, et sans un mot il saisit son poignard. La rage se lisait sur son visage, c’était le signe qu’il était décidé à en finir avec lui. Il le plaqua au mur, l’avant-bras sur son cou pour l’empêcher de respirer. Il s’adresse à lui avec un sourire méchant
_Est-ce qu’il a un problème l’avorton ? Il veut peut-être mourir ? J’ai reçu l’ordre de ramener l’autre vivant, mais j’ai aussi l’autorisation de tuer quiconque voudrait m’en empêcher.
J’assistais impuissant à la scène, les gardes ayant encore leurs armes prêtes à m’abattre au moindre geste suspect. Je bouillais, je voulais le protéger, mais je ne le pouvais pas…
_Va….Va te faire foutre… Il cracha du sang au visage du capitaine, celui-ci enfonça son couteau profondément dans le ventre du jeune homme...
Il hurlait de douleur sous les coups répétés du militaire, les coups de poings et de pied pleuvaient sur lui, et même malgré sa nouvelle puissance, il ne pouvait strictement rien faire.
Après s’être occupé de lui, il revint vers moi et me saisit par le col
_Toi tu vas nous suivre tout de suite
Je ne perdais pas mon calme, mais j’étais réellement au bord de la rupture
_Laissez-moi simplement lui parler avant…
Il hésita, mais accepta. Il sortit, accompagné de ses soldats en me disant
_Tu as 5 minutes…
Je me ruai vers le mage pour l’aider, il était contusionné de partout, mais le plus grave était la plaie dans son ventre. Il m’avait appris des sorts de soin, alors je m’empressai de les lui appliquer. Mais il me stoppa avec son bras, et me dit d’une voix faible
_Arrête… Ce n’est pas la peine sa lame était maudite… Rien ne peut soigner une blessure par une lame pareille…
Il cracha du sang avant de reprendre
_Je dois te le donner… Avant de partir tu dois recevoir le sort ultime que j’ai créé pour toi, histoire que je ne parte pas sans rien laisser…
_Ne parle pas, économise toi ! tu vas survivre !
_Donne-moi ta main… Je devais mourir de toute façon… Le réveil total du berserker exige un sacrifice de toute manière...Je m’y étais préparé
Le sang continuait de se déverser de ses blessures, mais il lui restait assez de forces pour tendre son bras. A ce moment plusieurs incantations s’inscrivirent dessus, elles se développaient sur tout son corps.
Je lui pris le bras et une volute de fumée noire s’échangea entre lui et moi. La fumée commençait à s’étendre et à envahir mon corps, avant de se ruer sur moi et de s’infiltrer par tous les pores de ma peau. Je sentis dès lors une vive douleur, mon corps brulait d’un feu noir, mes pouvoirs grandissaient, je sentais mon corps changer, il mutait. Les veines de mon corps se changèrent d’un rouge pâle à un noir total, qui se répandait partout. Je hurlai à cause de la transformation.
_Adieu…Et merci pour tout… Tu as été comme un père pour moi… Grâce à cela je vivrai un peu en toi.
Je ne pus prononcer que quelques mots
_Merci…Caim…
De son côté, le capitaine démoniaque attendait dehors. Il sentait que quelque chose n’allait pas, et ses soupçons se confirmèrent quand il vit une lumière noire faire voler les fenêtres en éclats, et des hurlements sortir de la maison... Il se rua dans la maison mais il ne pouvait pas rentrer, la porte était comme coincée par le souffle de cette fumée. Lorsque l’écran noir se relogea dans la maison et qu’un long silence suivit, il savait que c’était le moment. Il explosa la porte en fer d’un sort de feu et vit, devant lui, un démon entouré d’une aura noire si puissante, si féroce qu’il en prit peur. Ce démon tenait la main d’un homme à terre, cet homme était couvert de sang, mais il avait le sourire aux lèvres. Dès lors il reconnut le jeune qu’il avait poignardé, et des signes s’effaçaient progressivement de son corps…
_Tu es en état d’arres…
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que je me jetai sur lui, la rage dans les yeux et lui saisit la tête. D’une seule main celle-ci explosa sous ma pression. Les autres gardes apeurés prirent la fuite à toutes jambes, sûrement pour prévenir leur chef. Impassible, je regardais mes mains,dont celle qui avait écrasé la cervelle du capitaine, maculée de sang; presque terrifié, l’aura noire en ressortait, et je sentais mes pouvoirs grandir encore et encore, sans aucune limite.
_C’est donc ça…
Je me regardais dans le miroir, j’avais la même apparence que d’habitude, à quelques détails près : une fumée noire s’échappait de mon corps, et je remarquai un bijou noir logé sur mon front. Ce bijou semblait implanté sur ma tête, et un sceau était dessiné autour. Il rougeoyait autour de la pierre avant de se refermer dedans.
Quelques temps plus tard, un chef de guerre se présenta accompagné d’une armée. Surement pour m’arrêter… Un soldat défonça ce qu’il restait de ma porte, mais à peine avait-il franchi le seuil qu’il se désintégra presque instantanément... Ma présence même l’avait tué.
Le chef entra donc seul, il résistait difficilement mais tint bon. Il s’approcha de moi armé de sa plus puissante magie et me dit simplement de le suivre. Son sort était pointé sur moi, l’énergie qui s’en dégageait était phénoménale, mais ne me faisait pas peur...
_Désactive ton sort Curtis… Je te tuerai avant même que tu le lances… Disais-je dressé devant lui…
_Le roi veut te voir… Tu dois être jugé.
Malgré sa position de haut chef de guerre, il me craignait, mais ne le laissait pas paraitre. Seule sa voix le trahissait…
_C’est bon je viens. Mais éloigne tes soldats, je ne veux pas qu’ils meurent inutilement.
Je suivais Curtis en silence, jusqu’au tribunal démoniaque. Il m’avait attaché avec des menottes spéciales qui annihilent toute puissance magique, mais étrangement mes pouvoirs restaient intacts. Nous arrivâmes au tribunal. C’était une très grande salle, entourée de colonnes qui s’étendaient à l’infini. L’architecture était très élaborée, bien que les pierres noires donnaient un aspect peu accueillant. En plein milieu se trouvait un piédestal pour accueillir l’accusé, et devant lui les bureaux des 6 juges démoniaques, avec entre eux tous le trône du roi des démons, suprême instance du monde des enfers, le dernier juge dont la volonté fait loi. Je m’installai sur le piédestal, qui se leva comme par magie, et une lumière se dressa sur moi.
Le roi commença à parler :
_Haut chef de guerre démoniaque Baal Roc’h, tu sais pourquoi tu es la ?
Je ne répondis pas.
_Tu es accusé d’avoir désobéi à un ordre royal en ayant épargné un mage démon lors de la purge, de l’avoir caché aux yeux de tous, et d’avoir utilisé un sort interdit. Qu’as-tu à dire pour ta défense ?
_Je vous emmerde… Je connais la vérité… Vous êtes pire que tout
Un juge se leva et hurla :
_Accusé ! Mesure tes paroles devant ton roi ! Tu ne sais rien des dessous de la purge !
_J’en sais suffisamment pour vous haïr plus que tout ! Vous nous avez menti, vous vous êtes servis de nous, nous qui vous étions loyaux ! Vous nous avez fait tuer des innocents ! Vous avez fait créer ce sort simplement pour satisfaire votre soif de pouvoir et votre curiosité morbide ! Et pire que tout, vous avez tué ce jeune homme innocent!
Le roi m’arrêta
_Il suffit. Tu es déclaré coupable devant le tribunal des enfers. Ta sentence est prononcée. Moi, Lucifer, roi du royaume des enfers, te bannit de l’enfer pour l’éternité, toi, ancien chef de guerre Baal Roc’h. Tu es exilé dans le monde des humains, ou tu seras le réceptacle d’un humain. Ta sanction sera de te réincarner dans un humain tous les 80 ans terrestres.
Je ne disais rien. Le bannissement dans le monde des humains était la pire des punitions, quelle que soit la durée. Mais là j’étais forcé de posséder un humain.
Pour ma défense, je lui dis simplement :
_Je ne suis plus Baal Roc’h... J’ai renié ce nom d’esclave de ton royaume... Je suis Onyx désormais.
Devant mes paroles, le roi me dit impassible
_Peu importe ton nom, ici tu n’es plus rien....
Plusieurs démons considérés comme parmi les plus puissants succombèrent, tués par des guerriers plus puissants ou explosèrent purement et simplement à cause de leur excédent de puissance. Voyant la dangerosité de ce sort, les hautes sphères infernales ont fait de ce sort un sort interdit, utilisable sous aucun prétexte, et ont supprimé les mages à l’origine de la création du sort. Quiconque tenterait d’utiliser cette puissance serait immédiatement tué, soit par les chefs de guerre, soit par le sort lui-même.
Cependant, la « purge » des mages n’avait pas totalement réussi. Même s’ils avaient été tués et leurs notes détruites, un seul apprenti avait été épargné. Il avait perpétué l’héritage du sort de « réveil du berserker » et l’avait amélioré… Grâce à moi…
_Comment ça ?
A la suite d’une bataille contre les anges, les institutions m’ont nommé chef de guerre infernal, et par cette fonction j’avais été chargé avec d’autres de la mise en application de la purge. J’ai tué les autres scientifiques avec mes pairs, mais cet apprenti en question, je n’ai jamais pu le supprimer. Il me rappelait tellement mon fils…
Une larme coulait sur ma joue à l’évocation de ce souvenir, mais sous cette forme, le gosse ne pouvait pas le voir… Je suppose.
_Tu avais un fils ? il me demandait étonné.
_Un fils illégitime. Personne dans les enfers ne l’a jamais su. C’était un enfant batard, né de l’union entre un ange et un démon. Il était rejeté des deux côtés, et ne pouvait donc pas vivre… J'ai du le tuer de mes mains pour garder ma légitimité dans le royaume.
Ce jeune mage me le rappelait trop, je n’ai pu me résigner à le supprimer. Je l’ai donc caché aux yeux de tous, pendant que les autres tuaient les scientifiques responsables de la création du sort. Ils hurlaient, et suppliaient de les laisser en vie, mais rien n’y faisait. Les chefs ne connaissent pas la pitié ni la compassion, c’est une attitude d’ange, donc de faible. Le carnage a duré quatre jours et quatre nuits, et le jeune homme devait rester caché pour survivre. Il était terrorisé mais reconnaissant envers moi de l’avoir gardé en vie. Je lui ai appris à devenir plus fort, plus polyvalent. Je lui ai appris tout ce que je savais sur les stratégies martiales, sur la magie de puissance, mais aussi sur l’art du combat. Il devait devenir un guerrier en plus d’être un mage pour qu’il puisse se protéger lui-même.
Avec ces nouvelles connaissances il a pu se perfectionner en magie dans la lignée de son maitre, et y combiner mes connaissances du combat. Pendant huit de vos années terrestres, il m’a également appris des sorts de soin, de force, et mes compétences s’en trouvaient grandement améliorées. Durant les combats je tuais comme personne, mes ennemis me craignaient, et je sentais une certaine jalousie du coté de mes pairs, ils sentaient que j’étais devenu un danger pour eux, pour leur place et leur prestige.
Deux années plus tard, le jeune homme vint me voir pour m’annoncer une « grande nouvelle » selon lui. Il était tout content, sans aucune raison apparente et portait un gros livre apposé du sceau de son ancien maitre, qu’il a utilisé pour ses propres notes. Cependant je remarquai un changement certain chez lui, il avait perdu cette allure chétive et fragile qu’il avait lorsque je l’ai recueilli, il était bien plus sûr de lui, et dégageait une puissance étrange. J’avais un mauvais pressentiment à ce propos, ce qu’il dégageait n’était pas naturel. Cette aura… C’était la mienne. Comment avait-il pu obtenir un fragment de ma puissance ? Chaque démon dégage une aura qui lui est propre, même s’il est éduqué et possède le même arsenal qu’un autre. C’est comme ce que vous les humains appelez les « empreintes digitales ». Il me criait ravi :
_Ça y est j’ai réussi ! J’ai réussi !
_Quoi donc ?
_J’ai enfin pu stabiliser le sort ultime de mon défunt maitre, et c’est grâce à toi !
_Qu’est-ce c’est ? Cette aura... C’est la mienne... Qu’est-ce que tu as fait ?
Voyant ma mine dure, il se stoppa net, il préférait rester à bonne distance, surement par peur ou par appréhension.
_Tu as remarqué... Je ne pensais pas que tu verrais aussi rapidement... Il restait de bonne humeur.
C’est grâce toi tout ça, le sang d’un haut chef de guerre démon était la clé pour améliorer le sort, mais je ne pouvais pas l’utiliser. J’ai donc eu l’idée de te voler un peu du tien, je savais que tu ne me le donnerais pas de ton plein gré… je suis désolé… Il faisait la moue
_Tu as raison, je ne te l’aurais jamais donné ! Criais-je. Comment as-tu osé me voler ? Je t’ai sauvé, je t’ai recueilli, je t’ai éduqué, et tu te sers de moi comme ça ?
_Ne sois pas aussi dur s’il te plait, et laisse-moi finir. C’est pour te remercier de tout cela justement. Le réveil du berserker était un sort extrêmement puissant, mais il était incomplet. Nous avions prévenu les hauts seigneurs démon de la dangerosité du sort, mais ils n’ont rien voulu savoir. Et bien évidemment nous étions les premiers responsables du contrecoup du sortilège, il fallait un bouc-émissaire, et qui de mieux que les créateurs même du sort pour être les premiers fautifs de la morts de ses guerriers ? Le réveil du berserker est devenu un sort interdit, mais ils ne nous ont même pas laissé le terminer… A vrai dire nous n’avancions pas du tout dans l’élaboration de cette technique, d’où la prononciation de la purge.
_Je…Je n’étais pas au courant…Je n’ai fait que suivre les ordres... Je plongeais mes mains dans ma tête, j’ai tué tous ces mages, sans les laisser parler… Je… Nous les avons supprimés simplement pour montrer l’exemple…
_J’ai pu sauver les notes de mon maitre sur le sort, et grâce à ces écrits et grâce à au sang d’un haut chef de guerre démoniaque, le sort est devenu totalement fonctionnel. Je l’ai utilisé sur moi à un degré moindre, mais regarde-moi maintenant ! Je suis plus fort, plus rapide, plus puissant ! Et je suis sûr que si je l’utilise à pleine puissance sur toi, tu deviendras plus fort que n’importe quel démon, même plus fort que le roi lui-même !
_Je ne veux pas être plus fort… Je veux simplement….
Avant même de terminer ma phrase, une meute de soldats du roi firent irruption chez moi, leurs armes braquées sur moi et sur mon jeune mage. Leur capitaine avança devant moi et me dit d’un ton dur mais courtois, car malgré le fait qu’ils étaient plus nombreux, je pouvais facilement m’en débarrasser.
_Haut chef de guerre démoniaque, vous êtes soupçonné d’avoir épargné un mage durant la purge, vous avez désobéi à un ordre direct de votre roi, vous allez nous suivre s’il vous plait.
Mon élève se jeta sur lui en hurlant :
_Jamais vous ne l’aurez-vous m’entendez ??
Le capitaine se mit en position de garde, mais bascula devant lui. Il disait vrai, je reconnaissais ma puissance destructrice dans ses mouvements, même si leur potentiel de destruction était moindre que le mien. Il lui décocha une terrible droite dans la mâchoire, son poing s’étant enflammé juste avant de se loger sur son visage. Le sang du capitaine coulait sur son visage. Le coup était terrible, mais il n’était pas suffisant pour le faire vaciller. Il essuya la brulure à l’endroit où le coup était arrivé, et sans un mot il saisit son poignard. La rage se lisait sur son visage, c’était le signe qu’il était décidé à en finir avec lui. Il le plaqua au mur, l’avant-bras sur son cou pour l’empêcher de respirer. Il s’adresse à lui avec un sourire méchant
_Est-ce qu’il a un problème l’avorton ? Il veut peut-être mourir ? J’ai reçu l’ordre de ramener l’autre vivant, mais j’ai aussi l’autorisation de tuer quiconque voudrait m’en empêcher.
J’assistais impuissant à la scène, les gardes ayant encore leurs armes prêtes à m’abattre au moindre geste suspect. Je bouillais, je voulais le protéger, mais je ne le pouvais pas…
_Va….Va te faire foutre… Il cracha du sang au visage du capitaine, celui-ci enfonça son couteau profondément dans le ventre du jeune homme...
Il hurlait de douleur sous les coups répétés du militaire, les coups de poings et de pied pleuvaient sur lui, et même malgré sa nouvelle puissance, il ne pouvait strictement rien faire.
Après s’être occupé de lui, il revint vers moi et me saisit par le col
_Toi tu vas nous suivre tout de suite
Je ne perdais pas mon calme, mais j’étais réellement au bord de la rupture
_Laissez-moi simplement lui parler avant…
Il hésita, mais accepta. Il sortit, accompagné de ses soldats en me disant
_Tu as 5 minutes…
Je me ruai vers le mage pour l’aider, il était contusionné de partout, mais le plus grave était la plaie dans son ventre. Il m’avait appris des sorts de soin, alors je m’empressai de les lui appliquer. Mais il me stoppa avec son bras, et me dit d’une voix faible
_Arrête… Ce n’est pas la peine sa lame était maudite… Rien ne peut soigner une blessure par une lame pareille…
Il cracha du sang avant de reprendre
_Je dois te le donner… Avant de partir tu dois recevoir le sort ultime que j’ai créé pour toi, histoire que je ne parte pas sans rien laisser…
_Ne parle pas, économise toi ! tu vas survivre !
_Donne-moi ta main… Je devais mourir de toute façon… Le réveil total du berserker exige un sacrifice de toute manière...Je m’y étais préparé
Le sang continuait de se déverser de ses blessures, mais il lui restait assez de forces pour tendre son bras. A ce moment plusieurs incantations s’inscrivirent dessus, elles se développaient sur tout son corps.
Je lui pris le bras et une volute de fumée noire s’échangea entre lui et moi. La fumée commençait à s’étendre et à envahir mon corps, avant de se ruer sur moi et de s’infiltrer par tous les pores de ma peau. Je sentis dès lors une vive douleur, mon corps brulait d’un feu noir, mes pouvoirs grandissaient, je sentais mon corps changer, il mutait. Les veines de mon corps se changèrent d’un rouge pâle à un noir total, qui se répandait partout. Je hurlai à cause de la transformation.
_Adieu…Et merci pour tout… Tu as été comme un père pour moi… Grâce à cela je vivrai un peu en toi.
Je ne pus prononcer que quelques mots
_Merci…Caim…
De son côté, le capitaine démoniaque attendait dehors. Il sentait que quelque chose n’allait pas, et ses soupçons se confirmèrent quand il vit une lumière noire faire voler les fenêtres en éclats, et des hurlements sortir de la maison... Il se rua dans la maison mais il ne pouvait pas rentrer, la porte était comme coincée par le souffle de cette fumée. Lorsque l’écran noir se relogea dans la maison et qu’un long silence suivit, il savait que c’était le moment. Il explosa la porte en fer d’un sort de feu et vit, devant lui, un démon entouré d’une aura noire si puissante, si féroce qu’il en prit peur. Ce démon tenait la main d’un homme à terre, cet homme était couvert de sang, mais il avait le sourire aux lèvres. Dès lors il reconnut le jeune qu’il avait poignardé, et des signes s’effaçaient progressivement de son corps…
_Tu es en état d’arres…
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que je me jetai sur lui, la rage dans les yeux et lui saisit la tête. D’une seule main celle-ci explosa sous ma pression. Les autres gardes apeurés prirent la fuite à toutes jambes, sûrement pour prévenir leur chef. Impassible, je regardais mes mains,dont celle qui avait écrasé la cervelle du capitaine, maculée de sang; presque terrifié, l’aura noire en ressortait, et je sentais mes pouvoirs grandir encore et encore, sans aucune limite.
_C’est donc ça…
Je me regardais dans le miroir, j’avais la même apparence que d’habitude, à quelques détails près : une fumée noire s’échappait de mon corps, et je remarquai un bijou noir logé sur mon front. Ce bijou semblait implanté sur ma tête, et un sceau était dessiné autour. Il rougeoyait autour de la pierre avant de se refermer dedans.
Quelques temps plus tard, un chef de guerre se présenta accompagné d’une armée. Surement pour m’arrêter… Un soldat défonça ce qu’il restait de ma porte, mais à peine avait-il franchi le seuil qu’il se désintégra presque instantanément... Ma présence même l’avait tué.
Le chef entra donc seul, il résistait difficilement mais tint bon. Il s’approcha de moi armé de sa plus puissante magie et me dit simplement de le suivre. Son sort était pointé sur moi, l’énergie qui s’en dégageait était phénoménale, mais ne me faisait pas peur...
_Désactive ton sort Curtis… Je te tuerai avant même que tu le lances… Disais-je dressé devant lui…
_Le roi veut te voir… Tu dois être jugé.
Malgré sa position de haut chef de guerre, il me craignait, mais ne le laissait pas paraitre. Seule sa voix le trahissait…
_C’est bon je viens. Mais éloigne tes soldats, je ne veux pas qu’ils meurent inutilement.
Je suivais Curtis en silence, jusqu’au tribunal démoniaque. Il m’avait attaché avec des menottes spéciales qui annihilent toute puissance magique, mais étrangement mes pouvoirs restaient intacts. Nous arrivâmes au tribunal. C’était une très grande salle, entourée de colonnes qui s’étendaient à l’infini. L’architecture était très élaborée, bien que les pierres noires donnaient un aspect peu accueillant. En plein milieu se trouvait un piédestal pour accueillir l’accusé, et devant lui les bureaux des 6 juges démoniaques, avec entre eux tous le trône du roi des démons, suprême instance du monde des enfers, le dernier juge dont la volonté fait loi. Je m’installai sur le piédestal, qui se leva comme par magie, et une lumière se dressa sur moi.
Le roi commença à parler :
_Haut chef de guerre démoniaque Baal Roc’h, tu sais pourquoi tu es la ?
Je ne répondis pas.
_Tu es accusé d’avoir désobéi à un ordre royal en ayant épargné un mage démon lors de la purge, de l’avoir caché aux yeux de tous, et d’avoir utilisé un sort interdit. Qu’as-tu à dire pour ta défense ?
_Je vous emmerde… Je connais la vérité… Vous êtes pire que tout
Un juge se leva et hurla :
_Accusé ! Mesure tes paroles devant ton roi ! Tu ne sais rien des dessous de la purge !
_J’en sais suffisamment pour vous haïr plus que tout ! Vous nous avez menti, vous vous êtes servis de nous, nous qui vous étions loyaux ! Vous nous avez fait tuer des innocents ! Vous avez fait créer ce sort simplement pour satisfaire votre soif de pouvoir et votre curiosité morbide ! Et pire que tout, vous avez tué ce jeune homme innocent!
Le roi m’arrêta
_Il suffit. Tu es déclaré coupable devant le tribunal des enfers. Ta sentence est prononcée. Moi, Lucifer, roi du royaume des enfers, te bannit de l’enfer pour l’éternité, toi, ancien chef de guerre Baal Roc’h. Tu es exilé dans le monde des humains, ou tu seras le réceptacle d’un humain. Ta sanction sera de te réincarner dans un humain tous les 80 ans terrestres.
Je ne disais rien. Le bannissement dans le monde des humains était la pire des punitions, quelle que soit la durée. Mais là j’étais forcé de posséder un humain.
Pour ma défense, je lui dis simplement :
_Je ne suis plus Baal Roc’h... J’ai renié ce nom d’esclave de ton royaume... Je suis Onyx désormais.
Devant mes paroles, le roi me dit impassible
_Peu importe ton nom, ici tu n’es plus rien....