Note de la fic :
Qui ose peindre les roses en rouge ?
Par : Loiseau
Genre : Fantastique, Réaliste
Statut : Terminée
Chapitre 6 : Fin heureuse ?
Publié le 10/07/2014 à 01:52:51 par Loiseau
Je m’élance vers le démon en uniforme, courant d’air velu, et le pousse de tout mon poids (plume, sans doute à cause de mon goût trop prononcé pour les oiseaux). Il recule d’un pas, déstabilisé, et jure dans son germain natal. Alice a l’air gêné, une mèche noire tombe élégamment sur son visage hivernal, mon cœur s’emballe et je ne peux m’empêcher d’aller me frotter brièvement à elle. Ses lèvres effleurent mon pelage comme une brise et je me sens rougir. L’invisibilité s’en va et les convives s’étranglent à moitié en me découvrant, Absolem recrache un nuage de fumée et sa longue robe de chambre de soie bleue le fait un instant ressembler à la chenille aperçue plus tôt ; Lepre le prestidigitateur italien émet un couinement et tombe de sa chaise, saisit de tremblements et se signant frénétiquement ; la Reine pose la main sur le bras de son Valet et grogne un ordre…
-Attrape-le ! Coupe-lui sa sale tête !
Un déclic glacé et aux accents létaux me fige. Je me tourne vers l’effrayant diable en costume Hugo Boss et mon regard se bloque sur le canon de l’arme qui pointe entre mes moustaches. Le long revolver au canon d’acier, gravé de symboles ésotériques, le chien orné d’une swastika orientée vers la droite, la crosse décorée de bois précieux, poli par des années de bons et loyaux services… Tous semblent me dire, d’une voix métallique : C’est la fin, Chat.
-CHAT !
Le cri perce l’espace comme la flèche de Rama perça le cœur du démon Râvana, écartant les ténèbres, et tout le monde se tait. Excepté Hutmacher qui au contraire se pare d’un brillant sourire et met en joue la jeune fille. Fou de rage et de peur je me jette sur la main velue et y plante mes crocs. L’âpre goût du sang emplit ma gueule et mes papilles se dressent en analysant sa saveur de rouille. Le SS beugle et son doigt presse la détente, la balle traverse ma cuisse et je me laisse tomber sur le sol. La Reine Rouge rit, ses fous aussi, échec et mat pour le chatvalier blanc qui tentait d’entrainer sa douce hors de sa tour. Un voile tombe sur mes yeux…
Ce sont des sanglots et des bruits de cavalcades qui me tirent de ma torpeur cotonneuse. Je suis trimballé comme un sac de chatrottes dans les couloirs obscurs du Pays des Merveilles. Merveilleux rêve dans le cauchemar, je sens le sein naissant de mon Alice contre ma tête et m’y blottit plus douillettement, malgré la douleur qui sourde en moi. Sa robe volette, papillon de nuit, au rythme de sa course et ses talons contre le sol sonnent une marche nuptiale et funéraire à la fois. Elle ne sait pas où elle va, la petite Alice, mais elle me murmure à l’oreille :
-Ne t’en fais pas Chat. Nous irons dehors, je te le promets, je te le promets…
-Je te crois Alice…
Alors que nous dérapons sur le bois ciré dans un virage serré, nous apercevons près d’une porte une grande forme blanche. Elle sort des replis de sa robe couleur de lune et d’opale un sablier d’ivoire dans lequel s’écoulent des grains de sable blanc. Plus de la moitié de la partie inférieure est déjà remplie. Le Lapin Blanc ouvre la porte devant laquelle elle se trouve et se glisse dans la pièce en ne laissant derrière elle qu’une odeur de larme. Alice s’y engouffre sans attendre et la porte claque derrière elle, comme pour faire obstacles à nos poursuivants. Une ampoule s’allume au-dessus de nos têtes en diffusant une lumière blafarde et sale, mon souffle se coupe lorsque je réalise ce qui nous entoure et les bras d’Alice me pressent un peu plus contre sa poitrine. Tout autour de nous, dans des lits superposés d’une saleté repoussante se serrent des femmes. Blanches et noires, petites et grandes, laides et belles, d’une maigreur squelettique ou avoisinants le quintal, toutes ont un désespoir et une détresse profonde au fond des yeux, mais toutes affichent le même rictus forcé, un rictus froid qui montre toutes leurs dents sans laisser échapper la moindre émotion. Et toutes nous regardent impassiblement. Toutes portent la même robe rouge et blanche. Toutes sont différentes et monstrueusement semblables.
-Vous… Vous n’êtes que… des cartes… On joue avec vous comme avec des cartes…
La voix d’Alice n’est qu’un filet grelottant. Elle pousse la porte à l’autre bout de la pièce, tremblant de tout son corps. Je lui lèche doucement la joue pour la rassurer. Elle a un goût de myrtille d’après pluie…
-Allez-vous-en.
Cet ordre s’adresse à ceux qui nous font face. La Reine et ses amis, tous rances de sueur et de haine, leurs griffes se tendent vers nous mais, rugissante, Alice les repoussent. Ma vision se brouille petit à petit mais je discerne néanmoins la main d’Alice se refermer sur la gorge grasse de la Reine. Cette dernière émet un ultime son de crapaud avant que ma sauveuse ne l’envoie valser sur le Valet. Devant nous, la main sur la poignée de la porte de sortie, le Lapin Blanc attend et pointe du doigt le sablier accroché à sa taille. Plus que quelques grains…
Alice court, court, court et vole vers la porte. Sa main se referme sur celle du Lapin Blanc qui nous regarde d’un air bienveillant et pousse la poignée. L’air frais du dehors s’engouffre dans nos poumons, chassant toutes les vapeurs toxiques de l’intérieur. Nous quittons enfin cet endroit maudit sous les hurlements d’une Reine sans couronne et de sa cour de bouffons.
-Attrape-le ! Coupe-lui sa sale tête !
Un déclic glacé et aux accents létaux me fige. Je me tourne vers l’effrayant diable en costume Hugo Boss et mon regard se bloque sur le canon de l’arme qui pointe entre mes moustaches. Le long revolver au canon d’acier, gravé de symboles ésotériques, le chien orné d’une swastika orientée vers la droite, la crosse décorée de bois précieux, poli par des années de bons et loyaux services… Tous semblent me dire, d’une voix métallique : C’est la fin, Chat.
-CHAT !
Le cri perce l’espace comme la flèche de Rama perça le cœur du démon Râvana, écartant les ténèbres, et tout le monde se tait. Excepté Hutmacher qui au contraire se pare d’un brillant sourire et met en joue la jeune fille. Fou de rage et de peur je me jette sur la main velue et y plante mes crocs. L’âpre goût du sang emplit ma gueule et mes papilles se dressent en analysant sa saveur de rouille. Le SS beugle et son doigt presse la détente, la balle traverse ma cuisse et je me laisse tomber sur le sol. La Reine Rouge rit, ses fous aussi, échec et mat pour le chatvalier blanc qui tentait d’entrainer sa douce hors de sa tour. Un voile tombe sur mes yeux…
Ce sont des sanglots et des bruits de cavalcades qui me tirent de ma torpeur cotonneuse. Je suis trimballé comme un sac de chatrottes dans les couloirs obscurs du Pays des Merveilles. Merveilleux rêve dans le cauchemar, je sens le sein naissant de mon Alice contre ma tête et m’y blottit plus douillettement, malgré la douleur qui sourde en moi. Sa robe volette, papillon de nuit, au rythme de sa course et ses talons contre le sol sonnent une marche nuptiale et funéraire à la fois. Elle ne sait pas où elle va, la petite Alice, mais elle me murmure à l’oreille :
-Ne t’en fais pas Chat. Nous irons dehors, je te le promets, je te le promets…
-Je te crois Alice…
Alors que nous dérapons sur le bois ciré dans un virage serré, nous apercevons près d’une porte une grande forme blanche. Elle sort des replis de sa robe couleur de lune et d’opale un sablier d’ivoire dans lequel s’écoulent des grains de sable blanc. Plus de la moitié de la partie inférieure est déjà remplie. Le Lapin Blanc ouvre la porte devant laquelle elle se trouve et se glisse dans la pièce en ne laissant derrière elle qu’une odeur de larme. Alice s’y engouffre sans attendre et la porte claque derrière elle, comme pour faire obstacles à nos poursuivants. Une ampoule s’allume au-dessus de nos têtes en diffusant une lumière blafarde et sale, mon souffle se coupe lorsque je réalise ce qui nous entoure et les bras d’Alice me pressent un peu plus contre sa poitrine. Tout autour de nous, dans des lits superposés d’une saleté repoussante se serrent des femmes. Blanches et noires, petites et grandes, laides et belles, d’une maigreur squelettique ou avoisinants le quintal, toutes ont un désespoir et une détresse profonde au fond des yeux, mais toutes affichent le même rictus forcé, un rictus froid qui montre toutes leurs dents sans laisser échapper la moindre émotion. Et toutes nous regardent impassiblement. Toutes portent la même robe rouge et blanche. Toutes sont différentes et monstrueusement semblables.
-Vous… Vous n’êtes que… des cartes… On joue avec vous comme avec des cartes…
La voix d’Alice n’est qu’un filet grelottant. Elle pousse la porte à l’autre bout de la pièce, tremblant de tout son corps. Je lui lèche doucement la joue pour la rassurer. Elle a un goût de myrtille d’après pluie…
-Allez-vous-en.
Cet ordre s’adresse à ceux qui nous font face. La Reine et ses amis, tous rances de sueur et de haine, leurs griffes se tendent vers nous mais, rugissante, Alice les repoussent. Ma vision se brouille petit à petit mais je discerne néanmoins la main d’Alice se refermer sur la gorge grasse de la Reine. Cette dernière émet un ultime son de crapaud avant que ma sauveuse ne l’envoie valser sur le Valet. Devant nous, la main sur la poignée de la porte de sortie, le Lapin Blanc attend et pointe du doigt le sablier accroché à sa taille. Plus que quelques grains…
Alice court, court, court et vole vers la porte. Sa main se referme sur celle du Lapin Blanc qui nous regarde d’un air bienveillant et pousse la poignée. L’air frais du dehors s’engouffre dans nos poumons, chassant toutes les vapeurs toxiques de l’intérieur. Nous quittons enfin cet endroit maudit sous les hurlements d’une Reine sans couronne et de sa cour de bouffons.