J'arrivais en trottinant à l'entrée de la ville. Elle était vraiment délabrée... Aucun édifices ne semblaient moderne. Tout les bâtiments était fait de vieille planches surement issues de la forêt voisine.
Il était encore tôt. Un léger vent s'était levé et faisais craquer les vieilles bâtisses. La faible lueur matinale donnait un teint rougeâtre au décor.

J'avançais lentement dans l'allée principale. Les volets des maisons claquaient lentement sous l'effet du vent. J'entendais les graviers crouler sous mes bottes. J'avançais prudemment. Un pas après l'autre.
Quel était cet endroit... Malgré le silence de mort qui régnait, je me sentais observé...
Je tenais fermement la hampe de mon couteau de la main gauche. Ma crispation rendait mes mains affreusement moites.

Un autre flash vint alors à mes yeux... Encore ce vieillard... Je regardais anxieusement les fenêtres des maisons qui m'entouraient.
Je dégaina mon couteau de la main gauche et le plaça devant moi, la lame orientée vers le bas de ma main.

Eva me suivait d'un pas hésitant. Elle était quelques mètres derrière moi, en alerte.

"Allons nous en... Allez... !" murmura t-elle

A l'embranchement d'une rue, il me sembla voir quelque chose bouger. Un profond malaise s'installa en moi.

"Tu... Tu as vu... Eva... ?" dis-je la mâchoire serrée pour contenir mon anxiété.

"Oui..." Finit-elle par dire après quelques secondes tout en faisant un pas en arrière

Sa réponse me glaça le sang. J'aurais aimé qu'elle me dise non... Mais là, c'était réel. Quelqu'un nous observais.
Je ravalai ma salive tout en fixant l'embranchement de rue au loin...
D'un coup, je me mis à courir vers la rue en question. Je courais comme si le diable en personne était à mes trousses.

Eva, surprise par mon changement brusque d'attitude, sursauta légèrement

"Apho ! Reviens ! Crois moi ce n'est pas une bonne idée !"

J'arrivais enfin à la rue en question. Le vent avait arrêté de souffler.
Je fixais l'autre bout de la rue d'un regard inquiet. Quelque chose était accroupi au loin, entre deux poubelles... Je repris ma course effréné en direction de l'individu qui m'observait.
Avant même que la distance qui nous séparait m'eu permis de le distinguer clairement, il s'enfuit, renversant les deux poubelles qui lui servais de couverture.

Durant de longues minutes, je le poursuivis sans relâche... Gauche, droite, droite, encore gauche etc... J'étais prisonnier d'un vrai labyrinthe urbain. Toutes les maisons se ressemblaient.

Je m'arrêtai quelques secondes pour reprendre mon souffle.

"Eva... ! Viens ! Eva ?"

Aucune réponse...

"Eva ? Eva ?!..."

Non, non, non.... Dans quoi m'étais-je fourré ?
Les grincements des vieilles planches environnantes m'oppressaient littéralement.
Je tournais sur moi même... Les fenêtres semblaient m'observer...

Je pris un de mes deux revolver de la main droite.

"Montrez vous ! GRaaaaaaah !"

Je tirai alors 5 balles en direction de quelques fenêtres autour de moi.
Je continuais de tourner sur moi même. Tout semblais s'agiter, un nouveau flash vint alors m'aveugler avant de laisser place à un nouveau mal de crâne.
Pris de panique, je vidai le reste de mon chargeur sans même regarder où je tirais.

Quelque larmes d'effroi coulais le long de mes joues.

"N'ai crainte..." siffla une voix dont je ne parvins pas à déterminer la provenance.

"Quoi ?!" dis-je affolé "Qui... Qui est là ?!"

"N'ai crainte..."

Je rechargeai mon revolver avant de me mettre à courir vers une direction hasardeuse.
Les chuchotements me poursuivaient. Je courais à en perdre haleine.

"N'ai crainte..."

Cela semblait venir de partout en même temps. Ma vue se troublait.
Ma folie me poussait maintenant à donner des coups de couteau dans le vide.
Je balayais l'espace devant moi de large coup circulaire tout en me retournement régulièrement.

"N'ai crainte..."

Les chuchotements se rapprochaient... Je ne savais pas d'où ils venaient mais je sentais qu'il approchaient...

"Chuuuuuuut..."

Ma mâchoire inférieur tremblait. Je fixais l'horizon comme si quelque chose allait en sortir.
Je me retournai une ultime fois.

"N'AI CRAINTE..."

Le vieillard était devant moi...Un grand sourire presque dénué de dents aux lèvres. Je ne pus l'apercevoir qu'un court instant avant que celui-ci n'empoigne mon crâne de ses deux larges mains et me fasse tomber dans les pommes.