Il faisait toujours très sombre.

- On est où ?

Chloé ne répondit pas. Elle ignorait mes questions et se contentait de me faire avancer. Un vif sentiment de colère et de frustration monta en moi. A bout de nerf, je la menaçai :

- Putain tu vas me répondre sinon...

Chloé s'arrêta soudain et se planta juste devant moi. Elle me fixa intensément, rapprocha son visage à quelques centimètres du mien, et me lança :

- Sinon quoi ? Qu'es-ce que tu vas faire ? Hein petite fiotte ?

Je sentis mon sang bouillir dans mes veines. J'avais envie de lui envoyer une droite en pleine gueule, mais ce putain de ruban adhésif m'en empêchait toujours. Elle eut un sourire mauvais. Elle s'était jouée de moi. Elle m'avait trahie.

Incapable de me retenir, je lui crachais au visage. Son expression changea aussitôt. Elle fronça les sourcils, et m'envoya sa main en pleine figure.

Le bruit de sa paume contre ma joue provoqua un claquement sec et brisa l'épais silence. C'était une des gifles les plus violentes de ma vie. Je faillis tomber à cause de la force du coup. Je devais avoir la joue écarlate. Chloé capta mon regard, et me menaça :

- Ce n'est rien à côté de ce qui t'attend. Maintenant, tu avances ou je te fais là même sur l'autre joue. Fumier.

Je baissai les yeux. Je devais me calmer et la jouer plus intelligente putain. Je n'avais rien à gagner à l'affronter de face. Je serrai les dents. Tu ne paye rien pour attendre garce.

Chloé me conduisit vers ce qui semblait bien être un ancien motel. Le bâtiment semblait abandonné depuis des lustres. Elle ouvrit un des portes et me fit entrer de force à l'intérieur. Elle referma derrière moi, me laissant seul dans le noir. Je m'assis par terre, adossé contre la porte, et me prit la tête entre les mains, qui étaient toujours attachées.

Réfléchis putain, réfléchis...

Mais je n'arrivais à rien.

Je devais d'abord me calmer... Je me levai et m'apprêtais à dormir sur le sol quand une vague silhouette attira mon attention. Je m'approchais et m'allongeai sur le matelas, posé à même le sol. Le voyage m'avait épuisé.

Une drôle d'odeur flottait dans la pièce, mais j'étais trop fatigué pour y porter attention. Demain, je passerai à l'action. Je n'allais pas laisser Chloé faire ce qu'elle voulait de moi une journée de plus. Je devais trouver une solution, quelque chose... Je réfléchirais demain.

Je fermais les yeux, et essayais tant bien que mal de trouver le sommeil, malgré toutes les interrogations qui me torturaient l'esprit...

La vengeance est un plat qui se mange froid.