Note de la fic : Non notée
Publié le 19/08/2013 à 01:16:20 par Pseudo supprimé
L'égale des Dieux, sa voix souleva la terre, semblant déchirer le mince tissu de l'espace-temps. Grondant, tel un fantastique coup de tonnerre, elle fendit l'espace, manquant de pulvériser en un instant le frêle magicien.
L'Ogre était là, paniqué, il beuglait, quémandait de l'aide :
« Aidez-moi ! Je vous en supplie ! Elle va me tuer ! »
Et chacune de ses plaintes déracinait les arbres et envoyait les animaux valser à plusieurs lieux à la ronde. Formidable montagne de graisse musclée, Rushu pleurait. Ses larmes d'horreur coulant à flots martelaient le sol de quelques tonnes d'eau salée. Déjà, une rivière se formait à ses pieds, s'épaississant de seconde en seconde, évoluant en un fleuve aussi fougueux que dangereux.
Petite fourmi, naufragé d'une tempête sans merci, le vieux mage lévitait à la hauteur du visage monstrueux. Autour de son corps, une aura invisible peinait à contenir les plaintes de son client. S'il n'avait pas eu toutes ses années de travail derrière lui, nul doute qu'il se serait mis à paniquer, et qu'il aurait fini par se faire engloutir au sein de l'infernal torrent...
Enchantant ses mains, il les passa en porte-voix, et clama à son tour dans un grondement nuageux :
« Allons donc ! Mon ami ! Calmez-vous, que se passe-t-il ?
— C'est ma femme !!! Ma femme et la fourchette ! Et aussi le couteau...
— Je vois... »
En faite le magicien ne comprenait absolument rien. Irrité, il demanda à l'Ogre de lui raconter en détail ce qu'il s'était passé, en chuchotant cette fois-ci. Bien qu'il fut impossible à un ogre de parler doucement...
C'est ainsi que Rushu fut replongé dans les tragiques événements. Vivant une seconde fois l'horreur de cet après-midi.
Ils étaient tous les deux chez eux, dans leur château sidéral. Les pièces somptueuses frôlaient les étoiles, tandis que les fondations s'enfonçaient jusqu’au tréfonds de la planète.
La salle à manger, où ils se trouvaient lors du drame, regorgeait de mille et une merveilles. Théières en ivoire de dragon, aussi grandes que des maisons côtoyaient les fabuleux services d'or et d'argent fin. Chacun des couverts eut été assez massif pour enrichir n'importe quel royaume, doublant, voir triplant sa fortune déjà colossale.
Même en jetant chaque jour son poids en métaux précieux dans un abîme infini, on en aurait eu assez pour vivre dix existences entières de luxe. Profiter des joies sans fin d'une vie de volupté eut été si aisé, que nombre de princesses ou de reines quémandèrent la main de l'Ogre, afin de profiter de ses richesses. Mais c'est une simple voleuse, une petite elfe toute mignonnette que Rushu avait consenti à épouser. Il en était dingue, mais elle lui faisait peur...
Et de même, Lya possédait un défaut gigantesque, à l'image même de la taille de son mari : son avarice sans bornes.
Ainsi, lorsque celui-ci avait coutume de dispenser ses richesses, c'est tout naturellement qu'elle l'arrêtait, et se contentait du strict minimum. Allant jusqu'à surveiller qu'il n'avale rien qui ait une quelconque valeur à ses yeux d'experte.
Affamé, l'Ogre était quelqu'un de simple d'esprit. Il se contentait de manger ce qu'il lui passait par la main, et se moquait bien de ce que ce pouvait être, du moment que ça remplissait son estomac. Qui se préoccupe de son avenir lorsqu'il a ses quinze repas par jours et un toit où dormir ? Surement pas lui !
Il lui était même parfois arrivé de déguster une montagne, ou même de croquer dans un château ! ( Au grand damne de leurs habitants. )
Cette fois-ci, il dégustait une demi-douzaine de petits poulets. ( Des dragons millénaires qu'elle appelait ça Lya. ) Enfin, à part essayer de s'envoler quand il les attrapait de ses doigts boudinés et cracher du feu quand il croquait dedans, lui, il voyait pas trop la différence.
Mais ce midi il avait tenté de les piquer avec une fourchette. Sa femme voulait qu'il paraisse bien éduqué. Et, malgré le manque de progrès évident, elle ne désespérait pas de tirer quelque chose de son époux.
« Et puis, avait-elle assuré, quand tu les piques avec un couvert, après ils arrêtent de bouger et tu les avales plus facilement ! »
Rushu avait bien tenté de dire qu'il s'en fichait, et que vivants, il n’avait pas à les mâcher, ils trouvaient le chemin tout seuls. Rien à faire.
Alors se résignant il prit l'instrument d'argent étincelant de diamants et piqua, l'enfonçant dans l'une des volailles. Celle-ci se mit à hurler tout en secouant la tête en tous sens. Elle trouva la mort rapidement, bien avant d'atteindre le gouffre abominable qu'était la bouche de l'Ogre : tuée par la blessure, autant que par l'odeur.
Exaspéré et n'ayant visiblement pas compris le concept, ce dernier enfonça la fourchette gigantesque, directement au fond de sa gorge... avant d'avaler d'un coup sec. Puis, fermant les lèvres, il prit le couteau sur la table, afin de reprendre l'opération.
Lya, toute minuscule sur le plat, venait de grimper sur le nouveau dragon. Celui même que Rushu était en train de transpercer. Furieuse envers l'ogre elle gesticulait en tout sens, secouant vainement le doigt. Il venait d'engloutir des millions, et allait recommencer ! Elle beuglait, criant aussi fort que possible, tapant désespérément du pied sur les lourdes écailles. Sans succès. La volaille hurlait de douleur, couvrant ses cris.
Rapidement, elle du s'accrocher au couteau de ses petits doigts, manquant de s'envoler sur le coup de l'accélération. Son mari approchait son repas et s'apprêtait à le gober... à LA gober !
Déjà l'haleine lui arracha un cri d'horreur ( Son pauvre parfum hors de prix n'avait pas dû tenir, et elle allait devoir en remettre...) tandis que l'humidité et la baisse de luminosité lui confirmaient ses pires craintes. Le couteau était déjà dans la bouche béante, et ils allaient perdre la deuxième partie d'un de leurs plus beaux services !
Tonitruant, elle cria, plus fort encore, sautant sur la langue en tapant du poing dessus. Mais plus rien à faire, la mâchoire se refermait désespérément, et le dragon planté disparaissait, plongeant dans le fond de la gorge.
Bientôt, le noir fut total. Les lèvres closes Rushu allaient s'ouvrir dans peu de temps... Mais pour manger encore, et elle serait poussée directement dans l'estomac par les nouveaux venus !
C'est alors qu'un liquide visqueux surgit de tous côtés. Tapissant les parois il se mit à suinter sans s'arrêter. Un fantastique geyser de salive jaillit de sous la langue, trempant Lya de la tête aux pieds.
Elle écarquilla les yeux, n'y croyant pas :
« Putain ! Mon maquillage ! Non, mais sans déconner... »
Rapidement, tout devint horriblement huileux, et alors qu'elle espérait se relever pour sortir, elle s'étala de tout son long en jurant, et se mit à glisser lentement, à plat ventre, en direction de l'oesophage.
Sa course mortelle s'accentua, à mesure qu'elle approchait de l'abîme. Et c'est tordu d'horreur qu'elle referma ses mains sur une papille gustative, les jambes ballantes, suspendues dans le vide.
Le tapis rougeâtre se mit à vibrer, de la lumière filtra. Au loin, elle voyait la cuillère qui arrivait...
L'Ogre était là, paniqué, il beuglait, quémandait de l'aide :
« Aidez-moi ! Je vous en supplie ! Elle va me tuer ! »
Et chacune de ses plaintes déracinait les arbres et envoyait les animaux valser à plusieurs lieux à la ronde. Formidable montagne de graisse musclée, Rushu pleurait. Ses larmes d'horreur coulant à flots martelaient le sol de quelques tonnes d'eau salée. Déjà, une rivière se formait à ses pieds, s'épaississant de seconde en seconde, évoluant en un fleuve aussi fougueux que dangereux.
Petite fourmi, naufragé d'une tempête sans merci, le vieux mage lévitait à la hauteur du visage monstrueux. Autour de son corps, une aura invisible peinait à contenir les plaintes de son client. S'il n'avait pas eu toutes ses années de travail derrière lui, nul doute qu'il se serait mis à paniquer, et qu'il aurait fini par se faire engloutir au sein de l'infernal torrent...
Enchantant ses mains, il les passa en porte-voix, et clama à son tour dans un grondement nuageux :
« Allons donc ! Mon ami ! Calmez-vous, que se passe-t-il ?
— C'est ma femme !!! Ma femme et la fourchette ! Et aussi le couteau...
— Je vois... »
En faite le magicien ne comprenait absolument rien. Irrité, il demanda à l'Ogre de lui raconter en détail ce qu'il s'était passé, en chuchotant cette fois-ci. Bien qu'il fut impossible à un ogre de parler doucement...
C'est ainsi que Rushu fut replongé dans les tragiques événements. Vivant une seconde fois l'horreur de cet après-midi.
Ils étaient tous les deux chez eux, dans leur château sidéral. Les pièces somptueuses frôlaient les étoiles, tandis que les fondations s'enfonçaient jusqu’au tréfonds de la planète.
La salle à manger, où ils se trouvaient lors du drame, regorgeait de mille et une merveilles. Théières en ivoire de dragon, aussi grandes que des maisons côtoyaient les fabuleux services d'or et d'argent fin. Chacun des couverts eut été assez massif pour enrichir n'importe quel royaume, doublant, voir triplant sa fortune déjà colossale.
Même en jetant chaque jour son poids en métaux précieux dans un abîme infini, on en aurait eu assez pour vivre dix existences entières de luxe. Profiter des joies sans fin d'une vie de volupté eut été si aisé, que nombre de princesses ou de reines quémandèrent la main de l'Ogre, afin de profiter de ses richesses. Mais c'est une simple voleuse, une petite elfe toute mignonnette que Rushu avait consenti à épouser. Il en était dingue, mais elle lui faisait peur...
Et de même, Lya possédait un défaut gigantesque, à l'image même de la taille de son mari : son avarice sans bornes.
Ainsi, lorsque celui-ci avait coutume de dispenser ses richesses, c'est tout naturellement qu'elle l'arrêtait, et se contentait du strict minimum. Allant jusqu'à surveiller qu'il n'avale rien qui ait une quelconque valeur à ses yeux d'experte.
Affamé, l'Ogre était quelqu'un de simple d'esprit. Il se contentait de manger ce qu'il lui passait par la main, et se moquait bien de ce que ce pouvait être, du moment que ça remplissait son estomac. Qui se préoccupe de son avenir lorsqu'il a ses quinze repas par jours et un toit où dormir ? Surement pas lui !
Il lui était même parfois arrivé de déguster une montagne, ou même de croquer dans un château ! ( Au grand damne de leurs habitants. )
Cette fois-ci, il dégustait une demi-douzaine de petits poulets. ( Des dragons millénaires qu'elle appelait ça Lya. ) Enfin, à part essayer de s'envoler quand il les attrapait de ses doigts boudinés et cracher du feu quand il croquait dedans, lui, il voyait pas trop la différence.
Mais ce midi il avait tenté de les piquer avec une fourchette. Sa femme voulait qu'il paraisse bien éduqué. Et, malgré le manque de progrès évident, elle ne désespérait pas de tirer quelque chose de son époux.
« Et puis, avait-elle assuré, quand tu les piques avec un couvert, après ils arrêtent de bouger et tu les avales plus facilement ! »
Rushu avait bien tenté de dire qu'il s'en fichait, et que vivants, il n’avait pas à les mâcher, ils trouvaient le chemin tout seuls. Rien à faire.
Alors se résignant il prit l'instrument d'argent étincelant de diamants et piqua, l'enfonçant dans l'une des volailles. Celle-ci se mit à hurler tout en secouant la tête en tous sens. Elle trouva la mort rapidement, bien avant d'atteindre le gouffre abominable qu'était la bouche de l'Ogre : tuée par la blessure, autant que par l'odeur.
Exaspéré et n'ayant visiblement pas compris le concept, ce dernier enfonça la fourchette gigantesque, directement au fond de sa gorge... avant d'avaler d'un coup sec. Puis, fermant les lèvres, il prit le couteau sur la table, afin de reprendre l'opération.
Lya, toute minuscule sur le plat, venait de grimper sur le nouveau dragon. Celui même que Rushu était en train de transpercer. Furieuse envers l'ogre elle gesticulait en tout sens, secouant vainement le doigt. Il venait d'engloutir des millions, et allait recommencer ! Elle beuglait, criant aussi fort que possible, tapant désespérément du pied sur les lourdes écailles. Sans succès. La volaille hurlait de douleur, couvrant ses cris.
Rapidement, elle du s'accrocher au couteau de ses petits doigts, manquant de s'envoler sur le coup de l'accélération. Son mari approchait son repas et s'apprêtait à le gober... à LA gober !
Déjà l'haleine lui arracha un cri d'horreur ( Son pauvre parfum hors de prix n'avait pas dû tenir, et elle allait devoir en remettre...) tandis que l'humidité et la baisse de luminosité lui confirmaient ses pires craintes. Le couteau était déjà dans la bouche béante, et ils allaient perdre la deuxième partie d'un de leurs plus beaux services !
Tonitruant, elle cria, plus fort encore, sautant sur la langue en tapant du poing dessus. Mais plus rien à faire, la mâchoire se refermait désespérément, et le dragon planté disparaissait, plongeant dans le fond de la gorge.
Bientôt, le noir fut total. Les lèvres closes Rushu allaient s'ouvrir dans peu de temps... Mais pour manger encore, et elle serait poussée directement dans l'estomac par les nouveaux venus !
C'est alors qu'un liquide visqueux surgit de tous côtés. Tapissant les parois il se mit à suinter sans s'arrêter. Un fantastique geyser de salive jaillit de sous la langue, trempant Lya de la tête aux pieds.
Elle écarquilla les yeux, n'y croyant pas :
« Putain ! Mon maquillage ! Non, mais sans déconner... »
Rapidement, tout devint horriblement huileux, et alors qu'elle espérait se relever pour sortir, elle s'étala de tout son long en jurant, et se mit à glisser lentement, à plat ventre, en direction de l'oesophage.
Sa course mortelle s'accentua, à mesure qu'elle approchait de l'abîme. Et c'est tordu d'horreur qu'elle referma ses mains sur une papille gustative, les jambes ballantes, suspendues dans le vide.
Le tapis rougeâtre se mit à vibrer, de la lumière filtra. Au loin, elle voyait la cuillère qui arrivait...