Note de la fic :
Publié le 21/05/2009 à 13:10:06 par Roi_des_aulnes
Je ne sais pas si il a vraiment été mon meilleur ami. C'est quoi, d'ailleurs, un ami? C'est comme le sens de la vie, ça n'existe pas vraiment, en fait. Je n'ai jamais vraiment eu de problème, et je n'ai jamais eu besoin de les raconter à quiconque. Une vie prend trop de place pour être partagé.
Nathan non plus ne s'est jamais vraiment confié à moi. Il avait des raisons d'en avoir, des problèmes, pourtant. Ses parents divorçaient, et son père... Enfin, je ne l'ai jamais su. Au niveau des notes, il frôlait tout juste la moyenne. Je me suis inquiété, au début. Je me suis dit qu'il allait plonger. Mais jamais son sourire n'a quitté son visage, ce sourire gourmand qui avalait tout les chocs de sa vie.
On se voyait souvent le jeudi soir, après les cours. On s'asseyait sur un banc, devant le lycée, et on regardait la foule bruyante de nos amis disparaître, les uns après les autres, dans l'ombre de la nuit grimpante. Parfois, sans dire un mot pendant des heures entières, juste là, à voir. Moi, je n'avais rien à dire. Et lui, parfois, il me racontait son histoire.
Je ne sais pas trop comment expliquer...Il était de cette pauvreté fière, qui gardait la sauvagerie des luttes et la beauté des rois. Il avait des soucis, mais des soucis digne d'être raconté, des beaux ennuis. Il n'était qu'un fantôme, mais un fantôme de personnage, pas un fantôme d'homme. Sa vie était un mythe fondateur, une histoire qu'on pouvait raconter, avec ses gentils, ses méchants, ses héroïnes et ses rebondissements, ses symboles et ses violences, ses leçons de morales et ses crépuscules. Mon petit fantôme était une légende.
Est-ce que je l'ai envié? Moi, et mes chemises repassés, mes copains quelconques, mes parents solides, mon quotidien si calme, si beau et si gris? Nathan était un roman, un roman qui s'écrivait à chaque instant, à chaque parole, un drame créatif qui ne connaissait pas les ''après''. Une vie pleine de sens. Je me suis toujours demandé quelle était la véritable différence entre nous deux. Si nous avons vécu sous deux ciels. Ou si nous avions deux regards.
Après le piano, il s'essaya au dessin. A l'écriture. Et puis à l'économie, à la politique, à toutes ces choses qui nous font soi-disant maîtriser notre futur, fructifier notre temps. Il ne les prenait pas uns par uns, ne les sentait pas, ne les goûtait pas. Non. Il tombait, simplement, dans leurs gouffres, dans leurs abîmes, éraflait leurs parois noires, fasciné de leurs richesses, amoureux de leurs difficultés. Nathan trouvait dans chacun d'eux le sens de sa vie.
Et à chaque fois, il n'arrivait pas à continuer. Il n'était pas fait pour. A croire qu'il était fantôme aussi pour les passions.
Il faisait nuit, quand j'ai osé lui poser la question.
-Mais... Pourquoi? Tu échoue à chaque fois.
Entouré d'herbes et de vides, étouffé par la chaleur de l'été, étranglé par ce ciel qui s'étend la nuit tombée jusqu'à engloutir la terre. Je n'ai jamais su ce qu'était cet endroit, pourquoi nous étions-là, assis sur un banc, perdu dans ce désert loin des hommes, loin du temps Est-ce seulement arrivé? Ou, dans le chaos des après, dans cette chute infinie du temps, un de mes rêves s'est-il échappé de sa prison?
-Et bien... Disons que je fais signe au monde. Je l'appelle pour qu'il nous vienne en aide.
Le ciel tituba. J'avais bu, peut-être pour la première fois.
-Que... Quoi?
-Je veux me sauver. Je sens que bientôt, il sera trop tard, alors j'envoie des SOS. Le monde doit m'aider. J'y arriverai pas tout seul.
-Mais qu'est-ce...
Mais j'avais compris. Ca s'était abattu sur mon crâne comme une évidence.
-Et qu'est-ce que tu feras, si le monde ne vient pas te chercher? Si tout ça ne t'ouvre pas un chemin? Aprés?
Il haussa les épaules. Il ne souriait plus.
-Après, je trouverai de quoi m'occuper.
Il attendait le début de son histoire. Le moment où le film commencerait, où le fantôme deviendrait le héros.
[2/3]
Nathan non plus ne s'est jamais vraiment confié à moi. Il avait des raisons d'en avoir, des problèmes, pourtant. Ses parents divorçaient, et son père... Enfin, je ne l'ai jamais su. Au niveau des notes, il frôlait tout juste la moyenne. Je me suis inquiété, au début. Je me suis dit qu'il allait plonger. Mais jamais son sourire n'a quitté son visage, ce sourire gourmand qui avalait tout les chocs de sa vie.
On se voyait souvent le jeudi soir, après les cours. On s'asseyait sur un banc, devant le lycée, et on regardait la foule bruyante de nos amis disparaître, les uns après les autres, dans l'ombre de la nuit grimpante. Parfois, sans dire un mot pendant des heures entières, juste là, à voir. Moi, je n'avais rien à dire. Et lui, parfois, il me racontait son histoire.
Je ne sais pas trop comment expliquer...Il était de cette pauvreté fière, qui gardait la sauvagerie des luttes et la beauté des rois. Il avait des soucis, mais des soucis digne d'être raconté, des beaux ennuis. Il n'était qu'un fantôme, mais un fantôme de personnage, pas un fantôme d'homme. Sa vie était un mythe fondateur, une histoire qu'on pouvait raconter, avec ses gentils, ses méchants, ses héroïnes et ses rebondissements, ses symboles et ses violences, ses leçons de morales et ses crépuscules. Mon petit fantôme était une légende.
Est-ce que je l'ai envié? Moi, et mes chemises repassés, mes copains quelconques, mes parents solides, mon quotidien si calme, si beau et si gris? Nathan était un roman, un roman qui s'écrivait à chaque instant, à chaque parole, un drame créatif qui ne connaissait pas les ''après''. Une vie pleine de sens. Je me suis toujours demandé quelle était la véritable différence entre nous deux. Si nous avons vécu sous deux ciels. Ou si nous avions deux regards.
Après le piano, il s'essaya au dessin. A l'écriture. Et puis à l'économie, à la politique, à toutes ces choses qui nous font soi-disant maîtriser notre futur, fructifier notre temps. Il ne les prenait pas uns par uns, ne les sentait pas, ne les goûtait pas. Non. Il tombait, simplement, dans leurs gouffres, dans leurs abîmes, éraflait leurs parois noires, fasciné de leurs richesses, amoureux de leurs difficultés. Nathan trouvait dans chacun d'eux le sens de sa vie.
Et à chaque fois, il n'arrivait pas à continuer. Il n'était pas fait pour. A croire qu'il était fantôme aussi pour les passions.
Il faisait nuit, quand j'ai osé lui poser la question.
-Mais... Pourquoi? Tu échoue à chaque fois.
Entouré d'herbes et de vides, étouffé par la chaleur de l'été, étranglé par ce ciel qui s'étend la nuit tombée jusqu'à engloutir la terre. Je n'ai jamais su ce qu'était cet endroit, pourquoi nous étions-là, assis sur un banc, perdu dans ce désert loin des hommes, loin du temps Est-ce seulement arrivé? Ou, dans le chaos des après, dans cette chute infinie du temps, un de mes rêves s'est-il échappé de sa prison?
-Et bien... Disons que je fais signe au monde. Je l'appelle pour qu'il nous vienne en aide.
Le ciel tituba. J'avais bu, peut-être pour la première fois.
-Que... Quoi?
-Je veux me sauver. Je sens que bientôt, il sera trop tard, alors j'envoie des SOS. Le monde doit m'aider. J'y arriverai pas tout seul.
-Mais qu'est-ce...
Mais j'avais compris. Ca s'était abattu sur mon crâne comme une évidence.
-Et qu'est-ce que tu feras, si le monde ne vient pas te chercher? Si tout ça ne t'ouvre pas un chemin? Aprés?
Il haussa les épaules. Il ne souriait plus.
-Après, je trouverai de quoi m'occuper.
Il attendait le début de son histoire. Le moment où le film commencerait, où le fantôme deviendrait le héros.
[2/3]
Commentaires
- Lucille
21/05/2009 à 20:06:56
Ecoeurant de vérité.
Je demande une suite ^^ - Roi_des_aulnes
21/05/2009 à 14:23:01
Voila
- hui
21/05/2009 à 13:14:46
Owned by bug
été été été été
TRY AGAIN