Note de la fic : Non notée
Mon_RDV_avec_cette_fille_tourne_mal
Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Statut : C'est compliqué
Chapitre 5 : Dans la cour des grands
Publié le 19/08/2013 à 01:14:22 par Pseudo supprimé
Je racontais à Victor tout ce qui m'était arrivé, depuis l'arrestation avec le flic après m'être barré du ciné jusqu'à mon évasion de la cellule et mon arrivée ici.
Victor semblait subjugué par mon histoire, et la seule phrase qu'il me dit fut celle ci :
"Et Sophia, tu l'as baisée ?"
Après avoir mis une mandale dans la gueule de cet homosexuel refoulé, je lui expliquais le pourquoi de mon appel : j'avais besoin de lui pour récupérer ma caisse.
Il acquiesça, et nous partîmes en direction du cinéma.
J'avais peur. Si ma caisse avait disparu, j'étais dans la merde.
Nous arrivâmes au cinéma, et je dictai à Victor la route qu'il fallait suivre depuis ce point.
J'avais été interpelé quelques minutes après être sorti du ciné, et Victor faillit perdre une oreille quand je vis ma voiture garée sur le trottoir.
Une joie non dissimulée avait jailli, et j'avais crié sans m'en rendre compte "OH PUTAAAAAIIIN OUAIIIIS !!!"
J'avais récupéré ma voiture, et je repartais chez moi, Victor sur mes talons.
Après m'avoir rendu ce service, je ne pouvais pas l'abandonner comme ça.
Et puis il avait de la weed.
On a squatté le salon tout l'aprem.
Pétard sur pétard, on jouait à FIFA, Splinter Cell ou Assassin's Creed en parlant du RDV de demain.
Victor était un mec en qui j'avais confiance, je lui avais donc balancé l'info.
"Et tu vas faire quoi là-bas ?
- J'en sais rien.
- Tu vas te mettre à dealer ?
- J'en sais rien !
- Tu crois qu'ils ont de la place pour deux dans ce business ?
- J'en sais rien j'te dis ! Je sais même pas pourquoi il m'a donné cette invitation.
- Si ça se trouve ils vont te violer en gang bang dans une cave. T'es blanc mec, t'as les cheveux courts, ils peuvent croire que ton idéal masculin c'est Jean Marie.
- Quoi ? Mais ferme ta gueule... Ils m'ont donné une chance de m'évader en cellule, ça compte ça mec ! Nan, moi j'crois qu'ils ont besoin de quelqu'un pour un truc, je sais pas quoi, mais c'est pas du trafic... Rien à foutre d'un vendeur, ils veulent autre chose...
- Ouais ouais ben passes moi le oinj au lieu de balancer tes théories à la con mon gars ! Moi j'suis sûr qu'ils vont t'enculer en chantant la Marseillaise !!"
Il éclata de rire, et moi aussi.
Puis il se mit à parler sérieusement, l'air grave.
"Mec, faut que tu me fasses entrer dans le biz
- Je sais même pas ce qu'ils me veulent, t'excites pas mon gars ! répondis-je.
- Arrête, arrête, tu sais très bien pourquoi ils t'ont invité. faut que tu me sortes de là mec, je te jure ! Les études, les statistiques et les diagrammes de Pareto c'est pas pour moi, j'en ai marre de trimer pour que dal, il faut que l'argent rentre...
- Je te dirai quoi mec, t'en fais pas. mais j'vais déjà voir pour moi...
- Normal, merci frère."
[...]
J'ai passé la nuit à penser à Samedi. Comment ça se passerait.
J'me faisais déjà des films, je me voyais dealeur, gérant d'un putain de business... Puis la raison reprit le dessus et je conclus qu'il ne fallait pas s'avancer sur la question tant que je ne savais pas de quoi il retournait exactement.
La nuit fut calme, propice à la réflexion et au rêve.
J'ai passé la journée de vendredi en cours, m'excusant de ne pas être venu la veille parce que j'avais eu un RDV important...
Plus c'est vague, mieux ça passe.
Une journée de cours comme toutes les autres, chiante et épuisante.
Sophia m'évitait, je ne lui en voulais pas : j'avais tiré un trait sur elle.
Mon seul regret était de ne pas avoir eu le temps de laisser ma signature dans son jardin secret...
Mais bon, peut-être qu'un jour, dans une soirée arrosée, après avoir consommé du GHB...
Peu importe ! Le principal c'était qu'elle semblait avoir fermé sa gueule à propos de l'histoire du doigt.
17 heures sonna, et fut le signe d'une bonne nouvelle : le weekend !
Je rentrais chez moi, bien content d'avoir récupéré ma voiture, insouciant pour demain. Je m'étais convaincu que ce devait arriver arriverait, fin.
Samedi. Un vent doux prend possession de la ville. Il n'est que 8 heures du matin.
Je suis très matinal aujourd'hui, car la journée est importante.
Je me lève, je déjeune, je fais quelques pompes histoire d'être en forme au cas où ça tourne mal.
Je rends compte au bout de 12 pompes que j'en peux plus et que je suis complétement ridicule.
Je viendrai avec un couteau, c'est mieux.
Je me lave, m'habille, et me pose dans le salon pour mater les dessins animés sur ma vieille télé cathodique.
Je me suis dit que je partirai vers 10h30-11h, une heure cool.
Le matin, pour montrer ma détermination et mon envie de bosser.
Putain, je me croyais à un entretien d'embauche...
Mon regard alterne ma montre et les Totally Spies. Sam est bonne. Les rousses ont un charme naturel. Sinon on exclut Larusso et Véronique Genest de la liste.
10h30, il est l'heure de partir.
Je monte dans ma voiture, et go pour la Clochette.
Après 20 minutes de route, j'arrive dans cette fameuse cité.
Des corons, et encore des corons. C'était moche et vieux.
Ou vieux et moche, peu importe.
Je me gare sur une espèce de parking improvisé et je descends de la voiture.
Coup d'oeil à gauche, coup d'oeil à droite : rien. Personne, pas le moindre connard à l'horizon.
La parano commence à refaire surface et j'imagine les scénarios les plus improbables :
- Une bande de weshs encagoulés débarque de nulle et m'encercle. Ils sont au moins 30, tous armés de machette. Ils m'attrapent, m'attachent à une chaise et me torturent dans une cave. Ils finissent par me circoncire et je meurs de mes blessures.
- Une bande de weshs arrive. Ils me prennent pour un juif à cause mon nez cassé, bien qu'il ne ressemble pas à un nez de juif. Ils considèrent ma venue comme une provocation, et m'égorgent sur la place publique en revendiquant la Palestine libre.
- Une bande de weshs arrive. Au milieu d'eux, un homme en costume. C'est Tariq Ramadan. Oh mon Dieu.
Après avoir balisé pendant 14 secondes, je me ressaisis et j'avance pour chercher signe de vie.
Je traverse les rues sans rencontrer le moindre être humain.
A part des chiens boiteux et des chats sans poil, il n'y a rien ici.
Quand soudain...
"Yoooo !
- Sofiane ! lançai-je
- Héhé kho, tranquille ou quoi ?
- Normal, normal..."
Sofiane me check et me fait signe de le suivre.
Nous traversons les rues, empruntons des petits chemins pour finalement arriver dans une sorte de petite place invisible de l'extérieur.
Au milieu de cette place, un homme est assis sur un fauteuil en cuir. Il doit avoir quoi, 30 ans tout au plus.
Il est sapé en costume, élégant le bougre.
L'archétype du rebeu de cité.
Sofiane lui chuchote quelque chose à l'oreille puis disparaît en me faisant un clin d'oeil.
Puis l'homme en costard lève les yeux vers moi et dit "Viens. Assis-toi mec."
Je m'exécute. Je m'assieds sur un fauteuil identique au premier, et à ce moment là je repasse dans ma la scène de Matrix avec Morpheus et Néo. Je m'attends à ce que le mec en costard sorte de sa poche une pilule rouge.
Et c'est qu'il fait. Il sort une petite pilule rouge de sa poche et la tient entre son pouce et son index, en la faisant tourner dans tous les sens comme s'il s'agissait d'un objet rare.
J'étais mal à l'aise. Je me demandais ce qui était en train de se passer : était-ce un rêve ? Allait-il se passer la même chose comme dans le film ?
Je n'étais plus sûr de rien, et l'homme en costard le savait.
Il lâche du regard la pilule et pose ses yeux sur moi.
"Tu te demandes ce qui se passe, n'est-ce pas ?"
Sa voix est claire, sans accent. Neutre. Et froide.
"Je sais à quoi tu penses... Néo ?" me dit-il en souriant.
Je ne réponds pas et me contente de le regarder.
Peut-être était-ce un test, peut-être se foutait-il de moi.
"Bah alors, tu ne sais pas de quoi je parle ? demande-t-il, surpris.
- Si... Matrix...
- Ah ! Je savais bien que t'étais pas aussi con que tous ces putains de beurs !"
Il tourne le fauteuil pour être complétement face à moi.
" Tu vois cette petite pilule ? Elle fait l'effet totalement inverse de celle du film.
Cette petite pilule est remplie de cocaïne.
Elle est encore plus vicieuse que la pilule bleue : non seulement elle te laisse dans l'illusion totale qui constitue ce monde, mais en plus de ça elle te projette dans une nouvelle illusion, plus forte, plus prenante, et surtout... plus addictive.
Cette merde vend du rêve. Et toi, t'es le marchand de sable."
Il s'était arrêté, et s'était approché de moi. Sa bouche était à quelques centimètres de mon oreille.
"Si tu es un bon vendeur de rêve, le tien pourra vite devenir réalité..."
Puis il se rassied dans son fauteuil et me sourit.
"Alors, qu'est-ce que tu en penses ?
- Et bien... Dit comme ça, c'est vraiment tentant.
- Ca l'est.
- Mais j'ai une question...
- Je t'écoute.
- Pourquoi une pilule rouge, si son effet se rapproche plus de la bleue ?
- Ahahah ! T'es malin toi !
Une pilule rouge, pour faire croire à tous ces connards de junkie qu'ils sont dans le vrai.
Donner l'illusion d'une illusion...
- Pour en vendre une autre, totalement opposée...
- Exactement...
Alors tu marches ?"
Je devais prendre une décision. Le choix m'appartenait.
Avec toute la responsabilité qui en découle.
D'un côté, je pouvais retourner à ma petite vie tranquille. Continuer un BTS merdique et attendre que ça se passe.
De l'autre, je pouvais m'embarquer dans une aventure inconnue, au risque de finir au trou ou de me faire planter par un enculé pour quelques billets.
Le choix m'appartenait.
Avec toute la responsabilité qui en découle.
"Je marche.
- Très bien. tu vois la porte bleue derrière moi ?
- Oui.
- Passe la. Sofiane t'attend, il t'expliquera comment ça marche. Je passerai te voir à midi.
Tu peux y aller."
Je me lève, souris à mon nouvel employeur et avance en direction de la porte bleue. Une vieille porte en bois à moitié décolorée.
"Hey !"
Je me retourne.
Le boss ne me regarde pas, il est resté assis dans son fauteuil.
"Tu consommes ?
- La coke ? ...Nan.
- C'est bien. Continues comme ça."
Je reste là, figé, bêtement, quelques secondes, puis je me ressaisis et ouvre la porte bleue.
J'entre dans une pièce faiblement éclairée par une ampoule.
Je referme la porte et m'engouffre dans ce qui semble être un couloir. Les murs sont délabrés et la crasse a pris possession du sol.
Quand je sors enfin du couloir, Sofiane est là.
Il me sourit et me lance "Bienvenue dans la famille !"
Victor semblait subjugué par mon histoire, et la seule phrase qu'il me dit fut celle ci :
"Et Sophia, tu l'as baisée ?"
Après avoir mis une mandale dans la gueule de cet homosexuel refoulé, je lui expliquais le pourquoi de mon appel : j'avais besoin de lui pour récupérer ma caisse.
Il acquiesça, et nous partîmes en direction du cinéma.
J'avais peur. Si ma caisse avait disparu, j'étais dans la merde.
Nous arrivâmes au cinéma, et je dictai à Victor la route qu'il fallait suivre depuis ce point.
J'avais été interpelé quelques minutes après être sorti du ciné, et Victor faillit perdre une oreille quand je vis ma voiture garée sur le trottoir.
Une joie non dissimulée avait jailli, et j'avais crié sans m'en rendre compte "OH PUTAAAAAIIIN OUAIIIIS !!!"
J'avais récupéré ma voiture, et je repartais chez moi, Victor sur mes talons.
Après m'avoir rendu ce service, je ne pouvais pas l'abandonner comme ça.
Et puis il avait de la weed.
On a squatté le salon tout l'aprem.
Pétard sur pétard, on jouait à FIFA, Splinter Cell ou Assassin's Creed en parlant du RDV de demain.
Victor était un mec en qui j'avais confiance, je lui avais donc balancé l'info.
"Et tu vas faire quoi là-bas ?
- J'en sais rien.
- Tu vas te mettre à dealer ?
- J'en sais rien !
- Tu crois qu'ils ont de la place pour deux dans ce business ?
- J'en sais rien j'te dis ! Je sais même pas pourquoi il m'a donné cette invitation.
- Si ça se trouve ils vont te violer en gang bang dans une cave. T'es blanc mec, t'as les cheveux courts, ils peuvent croire que ton idéal masculin c'est Jean Marie.
- Quoi ? Mais ferme ta gueule... Ils m'ont donné une chance de m'évader en cellule, ça compte ça mec ! Nan, moi j'crois qu'ils ont besoin de quelqu'un pour un truc, je sais pas quoi, mais c'est pas du trafic... Rien à foutre d'un vendeur, ils veulent autre chose...
- Ouais ouais ben passes moi le oinj au lieu de balancer tes théories à la con mon gars ! Moi j'suis sûr qu'ils vont t'enculer en chantant la Marseillaise !!"
Il éclata de rire, et moi aussi.
Puis il se mit à parler sérieusement, l'air grave.
"Mec, faut que tu me fasses entrer dans le biz
- Je sais même pas ce qu'ils me veulent, t'excites pas mon gars ! répondis-je.
- Arrête, arrête, tu sais très bien pourquoi ils t'ont invité. faut que tu me sortes de là mec, je te jure ! Les études, les statistiques et les diagrammes de Pareto c'est pas pour moi, j'en ai marre de trimer pour que dal, il faut que l'argent rentre...
- Je te dirai quoi mec, t'en fais pas. mais j'vais déjà voir pour moi...
- Normal, merci frère."
[...]
J'ai passé la nuit à penser à Samedi. Comment ça se passerait.
J'me faisais déjà des films, je me voyais dealeur, gérant d'un putain de business... Puis la raison reprit le dessus et je conclus qu'il ne fallait pas s'avancer sur la question tant que je ne savais pas de quoi il retournait exactement.
La nuit fut calme, propice à la réflexion et au rêve.
J'ai passé la journée de vendredi en cours, m'excusant de ne pas être venu la veille parce que j'avais eu un RDV important...
Plus c'est vague, mieux ça passe.
Une journée de cours comme toutes les autres, chiante et épuisante.
Sophia m'évitait, je ne lui en voulais pas : j'avais tiré un trait sur elle.
Mon seul regret était de ne pas avoir eu le temps de laisser ma signature dans son jardin secret...
Mais bon, peut-être qu'un jour, dans une soirée arrosée, après avoir consommé du GHB...
Peu importe ! Le principal c'était qu'elle semblait avoir fermé sa gueule à propos de l'histoire du doigt.
17 heures sonna, et fut le signe d'une bonne nouvelle : le weekend !
Je rentrais chez moi, bien content d'avoir récupéré ma voiture, insouciant pour demain. Je m'étais convaincu que ce devait arriver arriverait, fin.
Samedi. Un vent doux prend possession de la ville. Il n'est que 8 heures du matin.
Je suis très matinal aujourd'hui, car la journée est importante.
Je me lève, je déjeune, je fais quelques pompes histoire d'être en forme au cas où ça tourne mal.
Je rends compte au bout de 12 pompes que j'en peux plus et que je suis complétement ridicule.
Je viendrai avec un couteau, c'est mieux.
Je me lave, m'habille, et me pose dans le salon pour mater les dessins animés sur ma vieille télé cathodique.
Je me suis dit que je partirai vers 10h30-11h, une heure cool.
Le matin, pour montrer ma détermination et mon envie de bosser.
Putain, je me croyais à un entretien d'embauche...
Mon regard alterne ma montre et les Totally Spies. Sam est bonne. Les rousses ont un charme naturel. Sinon on exclut Larusso et Véronique Genest de la liste.
10h30, il est l'heure de partir.
Je monte dans ma voiture, et go pour la Clochette.
Après 20 minutes de route, j'arrive dans cette fameuse cité.
Des corons, et encore des corons. C'était moche et vieux.
Ou vieux et moche, peu importe.
Je me gare sur une espèce de parking improvisé et je descends de la voiture.
Coup d'oeil à gauche, coup d'oeil à droite : rien. Personne, pas le moindre connard à l'horizon.
La parano commence à refaire surface et j'imagine les scénarios les plus improbables :
- Une bande de weshs encagoulés débarque de nulle et m'encercle. Ils sont au moins 30, tous armés de machette. Ils m'attrapent, m'attachent à une chaise et me torturent dans une cave. Ils finissent par me circoncire et je meurs de mes blessures.
- Une bande de weshs arrive. Ils me prennent pour un juif à cause mon nez cassé, bien qu'il ne ressemble pas à un nez de juif. Ils considèrent ma venue comme une provocation, et m'égorgent sur la place publique en revendiquant la Palestine libre.
- Une bande de weshs arrive. Au milieu d'eux, un homme en costume. C'est Tariq Ramadan. Oh mon Dieu.
Après avoir balisé pendant 14 secondes, je me ressaisis et j'avance pour chercher signe de vie.
Je traverse les rues sans rencontrer le moindre être humain.
A part des chiens boiteux et des chats sans poil, il n'y a rien ici.
Quand soudain...
"Yoooo !
- Sofiane ! lançai-je
- Héhé kho, tranquille ou quoi ?
- Normal, normal..."
Sofiane me check et me fait signe de le suivre.
Nous traversons les rues, empruntons des petits chemins pour finalement arriver dans une sorte de petite place invisible de l'extérieur.
Au milieu de cette place, un homme est assis sur un fauteuil en cuir. Il doit avoir quoi, 30 ans tout au plus.
Il est sapé en costume, élégant le bougre.
L'archétype du rebeu de cité.
Sofiane lui chuchote quelque chose à l'oreille puis disparaît en me faisant un clin d'oeil.
Puis l'homme en costard lève les yeux vers moi et dit "Viens. Assis-toi mec."
Je m'exécute. Je m'assieds sur un fauteuil identique au premier, et à ce moment là je repasse dans ma la scène de Matrix avec Morpheus et Néo. Je m'attends à ce que le mec en costard sorte de sa poche une pilule rouge.
Et c'est qu'il fait. Il sort une petite pilule rouge de sa poche et la tient entre son pouce et son index, en la faisant tourner dans tous les sens comme s'il s'agissait d'un objet rare.
J'étais mal à l'aise. Je me demandais ce qui était en train de se passer : était-ce un rêve ? Allait-il se passer la même chose comme dans le film ?
Je n'étais plus sûr de rien, et l'homme en costard le savait.
Il lâche du regard la pilule et pose ses yeux sur moi.
"Tu te demandes ce qui se passe, n'est-ce pas ?"
Sa voix est claire, sans accent. Neutre. Et froide.
"Je sais à quoi tu penses... Néo ?" me dit-il en souriant.
Je ne réponds pas et me contente de le regarder.
Peut-être était-ce un test, peut-être se foutait-il de moi.
"Bah alors, tu ne sais pas de quoi je parle ? demande-t-il, surpris.
- Si... Matrix...
- Ah ! Je savais bien que t'étais pas aussi con que tous ces putains de beurs !"
Il tourne le fauteuil pour être complétement face à moi.
" Tu vois cette petite pilule ? Elle fait l'effet totalement inverse de celle du film.
Cette petite pilule est remplie de cocaïne.
Elle est encore plus vicieuse que la pilule bleue : non seulement elle te laisse dans l'illusion totale qui constitue ce monde, mais en plus de ça elle te projette dans une nouvelle illusion, plus forte, plus prenante, et surtout... plus addictive.
Cette merde vend du rêve. Et toi, t'es le marchand de sable."
Il s'était arrêté, et s'était approché de moi. Sa bouche était à quelques centimètres de mon oreille.
"Si tu es un bon vendeur de rêve, le tien pourra vite devenir réalité..."
Puis il se rassied dans son fauteuil et me sourit.
"Alors, qu'est-ce que tu en penses ?
- Et bien... Dit comme ça, c'est vraiment tentant.
- Ca l'est.
- Mais j'ai une question...
- Je t'écoute.
- Pourquoi une pilule rouge, si son effet se rapproche plus de la bleue ?
- Ahahah ! T'es malin toi !
Une pilule rouge, pour faire croire à tous ces connards de junkie qu'ils sont dans le vrai.
Donner l'illusion d'une illusion...
- Pour en vendre une autre, totalement opposée...
- Exactement...
Alors tu marches ?"
Je devais prendre une décision. Le choix m'appartenait.
Avec toute la responsabilité qui en découle.
D'un côté, je pouvais retourner à ma petite vie tranquille. Continuer un BTS merdique et attendre que ça se passe.
De l'autre, je pouvais m'embarquer dans une aventure inconnue, au risque de finir au trou ou de me faire planter par un enculé pour quelques billets.
Le choix m'appartenait.
Avec toute la responsabilité qui en découle.
"Je marche.
- Très bien. tu vois la porte bleue derrière moi ?
- Oui.
- Passe la. Sofiane t'attend, il t'expliquera comment ça marche. Je passerai te voir à midi.
Tu peux y aller."
Je me lève, souris à mon nouvel employeur et avance en direction de la porte bleue. Une vieille porte en bois à moitié décolorée.
"Hey !"
Je me retourne.
Le boss ne me regarde pas, il est resté assis dans son fauteuil.
"Tu consommes ?
- La coke ? ...Nan.
- C'est bien. Continues comme ça."
Je reste là, figé, bêtement, quelques secondes, puis je me ressaisis et ouvre la porte bleue.
J'entre dans une pièce faiblement éclairée par une ampoule.
Je referme la porte et m'engouffre dans ce qui semble être un couloir. Les murs sont délabrés et la crasse a pris possession du sol.
Quand je sors enfin du couloir, Sofiane est là.
Il me sourit et me lance "Bienvenue dans la famille !"