Note de la fic : Non notée
Publié le 19/08/2013 à 01:14:12 par Pseudo supprimé
"Évidemment, je savais chevaucher. A une époque sans voitures, sans avions, avec pour seul moyen de transport moderne le train, j'avais pas le choix..."
"Pause. J'suis crevé, vieux tas."
CigaretteMan allumait a nouveau une de ses friandises. Il demanda a ce qu'on apporte un café. L’ancêtre toussa dans un mouchoir, et demanda pourquoi "Il fallait continuer a chercher le meurtre d'une femme morte il y a plusieurs dizaines d'années".
"Vous savez, le vieux, c'est pas moi qui choisis. Où que vous soyez dans la hiérarchie, vous avez toujours des chefs. Même les chefs ont des chefs. Dieu a un chef. Vous avez un chef. J'ai un chef. Le mien m'a donné pour ordre de vous faire avouer que vous aviez tué cette femme."
"Et vous comptez le faire?"
Les deux échangèrent un sourire qui voulait bien dire qu'ils avaient tous les deux le même but: Rentrer chez eux et dormir.
"Je commence a avoir des doutes. Mais un homme est venu au commissariat. Il a été capable d'attendre quatre heures le temps qu'on retrouve le dossier de la fille, a donné des détails troublants et vous a accusés de l'avoir violé, tiré dans le dos, encore violé, puis vous vous seriez cassé. Et il me paraissait fiable."
"Vous n'avez pas d'autres chats a fouetter plutôt que de torturer un vieillard malade? Je sais pas, dans le même genre... Empêcher des manifestations de soutien a la Famille Kennedy? "
"Bon, reprenez votre histoire, même si je sais pas où ça va nous mener, vos conneries."
"J'ai pris un cheval. Un cheval tacheté. Mon cheval. Mon père m'avait appris a monter très jeune, et il m'avait donné cette bête dès que j'ai su chevaucher. Quand j'étais petit, je pensais que c'était des vaches plus maigres que les autres. Les enfants sont naïfs. J'étais encore un enfant. Je n'avais jamais vraiment aimé mon père, mais ma mère... Elle avait été là pour moi tout le temps, et sa vie a été stoppée par une balle de gros calibre. Je me suis posée des questions sur sa mort. A-t-elle sentie la balle traverser son corps? Ou est-elle morte sur le coup? Était-elle plus triste de mourir, ou de me laisser seule?
Vous savez, je ne crois pas en Dieu. Mais si il existe, c'est un connard. Je me demande ce que ma mère avait fait pour se prendre ça dans la gueule. Elle avait épousé un mari un peu porté sur la bouteille et qui aimait jouer. Était-ce un mal? Elle était amoureuse. Elle l'était encore quand elle le voyait rentrer complètement saoul, ou quand il devait vendre du bétail moins cher pour regagner l'argent perdu aux jeux. Toujours utile qu'il devait être une heure du matin, que j'avais un pistolet de petit calibre sur moi, quelques dollars, et des... Je ne sais même pas quoi aux trousses. Je les appellerais... Des mercenaires. Payés pour tuer. Plutôt des assassins.
La ville la plus proche se trouvant a plusieurs minutes a cheval, j'avais eu le temps de réfléchir sur la suite des évènements, pleurant a chaudes larmes. J'avais quelques amis dans les ranchs voisins, mais je ne voulais pas qu'ils aient des problèmes par ma faute. J'allais tout simplement prévenir un représentant de l'ordre. Normalement, le marshall devait être au bar en train de siroter une boisson alcoolisée, telle qu'elle soit.
Grapeland. Ce nom me rappelle des trucs. C'était la caricature de la petite ville du Texas. Il devait y avoir, au maximum, 500 habitants, qui se connaissaient tous, un marshall élu, un hôtel, des petites boutiques, un saloon, des prostituées, des alcooliques. La ville Texane comme on l'imagine. Grapeland était d'ailleurs en plein travaux a ce moment là. La voie de chemin de fer allait s'installer a proximité de la ville, et on se préparait a accueillir les nouveaux arrivants.
Comme je l'avais prédis, j'ai trouvé le Marshall dans le bâtiment. C'était lui-même une caricature d'agent de la loi. Petite moustache, chapeau, pas trop gros, bien habillé. Je savais que les abrutis armés arriveraient tôt ou tard. Ce n'était qu'une question de minutes, et ils seraient en rogne. J'ai été accueilli par une femme a moitié nue qui m'a demandé si je voulais un petit cadeau. Je lui est poliment dit d'aller se faire foutre. J'étais au bord des larmes, je n'en pouvais plus, j'avais pas le courage de répondre gentiment a une pute. Je me suis assis au coté du Marshall, qui m'a salué, a viré une autre pute d'un revers de la main, et, étrangement, m'a écouté avec attention. C'était un homme bon. Un alcoolique, mais un homme bon.
Plusieurs fois il avait sauvé le ranch de mes parents. En croisant son regard d'un bleu perçant, je me rappelais du jour où il avait prêté de l'argent a mes parents pour qu'ils achètent la vieille maison qui allait devenir le Ranch. Je me rappelais aussi de cette fois où il avait empêché mon père de boire la bière de trop. Un homme bon. La dernière fois que je le voyais, sûrement. Il m'a payé une chambre d’hôtel pour la nuit. Le lendemain, on m'a signalé que plusieurs personnes armées et avec l'air pas commodes étaient venues pour chercher "Un jeune d’à peu près vingt ans aux cheveux blonds". Ils ont aussi signalés qu'ils reviendraient dans les jours qui suivent.
Et là, un truc c'est brisé en moi. Je ne sais pas comment j'avais fait pour rester debout. Je me suis rendu compte que je venais de perdre mes parents, mon foyer, tout. Et une envie. Je voulais prendre mon cheval, explorer l'ouest. Je voulais partir d'un bout a l'autre des USA. Je n'avais pas le choix. Il fallait que je me prépare. Je vous préviens, allez chercher du café, ami flics. En gros, j'allais partir dans une direction inconnue pour échapper a un groupe de personnes armées apparemment assez organisées.
Après une ou deux minutes a cheval, j'ai mis le pied a terre, je me suis agenouillée, au milieu d'un grand trou désert. J'ai hurlé. Et j'ai pleuré. J'ai pleuré une heure, j'ai pleuré sur toute ma vie, qui était maintenant réduite a un petit revolver, un cheval, une chemise, un jean et un peu d'argent. Je n'en pouvais plus. Je..."
La vue de ce vieux minable, torturé, la barbe tachée de sang était déjà difficile a supporter, et il se mit a pleurer. Légèrement, pas des gros sanglots qui nous aident a relativiser, quelques grosses larmes, très salées, qui coulent lentement. Des grosses larmes. On lui apporta un mouchoir, et il repris son récit.
"Pause. J'suis crevé, vieux tas."
CigaretteMan allumait a nouveau une de ses friandises. Il demanda a ce qu'on apporte un café. L’ancêtre toussa dans un mouchoir, et demanda pourquoi "Il fallait continuer a chercher le meurtre d'une femme morte il y a plusieurs dizaines d'années".
"Vous savez, le vieux, c'est pas moi qui choisis. Où que vous soyez dans la hiérarchie, vous avez toujours des chefs. Même les chefs ont des chefs. Dieu a un chef. Vous avez un chef. J'ai un chef. Le mien m'a donné pour ordre de vous faire avouer que vous aviez tué cette femme."
"Et vous comptez le faire?"
Les deux échangèrent un sourire qui voulait bien dire qu'ils avaient tous les deux le même but: Rentrer chez eux et dormir.
"Je commence a avoir des doutes. Mais un homme est venu au commissariat. Il a été capable d'attendre quatre heures le temps qu'on retrouve le dossier de la fille, a donné des détails troublants et vous a accusés de l'avoir violé, tiré dans le dos, encore violé, puis vous vous seriez cassé. Et il me paraissait fiable."
"Vous n'avez pas d'autres chats a fouetter plutôt que de torturer un vieillard malade? Je sais pas, dans le même genre... Empêcher des manifestations de soutien a la Famille Kennedy? "
"Bon, reprenez votre histoire, même si je sais pas où ça va nous mener, vos conneries."
"J'ai pris un cheval. Un cheval tacheté. Mon cheval. Mon père m'avait appris a monter très jeune, et il m'avait donné cette bête dès que j'ai su chevaucher. Quand j'étais petit, je pensais que c'était des vaches plus maigres que les autres. Les enfants sont naïfs. J'étais encore un enfant. Je n'avais jamais vraiment aimé mon père, mais ma mère... Elle avait été là pour moi tout le temps, et sa vie a été stoppée par une balle de gros calibre. Je me suis posée des questions sur sa mort. A-t-elle sentie la balle traverser son corps? Ou est-elle morte sur le coup? Était-elle plus triste de mourir, ou de me laisser seule?
Vous savez, je ne crois pas en Dieu. Mais si il existe, c'est un connard. Je me demande ce que ma mère avait fait pour se prendre ça dans la gueule. Elle avait épousé un mari un peu porté sur la bouteille et qui aimait jouer. Était-ce un mal? Elle était amoureuse. Elle l'était encore quand elle le voyait rentrer complètement saoul, ou quand il devait vendre du bétail moins cher pour regagner l'argent perdu aux jeux. Toujours utile qu'il devait être une heure du matin, que j'avais un pistolet de petit calibre sur moi, quelques dollars, et des... Je ne sais même pas quoi aux trousses. Je les appellerais... Des mercenaires. Payés pour tuer. Plutôt des assassins.
La ville la plus proche se trouvant a plusieurs minutes a cheval, j'avais eu le temps de réfléchir sur la suite des évènements, pleurant a chaudes larmes. J'avais quelques amis dans les ranchs voisins, mais je ne voulais pas qu'ils aient des problèmes par ma faute. J'allais tout simplement prévenir un représentant de l'ordre. Normalement, le marshall devait être au bar en train de siroter une boisson alcoolisée, telle qu'elle soit.
Grapeland. Ce nom me rappelle des trucs. C'était la caricature de la petite ville du Texas. Il devait y avoir, au maximum, 500 habitants, qui se connaissaient tous, un marshall élu, un hôtel, des petites boutiques, un saloon, des prostituées, des alcooliques. La ville Texane comme on l'imagine. Grapeland était d'ailleurs en plein travaux a ce moment là. La voie de chemin de fer allait s'installer a proximité de la ville, et on se préparait a accueillir les nouveaux arrivants.
Comme je l'avais prédis, j'ai trouvé le Marshall dans le bâtiment. C'était lui-même une caricature d'agent de la loi. Petite moustache, chapeau, pas trop gros, bien habillé. Je savais que les abrutis armés arriveraient tôt ou tard. Ce n'était qu'une question de minutes, et ils seraient en rogne. J'ai été accueilli par une femme a moitié nue qui m'a demandé si je voulais un petit cadeau. Je lui est poliment dit d'aller se faire foutre. J'étais au bord des larmes, je n'en pouvais plus, j'avais pas le courage de répondre gentiment a une pute. Je me suis assis au coté du Marshall, qui m'a salué, a viré une autre pute d'un revers de la main, et, étrangement, m'a écouté avec attention. C'était un homme bon. Un alcoolique, mais un homme bon.
Plusieurs fois il avait sauvé le ranch de mes parents. En croisant son regard d'un bleu perçant, je me rappelais du jour où il avait prêté de l'argent a mes parents pour qu'ils achètent la vieille maison qui allait devenir le Ranch. Je me rappelais aussi de cette fois où il avait empêché mon père de boire la bière de trop. Un homme bon. La dernière fois que je le voyais, sûrement. Il m'a payé une chambre d’hôtel pour la nuit. Le lendemain, on m'a signalé que plusieurs personnes armées et avec l'air pas commodes étaient venues pour chercher "Un jeune d’à peu près vingt ans aux cheveux blonds". Ils ont aussi signalés qu'ils reviendraient dans les jours qui suivent.
Et là, un truc c'est brisé en moi. Je ne sais pas comment j'avais fait pour rester debout. Je me suis rendu compte que je venais de perdre mes parents, mon foyer, tout. Et une envie. Je voulais prendre mon cheval, explorer l'ouest. Je voulais partir d'un bout a l'autre des USA. Je n'avais pas le choix. Il fallait que je me prépare. Je vous préviens, allez chercher du café, ami flics. En gros, j'allais partir dans une direction inconnue pour échapper a un groupe de personnes armées apparemment assez organisées.
Après une ou deux minutes a cheval, j'ai mis le pied a terre, je me suis agenouillée, au milieu d'un grand trou désert. J'ai hurlé. Et j'ai pleuré. J'ai pleuré une heure, j'ai pleuré sur toute ma vie, qui était maintenant réduite a un petit revolver, un cheval, une chemise, un jean et un peu d'argent. Je n'en pouvais plus. Je..."
La vue de ce vieux minable, torturé, la barbe tachée de sang était déjà difficile a supporter, et il se mit a pleurer. Légèrement, pas des gros sanglots qui nous aident a relativiser, quelques grosses larmes, très salées, qui coulent lentement. Des grosses larmes. On lui apporta un mouchoir, et il repris son récit.