Note de la fic : Non notée
Publié le 19/08/2013 à 01:17:50 par Pseudo supprimé
La porte d'obsidienne se referma dans un grand fracas. Le docteur K. ne semblait même pas l'avoir remarqué. Il était à présent concentré sur l'inscription qui s'était matérialisée devant ses yeux.
Que le plus jeune s'avance vers la machine. Que son compagnon reste en arrière. K. ajusta ses lunettes et cligna des yeux, pensant avoir mal lu. La gravure sur l'autel semblait à présent s'être stabilisée.
Se retournant, K fit signe à un Paulo terrifié de s'avancer. Celui-ci, hésitant, marcha vers le cristal qui éclairait la pièce. Le docteur s'isola dans un coin de la salle, tentant de réfléchir. Ils étaient à présent prisonniers... Il essaya plusieurs fois d'utiliser son ordinateur portable. Celui-ci ne fonctionnait pas. K. ne désirait pas vraiment s'en sortir. Même si il mourrait ici, il mourrait heureux, ayant appris de grands secrets. Le problème, c'était Paulo. Lui n'avait jamais partagé le goût du docteur K. pour la science.
Comme la plupart des êtres humains, il préférait la liberté à la connaissance. Non, K devait trouver un moyen de sortir d'ici, ne serait-ce que par respect pour la fidélité du jeune métis. Voyons.. Personne ne savait où ils étaient. Le docteur avait eu peur qu'on ne le coiffe au poteau. Aucun appareil ne semblait fonctionner ici. Il devait pourtant y avoir un moyen... Alors que le docteur se faisait ces réflexions, la voix retentit à nouveau, plus douce cette fois.
-Approche près de l'autel. Je n'aurai qu'une question à te poser. Quoi que tu réponde, tu seras libre de partir. Mais répond de la manière la plus sincère possible.
Paulo déglutit, et acquiesça. De toute sa vie, il n'avait jamais ressenti une telle peur. Ce n'était pas la terreur qu'il avait ressenti lorsque la voix avait pris la parole pour la première fois. Non, c'était un sentiment diffus, insidieux. La peur de l'échec. Pourtant, si l'autel disait la vérité, il ne pouvait y avoir d'échec. Mais ce sentiment d'angoisse l'envahissait à présent, sans que sa raison ne puisse prendre le dessus.
-Qu'est ce qui mène à la connaissance, est-ce l'expérience ou l'imagination? Interrogea l'autel.
La réponse s'imposa à Paulo, sans qu'il aie le temps de réfléchir. Le docteur, qui avait suivi avec un intérêt très scientifique les paroles de la voix, se demanda si lui-même aurait pu répondre sincèrement à cette question. Dans tous ses travaux, il avait été guidé par la volonté de découvrir, par sa capacité à établir les théories les plus légères et les plus improbables, puis à chercher pendant des années l'élément qui pouvait les confirmer. Souvent en vain. Pourtant... Il avait la récompense de tous ses efforts devant ses yeux, à présent... K. était un homme de science. Il n'avait pas de famille. C'était sa passion pour l'histoire qui lui donnait un but. Aurait-il pu contredire tout ce qu'on lui avait appris, tout ce que les sciences modernes préconisaient? Rechercher la vérité. Par la méthode. Par l'expérience. Ce que K. n'avait jamais fait, mais qu'il respectait tant.
Le docteur fut soudain rassuré que ce dût être Paulo qui réponde à la question. Lui, peut être, pourrait répondre avec sincérité.
Ce qu'il fit. D'une voix tremblante, sans chercher plus loin que sa première intuition.
-L'imagination.
La lourde porte noire resta fermée, et la voix n'intervint plus. La peur étranglait Paulo à présent. L'autel ne tiendrait pas sa parole... Alors qu'il avait baissé la tête, abattu, l'autel s'anima à nouveau. Les cubes lumineux se mirent à tourner plus rapidement, jusqu'à se fondre dans un ovale éblouissant. Celui-ci explosa soudain, aveuglant Paulo et le docteur qui s'était approché. Lorsqu'ils retrouvèrent leurs esprits, ils constatèrent avec stupeur que l'autel avait disparu. À la place, se tenait un être de cristal, de taille et de forme humaine. Il était accroupi au sol, tenant entre ses mains une petite pierre lumineuse.
Lorsqu'il parla pour la première fois, les deux explorateurs reconnurent une voix presque humaine. La statue, si l'on pouvait l'appeler ainsi, avait les yeux mi-clos, et une expression bienveillante figée sur le visage. Ses lèvres de pierre bougeaient lentement lorsqu'il parlait.
-Asseyez vous, je vous en prie. Au sol, il n'y a pas de siège ici, malheureusement.
Paulo et le docteur obtempérèrent.
-Bien, lorsque vous m'aurez écouté, je vous laisserai un choix. De partir, en ayant tout oublié, ou de continuer. Je dois vous dire que vous seriez les premiers. Vous aurez peut être des questions. Je n'y répondrai pas. Vous pouvez me croire, ou ne pas me croire, libre à vous.
L'être s'interrompit un instant, puis reprit la parole.
-Sachez d'abord que le récit que vous allez entendre remettra en question toutes vos connaissances. Je ne vous demande pas de me croire. Vous m'excuserez de mon petit spectacle de tout à l'heure. C'est généralement nécessaire pour obtenir l'attention du genre humain. La question que je vous ai posée avait un intérêt mineur. J'y reviendrai.
Prenons un point de départ. Moi. Je me nomme Xa200. Je suis l'entité qui garde ce temple depuis cent millénaires.
Le docteur tiqua, et haussa les sourcils.
-Oui, cent millénaires, poursuivit l'être. L'humanité est beaucoup plus vieille que ce que vous imaginez. Il y a cent-dix mille ans, la civilisation Nazca naissait. Les raisons de son apparition sont... obscures. D'aucuns disent qu'ils venaient d'autres planètes. Mais actuellement, beaucoup de nos éminents savants en doutent. À l'époque, les Nazcas étaient primitifs.
Cette civilisation s'est développée... rapidement. Au bout de dix mille ans, elle avait atteint un niveau technologique extrêmement avancé, et s'était étendue sur la plus grande partie de la terre. Ils avaient la capacité... De donner vie à la pierre. Enfin, il y a bien sur des explications scientifiques. Mais... je suis uniquement de cristal. Il n'y a pas de mécanisme. Je ne pourrais vous expliquer le processus. Ce fut à ce moment que les prêtres doutèrent. L'homme était allé trop loin. Ils tentèrent de convaincre la classe dirigeante d'arrêter là le développement technologique. Ceux-ci... refusèrent. Ils voulaient... autre chose encore. L'immortalité. Ils la considéraient comme un aboutissement de la science.
Ils y parvinrent. Mais dans leur folie, ils crurent atteindre le pouvoir absolu. Une guerre civile éclata dans l'empire. Les dirigeants, fous d'envie et de puissance, détruisirent eux mêmes ce qu'ils avaient construit. Le secret de l'immortalité fut perdu. Les prêtres seuls le détenaient, et le conservaient, sans l'utiliser. La terre sombra dans le chaos des guerres intestines. Notre... technologie... transforma la terre en un désert aride, ou même l'air devenait irrespirable. Les prêtres décidèrent alors de mener ce qui restait de leur peuple... ailleurs.
Ils empruntèrent d'immense vaisseaux de transport, et partirent. L'un d'entre eux eut cependant des remords. Avec ses adeptes, il s'installa dans un petit vaisseau, sur une île. Il voulait réparer les erreurs de son peuple. Il reprit les plans de la machine qui offrait l'immortalité, et tenta de les modifier. Au bout de plusieurs centaines d'années, avant sa mort, il y parvint. Avec l'aide de ses disciples, il construisit une machine capable d'insuffler la vie, au lieu de la conserver. Il l'enfouit sous terre, et donna ainsi une deuxième chance à cette planète. Il pria de toute sa foi pour que jamais une espèce évoluée ne parvint à se développer ici à nouveau. Il savait cependant que sa prière était vaine. Le prêtre donna alors à ses disciples ses dernières volontés. Il fallait détruire toute trace des Nazcas, pour éviter que la prochaine espèce qui chercherait à avancer technologiquement ne puisse s'appuyer sur les travaux de l'empire. Il espérait ainsi retarder le prochain cataclysme. Le prêtre était cependant conscient que cela ne suffisait pas. Il ordonna à ses disciples de construire ce temple. La porte d'obsidienne de la dernière salle resterait résolument scellée et invisible. Jusqu'à ce que l'humanité soit prête...
Il me dota d'une intelligence. Je devais accueillir ceux qui auraient l'esprit assez ouvert pour comprendre, leur raconter, puis leur proposer le choix. Jusqu'à enfin trouver des humains suffisamment sincères et courageux pour accomplir une tâche très particulière.
L'humanité... doit partir. Elle doit quitter cette planète. Vous, humains, avez le pouvoir d'éviter le second cataclysme. Si vous ne partez pas, vous serez l'instrument de votre propre destruction. L'heure du choix a maintenant sonné. Vous pouvez sortir d'ici, en ayant oublié. Ou vous pouvez... continuer. Partir à la rencontre de votre destin. Pour que vous soyez capables, vous, et vous seuls, de guider l'humanité.
Que le plus jeune s'avance vers la machine. Que son compagnon reste en arrière. K. ajusta ses lunettes et cligna des yeux, pensant avoir mal lu. La gravure sur l'autel semblait à présent s'être stabilisée.
Se retournant, K fit signe à un Paulo terrifié de s'avancer. Celui-ci, hésitant, marcha vers le cristal qui éclairait la pièce. Le docteur s'isola dans un coin de la salle, tentant de réfléchir. Ils étaient à présent prisonniers... Il essaya plusieurs fois d'utiliser son ordinateur portable. Celui-ci ne fonctionnait pas. K. ne désirait pas vraiment s'en sortir. Même si il mourrait ici, il mourrait heureux, ayant appris de grands secrets. Le problème, c'était Paulo. Lui n'avait jamais partagé le goût du docteur K. pour la science.
Comme la plupart des êtres humains, il préférait la liberté à la connaissance. Non, K devait trouver un moyen de sortir d'ici, ne serait-ce que par respect pour la fidélité du jeune métis. Voyons.. Personne ne savait où ils étaient. Le docteur avait eu peur qu'on ne le coiffe au poteau. Aucun appareil ne semblait fonctionner ici. Il devait pourtant y avoir un moyen... Alors que le docteur se faisait ces réflexions, la voix retentit à nouveau, plus douce cette fois.
-Approche près de l'autel. Je n'aurai qu'une question à te poser. Quoi que tu réponde, tu seras libre de partir. Mais répond de la manière la plus sincère possible.
Paulo déglutit, et acquiesça. De toute sa vie, il n'avait jamais ressenti une telle peur. Ce n'était pas la terreur qu'il avait ressenti lorsque la voix avait pris la parole pour la première fois. Non, c'était un sentiment diffus, insidieux. La peur de l'échec. Pourtant, si l'autel disait la vérité, il ne pouvait y avoir d'échec. Mais ce sentiment d'angoisse l'envahissait à présent, sans que sa raison ne puisse prendre le dessus.
-Qu'est ce qui mène à la connaissance, est-ce l'expérience ou l'imagination? Interrogea l'autel.
La réponse s'imposa à Paulo, sans qu'il aie le temps de réfléchir. Le docteur, qui avait suivi avec un intérêt très scientifique les paroles de la voix, se demanda si lui-même aurait pu répondre sincèrement à cette question. Dans tous ses travaux, il avait été guidé par la volonté de découvrir, par sa capacité à établir les théories les plus légères et les plus improbables, puis à chercher pendant des années l'élément qui pouvait les confirmer. Souvent en vain. Pourtant... Il avait la récompense de tous ses efforts devant ses yeux, à présent... K. était un homme de science. Il n'avait pas de famille. C'était sa passion pour l'histoire qui lui donnait un but. Aurait-il pu contredire tout ce qu'on lui avait appris, tout ce que les sciences modernes préconisaient? Rechercher la vérité. Par la méthode. Par l'expérience. Ce que K. n'avait jamais fait, mais qu'il respectait tant.
Le docteur fut soudain rassuré que ce dût être Paulo qui réponde à la question. Lui, peut être, pourrait répondre avec sincérité.
Ce qu'il fit. D'une voix tremblante, sans chercher plus loin que sa première intuition.
-L'imagination.
La lourde porte noire resta fermée, et la voix n'intervint plus. La peur étranglait Paulo à présent. L'autel ne tiendrait pas sa parole... Alors qu'il avait baissé la tête, abattu, l'autel s'anima à nouveau. Les cubes lumineux se mirent à tourner plus rapidement, jusqu'à se fondre dans un ovale éblouissant. Celui-ci explosa soudain, aveuglant Paulo et le docteur qui s'était approché. Lorsqu'ils retrouvèrent leurs esprits, ils constatèrent avec stupeur que l'autel avait disparu. À la place, se tenait un être de cristal, de taille et de forme humaine. Il était accroupi au sol, tenant entre ses mains une petite pierre lumineuse.
Lorsqu'il parla pour la première fois, les deux explorateurs reconnurent une voix presque humaine. La statue, si l'on pouvait l'appeler ainsi, avait les yeux mi-clos, et une expression bienveillante figée sur le visage. Ses lèvres de pierre bougeaient lentement lorsqu'il parlait.
-Asseyez vous, je vous en prie. Au sol, il n'y a pas de siège ici, malheureusement.
Paulo et le docteur obtempérèrent.
-Bien, lorsque vous m'aurez écouté, je vous laisserai un choix. De partir, en ayant tout oublié, ou de continuer. Je dois vous dire que vous seriez les premiers. Vous aurez peut être des questions. Je n'y répondrai pas. Vous pouvez me croire, ou ne pas me croire, libre à vous.
L'être s'interrompit un instant, puis reprit la parole.
-Sachez d'abord que le récit que vous allez entendre remettra en question toutes vos connaissances. Je ne vous demande pas de me croire. Vous m'excuserez de mon petit spectacle de tout à l'heure. C'est généralement nécessaire pour obtenir l'attention du genre humain. La question que je vous ai posée avait un intérêt mineur. J'y reviendrai.
Prenons un point de départ. Moi. Je me nomme Xa200. Je suis l'entité qui garde ce temple depuis cent millénaires.
Le docteur tiqua, et haussa les sourcils.
-Oui, cent millénaires, poursuivit l'être. L'humanité est beaucoup plus vieille que ce que vous imaginez. Il y a cent-dix mille ans, la civilisation Nazca naissait. Les raisons de son apparition sont... obscures. D'aucuns disent qu'ils venaient d'autres planètes. Mais actuellement, beaucoup de nos éminents savants en doutent. À l'époque, les Nazcas étaient primitifs.
Cette civilisation s'est développée... rapidement. Au bout de dix mille ans, elle avait atteint un niveau technologique extrêmement avancé, et s'était étendue sur la plus grande partie de la terre. Ils avaient la capacité... De donner vie à la pierre. Enfin, il y a bien sur des explications scientifiques. Mais... je suis uniquement de cristal. Il n'y a pas de mécanisme. Je ne pourrais vous expliquer le processus. Ce fut à ce moment que les prêtres doutèrent. L'homme était allé trop loin. Ils tentèrent de convaincre la classe dirigeante d'arrêter là le développement technologique. Ceux-ci... refusèrent. Ils voulaient... autre chose encore. L'immortalité. Ils la considéraient comme un aboutissement de la science.
Ils y parvinrent. Mais dans leur folie, ils crurent atteindre le pouvoir absolu. Une guerre civile éclata dans l'empire. Les dirigeants, fous d'envie et de puissance, détruisirent eux mêmes ce qu'ils avaient construit. Le secret de l'immortalité fut perdu. Les prêtres seuls le détenaient, et le conservaient, sans l'utiliser. La terre sombra dans le chaos des guerres intestines. Notre... technologie... transforma la terre en un désert aride, ou même l'air devenait irrespirable. Les prêtres décidèrent alors de mener ce qui restait de leur peuple... ailleurs.
Ils empruntèrent d'immense vaisseaux de transport, et partirent. L'un d'entre eux eut cependant des remords. Avec ses adeptes, il s'installa dans un petit vaisseau, sur une île. Il voulait réparer les erreurs de son peuple. Il reprit les plans de la machine qui offrait l'immortalité, et tenta de les modifier. Au bout de plusieurs centaines d'années, avant sa mort, il y parvint. Avec l'aide de ses disciples, il construisit une machine capable d'insuffler la vie, au lieu de la conserver. Il l'enfouit sous terre, et donna ainsi une deuxième chance à cette planète. Il pria de toute sa foi pour que jamais une espèce évoluée ne parvint à se développer ici à nouveau. Il savait cependant que sa prière était vaine. Le prêtre donna alors à ses disciples ses dernières volontés. Il fallait détruire toute trace des Nazcas, pour éviter que la prochaine espèce qui chercherait à avancer technologiquement ne puisse s'appuyer sur les travaux de l'empire. Il espérait ainsi retarder le prochain cataclysme. Le prêtre était cependant conscient que cela ne suffisait pas. Il ordonna à ses disciples de construire ce temple. La porte d'obsidienne de la dernière salle resterait résolument scellée et invisible. Jusqu'à ce que l'humanité soit prête...
Il me dota d'une intelligence. Je devais accueillir ceux qui auraient l'esprit assez ouvert pour comprendre, leur raconter, puis leur proposer le choix. Jusqu'à enfin trouver des humains suffisamment sincères et courageux pour accomplir une tâche très particulière.
L'humanité... doit partir. Elle doit quitter cette planète. Vous, humains, avez le pouvoir d'éviter le second cataclysme. Si vous ne partez pas, vous serez l'instrument de votre propre destruction. L'heure du choix a maintenant sonné. Vous pouvez sortir d'ici, en ayant oublié. Ou vous pouvez... continuer. Partir à la rencontre de votre destin. Pour que vous soyez capables, vous, et vous seuls, de guider l'humanité.