Note de la fic : Non notée

Kaileena,_l__Imperatrice_du_Temps_[V2]_


Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Statut : C'est compliqué



Chapitre 23 : Que l'Obscurité Soit (dernière suite)


Publié le 19/08/2013 à 01:13:49 par Pseudo supprimé

Nous dormîmes à la belle étoile...
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Je ne parvenais pas à m'assoupir. Quelques grillons résonnaient timidement dans la jungle somnolante. La lune éclairait telle un phare notre modeste campement. Et la lune ? Quel âge pouvait-elle bien avoir ? J'étais encore subjuguée par mon précédent pouvoir, rêveuse sous l'astre prédicateur. Je voulais tout dater. Tout savoir. Tout comprendre. Je n'avais pensé à rien d'autre depuis que Zohak et moi nous étions souhaités bonne nuit. J'observais à nouveau mon ami, assise sur mon matelas végétal. Il s'était couché dos à moi, les membres repliés, blottis sous ses draps. Il n'avait pas bougé depuis trois heures et demi. J'en déduisais qu'il dormait. Mais il arrive que la vérité porte plusieurs visages, et que les raisonnements logiques ne soient pas le seul moyen d'y accéder. Derrière son masque retourné, Zohak n'avait pu fermer l'oeil plus de quelques minutes...

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« Zohak... ? hasardai-je dans un murmure.
Il ne me répondit point, et imita peut-être même quelques ronflements. Mais une adolescente ne se laisse jamais abattre du premier coup.
- Zohak, tu dors... ? répétai-je dans le silence nocturne.
- Moui... ? bredouilla-t-il alors.
- Comment était mon père ?
Il se tut à nouveau. Après un temps, il se redressa doucement vers moi. Je devinais son étonnement, malgré l'obscurité.
- Ton père... ?
- Tu répètes toujours mes questions ?

Il ferma les yeux en soupirant, fatigué.
- Il est tard... pourquoi maintenant ?
- Je n'arrive pas à dormir... Et je m'ennuie... Tu peux me raconter sa vie, comme ça j'aurais de quoi rêver.
J'étais assez dégourdie, dans le mensonge.
- Hmmm... ton père... marmonna-t-il en baillant. Ton père était notre dieu... Nous lui rendions hommage chaque journée...
- D'accord... mais lui ? Qui était-il ? A quoi ressemblait-il ?
- Oh... Il était très majestueux... Vraiment resplendissant...
- Décris le moi...
- Il avait une tête de lion... quatre ailes immenses... et un grand sceptre...
Je ne parvins à feinter la surprise, mais l?obscurité me rendit ce service.

- Et sinon ? Il était gentil ? Qu'est-ce qu'il aimait ?
- Je ne te souhaite pas de rêver de sa personnalité, ni de ses goûts, répondit-il sèchement.
- Il était vraiment si morbide... ?
Il étouffa un rire nonchalant.
- Pense bien, Kaily, que nous nraurions fait un si long trajet s'il n'y avait réellement eu raison de craindre sa colère...
- Quel trajet ?
Il y eut un nouveau silence.

Zohak reprit :
- Je voulais parler de ton évacuation...
J'observais le calme qui suivit ses paroles. Dans la pénombre, je vis le reflet de ses yeux me fixer attentivement, comme pour lire mes pensées. Lorsque je finis par baisser la tête, le zervaniste se recoucha dos à moi. Les insectes avait cessé de retentir. Mais j'avais besoin de savoir. Tout le monde a besoin de savoir.

- Allez... Tu peux bien me parler un peu plus de lui...
Zohak souffla d'exaspération.
- Tu ne l'as jamais fait... ! m'indignai-je.
- Et j'avais mes raisons, figure toi ! Qu'est-ce qu'il y a ? Tu penses que nous aurions voulu t'enlever à un valeureux ?!
- Je ne sais rien de ce que vous avez voulu faire...
- Et c'est tant mieux !

~°~.~°~.~
« Pourquoi donc ?
- Parce que ça ne te regarde pas !
- Mais c'est de moi qu'il s'agit, tout de même !
- Et bien tu n'as pas à le savoir !
- Mais c'est dégueulasse... !
- Eh ! 'Suffit ! Si tu continues, tu vas te prendre ma... »
~°~.~°~.~

Ma respiration se calma. Mon pouvoir de prédiction avait rarement été si efficace. Ce soir-là, il m'avait permis d'éviter de franchir cette dangereuse limite.
- Que m'importe ce que vous ayez voulu faire, repris-je, sur le ton le plus modéré. C'est mon père. Bon ou mauvais, je pense avoir le droit de savoir de qui je suis la fille. Pourquoi ne comprends-tu pas cela ?
Zohak me fixa, le visage grave.
- Tu veux vraiment le savoir ?
J'acquiesçai de la tête dans un silence religieux. Le temps parut se figer. L'expression de mon tuteur était plus noire que l'obscurité.

- Zervan était un monstre, commença-t-il enfin. Un démon de la pire espèce. Jamais je n'ai connu de roi plus cruel. Il passait ses journées à se baigner du sang des sacrifiées. Rien ne pouvait apaiser sa soif de violence et de barbarie. Tous les prêtres qui avaient osé contester ses ordres sanglants ont été torturés dans l'éternité dont il a pris possession. Il était impossible de contester sa suprématie. Jamais dans toute la Perse il n'y eut de domaine plus sordide que le temple sur le Damãvand. Et c'est encore bien peu de ce que je peux t'informer de la vie qu'on mène là-bas !

Il s'interrompit, les yeux tendus avec sévérité, agacé. J'essayais de dissimuler ma stupeur et de conserver mon calme. Après tout, le monde était déjà bien accoutumé aux tyrans, bien que cette révélation m'apprit à considérer mon tuteur sous un autre regard. Il avait beau être parfois un peu pénible, au moins n'était-il ni brutal ni odieux.
Et pourtant il y avait quelque chose d'autre dans le regard que je devinais à quelques mètres d'une sombre distance. Comme s'il guettait avec vigilance le jugement que je lui portais...
- Qu'est-ce que tu as, Zohak... ?
- Et bien, il y a juste que ça me... ça m'énerve que l'envie te prenne, comme ça, à l'improviste, de te fasciner pour l'homme qui t'a reniée... !
- Comment ça, "reniée" ?
- ... "t'Aurais" reniée.
- Qu'est-ce que tu en sais ? Vous lui avez demandé son avis ?
- Peut-être connais-tu Zervan mieux que nous... !
- C'est facile de me parler de haut ! Mais tu sais que je suis parfois mieux informée que toi ?
- Ah bon ! siffla Zohak, enfin piqué dans son orgueil. Tu veux dire que Zervan et toi vous voyez souvent ? Pendant le gouter, c'est ça, pendant que je dors ? Et il te rapporte des nouvelles de nos amis, en plus d'avoir à faire quelque chose de leur existence ? Mais qu'est-ce que tu crois savoir de lui ? Qu'est-ce qu'il peut t'avoir appris appris, hein ? A part les gènes, qu'est-ce qui fait de lui ton père ?

Je n'avais rien à lui répondre. En même temps, c'était moi qui posais les questions, et j'en avais depuis un moment délà obtenu les renseignements. Soit, il ne me restait plus qu'à éteindre mon instinct filiale. Je n'avais pour tout dire jamais vraiment eu l'esprit de famille. Zervan n'était pas mon père, en effet. Zohak non plus. Je n'avais pas de parent. Quoi que l'on dise, c'est à nous de les choisir.
- Oublie ce qu'aurait du t'apporter Zervan, m'ordonna le vieil homme. C'est moi qui aie été le seul à prendre soin de toi, durant toutes ces années. Toute ta vie. Moi je ne t'abandonnerai jamais.
Je lui souriais tendrement. Il était là pour veiller sur moi. Jamais il n'oserait adopter un aussi terrible comportement. C'est alors que je me remémorai soudain certaines sensations, à cette idée...

~°~.~°~.~
« Je t'accompagne, dans ton épreuve. Adieu... »
Le reflet d?un monstre...
Creusant la plaie avec son lame...
Embrasement de regard. Saisi de tignasse...
« Tu vas te prendre ma main dans la face ! C'est clair !? »
Comme une tache, dans son regard paternel.
~°~.~°~.~

Il m'adressa un regard insistant, avant de conclure :
- Je peux me rendormir, maintenant ? »
J'acquiesçai encore. Le prêtre retourna à sa somnolence, en même temps que je m'allongeais sur le dos, mes yeux traversant notre toit de feuillages.

Il l'avait finalement dit ! J'étais née d'un Dieu ! D'un véritable Empereur surpuissant ! Il était craint de tous. Et Zohak était extrêmement loin de pouvoir le rivaliser. Il avait une dizaine... une cinquantaine ! Plus peut-être, de serviteurs que je ne pouvais l'imaginer, qui eux-mêmes diffusaient ses prérogatives à travers tout un monde. Un monde si fascinant... Un monde que je n'avais jamais connu. Un monde courbé sous le talon de mon père. Un monde dont j?étais manifestement l'héritière. L'héritière, d'une manière ou d'une autre. Que Zervan m'ait formée ou non à ce rôle. Car Il ne pouvait se taire, à travers les âges. Au fur et à mesure que j'évoluais, il ne cessait de se manifester, de plus en plus pressant : le contrôle du Temps. Bientôt, je serais moi aussi dépositaire du même pouvoir, de la même puissance. Avec un peu d'expérience, je pouvais moi aussi être amenée à dominer le monde... Je pouvais être une véritable Impératrice !
L'Impératrice du Temps...
Digne d'un conquérant...
Digne d'un guerrier...
Digne d'un prince...
Je m'assoupis...

Et l'Obscurité se fit...


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