Note de la fic : Non notée

Kaileena,_l__Imperatrice_du_Temps_[V2]_


Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Statut : C'est compliqué



Chapitre 21 : Que l'Obscurité Soit...


Publié le 19/08/2013 à 01:13:49 par Pseudo supprimé

[c]Que l'Obscurité Soit...[/c]




Mon réveil se fit de manière plus ou moins progressive, comme si mon esprit était tiraillé entre deux volontés contraires. A plusieurs reprises, il me semblait que je reprenais conscience, tranquillement blottie sur le seuil du monde sensible, après le malaise dont j'avais été victime. Je me rappelle même avoir compté ces occurences, les premières fois. Peut-être même chronométrées. Puis, au fur et à mesure, je cessais d'en tenir compte. Je ne me souvins même plus des chiffres que j'avais obtenus, avant de me relâcher. Ce que je sais, c'est que parallèlement à cette baisse de vigilance intellectuelle, c'était ma mémoire émotionelle qui augmentait, comme s'ils s'agissaient de sabliers communicants. Ce que je ressentais ensuite n'étaient plus des paramètres, mais des bribes de souvenirs humains. Dans le brouillard de mes songes, j'entendais de lointaines plaintes, quelqu'un qui me pleurait, un homme. Un coeur lourd de regrets...

Quelques heures plus tard, j'ouvris mes yeux pour de bon, rassurée de constater que l'accommodation de ma vue ne serait pas corsée par la lumière du jour. Ce dernier s'était achevé depuis plusieurs heures, laissant place à une douce nuit étoilée. Notre campement était faiblement éclairé par le feu de bois, dont les chauds reflets peignaient langoureusement la jungle environnante d'une chaleureuse teinte. J'avais dormi sur une large paillasse de feuilles pour le moins confortable. Une serviette mouillée avait été disposée sous mon crâne alourdi. Pourtant, alors que je me relevai prudemment de mon matelas, je ne ressentais aucun symptôme de la moindre fièvre. Seul mon estomac se plaignait par des gargouillis, et les maigres maux de ma tête se dissipèrent rapidement. Même si je manquais encore de forces, j'avais assez de lucidité pour deviner mon protecteur, le dos tourné vers le foyer fumant, bras joints, mains sur les coudes, nuque compressée, le regard absorbé par la danse secrète et intime des flammes.

Les branches feuillues sur lesquelles j'étais assise craquèrent. Mon ami se tourna vers moi sans y croire. Son visage s'illumina, presque plus intensément que le feu qui irradiait derrière lui. Une lueur de joie intense brilla dans ses yeux plissés.
« Oh, Kaily, tu es vivante !!! exulta-t-il, la voix tremblotante.
Je remarquai des larmes sur ses joues. Il me serra promptement dans ses bras nerveux, la tête sur mon épaule fatiguée. Je le caressais aussi affectueusement que possible, jusqu'à ce qu'il se décide à reculer.

Je ne l'imaginais pas capable d'autant de tendresse à mon égard. Ainsi, voilà toute la sensibilité qu'aurait provoquée ma disparition... ? Mon accident semblait avoir été l'occasion de montrer son coté le plus paternel, pour la fille que j'étais devenue pour lui.
- J'ai eu si peur pour toi... continua-t-il. Pitié...
- Quoi...
- Ne me refais plus jamais ça... ! me fit-il, entre reproche et prière.
- Doucement, Zohak... Calme toi. Je vais bien...
- Oui... tu en as bien l'air... Zervan me bénisse !
Il vacilla, à la prononciation accidentelle de ce mot. L'effet se fit également sentir chez moi.

En effet, je me remémorais l'étrange hallucination qui m'avait assailli, sur la plage, et comprenais alors qui était la mystérieuse statue que j'avais eu la chance de contempler, près de l'autel zervaniste. Il s'agissait de mon géniteur, un dieu qu'avait autrefois vénéré mon patriarche. On ne m'avait jamais caché la raison pour laquelle ses prêtres m'avaient eéloignée du temple, à ma naissance : telle était la loi divine. Personne ne devait apprendre mon existence hormis les rares prêtres médecins qui firent accoucher ma mère. Pas même elle. La seule chose que j'avais appris d'elle était son incommensurable beauté, dont Zohak disait que j'avais héritée. De mon paternel, je ne savais rien.

Tirée de mes réflexions, le vieillard me serra les bras dans ses mains avec empressement :
- Bon sang, Kaily... ! Que t'est-il arrivé, là-bas ?!
- Je...
J'avais eu soif... Ce n'était pas la première fois que j'essayai de me rappeler des faits. Le soleil avait pesé sur mon cerveau... Je m'étais évanouie avant d'avoir pu m'hydrater... La mer était déchaînée...
- ... J'ai eu une insolation.

Pourtant non. La mer était tout ce qu'il y avait de plus calme, lors cette journée. Presque reposante, pour une fois. Mais alors dans ce cas, quel pouvait être le responsable de l'agitation que j'avais ressentie ?
- Pourquoi n'as-tu pas pensé à te couvrir la tête ? demandait mon compagnon. Je t'avais laissée mon chapeau, au cas où... Il a vraiment fait chaud, cet après-midi !
Et je n'avais pas pour habitude de pâtir de la chaleur, ni des rayons du soleil. C'était l'une des différences entre moi et mon compagnon. En l'espace de huit années, il était devenu un vieil homme meurtri par l'âge, à la peau sèche et tirée par le climat. Il n'avait plus rien à voir avec le grand homme empli d'assurance que j'avais connu, avant notre débarquement. Il était beaucoup plus faible. Son dos commençait à se voûter. Sa dentition était laide. Je n'imaginais pas à l'époque combien le temps pouvait ruiner les hommes, car pour ma part, il n'avait cessé de m'avantager. Non seulement d'un point de vue morphologique, mais aussi dans mes capacités immunitaires. Cela faisait bien cinq ans que je n'avais pas souffert de la moindre maladie, y compris toutes celles qui circulaient dans cette zone de la planète. Environ cinquante fois plus rarement que mon tuteur. D'ailleurs, il ne cessait de me dire que je n'avais pas changé...
- J'ai oublié... m'excusai-je.
- Toujours aussi tête en l'air, hein ? se moqua-t-il d'un rire faux.

Alors de quoi avais-je été victime ? Pourquoi m'étais-je évanouie, à cet endroit, à ce moment, de cette façon ? Comment avais-je pu rêvé de si curieuses visions ? Et pourquoi avais-je rêvé des zervanistes ? Zohak était loin d'arriver au niveau de mes questionnements. Pourtant, lui possédait une partie des réponses... Je soupirai avec alanguissement, épuisée. Et les vomissements ?

- Que tu es pâle, ma petite... Je vais te chercher à boire. »

Zohak partit à l'écart, et tandit qu'il pressait un jus de fruit dans un gobelet en terre cuite, je fis quelques mouvements pour m'étirer. Mes muscles étaient particulièrement engourdis, comme froissés. C'est alors que je sentis une matière me gratter le dos. Je me demandai sur le moment si ma peau n'était pas en train de peler. Mais quelque chose irrita ma gorge et je toussai plusieurs fois, le poing ouvert devant la bouche. Je les sentis soudain. Ils dévalèrent mes phalanges, et se répartirent sur mes draps, au milieu de mes jambes en tailleur. Zohak remuait mon nectar. Le coeur battant, je secouai mes cheveux. J'en étais infestée, partout sur ma peau. Comment avait-il pu passer à coté de cela ?

Ils étaient remplis de sable.


Commentaires

Aucun commentaire pour ce chapitre.