Afghanistan
7 mois plus tard




Thrace regardai pensivement le paysage. Les montagnes afghanes étaient magnifiques... Il aurait put apprécier ce pays s'il n'avait pas été aussi tragiquement en guerre. Un bien triste destin pour celui ci et ses habitants. Des roches a pertes de vues... Les neiges éternelles brillaient, quelques centaines de mètres plus haut dans les montagnes... Thrace passa machinalement sa main sur sa barbe de quatre jours qui lui obscurcissait le visage. Il ne restait rien de leur fiasco a Boston, si ce n'est la sensation d'un échec cuisant. Il s'était écoulé sept mois depuis. Sept mois pour reprendre contact ensemble, recontacter leurs centre d'opération et planifier une nouvelle mission.
Il s'arracha avec tristesse de la contemplation du magnifique panorama qui s'offrait à lui pour se retourner et regarder ses compagnons. Ozryel jouait, taciturne, avec son couteau, observant le fil de sa lame d'un œil expert. Sacré couteau, pensa d'ailleurs Thrace. A chaque fois qu'il jetai un regard au poignard acéré, la simple vue de la lame noire de 19cm au fil argenté suffisait à le rendre nerveux. Avec un sourire désabusé, Thrace observa son propre poignard et murmura pour lui même: « C'est pas le taille qui compte... ».
Son regard passa sur Jacob qui discutait paisiblement avec Dimitri, puis sur Dino qui vérifiais son arme avec un soin fébrile a coté de Rook qui consultait une carte topographique d'un taille impressionnante, avec l'air de savoir parfaitement leur position.

Chose inhabituelle, à 50 mètres restés à l'écart, un groupe de soldats américains faisaient également une pause. Ces Yankees, pensa Thrace. Ils avaient à peu près son âge a première vue. Autour de la vingtaine. Ils n'avaient pas vu la moitié de ce que lui avait vécu, pensa il avec amertume. Eux avaient grandis dans des villes, avec un lit et a bouffer... Lui, quand il était gosse, il avait eu droit à la guerre et à un fusil qui faisait sa taille comme compagnon de jeu. Un ami sur qui reposait ses chances de survie. Étant né dans une obscure région de Serbie où se massacraient deux factions de merdeux aussi pouilleux les uns que les autres dans une guerre civile misérable, il avait vite compris les règles du jeu... Il tira sur sa Lucky Strike et expira longuement, regardant la fumée disparaître comme si c'était ses souvenirs malsains qui s'évaporaient.

Gray, qui était resté à l'écart jusqu'à présent, s'approcha de lui et lui tapota l'épaule. Un chic gars ce Gray, pensa Thrace. Amusé, il se dit que l'ironie du sort avait bien nommé ce personnage haut en couleur.
« Alors, ça te rappelle des souvenirs de côtoyer à nouveau les forces de l'oncle Sam? » s'enquit Thrace.
« Ça oui. J'ai du mal à me retenir de leurs sauter dessus pour les embrasser un par un... » ironisa Gray.
« Tu ne m'as jamais raconté pourquoi tu as lâcher les Delta Forces... »
« Tu me l'as jamais demandé. »
« C'est l'occasion. »
Gray laissa s'écouler quelques secondes, plus pour ménager l'effet théâtrale qu'il voulait créer que par réelle nécessité.
« C'était bien, au début. On faisait des trucs que nous pensions êtres les seuls a pouvoir faire... J'me prenais pour l'élite, tu vois? Les cow-boys de l'us army, ceux qu'on appelle à la rescousse quand ça commence à chauffer... Sauf que petit à petit, tout ça a commencé a me saouler. J'avais de plus en plus l'impression de risquer ma peau pour des bricoles, des broutilles qui ne me concernaient absolument pas... Pour de la merde quoi. De la merde afin de servir un pays dont je ne captais plus les principes. » confia-t-il sur le ton de la confidence.

Il fixa Thrace, son regard d'un gris bleuté absolument glacial plantés droit dans les yeux.

« Et donc un jour, je me suis dis, quitte à risquer mon cul pour rien, autant être bien payé. J'ai donc fais un craché sur les médailles et toutes les décos qui m'attendaient, j'ai fais un bras d'honneur à l'oncle sam et je suis retrouvé avec des crétins. » ajouta Gray tout sourire, désignant d'un vague geste du bras le reste du groupe.
Puis, voyant que Thrace ne répondait rien, il annonça en s'étirant:
« La pause est finie mon gros, il est temps de se remuer. »

« Alors Rook, on en est où? »
« Vraiment tout proche, moins d'un kilomètre au sud de l'objectif. » dit Rook.
Jacob hocha la tête et regarda un des soldats américains.
« Vous. Vous avez eu la confirmation qu'on aura l'assistance d'un soutien aérien, n'est ce pas? »
« Exact, une fois sur place ont aura droit au soutien d'un MQ-9 Reaper, vous voyez ce... »
« Qui sera équipé de 8 missiles air-sol AGM-114 Hellfire ainsi que diverses bombes, merci. Je sais ce que c'est, vous pouvez m'épargner tout le baratin technique. Autre chose? » l'interrompit Jacob en le foudroyant du regard.
« Négatif... »
« Parfait. Qui est le tireur principale de votre groupe? »
Un jeune homme leva la main.
« Toi, va avec Gray au point d'observation A. Tu lui serviras de spotter. »
« Sauf votre respect, c'est MON groupe et c'est MOI qui commande! » s'insurgea un lieutenant.
Jacob lui accorda un seul regard où se lisait un mépris indescriptible.
« Voilà donc le plan... Épaulés par les deux snipers et le drone, moi et MON équipe on lance un assaut frontal sur l'entrée principale de la grotte. Diversion en gros, tout ça tout ça... Pendant ce temps, vous et vos hommes vous en profiterez pour passer en force par une faille sur la paroi ouest et vous irez directement détruire leurs réserves pendant que le gros des forces se concentrera sur nous. » résuma Jacob d'une voix glacée.