Et nous rentrâmes, tandis que Frère Pedobear demandait à notre hôte s'il était marié, et surtout, si ses éventuels enfants étaient là.

Je vous fais grâce de l'heure qui suivit, où Chuck nous fit tout un fromage sur le côté historique de ce lieu, en nous baratinant que c'était une ancienne boîte de strip-tease, où la responsable eut un jour une vision de Jesus dans le plus simple appareil (allez savoir qu'est-ce qu'il foutait là, p'têt que finalement lui aussi aimait s'amuser ), ce qui attira de nombreuses nonnes. Si bien qu'à la fin, la proprio vendit ce lieu à celles-ci, qui y restèrent de nombreuses années avant de délaisser l'endroit, faute d'avoir, elles aussi, la sainte vision... Pas con du tout le coup de la vision, faudra que j'y pense pour ma retraite, je pourrais acheter un trou à rat pour une miche de pain, puis le revendre à prix d'or à ces kikoocatholiques

Bref, le soir venait, et nous attendions sagement dans nos chambres que Frère Abraham termine de préparer notre souper. Je profitais de ce moment de solitude pour élaborer un plan pour berner Chuck pendant les quelques semaines à venir: le coup de la cave semblait difficilement réalisable, car seule Catherine était assez conne pour rester plusieurs semaines non-stop dans un tel endroit, crucifix en main, en attendant la venue de l'esprit maléfiqaue. Non, je pensais plutôt que je pourrai l'emmener dans la petite église annexée au couvent, puis l'enfermer dans le confessionnal avant de le couler dans le béton et de jeter le tout dans un lac... Mais cet enfoiré nous avait bien dit qu'il avait l'argent, donc si je faisait ça, je pouvais faire une croix sur le pognon ...

Je sortis un petit flacon de bon rouge que j'avais discrètement rempli à la sacristie, et portait le doux breuvage à mes lèvres... Ce doux breuvage auquel je m'étais habitué durant mes longues années passées à l'église St-Barnabé, et qui me faisait supporter toutes les excentricités de mes chères bonnes soeurs... Depuis lors, je ne pouvais réfléchir sans ma p'tite dose

"SACRILEGE MA SOEUR, EST-CE DE L'ALCOOL, BOISSON OFFICIELLE DE BELZEBUTH (ça fait un peu publicitaire ça ), QUE VOUS BUVEZ ??? "

Par les couilles du p'tit Jésus! Catherine venait de rentrer dans ma chambre, et sans toquer en plus, cette pouf' n'a vraiment aucune éducation, aucune dignité, aucun honneur, PAPAAAAAAAAAAA ! (ah ok j'me prend pour Moundir maintenant )

"Mé-euh, pas du tout ma soeur", balbutiais-je, "c'est heu... C'est le sang du Christ!!!"
Wow, je venais de m'impressionner moi-même. Le coup du sang du Christ, c'était bien trouvé nan?
En tout cas, Soeur Catherine ne bronchait pas. Elle resta plantée devant moi, avec un regard insoutenable (ATTENTION IMAGE ENCORE PLUS CHOQUANTE! http://medias.lepost.fr/ill/2009/02/18/h-20-1428787-1234971205.jpg), et je ne trouvais rien qui puisse me sauver de cette situation désespérée...

"-CATHERINE, TA GUEULE!"

Elle n'avait rien dit du tout, mais ça avait bien marché tout à l'heure, il n'y avait pas de raison que ça ne remarche plus maintenant... Et en effet, après un petit "Oh!", elle repartit vers la sortie en se signant encore une fois. Décidément, si je gagnais un euro à chaque fois qu'elle se signait, je n'aurais pas besoin de faire cette parodie de boulot

"-Je voulais juste vous dire que de drôles de bruits venaient de la cuisine, et que j'avais peur qu'il soit arrivé malheur à Frère Abraham..." dit-elle en repartant dans sa chambre.

Là, je fut prise d'un frisson. J'ai déjà interdit à Ab' de se taper la viande fraiche qu'on allait manger. Je descendis alors dans la cuisine, pour voir ce qu'il se passait.

Et le spectacle fut assez cocasse. Abraham poursuivait dans la cuisine une demi-douzaines de dindons, tandis que les pauvres bêtes cherchaient désespérément une issue en poussant des "glouglouglou" qui rendaient infernal le bruit dans la pièce.

"Frère Abraham, mais qu'est-ce que c'est que ce bordel?"

Instantanément, tout le monde -Ab' et les dindons- s'arrêta et se tourna vers moi.

"Eh bien, euh... Je voulais les fourrer avec des marrons, mais elles n'ont pas l'air d'accord..."

Il semblait encore plus géné que moi avec Catherine cinq minutes auparavant.

"Bien bien, mais je reste méfiant quand tu parles de les fourrer... Chez toi, tous les sens du mot sont envisageables! Alors, contentes-toi de les fourrer... en terme de cuisinier, ok?"

Abe rougit, avant de marmonner un "Oui, oui, bien sur..." qui me faisait douter de son honneteté. Aussi je restais à ses côtés pour l'aider à finir la préparation. Et vu comme ça avait l'air de l'ennuyer, je me persuadais qu'il voulait bien se farcir la viande au sens, euh... Enfin bref, vous m'avez comprise

On passa à table moins d'une demi-heure plus tard. Je réfléchissait toujours à un moyen, pour primo me taper Chuck, et secundo m'en débarasser tout en gardant le pognon, pendant que celui-ci expliquait à mon équipe des détails supplémentaires à propos de l'historique des lieux. Etant en manque de mon carburant, je fis semblant de faire tomber une fourchette - Oups ! - pour prendre une gorgée de Vodka-Orange (ça, ça vient pas de la sacristie, mais c'est ma réserve perso )discrètement sous la table. J'étais en train de savourer le délicieux nectar quand je m'apperçus que Catherine avait aussi mis la tête sous la table, vraisemblablement pour me surveiller. Surprise, je lachais le flacon qui se fracassa par terre.

"Ma Soeur, c'est toujours le sang du Christ? "

Excédée, j'eut un reflexe malheureux:
"MA VODKA-ORANGE! SALOPE!"

Surprise à son tour, Catherine sursauta et se cogna la tête sous la table, avant de se signer avec une main, tandis que l'autre tenait l'endroit où elle s'était fait mal. Je remontais immédiatement "à la surface", pour voir que tous les regards se tournaient vers moi.

"Monsieur Chuck", dit Catherine, "je crois que notre chayre Soeur Germaine est déjà sous le contrôle du Malin! "

Cette fois, j'en avais marre. Je pris la dinde aux marrons a peine entamée qui tronait au centre de la table, et je la lui l'enfonça sur sa sale tronche que je ne pouvais plus supporter, un peu comme Mister Bean (=>