Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Layla Wa Jeïel


Par : Warser
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 9


Publié le 30/07/2012 à 10:31:10 par Warser

Il sentit les lèvres du démon effleurer les siennes, et sa conscience l’abandonnait peu à peu. Il partait. L’étreinte de la jeune fille se desserrait. Il tombait, comme dans un puits sans fond. Soudain, un blizzard glacial. Sa mère, agenouillée, pleurant devant le cadavre ensanglanté d’un homme à moitié enfoui sous la neige. Une assistance, sentencieuse et froide, de nobles d’Akhyat. Courant vers elle, il voulut la rassurer, lui dire que ce n’était pas de sa faute. La prendre dans ses bras, une dernière fois.
Le sol, à nouveau. Dur, froid. Une douleur à la tête. Une voix familière, douce mais emprunte d’un étrange mélange de sarcasme et de colère implacable.
- Désolée, ma chérie, mais je n’aime pas qu’on casse mes jouets préférés
Ouvrant les yeux, Tsvao vit la jeune fille, plaquée contre le mur de la galerie. Erena l’avait prise à la gorge. Le beau visage de la succube, éclairé par une torche toute proche, était empreint d’une expression de terrifiante rage. Elle n’avait pas perdu son éternel sourire, en l’occurrence plus effrayant que joyeux. Ses cheveux, d’un noir brillant, s’étaient à nouveau lissés et allongés, et deux ailes démoniaques de plusieurs pieds ornaient son dos.
- Résiste ! Bats-toi ! Montre-moi ta véritable forme, au moins ! lança-t-elle avec colère. Tsvao s’était relevé, et avait ramassé la baïonnette d’argent. La jeune fille, sous la poigne implacable d’Erena , semblait plus humaine que jamais. Des larmes coulaient de ses grands yeux noisette, qui lui jetaient des regards suppliants.
- Tsvao… lança-t-elle d’une petite voix. Aide-moi .
Le jeune homme porta la main à son front. Il sentait monter en lui une envie, surhumaine, venant des profondeurs de son être, de planter l’arme sacrée dans le cœur de la succube, de serrer à nouveau dans ses bras cette jeune fille si réelle… La baïonnette d’argent entre ses doigts, il s’approchait lentement, déterminé, ayant perdu toute raison. Mais alors que larme allait fuser vers Erena, un fracas assourdissant retentit. Deux flammes vives s’était élevées du sol froid. Elle redoublait de colère. Lâchant son arme, qui frappa le sol avec un tintement sonore, Tsvao tomba à genoux. Ce n’était pas la jeune fille. Ce n'était pas elle, se répéta-t-il. C’était une vision, un songe, une apparence trompeuse et maléfique.
- Pitoyable, reprit la succube d’une voix douce. Se servir d’un faible humain dans un combat entre démons… Tu me déçois, petite sœur.
Avec une lenteur hypnotique, la main d’Erena fendit la tunique de la jeune fille, et se plaqua sur sa poitrine, massant lentement son cœur.
- Pour qui tu agis… Quel invocateur ?
J’agis seule, je.. n’ai pas de maître, répondit la jeune fille dans un sanglot.
D’un geste brusque, l’index d’Erena perça la peau et les chairs du démon, s’enfonçant avec aise en son sein.
- Tu mens, petite sœur, ajouta-t-elle d’une voix chantante.
Un feu bleuté commençait à crépiter sous les pieds du démon impuissant, en léchant la plante. Des étincelles et de petites braises rougies envahissaient peu à peu ses yeux toujours ouverts, et elle hurla de douleur, alors que ses pupilles se consumaient lentement.
- L’ordre… L’ordre Wei… l’église d’Akhyat... C’est l’ordre qui m’a invoquée…
Les doigts d’Erena déchiraient avec une étrange et fascinante douceur la cage thoracique de la jeune fille, dont les yeux s’emplissaient d’effroi.
- L’ordre.. répéta Erena. Alors, c'est un prêtre, qui t’as invoquée… Tu sers les adorateurs de Shay’la...
La succube approchait ses lèvres du cou de sa proie, lui murmurant des paroles enjôleuses. Ses doigts se refermaient peu à peu sur le cœur, à découvert, de la jeune fille, qui saignait abondamment. Tsvao, dégouté mais subjugué, dans une fascination morbide, ne pouvait qu’être spectateur impuissant de la scène. Il n’avait jamais vu Erena prise d'un tel courroux. Son masque de gaieté enjouée était tombé, remplacé par une furie sadique et enragée. Sous sa voix doucereuse couvait une colère intense.
- Dis-moi, petite sœur… Qu’est-ce que ça fait, de servir le royaume des cieux ? De forniquer avec les adorateurs de la lumière ? Te sens-tu… élevée ? Pardonnée ? Libérée du péché ?
Comme par jeu, les ongles d’Erena taquinèrent légèrement les artères du cœur de sa victime, en écorchant la surface, alors qu’elle éclatait de rire.
La jeune fille restait paralysée, par la peur et la douleur. Ses lèvres s’étaient scellées, et seules les larmes mêlées au sang qui coulaient de ses yeux traduisaient l’intense souffrance à laquelle elle était livrée.
- Eh bien, je vais t’apprendre quelque chose, ma chérie, lança Erena de la même voix caressante. Les démons ne vont pas au paradis. Adieu, petite sœur.
D’un geste ferme, la main d’Erena compressa le cœur de sa proie, qui céda, éclatant dans une gerbe rouge. Le démon tomba au sol. Une flaque de sang poisseux s’agrandissait peu à peu alors que son corps disparaissait lentement dans une épaisse fumée.
Elle n’a pas même eu le courage de mourir dans sa forme originelle, lança Erena d’une voix qui exprimait un profond mépris.
Tsvao, qui avait repris ses esprits, s’approchait de la succube, moitié reconnaissant moitié effrayé.
Celle-ci lui lança un grand sourire, alors que ses longs cheveux noirs blondissaient peu à peu. Les ailes démoniaques se raccourcissaient progressivement, et elle s’était revêtue de sa robe de soie rouge. Elle lança au jeune homme un regard inquiet.
- Je t’ai fait peur ?
Se forçant à sourire, Tsvao répondit d’une voix ferme.
- Non. J’ai vu pire. Merci, Erena. Mais… Comment….
Oh, simple, l’interrompit la succube. Au début, je l’avoue, je t’avais suivi par pure curiosité. Les amours naissants des humains sont toujours amusants. Je vous ai regardé combattre, et puis, quand elle est revenue, je me suis dit que quelque chose clochait…
Tsvao lança au démon un regard reconnaissant.
- Celle avec qui j’ai parlé en premier …
- Était la vraie, compléta Erena.
Le jeune homme fut soudain pris d’un horrible doute. Si un démon avait pris son apparence… C’est qu’il l’avait rencontrée. Elle était partie seule, dans les couloirs du donjon…
- Tu l’as vue ? Elle va bien ?
La succube haussa un sourcil.
- Ta protégée a la bénédiction du Sanctuaire, elle. Tu es désespérément vulnérable, en comparaison. Occupe-toi d'abord de toi.
Alors que Tsvao s’apprêtait à rétorquer, Eagal apparut dans un crépitement bleuté, interrompant la conversation.
- J’ai raté quelque chose ?
Constatant la présence de la flaque de sang, le mage eut une mimique de dégout.
- Ah, oui, je vois… Va y avoir besoin d'un peu de nettoyage. Il s’est passé quoi ici ? Tout le monde va bien ?
- Ça va, répondit Tsvao d’une voix mal assurée. Et Erena aussi, je crois.
L’intéressée acquiesça d’un mouvement de tête, son expression joviale habituelle sur le visage. Elle avait opté pour l’apparence d’une jolie jeune fille d’Akhyat, aux longs cheveux blonds bien arrangés, ornés d’une couronne de fleurs blanches, une petite croix de Shay’la pendant à son cou.
- Ça va, je suis calmée. Dis-moi, Eagal, tu devrais revoir tes sortilèges de protection. Qu’une succube de ce rang réussisse à passer à travers, c’est un peu honteux.
Le mage la regarda avec un air d’incompréhension.
- Succube ? Depuis quand on m’envoie des succubes ? Je n’ai pas de rival en particulier, que je sache…
- Invoquée par l’ordre Wei, répondit Tsvao. Bande d’hypocrites…
Eagal inspecta la flaque de sang, pensif.
- Les Wei invoquent des démons, alors… Combattre le feu par le feu, j’imagine. Alors, ils sont déjà là... Je suggère que l’on avance notre départ : les chevaux sont prêts.
Tsvao suivit le mage, qui sortait à grands pas de la salle en buvant une gorgée de jus d’aracoa.
Tu penses que c’est l’ordre qui recherche la jeune fille, alors ?
Le mage hésita un instant avant de répondre.
- Oui. Mais l’ordre n’est pas une entité unie. L’église d’Akhyat, je pense, est la plus susceptible d’utiliser des démons pour arriver à ses fins. Enfin, ça ne nous avance pas à grand-chose. Mais au moins, nous ne risquons rien en allant en Eisral. C’est la province où l’ordre est le moins fort, de tout l’empire. D’ailleurs, la raison historique est assez singulière…
Le mage fut interrompu par un bâillement sonore et ennuyé d’Erena.
- Je te préfère définitivement quand ta bouche est occupée à autre chose qu’à parler, lança-t-elle avec un sourire moqueur.

J'arrive à la fin de ma réserve de sweets... J'en ai plus qu'une d'avance. Je vais devoir cravacher.


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