Note de la fic :
Publié le 27/07/2012 à 07:43:34 par Warser
- Bien. D’abord, je veux te rappeler ta promesse. Quel que soit la nature du colis, tu m’as promis de l’abandonner, voire de le détruire, s’il s’avérait dangereux.
- Ce n’est pas un colis, remarqua Tsvao
Soupirant, Eagal se retourna vers l’étagère, et s’empara d’une petite flasque d’argent, dont il but une gorgée.
- Jus d’Aracoa, comment a-t-il. Un breuvage qui vient des iles Tezganes. C’est un peu amer… Mais ça permet de rester éveillé. Tu en veux ?
Secouant la tête, Tsvao fit signe au mage de continuer
- Bon, comme tu veux. Comme tu as sans doute pu le deviner, c’est cette jeune fille qui porte en elle le pouvoir dont je t’ai parlé, et c’est elle qui est tant convoitée par la noblesse d’Akhyat. De cela je suis certain, son pouvoir irradie encore d’ici. Et puis, les gardes escortant le convoi correspondaient à ta description. Par contre je ne peux qu’avancer quelques hypothèses sur la manière dont elle a échappé à ceux qui la retenaient pour venir échouer ici, et aucune n’est vraisemblable ni intéressante.
Considérant le reste de la bouteille de jus d’aracoa, Eagal la but d’une traite, avant de la reposer sur l’étagère. Une goutte de liquide d’un noir d’ambre coula sur son menton. Tsvao porta la main à son front, s’appuyant sur le coude. Il était fatigué du combat et de sa nuit écourtée.
- Et cette… enveloppe… Cette lumière qui a empêché Erena de la toucher… Et puis, quand je la portais…
- Oui, je sais, l’interrompit le mage. Comme si tes épaules étaient allégées de tout malheur, c’est ça ?
Tsvao acquiesça lentement, les yeux dans le vague. Une sensation d’oubli, de bonheur. Un courant chaud qui parcourait ses bras, galvanisant ses forces. Des frissons alors que les cheveux d’or vénitien caressaient ses membres. Et puis, une volonté. Une ferme volonté de la tenir toujours lovée dans ses bras, de la protéger du monde.
- C’est à peu près ça.
Se levant, le mage se mit à marcher dans la pièce, les pans de sa robe de chambre à présent remise à neuf traînant sur le sol de pierre grise.
- Cette vieille magie se nomme Sanctuaire de Shay’la, ou Protection de la Déesse. C'est une ancienne bénédiction, que plus personne ne pratique aujourd'hui. Je ne pensais pas pouvoir un jour la voir à l'oeuvre... Bah. Une magie d'hypocrites, ajouta Eagal avec amertume. Le ouvoir est neutre.
- Comment ça?
Le mage s'avança vers la cheminée, et fit jaillir une puissante flamme orangée, qui se mit à crépiter joyeusement dans l'âtre.
- Je n'en sais presque rien. Comme je t'ai dit, le Sanctuaire n'est pas exactement habituel. Il est décrit par de vieux mythes, et sa formule est incomplète. Enfin, pour ce que j'en sais, il galvanise et utilise les émotions humaines. Lorsqu’un homme entre au contact du sanctuaire, il est envoûté, charmé, irrésistiblement attiré par son porteur. L'effet est beaucoup plus puissant si la personne est émotive, ou animée de bonnes intentions.
Comme moi, pensa Tsvao. Il jeta un regard à la jeune fille, qui reposait à présent sur le fauteuil rouge. Son corps était toujours entouré d’un fin halo argenté, qui s’estompait peu à peu.
- Le simple fait de la toucher...
Eagal haussa les épaules, interrompant brusquement Tsvao.
- Pose-toi la question : si tu devais la tuer aujourd'hui, ou la vendre contre rançon, le ferais-tu?
Tsvao baissa la tête, mains jointes au niveau des genoux. Il ne pouvait pas même l’envisager. Ne plus revoir la douceur des traits de son visage, qu’il n’avait pourtant qu’aperçu, ne plus ressentir cette douce chaleur, lui serait insupportable. Alors qu’il la contemplait à nouveau, il se sentait que toute sa volonté se tournait vers elle, vers la protection de sa vie. Se levant de sa chaise, il s’approcha de son corps qui reposait paisiblement. Elle s'était retournée sur le côté dans son sommeil, confortablement installée sur les coussins moelleux. Alors que les doigts du jeune homme touchait la barrière lumineuse qui brillait toujours faiblement, il fut retenu par la main ferme d’Eagal, posée sur son épaule.
- Je ne peux même pas imaginer ce que tu ressens. Les effets du Sanctuaire sont uniques, d’après la légende. Et si tu veux te laisser enivrer, je le comprendrai, ajouta-t-il d’une voix rassurante. Sache simplement une chose : ces effets ne sont pas encore irréversibles.
Eagal se gratta la tête avant de poursuivre.
- Bah, la nuit porte conseil. nous parlerons de tout cela demain, lorsque tu seras reposé. Je la veillerai. Impossible de m’endormir avec du jus d’Aracoa dans le sang de toute façon, ajouta Eagal en désignant d’un petit geste de la main la flasque argentée vide.
Tsvao, quant à lui, tombait de sommeil. Sa fatigue, qui semblait s’être envolée pendant les dernières heures, le frappait à présent de toute sa force. Avec un étrange regret qui le prenait au ventre, il quitta la pièce.
Eagal se retourna vers la jeune fille, et se levant de son siège, s’approcha d’elle. Charmante, sans aucun doute. Toujours endormie… Passant la main au travers de l’enveloppe argentée, il ressentit de désagréables décharges d’énergies qui frappaient son bras et ses membres. Effet des effluves de magie démoniaque qui corrompaient toujours sa chair, peut-être.
Soulevant les cheveux de la jeune fille, le mage haussa les sourcils. Pas même une trace de sa chute sur le rocher de la crique. Seule une petite tache de sang séché, perdue sur son visage couvert de rares étoiles rousses, rappelait cette blessure qui aurait dû être mortelle. Regardant de plus près, il vit deux runes inscrites à l’encre noire sur son front. Les lettres du Sanctuaire, écrites en ancien Shayla’ni, reconnaissables entre toutes.
C’était la première fois qu’Eagal voyait à l’œuvre une puissance sacrée qu’il avait pourtant longtemps étudié : la magie originelle que pratiquaient les anciens adorateurs de Sha’yla. Les A'me Niveh'are, du nom qu’ils s’accordaient eux-mêmes. Un peuple de prêtres-mages, de marchands, et d’éleveurs. Des nomades, en toute vraisemblance, les premiers à vénérer la Déesse. Vivant jadis au sud d’Isgaar, ils avaient fui face aux violentes agressions des armées du Royaume d’Akhyat. C’était l’époque des Grandes Conquêtes, pendant laquelle la noblesse de ce petit territoire enclavé avait soumis par les armes les deux tiers du continent Isgaari. Un temps où les plus grand guerriers du nord, meute de loups affamés, courageux et sans pitié, étaient unis sous le même drapeau royal.
S’affalant à nouveau sur son fauteuil, Eagal appela Gwaar, qui apparut immédiatement devant lui, son chapeau à plume comme posé de travers sur sa tête, dernier vestige de l’émoi qui avait suivi l’attaque.
- Monsieur ?
- J’aurais besoin du Laïla Wa Laïla commenté et annoté par moi-même. Et d’une bouteille entière de Jus d’Aracoa, s’il en reste.
Avec sa traditionnelle courbette, le majordome se retira.
Le Laïla Wa Laïla était le seul texte connu que les A‘me Niveh’are avaient laissé au monde lorsqu’ils s’étaient exilés, prenant la mer dans des embarcations précaires, pour une destination inconnue. Un étrange caléidoscope de mythes et de savoirs, comportant de nombreuses pages codées ou couvertes de chiffres. Parfois, des histoires enfantines, illustrées par de petits dessins tout aussi puérils. Parfois des rituels d’invocations écrits dans la mystérieuse langue des anciens Wei Sha’yla. Parfois, sur quelques pages, de longues descriptions de paysages, ou des portraits de personnages inconnus. Eagal l’avait déjà lu et étudié plusieurs fois. Un verset, notamment, avait éveillé sa curiosité. Les dernières pages, incomplètes, qui décrivaient les sources de la puissance des prêtres-mages A’me Niveh’are. Avec quelques lignes, seulement, comme ajoutées à la hâte, sur le Sanctuaire de Shay’la. Eagal voulait être sûr de son diagnostic. Après tout, son ami était relativement sensible aux charmes féminins. Peut-être étaient-ce simplement ses vieux instincts familiaux qui refaisaient surface, ou un effet de son épuisement. Tsvao n’avait pas besoin d’ancienne magie pour être émotif et sensible… Pourtant, le mage avait reconnu le Sanctuaire du premier coup d’œil. La nimbe de lumière, la douleur d’Erena , les courants argentés sur les bras de Tsvao… Avec un haussement d’épaules, il chassa ces vaines réflexions. L’étude des textes du Laïla Wa Laïla allait le fixer définitivement, et avec certitude, sur la question.
Les copies de ce manuscrit étaient particulièrement rares en Isgaar, et les prêtres Wei-Shay’la en interdisaient la lecture, comme s’il s’agissait d’un manuel de magie démoniaque. Eagal était sans doute le seul particulier à posséder le précieux ouvrage. Avec un faible sourire aux lèvres, il se souvint du jour où il avait acquis le Laïla Wa Laïla auprès d’un vieil aveugle, pour quelques pièces, dans les quartiers pauvres d’une des villes des bordures sud de l’empire, au-delà des Iles Tezganes. Un an de voyages, d’exil, de fuite, de liberté. Un an pendant lequel il avait coupé complètement les ponts avec sa riche famille d’armateurs d’Oïs. Enfin, un an qui lui avait appris à connaître les hommes, à mépriser le Bien et le Mal, à craindre Shay’la autant que Kaï tan.. Les déserts du sud avaient endurci sa peau et son âme… Il avait appris à tracer les runes interdites, à sacrifier son sang et à l’offrir en tribut, à payer le prix de la puissance. Une dette dont chacun devait s’acquitter, consciemment ou pas.
Gwaar interrompit ses réflexions en apportant sur un petit plateau, le livre usagé et jauni, une bouteille argentée au long goulot et un verre soufflé.
- Si je puis me permettre, monsieur, le jus d’Aracoa ne fait pas bon ménage avec la magie démoniaque récemment utilisée, commenta le majordome.
- Ne t’en fais pas pour moi, Gwaar, répondit Eagal avec un faible sourire.
- Ce n’est pas un colis, remarqua Tsvao
Soupirant, Eagal se retourna vers l’étagère, et s’empara d’une petite flasque d’argent, dont il but une gorgée.
- Jus d’Aracoa, comment a-t-il. Un breuvage qui vient des iles Tezganes. C’est un peu amer… Mais ça permet de rester éveillé. Tu en veux ?
Secouant la tête, Tsvao fit signe au mage de continuer
- Bon, comme tu veux. Comme tu as sans doute pu le deviner, c’est cette jeune fille qui porte en elle le pouvoir dont je t’ai parlé, et c’est elle qui est tant convoitée par la noblesse d’Akhyat. De cela je suis certain, son pouvoir irradie encore d’ici. Et puis, les gardes escortant le convoi correspondaient à ta description. Par contre je ne peux qu’avancer quelques hypothèses sur la manière dont elle a échappé à ceux qui la retenaient pour venir échouer ici, et aucune n’est vraisemblable ni intéressante.
Considérant le reste de la bouteille de jus d’aracoa, Eagal la but d’une traite, avant de la reposer sur l’étagère. Une goutte de liquide d’un noir d’ambre coula sur son menton. Tsvao porta la main à son front, s’appuyant sur le coude. Il était fatigué du combat et de sa nuit écourtée.
- Et cette… enveloppe… Cette lumière qui a empêché Erena de la toucher… Et puis, quand je la portais…
- Oui, je sais, l’interrompit le mage. Comme si tes épaules étaient allégées de tout malheur, c’est ça ?
Tsvao acquiesça lentement, les yeux dans le vague. Une sensation d’oubli, de bonheur. Un courant chaud qui parcourait ses bras, galvanisant ses forces. Des frissons alors que les cheveux d’or vénitien caressaient ses membres. Et puis, une volonté. Une ferme volonté de la tenir toujours lovée dans ses bras, de la protéger du monde.
- C’est à peu près ça.
Se levant, le mage se mit à marcher dans la pièce, les pans de sa robe de chambre à présent remise à neuf traînant sur le sol de pierre grise.
- Cette vieille magie se nomme Sanctuaire de Shay’la, ou Protection de la Déesse. C'est une ancienne bénédiction, que plus personne ne pratique aujourd'hui. Je ne pensais pas pouvoir un jour la voir à l'oeuvre... Bah. Une magie d'hypocrites, ajouta Eagal avec amertume. Le ouvoir est neutre.
- Comment ça?
Le mage s'avança vers la cheminée, et fit jaillir une puissante flamme orangée, qui se mit à crépiter joyeusement dans l'âtre.
- Je n'en sais presque rien. Comme je t'ai dit, le Sanctuaire n'est pas exactement habituel. Il est décrit par de vieux mythes, et sa formule est incomplète. Enfin, pour ce que j'en sais, il galvanise et utilise les émotions humaines. Lorsqu’un homme entre au contact du sanctuaire, il est envoûté, charmé, irrésistiblement attiré par son porteur. L'effet est beaucoup plus puissant si la personne est émotive, ou animée de bonnes intentions.
Comme moi, pensa Tsvao. Il jeta un regard à la jeune fille, qui reposait à présent sur le fauteuil rouge. Son corps était toujours entouré d’un fin halo argenté, qui s’estompait peu à peu.
- Le simple fait de la toucher...
Eagal haussa les épaules, interrompant brusquement Tsvao.
- Pose-toi la question : si tu devais la tuer aujourd'hui, ou la vendre contre rançon, le ferais-tu?
Tsvao baissa la tête, mains jointes au niveau des genoux. Il ne pouvait pas même l’envisager. Ne plus revoir la douceur des traits de son visage, qu’il n’avait pourtant qu’aperçu, ne plus ressentir cette douce chaleur, lui serait insupportable. Alors qu’il la contemplait à nouveau, il se sentait que toute sa volonté se tournait vers elle, vers la protection de sa vie. Se levant de sa chaise, il s’approcha de son corps qui reposait paisiblement. Elle s'était retournée sur le côté dans son sommeil, confortablement installée sur les coussins moelleux. Alors que les doigts du jeune homme touchait la barrière lumineuse qui brillait toujours faiblement, il fut retenu par la main ferme d’Eagal, posée sur son épaule.
- Je ne peux même pas imaginer ce que tu ressens. Les effets du Sanctuaire sont uniques, d’après la légende. Et si tu veux te laisser enivrer, je le comprendrai, ajouta-t-il d’une voix rassurante. Sache simplement une chose : ces effets ne sont pas encore irréversibles.
Eagal se gratta la tête avant de poursuivre.
- Bah, la nuit porte conseil. nous parlerons de tout cela demain, lorsque tu seras reposé. Je la veillerai. Impossible de m’endormir avec du jus d’Aracoa dans le sang de toute façon, ajouta Eagal en désignant d’un petit geste de la main la flasque argentée vide.
Tsvao, quant à lui, tombait de sommeil. Sa fatigue, qui semblait s’être envolée pendant les dernières heures, le frappait à présent de toute sa force. Avec un étrange regret qui le prenait au ventre, il quitta la pièce.
Eagal se retourna vers la jeune fille, et se levant de son siège, s’approcha d’elle. Charmante, sans aucun doute. Toujours endormie… Passant la main au travers de l’enveloppe argentée, il ressentit de désagréables décharges d’énergies qui frappaient son bras et ses membres. Effet des effluves de magie démoniaque qui corrompaient toujours sa chair, peut-être.
Soulevant les cheveux de la jeune fille, le mage haussa les sourcils. Pas même une trace de sa chute sur le rocher de la crique. Seule une petite tache de sang séché, perdue sur son visage couvert de rares étoiles rousses, rappelait cette blessure qui aurait dû être mortelle. Regardant de plus près, il vit deux runes inscrites à l’encre noire sur son front. Les lettres du Sanctuaire, écrites en ancien Shayla’ni, reconnaissables entre toutes.
C’était la première fois qu’Eagal voyait à l’œuvre une puissance sacrée qu’il avait pourtant longtemps étudié : la magie originelle que pratiquaient les anciens adorateurs de Sha’yla. Les A'me Niveh'are, du nom qu’ils s’accordaient eux-mêmes. Un peuple de prêtres-mages, de marchands, et d’éleveurs. Des nomades, en toute vraisemblance, les premiers à vénérer la Déesse. Vivant jadis au sud d’Isgaar, ils avaient fui face aux violentes agressions des armées du Royaume d’Akhyat. C’était l’époque des Grandes Conquêtes, pendant laquelle la noblesse de ce petit territoire enclavé avait soumis par les armes les deux tiers du continent Isgaari. Un temps où les plus grand guerriers du nord, meute de loups affamés, courageux et sans pitié, étaient unis sous le même drapeau royal.
S’affalant à nouveau sur son fauteuil, Eagal appela Gwaar, qui apparut immédiatement devant lui, son chapeau à plume comme posé de travers sur sa tête, dernier vestige de l’émoi qui avait suivi l’attaque.
- Monsieur ?
- J’aurais besoin du Laïla Wa Laïla commenté et annoté par moi-même. Et d’une bouteille entière de Jus d’Aracoa, s’il en reste.
Avec sa traditionnelle courbette, le majordome se retira.
Le Laïla Wa Laïla était le seul texte connu que les A‘me Niveh’are avaient laissé au monde lorsqu’ils s’étaient exilés, prenant la mer dans des embarcations précaires, pour une destination inconnue. Un étrange caléidoscope de mythes et de savoirs, comportant de nombreuses pages codées ou couvertes de chiffres. Parfois, des histoires enfantines, illustrées par de petits dessins tout aussi puérils. Parfois des rituels d’invocations écrits dans la mystérieuse langue des anciens Wei Sha’yla. Parfois, sur quelques pages, de longues descriptions de paysages, ou des portraits de personnages inconnus. Eagal l’avait déjà lu et étudié plusieurs fois. Un verset, notamment, avait éveillé sa curiosité. Les dernières pages, incomplètes, qui décrivaient les sources de la puissance des prêtres-mages A’me Niveh’are. Avec quelques lignes, seulement, comme ajoutées à la hâte, sur le Sanctuaire de Shay’la. Eagal voulait être sûr de son diagnostic. Après tout, son ami était relativement sensible aux charmes féminins. Peut-être étaient-ce simplement ses vieux instincts familiaux qui refaisaient surface, ou un effet de son épuisement. Tsvao n’avait pas besoin d’ancienne magie pour être émotif et sensible… Pourtant, le mage avait reconnu le Sanctuaire du premier coup d’œil. La nimbe de lumière, la douleur d’Erena , les courants argentés sur les bras de Tsvao… Avec un haussement d’épaules, il chassa ces vaines réflexions. L’étude des textes du Laïla Wa Laïla allait le fixer définitivement, et avec certitude, sur la question.
Les copies de ce manuscrit étaient particulièrement rares en Isgaar, et les prêtres Wei-Shay’la en interdisaient la lecture, comme s’il s’agissait d’un manuel de magie démoniaque. Eagal était sans doute le seul particulier à posséder le précieux ouvrage. Avec un faible sourire aux lèvres, il se souvint du jour où il avait acquis le Laïla Wa Laïla auprès d’un vieil aveugle, pour quelques pièces, dans les quartiers pauvres d’une des villes des bordures sud de l’empire, au-delà des Iles Tezganes. Un an de voyages, d’exil, de fuite, de liberté. Un an pendant lequel il avait coupé complètement les ponts avec sa riche famille d’armateurs d’Oïs. Enfin, un an qui lui avait appris à connaître les hommes, à mépriser le Bien et le Mal, à craindre Shay’la autant que Kaï tan.. Les déserts du sud avaient endurci sa peau et son âme… Il avait appris à tracer les runes interdites, à sacrifier son sang et à l’offrir en tribut, à payer le prix de la puissance. Une dette dont chacun devait s’acquitter, consciemment ou pas.
Gwaar interrompit ses réflexions en apportant sur un petit plateau, le livre usagé et jauni, une bouteille argentée au long goulot et un verre soufflé.
- Si je puis me permettre, monsieur, le jus d’Aracoa ne fait pas bon ménage avec la magie démoniaque récemment utilisée, commenta le majordome.
- Ne t’en fais pas pour moi, Gwaar, répondit Eagal avec un faible sourire.
Commentaires
- BaliBalo
27/07/2012 à 18:53:07
Je te le répète, j'veux une suiiiiiite
Juste une petite chose : tu devrais sauter des lignes, faire des paragraphes, là l'effet pavé rend la lecture un peu difficile et on a du mal à s'y retrouver. C'est tout !