Note de la fic :
Publié le 11/08/2012 à 19:22:34 par Warser
Tsvao fut réveillé de son sommeil profond par la voix calme de Gwaar.
- Monsieur ? Il est temps de prendre la route.
Le jeune homme se rendit compte qu'il était nu, sur le sable, replié sur lui même. Erena était partie, sans doute pendant la nuit. Toujours un peu endormi, il tâtonna autour de lui à la recherche de ses vêtements.
- Je me suis permis de redonner à votre tenue un petit coup de brosse, monsieur. Dame Erena n'est pas très soigneuse avec les vêtements de ses invités.
Gwaar lui tendait révérencieusement une tunique de cuir noir brillant, remise à neuf. La nuit revenait à Tsvao par bribes. Une douleur lancinante au dos, et de fortes migraines. Ce n'était pas la première fois qu'il s'amusait avec Erena, mais elle avait toujours eu la douceur et l'attention de prendre une apparence très humaine...
Le jeune homme s'empara de l'armure de cuir que lui tendait le majordome. Ce dernier n'avait pas bougé, toujours flegmatique dans ses vêtements rouge vifs, carrelés de jaune et d'orangé, ornés de triangles noirs aux épaules et dans le dos.
- Tu fais des merveilles, Gwaar... Mais... euh.. Ce serait indiscret de te demander ce que tu fais ici?
La capacité de Gwaar a toujours être là ou on avait besoin de lui était à la fois effrayante et impressionnante. Tsvao ne savait pas grand chose du majordome, mais il lui avait toujours semblé humain. Disons, à quelques détails près. Incluant son don d'ubiquité apparent, et son éternelle tenue ridicule.
Le serviteur répondit avec une profonde révérence.
- Avec toutes mes excuses, monsieur, je vous veillais.
Tsvao fut à la fois surpris et piqué au vif.
- Comment ? Mais j'ai pas besoin qu'on me protège !
- En temps normal, je n'en doute pas, monsieur Tsvao, répondit le majordome avec un demi sourire. Mais les circonstances...
Le jeune homme rétorqua d'un ton sec, dans lequel perçait une pointe de sarcasme.
- Je pense qu'il n'y a pas d'endroit plus sûr que les bras d'Erena, Gwaar.
Le majordome ferma les yeux, et s'inclina à nouveau.
- Bien sûr, monsieur, bien sur.
Tsvao regarda le serviteur, avec un mélange de suspicion et d'incompréhension.
- Mais je ne suis pas menacé, si ? Je veux dire, c'est pas moi la cible?
- Je n'en sais rien, monsieur. Mais avec tout le respect qui vous est dû, vous êtes plus vulnérable aux attaques d'un démon que monsieur Eagal, ou notre nouvelle invitée.
- Et vous, Gwaar? rétorqua Tsvao sur un ton provocateur. N'êtes vous pas au moins aussi "vulnérable" que moi, pour vous montrer si protecteur ?
- Je n'ai pas les qualités guerrières de monsieur, répondit le majordome avec une nouvelle courbette. Toutes mes excuses pour mon impertinence. Puis-je me permettre de raccompagner monsieur au campement?
Tsvao finissait de se vêtir, attachant son foureau à la ceinture. Il n'avait pas besoin de la protection du vieux serviteur. Enfin... si ça l'amusait...
- Bien sûr, Gwaar.
Le jeune homme emboita le pas du majordome, qui se déplaçait avec une exceptionelle agilité sur le chemin de pierre. Tsvao le suivait avec peine, épuisé par la nuit. Erena l'avait poussé à ses limites, l'avait vidé de toute sa force. Mais après tout, elle lui avait aussi sauvé la vie plusieurs fois ces derniers jours... Et puis, l'expérience était tout sauf déplaisante. Exceptées, peut être, les éraflures dans le dos.
Les deux hommes marchaient en silence le long de la falaise. Le majordome ouvrait la voie, en silence, réajustant parfois son grand chapeau à plumes que le vent malmenait.
- Gwaar, je peux te poser une question ?
- Tout ce que vous voudrez, monsieur, répondit le majordome sans ciller.
- Comment tu nous a rejoint? Je ne t'ai pas vu pendant le voyage.
Le serviteur sembla réfléchir un court instant avant de répondre.
- Je vous suivais de loin. Il est de mon devoir de m'effacer quand monsieur Eagal n'a pas besoin de moi.
- Impossible de se faire discret sur cette plaine ! Je veux bien qu'il y aie des choses que tu désires me cacher, mais ne me prend pas pour un imbécile, lança Tsvao avec un demi sourire.
- Loin de moi cette idée, monsieur, répondit laconiquement Gwaar.
Lorsque le jeune homme et le majordome arrivèrent au campement, Eagal sellait déjà son cheval en discutant avec la jeune fille, qui s'était assise en tailleur à ses côtés. D'apparence de plus en plus négligée, le mage avait conservé sa bure grise un peu sale, et une barbe noire de plus en plus vivace lui mangeait le visage et le dessous du menton. Prêtant l'oreille, Tsvao perçut des bribes de la conversation entre Eagal et son invitée.
- Alors comme ça, tu t'es souvenue de ton nom? Pendant la nuit?
- Un cauchemar... Oui. Je crois que c'était mon nom.
- Jeïel... Ca me dit quelque chose. J'ai du le lire quelque part, ce nom. En tout cas, c'est de consonance Eisralanne. Et ce rêve?
Alors, elle s'appelait Jeïel... Joli nom. Un nom venu du sud, des confins de l'empire. Un nom angélique aussi, à sa terminaison. Un nom qui rappelait ces villes exotiques et animées, ces maisons basses de terre cuite, la sécheresse du désert, la douceur des oasis luxuriants aux arbres lourds de fruits. Les tempêtes de sables, les dunes arrondies, les vieux temples à moitié enfouis dans le sable... Ces merveilles, Tsvao n'avait pu les contempler qu'une fois, lorsqu'il avait traqué une caravane de marchands du sud sur le retour. L'opération lui avait d'ailleurs apporté beaucoup d'or, vite dépensé.
La voix d'Eagal tira le jeune homme de sa rêverie. Le mage s'était approché de lui, un grand sourire aux lèvres.
- Ah, te voilà toi ! Tu sais que je me suis inquiété, ce matin. Mais si j'ai bien compris, Erena a veillé sur toi.
- A sa manière, répondit Tsvao d'une voix un peu ensommeillée.
- Tu es en état de chevaucher?
- Je crois, répondit le jeune homme en sellant sa monture.
Il jeta un regard Erena, qui lui rendit un clin d'oeil. La succube n'avait pas été aussi gourmande que d'habitude, et il tiendrait sans doute jusqu'à la nuit. Elle était déjà installée sur sa jument brune. Vêtue d'une longue robe noire satinée et de chaussures de danseuse, elle avait conservé son pendentif noir en forme de pentacle, et arborait à présent un anneau d'or fin au majeur.
La jeune fille regardait elle aussi la succube, surprise par ce changement d'apparence. Bien qu'il ne fut que vestimentaire, il restait remarquable... Tsvao soupira. Difficile de faire passer Erena pour une humaine, si elle n'y mettait pas du sien. L'attention du jeune homme fut à nouveau détournée par la voix irritée du mage, qui peinait à maîtriser son cheval un peu turbulent. Il redoublait d'efforts et de jurons, en langues humaines ou démoniaques. Alors qu'il s'amusait intérieurement de la maladresse de son ami, Tsvao remarqua que la jeune fille s'était approchée de lui. Elle avait toujours les yeux fixés sur Erena, qui lui rendait un sourire à glacer le sang, laissant entrevoir ses canines légèrement sur-dimensionnées.
- Elle est belle, la femme de ton ami.
Tsvao prit l'air plus absent et innocent qu'il était capable de mimer avant de répondre d'une voix hésitante.
- Oui, oui, sans doute...
Il voulut un moment se justifier de sa course du jour précédent, mais aucune explication plausible ne lui vint à l'esprit, et il s'empressa de dévier la conversation vers des sujets moins gênants.
- Tu t'es rappelée de ton nom?
- Oui. J'ai rêvé que quelqu'un m'appelait. C'était une voix désespérée, angoissée. J'avais les yeux fermés, j'ai essayé d'intervenir, de bouger, de regarder au moins. J'ai rien pu faire. C'était frustrant.
Tsvao connaissait cette sensation. Cette horrible sensation d'impuissance devant un évènement sinistre. Ce rôle de spectateur, qui laissait un goût amer dans la bouche.
- Jeïel alors...
La jeune fille acquiesça timidement.
- Dis moi Jeïel... Tu n'as pas peur ?
- Peur ? Pourquoi ?
Tsvao fut surpris et même un peu gêné de cette réponse, qui paraissait si évidente et naturelle dans la bouche de la jeune fille. Elle le fixait de ses grands yeux bruns, brillants d'étonnement et d'amusement.
- Je ne sais pas. J'ai pas connu beaucoup de femmes dans ma vie, mais je te trouve plutôt courageuse... Peut être même un peu inconsciente... Tu ne nous connais même pas, et tu as l'air de nous faire confiance.
Jeïel éclata de rire, un rire innocent et désarmant.
- Drôle de courage ! Je n'ai pas le choix, tu sais. Je ne sais pas qui je suis, ni même où je suis. Si j'étais seule, je ne saurais pas où aller. C'est plutôt vous que je trouve bizarres, à aider une jeune fille qui vous a déjà causé tant d'ennuis.
- Qui te dit qu'on cherche à t'aider ?
- Ton ami. C'est pour ça qu'on va en Eisral, non? Je l'ai cru. C'était mieux que de ne pas le croire. Je ne chercherai pas à m'enfuir, si c'est de ça que tu t'inquiètes. Vers où, de toute façon ?
- Tu pourrais vivre comme moi, observa Tsvao. Tu sais te servir d'une arme, ça suffit pour survivre. Tu n'es pas notre captive, Jeïel, tu es libre. Plus libre que moi... Tu n'as même pas de passé à traîner derrière toi.
- Et toi ?
Tsvao soupira en enfourchant sa monture.
- J'ai des dettes... à éponger.
- Des dettes?
- Pas de l'argent, autre chose. J'ai pas envie d'en parler, éluda le jeune homme avec un sourire triste, mettant fin à la conversation.
- Monsieur ? Il est temps de prendre la route.
Le jeune homme se rendit compte qu'il était nu, sur le sable, replié sur lui même. Erena était partie, sans doute pendant la nuit. Toujours un peu endormi, il tâtonna autour de lui à la recherche de ses vêtements.
- Je me suis permis de redonner à votre tenue un petit coup de brosse, monsieur. Dame Erena n'est pas très soigneuse avec les vêtements de ses invités.
Gwaar lui tendait révérencieusement une tunique de cuir noir brillant, remise à neuf. La nuit revenait à Tsvao par bribes. Une douleur lancinante au dos, et de fortes migraines. Ce n'était pas la première fois qu'il s'amusait avec Erena, mais elle avait toujours eu la douceur et l'attention de prendre une apparence très humaine...
Le jeune homme s'empara de l'armure de cuir que lui tendait le majordome. Ce dernier n'avait pas bougé, toujours flegmatique dans ses vêtements rouge vifs, carrelés de jaune et d'orangé, ornés de triangles noirs aux épaules et dans le dos.
- Tu fais des merveilles, Gwaar... Mais... euh.. Ce serait indiscret de te demander ce que tu fais ici?
La capacité de Gwaar a toujours être là ou on avait besoin de lui était à la fois effrayante et impressionnante. Tsvao ne savait pas grand chose du majordome, mais il lui avait toujours semblé humain. Disons, à quelques détails près. Incluant son don d'ubiquité apparent, et son éternelle tenue ridicule.
Le serviteur répondit avec une profonde révérence.
- Avec toutes mes excuses, monsieur, je vous veillais.
Tsvao fut à la fois surpris et piqué au vif.
- Comment ? Mais j'ai pas besoin qu'on me protège !
- En temps normal, je n'en doute pas, monsieur Tsvao, répondit le majordome avec un demi sourire. Mais les circonstances...
Le jeune homme rétorqua d'un ton sec, dans lequel perçait une pointe de sarcasme.
- Je pense qu'il n'y a pas d'endroit plus sûr que les bras d'Erena, Gwaar.
Le majordome ferma les yeux, et s'inclina à nouveau.
- Bien sûr, monsieur, bien sur.
Tsvao regarda le serviteur, avec un mélange de suspicion et d'incompréhension.
- Mais je ne suis pas menacé, si ? Je veux dire, c'est pas moi la cible?
- Je n'en sais rien, monsieur. Mais avec tout le respect qui vous est dû, vous êtes plus vulnérable aux attaques d'un démon que monsieur Eagal, ou notre nouvelle invitée.
- Et vous, Gwaar? rétorqua Tsvao sur un ton provocateur. N'êtes vous pas au moins aussi "vulnérable" que moi, pour vous montrer si protecteur ?
- Je n'ai pas les qualités guerrières de monsieur, répondit le majordome avec une nouvelle courbette. Toutes mes excuses pour mon impertinence. Puis-je me permettre de raccompagner monsieur au campement?
Tsvao finissait de se vêtir, attachant son foureau à la ceinture. Il n'avait pas besoin de la protection du vieux serviteur. Enfin... si ça l'amusait...
- Bien sûr, Gwaar.
Le jeune homme emboita le pas du majordome, qui se déplaçait avec une exceptionelle agilité sur le chemin de pierre. Tsvao le suivait avec peine, épuisé par la nuit. Erena l'avait poussé à ses limites, l'avait vidé de toute sa force. Mais après tout, elle lui avait aussi sauvé la vie plusieurs fois ces derniers jours... Et puis, l'expérience était tout sauf déplaisante. Exceptées, peut être, les éraflures dans le dos.
Les deux hommes marchaient en silence le long de la falaise. Le majordome ouvrait la voie, en silence, réajustant parfois son grand chapeau à plumes que le vent malmenait.
- Gwaar, je peux te poser une question ?
- Tout ce que vous voudrez, monsieur, répondit le majordome sans ciller.
- Comment tu nous a rejoint? Je ne t'ai pas vu pendant le voyage.
Le serviteur sembla réfléchir un court instant avant de répondre.
- Je vous suivais de loin. Il est de mon devoir de m'effacer quand monsieur Eagal n'a pas besoin de moi.
- Impossible de se faire discret sur cette plaine ! Je veux bien qu'il y aie des choses que tu désires me cacher, mais ne me prend pas pour un imbécile, lança Tsvao avec un demi sourire.
- Loin de moi cette idée, monsieur, répondit laconiquement Gwaar.
Lorsque le jeune homme et le majordome arrivèrent au campement, Eagal sellait déjà son cheval en discutant avec la jeune fille, qui s'était assise en tailleur à ses côtés. D'apparence de plus en plus négligée, le mage avait conservé sa bure grise un peu sale, et une barbe noire de plus en plus vivace lui mangeait le visage et le dessous du menton. Prêtant l'oreille, Tsvao perçut des bribes de la conversation entre Eagal et son invitée.
- Alors comme ça, tu t'es souvenue de ton nom? Pendant la nuit?
- Un cauchemar... Oui. Je crois que c'était mon nom.
- Jeïel... Ca me dit quelque chose. J'ai du le lire quelque part, ce nom. En tout cas, c'est de consonance Eisralanne. Et ce rêve?
Alors, elle s'appelait Jeïel... Joli nom. Un nom venu du sud, des confins de l'empire. Un nom angélique aussi, à sa terminaison. Un nom qui rappelait ces villes exotiques et animées, ces maisons basses de terre cuite, la sécheresse du désert, la douceur des oasis luxuriants aux arbres lourds de fruits. Les tempêtes de sables, les dunes arrondies, les vieux temples à moitié enfouis dans le sable... Ces merveilles, Tsvao n'avait pu les contempler qu'une fois, lorsqu'il avait traqué une caravane de marchands du sud sur le retour. L'opération lui avait d'ailleurs apporté beaucoup d'or, vite dépensé.
La voix d'Eagal tira le jeune homme de sa rêverie. Le mage s'était approché de lui, un grand sourire aux lèvres.
- Ah, te voilà toi ! Tu sais que je me suis inquiété, ce matin. Mais si j'ai bien compris, Erena a veillé sur toi.
- A sa manière, répondit Tsvao d'une voix un peu ensommeillée.
- Tu es en état de chevaucher?
- Je crois, répondit le jeune homme en sellant sa monture.
Il jeta un regard Erena, qui lui rendit un clin d'oeil. La succube n'avait pas été aussi gourmande que d'habitude, et il tiendrait sans doute jusqu'à la nuit. Elle était déjà installée sur sa jument brune. Vêtue d'une longue robe noire satinée et de chaussures de danseuse, elle avait conservé son pendentif noir en forme de pentacle, et arborait à présent un anneau d'or fin au majeur.
La jeune fille regardait elle aussi la succube, surprise par ce changement d'apparence. Bien qu'il ne fut que vestimentaire, il restait remarquable... Tsvao soupira. Difficile de faire passer Erena pour une humaine, si elle n'y mettait pas du sien. L'attention du jeune homme fut à nouveau détournée par la voix irritée du mage, qui peinait à maîtriser son cheval un peu turbulent. Il redoublait d'efforts et de jurons, en langues humaines ou démoniaques. Alors qu'il s'amusait intérieurement de la maladresse de son ami, Tsvao remarqua que la jeune fille s'était approchée de lui. Elle avait toujours les yeux fixés sur Erena, qui lui rendait un sourire à glacer le sang, laissant entrevoir ses canines légèrement sur-dimensionnées.
- Elle est belle, la femme de ton ami.
Tsvao prit l'air plus absent et innocent qu'il était capable de mimer avant de répondre d'une voix hésitante.
- Oui, oui, sans doute...
Il voulut un moment se justifier de sa course du jour précédent, mais aucune explication plausible ne lui vint à l'esprit, et il s'empressa de dévier la conversation vers des sujets moins gênants.
- Tu t'es rappelée de ton nom?
- Oui. J'ai rêvé que quelqu'un m'appelait. C'était une voix désespérée, angoissée. J'avais les yeux fermés, j'ai essayé d'intervenir, de bouger, de regarder au moins. J'ai rien pu faire. C'était frustrant.
Tsvao connaissait cette sensation. Cette horrible sensation d'impuissance devant un évènement sinistre. Ce rôle de spectateur, qui laissait un goût amer dans la bouche.
- Jeïel alors...
La jeune fille acquiesça timidement.
- Dis moi Jeïel... Tu n'as pas peur ?
- Peur ? Pourquoi ?
Tsvao fut surpris et même un peu gêné de cette réponse, qui paraissait si évidente et naturelle dans la bouche de la jeune fille. Elle le fixait de ses grands yeux bruns, brillants d'étonnement et d'amusement.
- Je ne sais pas. J'ai pas connu beaucoup de femmes dans ma vie, mais je te trouve plutôt courageuse... Peut être même un peu inconsciente... Tu ne nous connais même pas, et tu as l'air de nous faire confiance.
Jeïel éclata de rire, un rire innocent et désarmant.
- Drôle de courage ! Je n'ai pas le choix, tu sais. Je ne sais pas qui je suis, ni même où je suis. Si j'étais seule, je ne saurais pas où aller. C'est plutôt vous que je trouve bizarres, à aider une jeune fille qui vous a déjà causé tant d'ennuis.
- Qui te dit qu'on cherche à t'aider ?
- Ton ami. C'est pour ça qu'on va en Eisral, non? Je l'ai cru. C'était mieux que de ne pas le croire. Je ne chercherai pas à m'enfuir, si c'est de ça que tu t'inquiètes. Vers où, de toute façon ?
- Tu pourrais vivre comme moi, observa Tsvao. Tu sais te servir d'une arme, ça suffit pour survivre. Tu n'es pas notre captive, Jeïel, tu es libre. Plus libre que moi... Tu n'as même pas de passé à traîner derrière toi.
- Et toi ?
Tsvao soupira en enfourchant sa monture.
- J'ai des dettes... à éponger.
- Des dettes?
- Pas de l'argent, autre chose. J'ai pas envie d'en parler, éluda le jeune homme avec un sourire triste, mettant fin à la conversation.