-Le plaisir est partagé. Dit Aunareth. J'espère pouvoir trouver un dragon aussi bon que vous à la cérémonie.
-Oh ne vous inquiétez pas. Susurra-t-il. Je ne manquerai pour rien au monde cet évènement si... important.
Puis, comme Dremth et Drésiala, Sovrak s'en alla sur son propre chemin.
Aunareth soupira et rentra dans le palais.
Celui-ci était bâti sur des fondations solides. Les pierres avaient été montées par les dragons eux-mêmes pour être sûr des dimensions qui pourraient accueillir... des dragons. Cette forteresse était basée sur l'architecture humaine, qu'un dragon avait étudié attentivement. Celui-ci avait ensuite offert ses connaissances à d'autres dragons désireux de vivre en société.
Le palais, maintenant visible aux yeux de tous, était un véritable chef d'œuvre de conception et par sa taille impressionnante, il montrait la volonté des dragons à vouloir s'élever jusqu'au ciel.

Aunareth poursuivit sa route dans les immenses couloirs du palais. Il reçut toutes les salutations des serviteurs, puis s'en alla dans son logis. Arrivé, il inspira lentement, intensément, pour calmer ses pulsions, et reprendre complètement son calme. Quand ce fut fini, Aunareth se coucha et s'endormit.

Il rêva de batailles terrifiantes. Des créatures ailées apparaissaient de nulle part, et de monstrueux massacres avaient lieux sous ses yeux. Des massacres des hommes, des elfes, des nains, mais également de dragons.

Quand il se réveilla, de la sueur coulait entre ses écailles. Il avait l'impression d'avoir réellement participé à ce qu'il avait vu.
Aunareth se leva et découvrit avec surprise son père qui se trouvait dans sa demeure. Ses écailles rouges brillèrent de milles feux grâce à la clarté de la lune. Il n'avait pas besoin d'un signe particulier pour être roi, ses cornes faisant déjà l'effet d'une couronne par leur nombre et leur placement.
-Encore en train de dormir alors que la cérémonie commence dans quelques minutes ! S'énerva Bralthor.
-Quoi déjà ?! S'exclama Aunareth.
-Mon fils, le jour se lève déjà.

En effet, le soleil se levait. L'aube pointait. Aunareth paniqua.
-Mais alors il faut que je me prépare et que je mette mon armure cérémonielle...
-Non, tant pis tu iras comme ça. De toute façon, un guerrier ne l'est pas grâce à son armure mais grâce à ses actes. Allez dépêche-toi sinon nous serons en retard.

Bralthor laissa là son fils et partit l'attendre dans le hall du palais. Plusieurs minutes plus tard,
Aunareth essayait néanmoins de trouver son armure quand il entendit du verre se briser. Un des vitraux du hall venait probablement de se briser.
"Mais enfin que se passe-t-il ?" Se demanda le dragon doré.
Etonné, il sortit de ses appartements et rejoignit le hall.
Le spectacle qui s'ensuivit lui fit manquer un battement de cœur.
Par terre, son père agonisait alors qu'une horrible lacération était apparue sur sa gorge. Et à coté de lui, se trouvait le gros dragon noir, Sovrak, avec qui Aunareth avait parlé plus tôt dans la soirée.

-Comment... JE VAIS TE TUER ASSASSIN!!! Hurla Aunareth, pris de rage.
Il chargea avec l'énergie de sa haine vers le dragon noir quand une force irrésistible le plaqua au sol. Il hurlait et essayait de bouger mais il n'arrivait pas à se débarrasser de cette force.
-Tu vois Derlyas, j'avais raison ! Hurla Sovrak, comme s'il parlait à quelqu'un qui se trouvait dans le hall. Aucune prophétie n'aura lieu, aujourd'hui ni plus tard!
Aunareth continuait à se débattre mais c'était inutile et Sovrak le rejoignit.
-Adieu Prince de lumière! Clama-t-il.

Sovrak leva sa patte et une boule violette se forma sur les griffes de sa patte.
Lorsqu'il l'envoya, Aunareth eu peur, plus peur que quand il s'était fait battre par les recrues de la garde dans sa jeunesse lors de son premier jour, plus peur que quand il était tombé d'un précipice lorsqu'il n'était encore qu'un dragonnet et qu'il avait fallu plus d'une heure pour qu'une dragonne n'entende ses cris pour venir le chercher.
Il allait mourir en n'ayant rien accompli. La boule fila vers lui. Sa vitesse si grande, le persuadait que toute tentative pour s'échapper était futile. Mais au lieu de le pulvériser, un gigantesque bouclier de lumière dorée entoura le jeune dragon et résista à la boule d'énergie.
D'abord étonné, Aunareth sentit ensuite une force étrangère mais terriblement puissante, enfler dans son corps. Une force plus grande que sa colère contre l'assassin, une force qui se mettait en son pouvoir. Alors il la déchaîna.

Sans comprendre, il sut qu'il devait agiter la patte vers l'avant et il se libéra ainsi de sa prison.
Sovrak recula, comme si un poing l'avait frappé. Il regardait maintenant son adversaire d'un autre oeil et il avait perdu de sa superbe et de son assurance. Ne sachant ce dont Aunareth était capable, il recula encore. Aunareth en profita alors et rassembla cette énergie mystérieuse en un gigantesque mur de flammes dorées et l'envoya sur Sovrak. Ce dernier, avec des réflexes surnaturelles, tenta de détruire ce mur avec de puissants projectiles venant d'incantation de la magie noire mais rien n'y fit. Alors dans un ultime salut, il appela ses frères démons pour lui venir en aide:

-Mes frères!! A moi, il est trop fort !
Un démon sous sa forme astral s'approcha. Son frère Shryllzar lui parla sur un ton dédaigneux.
-N'êtes-vous donc pas capable de remplir correctement votre mission ? Mon seigneur Formvottis ne sera pas fier de vos "exploits", loin de là. Le prince de lumière est encore jeune et il n'a donc pas ses pouvoirs.
-Vos informations étaient erronées. Il les a déjà. Je pense que le danger proche de la mort lui a fait découvrir ses pouvoirs.
Shryllzar regarda son frère pensif.
-L'équilibre est donc rompu. Annonça Shryllzar à ses pairs. Bien nous allons vous faire revenir.
-Non vous n'avez pas le droit de m'arracher cette mission!! S'écria-t-il.
Apportez-moi la puissance du conseil. Elle me permettra de fuir et de pouvoir retenter ma chance!
-L'utilisation de cette puissance amènerait tout de suite l'attention des autres magiciens de ce monde.
-S'il y en a encore ! Répliqua Sovrak. Je ne suis pas bête au point de les laisser vivre pour interférer dans nos affaires. J'en ai massacré plusieurs pendant ces dernières années.
-Notre force réside dans notre capacité à nous cacher dans l'ombre, pas à combattre ouvertement. Répondit Shryllzar, avec un immense calme.
-Je n'échouerai pas. Je suis sûr qu'il ne maîtrise pas réellement ses pouvoirs. Je le traquerai et il ne saura pas comment se servir de la lumière. Il ne pourra plus s'échapper et c'est à ce moment-là que je frapperais.

Shryllzar mit du temps à répondre, ce qui n'arrangeait en rien l'humeur de Sovrak qui se trouvait entre la vie et la mort.
-Très bien, nous vous soutiendrons. Dit finalement Shryllzar. Mais prenez garde, si des magiciens vous cherchent, vous serez seul,...
-Parfait. Répondit Sovrak.
- Et je veux que tu m'apportes sa tête, Sovrak ! Lança soudain Shryllzar, une haine ancestrale apparaissant soudain sur son visage. Pour nos frères morts, il y a des milliers d'années, je veux pouvoir voir la terreur sur son visage quand tu l'auras tué.
-Et il en sera fait selon vos ordres.


Quelques secondes s'étaient écoulées seulement dans la réalité, mais Sovrak se souvint de sa conversation complète et reçu aussi une puissante force qui s'empara de son corps. Puis un sourire carnassier s'élargit sur son visage et il s'éleva, grâce à ses ailes, jusqu'au plafond du hall. Ainsi libéré des chaînes de la terre ferme, il fit face au mur de lumière qui avançait vers lui et leva ses deux pattes, et une lance d'énergie d'un rouge chatoyant se matérialisa et pulvérisa le mur de lumière. Aunareth, qui était maintenant trop fatigué pour continuer le combat, eu peur que Sovrak ne passe à l'attaque mais ce dernier, fatigué lui aussi par l'utilisation de la magie et par l'abandon de la puissance de ses frères s'éloigna et avant de s'échapper par la fenêtre, il lança:
"On se reverra Prince de lumière et ce jour-là, je te tuerai!"

Aunareth sentit soudainement une perte en lui-même. Il essaya d'utiliser cette étrange magie mais rien n'y fit, Elle avait définitivement disparu. Après s'être assuré de la fuite de l'assassin, il fonça vers son père qui était à terre. Mais celui-ci avait déjà rendu l'âme. Un liquide chaud coula alors sur ses yeux et il sentit une boule se former dans sa gorge.

Puis, tout à coup des dragons rentrèrent dans le hall et regardèrent, estomaqués, le corps de leur roi et le prince.
Un garde s'approcha alors.
-C'est vous qui... Balbutia-t-il.
-De quoi ? S'étonna Aunareth.
-Il... il... IL A TUE LE ROI!!!
-QUOI? COMMENT? Non, vous faites erreur, c'est...
Puis les paroles moururent dans sa bouche et il comprit l'horreur de la situation dans laquelle il se trouvait. Personne n'avait vu le meurtre. Personne n'avait vu l'assassin.
Le capitaine de la garde leva son regard sur le prince affolé.
-Mon prince, je vous arrête pour... pour le meurtre du roi. Annonça-t-il.
Non, il fallait qu'il rétablisse la situation, mais la mort de son père et la nature de la puissance qui l'avait assailli l'avait paralysé.
Les gardes-dragons le plaquèrent au sol et des chaînes métalliques lièrent le jeune prince. Aunareth fut ensuite emmené en dehors du palais.