Note de la fic :
Publié le 25/02/2013 à 00:10:56 par darkthrak
Aunareth but tout son saoul quand ils eurent trouvé un point d'eau et que Dremth ait décidé de faire une pause sur leur route. Le dragon doré avait perdu l'habitude de voler pendant plus de quelques dizaines de minutes. Dremth, lui, n'avait pas perdu son temps à l'attendre et quand Aunareth lui avait demandé de s'arrêter, il lui avait déclaré.
-Tu t'es ramollis dans ces montagnes. Tu voles moins bien qu'un vieux dragon âgé. Nous allons continuer et ainsi, tes ailes reprendront leur éclat toutes seules. De toute façon, il est hors de question de s'arrêter sous prétexte que l'on est fatigué alors que le royaume de Varìannor va si mal.
-Merci pour ce discours revigorant. Répondit Aunareth, sarcastique. Je te jure que je ferais plus attention à mes muscles pour la prochaine fois.
Ils s'étaient maintenant arrêtés et Aunareth s'était couché sur l'herbe. Il était trop fatigué pour partir chasser et il préféra se reposer. Ils étaient partis depuis environ trois jours et n'avaient eu de cesse de voler vers le royaume de Varìannor. Dremth chassa finalement pour deux et rapporta un cerf dans ses crocs. Lorsqu'il le posa, Aunareth n'eut même pas le courage de s'approcher. Il arracha un morceau de viande et l'avala, laissant le reste à Dremth qui se jeta avec avidité sur la carcasse.
Une heure après, il faisait nuit mais ils étaient déjà repartis et Aunareth se prit à rêver pendant ces interminables phases de vol. Il s'imaginait coucher à Drazgoor, en compagnie des nains, chantant une chanson tout en avalant un divin breuvage dont seul les nains avaient le secret.
Dremth l'interrompit alors dans sa rêverie.
-Aunareth, arrêtes de rêvasser, tu t'éloignes de notre route.
-Je rêvasse si je veux. Oui, le royaume de Varìannor a besoin d'aide, je l'avais compris. Mais, il ne va pas s'effondrer parce que je me serais un peu écarter du sentier.
-Si tu y vas avec cette idée là, tu peux déjà rebrousser chemin. Si tu n'as aucune motivation, tu peux retourner à ta vie de banni.
-Je pense que si tous ceux qui me demandaient mon aide m'insultaient autant que toi, je devrais effectivement rebrousser chemin et ainsi, tu retournerais toi-même à ta vie de lâche.
Dremth s'arrêta soudain. Aunareth fit de même. Leur regard se croisèrent et les écailles des deux dragons vibrèrent au rythme de leur battement de coeur, ces derniers s'étant accélérés depuis quelques secondes.
-Retires tout de suite ce que tu as dit. Rugit Dremth.
-J'ai la gorge bien trop sèche maintenant pour parler plus que le nécessaire. Répliqua Aunareth.
Les ailes du dragon doré battaient maintenant plus vite. Une tension s'insinua entre Aunareth et Dremth. Ce dernier montra les crocs, puis son museau frémit.
-Tu me dégoûtes. Lâcha-t-il. Quand je pense que j'avais eu pitié de toi lorsque tu étais toi-même dans les geôles alors que tu n'aurais même pas levé le petit doigt pour moi. En fait, rien ne t'intéresse.
-Oh si! Rétorqua Aunareth. Et je ne retirerai pas ce que j'ai dis. Tu t'es enfui. Je n'ai pas d'autres mots pour cela.
-Et toi alors ? Tu vas me dire que tu es parti prendre du bon temps ? Ironisa le dragon bronze.
-Non. Moi, je me suis échappé afin de traquer l'assassin de mon père. Assassin que j'ai retrouvé et tué. Mais toi, tu t'es enfui par peur de mourir et tu n'as même pas été capable de sauver ta compagne.
Dremth ne répondit rien tant la colère consumait son esprit mais Aunareth ne s'arrêta pas là.
-Il n'y a qu'une seule personne que je désire aider et c'est ma sœur. Je me fiche du royaume de Varìannor. Pour moi, il n'est déjà plus rien. J'ai coupé tous mes liens avec lui et ce n'est pas pour lui que je viens. Je suis obligé de venir parce que tu n'as pas de courage ! Tu n'es qu'un couard !
Tout à coup, Dremth rugit et fonça sur lui. Il s'écrasa de tout son poids sur Aunareth et le frappa de sa queue. Le dragon doré riposta avec une contre-attaque furieuse et le fit vaciller suffisamment pour reprendre le contrôle de son vol.
L'instant d'après, il se jetait sur Dremth et celui-ci fit de même. L'impact ébranla les deux adversaires et ils reculèrent pour reprendre l'équilibre dans les airs.
Aunareth savait bien qu'il ne battrait jamais Dremth. Même fatigué, Dremth l'aurait battu. Il était plus rapide. Il avait un don pour bouger avec grâce et précision et Aunareth ne pouvait que se défendre alors que les deux dragons s'enfonçaient dans une rixe violente.
A un moment, conscient de la fatigue de son ennemi, Dremth feinta vers la gauche puis atteignit le dos de Aunareth en un rien de temps. Il plaqua Aunareth face contre terre et appuya pour bloquer sa tête dans l'herbe. Aunareth, sentant la défaite arriver, perdit patience et créa une onde de choc d'énergie pure autour de lui. Il utilisait enfin la magie depuis qu'il était sorti de sa caverne avec Dremth.
Dremth, prit par surprise, fut projeté vers l'arrière et s'écrasa lourdement sur le sol. Mais Aunareth n'en avait pas fini avec lui. La colère l'empêchait de réfléchir. Il avait passé toutes les années de sa jeunesse à perdre face à Dremth en combat singulier. Il avait toujours tenté de le vaincre mais à chaque fois, Dremth avait été plus rapide et plus fort. Mais désormais, Aunareth avait enfin l'occasion de se venger et, tout comme Sovrak l'avait fait avec Glasaema, Aunareth leva la patte et une puissante poigne glacée compressa le coup de Dremth. La poigne le souleva du sol et Dremth se retrouva à deux mètres du sol en totale lévitation. La douleur ne lui permettait pas de parler. Il suffoquait. Mais Aunareth ne le voyait pas. Il grogna en voyant la pitoyable silhouette du dragon de bronze qui se tortillait tel un ver.
"Voilà ce que tu es... un ver"Pensa Aunareth avec satisfaction.
Le faible gémissement de Dremth le ramena soudain à la réalité. Aunareth, voyant enfin la souffrance de sa victime, relâcha sa prise et le dragon de bronze atterrit brutalement sur le sol.
Alors qu'il tentait de se relever, Aunareth plaqua une patte sur son ventre et Dremth dut rester à terre.
-Je t'ais battu, lança Aunareth. Enfin, pour la première fois depuis des lustres, je t'ais battu. Cela faisait si longtemps que je rêvais de ce moment. Tu ne peux plus rien contre moi. Je ne suis plus le jeune dragon sot et naïf qui pleurait dans les grottes de la garde-dragons. Je suis maintenant un dragon puissant et magicien et à partir de maintenant, je ne baisserais plus jamais la tête pour un roi ou un seigneur quel qu'il soit et je ne baisserais plus jamais la tête devant toi.
Aunareth regarda Dremth droit dans les yeux. Il ne voulait pas s'abaisser à cela mais il fut pris d'une sombre satisfaction de voir la peur dans les yeux de Dremth. C'était l'un de ces moments où l'on ne savait pas réellement ce qu'allait faire l'autre, où l'on est totalement à la merci de son adversaire et que c'est à lui de choisir si vous vivez ou non. Sans même l'attendre, Aunareth lut tout cela dans le regard de Dremth.
Il enleva finalement sa patte et ce dernier put se relever. Puis Aunareth se dirigea vers un terrain désert et plat. Il s'y coucha pour méditer et se reposer. Les heures passèrent ainsi sans qu'aucune parole ne soit prononcée. Lorsque le soleil fut levé, Aunareth se leva. Il vit Dremth, déjà prêt pour repartir vers leur destination. Quelques instants plus tard, sans aucun mot, ils étaient en vol. Cette fois, Aunareth ne s'autorisa plus à protester contre l'interminable course qu'ils faisaient et le silence se poursuivit pendant plusieurs jours. Il se brisa quand ils arrivèrent devant les frontières du royaume de Varìannor mais ils ne reparlèrent plus de ce qui s'était passé.
Ils se trouvaient maintenant au sommet d'une colline et observaient le terrain. A quelques lieues d'ici, le palais de Varìannor se dressait telle une flèche. Son aspect n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'Aunareth l'avait vu. Des chaînes de montagnes s'étendaient à perte de vue de part et d'autre du palais, ce qui rendait les assauts directs difficiles, surtout quand on sait que ce sont des dragons qui vivent là-bas.
Aunareth et Dremth arrivèrent dans l'un des huit villages de dragons qui se trouvaient aux alentours du palais. Les villages et le palais formaient ce royaume si difficile d'accès pour toutes créatures autre qu'un dragon. Les villages n'étaient pas fait de maisons agglomérées dans un même espace comme Aunareth en avait si souvent vu chez les humains. Ici, c'était des constructions, souvent naturelles, de caverne et de grottes en tout genre qui se trouvaient quelque part dans des endroits rocheux et qui servaient de refuge pour les nombreux dragons, d'où la nécessité de créer un royaume près de chaînes de montagnes. Le palais, en revanche, était une véritable construction faite de pierre assemblées par les dragons. Ce dernier se tenait donc légèrement éloigné des villages et laissait son architecture s'imposer à la vue de tous.
Quand les deux dragons arrivèrent enfin à leur destination, ce fut un bien triste spectacle qu'ils purent voir dans le village. Partout, des dragons vivaient dans la boue et le sol mouillé à cause de la pluie. Ils n'avaient pas de refuge où s'abriter et les fidèles de Dravak, eux, dormaient tranquillement et paisiblement les grottes du village, paré de bijoux précieux mais totalement inutiles. Aunareth put même voir un dragon, sûrement très riche, qui s'était fait fabriquer une sorte d'armure faite d'or massif. Il se trouvait dans l'une des plus grandes grottes et toisait du regard tous les travailleurs d'un air hautain et supérieur Pendant ce temps, les autres dragons devaient survivre au dehors dans le froid et devaient obéir aux fidèles du tyran sous peine d'être maltraités. Aunareth vit un dragonnet se faire arracher un doigt de la patte avant parce qu'il avait fait tomber son chargement. Le dragonnet avait hurlé à la mort pendant une dizaine de minutes et ses bourreaux l'avaient laissé là, seul, tandis que les autres dragons continuaient leur travail pour éviter de subir le même sort. Quand ils avaient vu cela, Aunareth avait dû retenir Dremth, celui-ci voulant faire payer à ces monstres tous leurs crimes, pour éviter d'attirer l'attention. Une fois de plus, Aunareth pouvait observer les terribles injustices que ce monde portait. Il avait vécu chez les nains et les hommes, et chacune des deux espèces avaient son lot de pauvres et de riches, de forts et de faibles. Il avait espéré ne pas découvrir cela chez ses semblables mais force est de constater qu'aucune société n'est parfaite.
En restant tranquille et sûr d'eux, ils évitèrent de s'attirer l'attention et, comprenant qu'ils ne recevraient l'accueil de personne, ils allèrent dans une grotte qui n'était pas habitée, du fait qu'elle soit bien reculée du village, et qui offrait un bon point d'observation sur le palais.
Ils se postèrent à l'entrée de la grotte et observèrent l'objet de leur quête. La prison du palais royale. Aunareth et Dremth y avaient passé des journées entières de sa vie et ils n'imaginèrent pas la souffrance de Drésiala.
-Je pense que nous devrions la délivrer dès ce soir. Dit Dremth. Je ne veux pas qu'elle reste une journée de plus là-dedans.
-Je suis d'accord. De toute façon, plus vite nous la délivrons, plus vite nous nous éloignerons d'ici.
-Aunareth, il n'est pas question de partir. En tout cas, pas pour moi et Drésiala. Nous voulons tenter de reprendre le trône.
-Qu'est-ce qui te dis qu'elle le désire ?
-C'est elle qui m'en a parlé quand nous étions en prison. Elle refuse de laisser son royaume entre les pattes de Dravak et elle se battra jusqu'au bout pour le lui arracher... et moi aussi je me battrai à ses côtés.
Aunareth secoua la tête, l'air exaspéré.
-Le pouvoir est donc tout ce qui vous importe ? Répliqua-t-il. Vous vous privez de la vie en restant cloîtré dans ce palais.
-Et c'est un dragon qui est resté des années entières dans un pays de glace coupé du reste du monde qui me dit ça?
-D'accord mauvais exemple. Il n'empêche que vous ne pourrez pas vaincre Dravak seul. Ses troupes vous pulvériseront avant même que vous ne soyez arrivés aux portes.
-En fait, c'est de là que m'est venue l'idée de ne plus être seul.
Le dragon doré fixa Dremth, perplexe. Puis la lumière se fit dans son esprit et il éclata de rire.
-Oh... je vois, finit-il par dire. En fait, tu voulais avoir le prince de lumière à tes côtés dans cette partie de ton plan pour qu'il s'occupe de l'armée du royaume ? Dans ce cas, je suis au regret de t'annoncer que même si je ne les connais pas encore totalement, mes pouvoirs ont des limites.
Entre autre, je peux utiliser la magie, mais celle-ci tirera sa puissance de moi et donc je m'affaiblirai. Et je n'ai sûrement pas la force de détruire une armée entière.
-Et l'occupez?
-L'occupez,... la détruire, ça revient au même. Je ne suis pas un esprit divin et immortel.
Non je ne pourrais pas l'occuper pour que, je suppose, vous alliez reprendre le trône des pattes de Dravak.
-Dommage, il nous faudra improviser.
-Oh s'il te plaît Dremth, par pitié, ne m'entraînez pas dans vos délires de batailles désespérées et folles dont l'issue est déjà écrite.
-Je trouverai un moyen sans toi Aunareth, lui assura-t-il. Je comprends que cela ne te concerne plus... Je ne l'ai que trop compris.
-Non, visiblement non, soupira le dragon doré. Je veux t'aider, là n'est pas le propos. Mais pas sans un plan sérieux et qui a une chance de réussir. Mon but n'est pas de mourir maintenant, vois-tu ?
-Bien, acquiesça Dremth en se sentant légèrement plus assuré. Contentons-nous de sauver Drésiala pour l'instant et nous aviserons avec elle après.
-En espérant pouvoir ne serait-ce que la sauver.
-Tu es décidément très optimiste. Je pensais qu'au moins, tu pourrais te débarrasser des geôliers.
-Les geôliers aucun problème, mais si nous sommes découverts, c'est cette fameuse armée qui viendra ce qui changera la donne.
Ils décidèrent donc d'attendre la tombée de la nuit et les heures s'écoulèrent. Personne ne vint les déranger dans la caverne, si bien que Aunareth se lassa de la vue et médita sur leurs prochaines actions.
-Tu t'es ramollis dans ces montagnes. Tu voles moins bien qu'un vieux dragon âgé. Nous allons continuer et ainsi, tes ailes reprendront leur éclat toutes seules. De toute façon, il est hors de question de s'arrêter sous prétexte que l'on est fatigué alors que le royaume de Varìannor va si mal.
-Merci pour ce discours revigorant. Répondit Aunareth, sarcastique. Je te jure que je ferais plus attention à mes muscles pour la prochaine fois.
Ils s'étaient maintenant arrêtés et Aunareth s'était couché sur l'herbe. Il était trop fatigué pour partir chasser et il préféra se reposer. Ils étaient partis depuis environ trois jours et n'avaient eu de cesse de voler vers le royaume de Varìannor. Dremth chassa finalement pour deux et rapporta un cerf dans ses crocs. Lorsqu'il le posa, Aunareth n'eut même pas le courage de s'approcher. Il arracha un morceau de viande et l'avala, laissant le reste à Dremth qui se jeta avec avidité sur la carcasse.
Une heure après, il faisait nuit mais ils étaient déjà repartis et Aunareth se prit à rêver pendant ces interminables phases de vol. Il s'imaginait coucher à Drazgoor, en compagnie des nains, chantant une chanson tout en avalant un divin breuvage dont seul les nains avaient le secret.
Dremth l'interrompit alors dans sa rêverie.
-Aunareth, arrêtes de rêvasser, tu t'éloignes de notre route.
-Je rêvasse si je veux. Oui, le royaume de Varìannor a besoin d'aide, je l'avais compris. Mais, il ne va pas s'effondrer parce que je me serais un peu écarter du sentier.
-Si tu y vas avec cette idée là, tu peux déjà rebrousser chemin. Si tu n'as aucune motivation, tu peux retourner à ta vie de banni.
-Je pense que si tous ceux qui me demandaient mon aide m'insultaient autant que toi, je devrais effectivement rebrousser chemin et ainsi, tu retournerais toi-même à ta vie de lâche.
Dremth s'arrêta soudain. Aunareth fit de même. Leur regard se croisèrent et les écailles des deux dragons vibrèrent au rythme de leur battement de coeur, ces derniers s'étant accélérés depuis quelques secondes.
-Retires tout de suite ce que tu as dit. Rugit Dremth.
-J'ai la gorge bien trop sèche maintenant pour parler plus que le nécessaire. Répliqua Aunareth.
Les ailes du dragon doré battaient maintenant plus vite. Une tension s'insinua entre Aunareth et Dremth. Ce dernier montra les crocs, puis son museau frémit.
-Tu me dégoûtes. Lâcha-t-il. Quand je pense que j'avais eu pitié de toi lorsque tu étais toi-même dans les geôles alors que tu n'aurais même pas levé le petit doigt pour moi. En fait, rien ne t'intéresse.
-Oh si! Rétorqua Aunareth. Et je ne retirerai pas ce que j'ai dis. Tu t'es enfui. Je n'ai pas d'autres mots pour cela.
-Et toi alors ? Tu vas me dire que tu es parti prendre du bon temps ? Ironisa le dragon bronze.
-Non. Moi, je me suis échappé afin de traquer l'assassin de mon père. Assassin que j'ai retrouvé et tué. Mais toi, tu t'es enfui par peur de mourir et tu n'as même pas été capable de sauver ta compagne.
Dremth ne répondit rien tant la colère consumait son esprit mais Aunareth ne s'arrêta pas là.
-Il n'y a qu'une seule personne que je désire aider et c'est ma sœur. Je me fiche du royaume de Varìannor. Pour moi, il n'est déjà plus rien. J'ai coupé tous mes liens avec lui et ce n'est pas pour lui que je viens. Je suis obligé de venir parce que tu n'as pas de courage ! Tu n'es qu'un couard !
Tout à coup, Dremth rugit et fonça sur lui. Il s'écrasa de tout son poids sur Aunareth et le frappa de sa queue. Le dragon doré riposta avec une contre-attaque furieuse et le fit vaciller suffisamment pour reprendre le contrôle de son vol.
L'instant d'après, il se jetait sur Dremth et celui-ci fit de même. L'impact ébranla les deux adversaires et ils reculèrent pour reprendre l'équilibre dans les airs.
Aunareth savait bien qu'il ne battrait jamais Dremth. Même fatigué, Dremth l'aurait battu. Il était plus rapide. Il avait un don pour bouger avec grâce et précision et Aunareth ne pouvait que se défendre alors que les deux dragons s'enfonçaient dans une rixe violente.
A un moment, conscient de la fatigue de son ennemi, Dremth feinta vers la gauche puis atteignit le dos de Aunareth en un rien de temps. Il plaqua Aunareth face contre terre et appuya pour bloquer sa tête dans l'herbe. Aunareth, sentant la défaite arriver, perdit patience et créa une onde de choc d'énergie pure autour de lui. Il utilisait enfin la magie depuis qu'il était sorti de sa caverne avec Dremth.
Dremth, prit par surprise, fut projeté vers l'arrière et s'écrasa lourdement sur le sol. Mais Aunareth n'en avait pas fini avec lui. La colère l'empêchait de réfléchir. Il avait passé toutes les années de sa jeunesse à perdre face à Dremth en combat singulier. Il avait toujours tenté de le vaincre mais à chaque fois, Dremth avait été plus rapide et plus fort. Mais désormais, Aunareth avait enfin l'occasion de se venger et, tout comme Sovrak l'avait fait avec Glasaema, Aunareth leva la patte et une puissante poigne glacée compressa le coup de Dremth. La poigne le souleva du sol et Dremth se retrouva à deux mètres du sol en totale lévitation. La douleur ne lui permettait pas de parler. Il suffoquait. Mais Aunareth ne le voyait pas. Il grogna en voyant la pitoyable silhouette du dragon de bronze qui se tortillait tel un ver.
"Voilà ce que tu es... un ver"Pensa Aunareth avec satisfaction.
Le faible gémissement de Dremth le ramena soudain à la réalité. Aunareth, voyant enfin la souffrance de sa victime, relâcha sa prise et le dragon de bronze atterrit brutalement sur le sol.
Alors qu'il tentait de se relever, Aunareth plaqua une patte sur son ventre et Dremth dut rester à terre.
-Je t'ais battu, lança Aunareth. Enfin, pour la première fois depuis des lustres, je t'ais battu. Cela faisait si longtemps que je rêvais de ce moment. Tu ne peux plus rien contre moi. Je ne suis plus le jeune dragon sot et naïf qui pleurait dans les grottes de la garde-dragons. Je suis maintenant un dragon puissant et magicien et à partir de maintenant, je ne baisserais plus jamais la tête pour un roi ou un seigneur quel qu'il soit et je ne baisserais plus jamais la tête devant toi.
Aunareth regarda Dremth droit dans les yeux. Il ne voulait pas s'abaisser à cela mais il fut pris d'une sombre satisfaction de voir la peur dans les yeux de Dremth. C'était l'un de ces moments où l'on ne savait pas réellement ce qu'allait faire l'autre, où l'on est totalement à la merci de son adversaire et que c'est à lui de choisir si vous vivez ou non. Sans même l'attendre, Aunareth lut tout cela dans le regard de Dremth.
Il enleva finalement sa patte et ce dernier put se relever. Puis Aunareth se dirigea vers un terrain désert et plat. Il s'y coucha pour méditer et se reposer. Les heures passèrent ainsi sans qu'aucune parole ne soit prononcée. Lorsque le soleil fut levé, Aunareth se leva. Il vit Dremth, déjà prêt pour repartir vers leur destination. Quelques instants plus tard, sans aucun mot, ils étaient en vol. Cette fois, Aunareth ne s'autorisa plus à protester contre l'interminable course qu'ils faisaient et le silence se poursuivit pendant plusieurs jours. Il se brisa quand ils arrivèrent devant les frontières du royaume de Varìannor mais ils ne reparlèrent plus de ce qui s'était passé.
Ils se trouvaient maintenant au sommet d'une colline et observaient le terrain. A quelques lieues d'ici, le palais de Varìannor se dressait telle une flèche. Son aspect n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'Aunareth l'avait vu. Des chaînes de montagnes s'étendaient à perte de vue de part et d'autre du palais, ce qui rendait les assauts directs difficiles, surtout quand on sait que ce sont des dragons qui vivent là-bas.
Aunareth et Dremth arrivèrent dans l'un des huit villages de dragons qui se trouvaient aux alentours du palais. Les villages et le palais formaient ce royaume si difficile d'accès pour toutes créatures autre qu'un dragon. Les villages n'étaient pas fait de maisons agglomérées dans un même espace comme Aunareth en avait si souvent vu chez les humains. Ici, c'était des constructions, souvent naturelles, de caverne et de grottes en tout genre qui se trouvaient quelque part dans des endroits rocheux et qui servaient de refuge pour les nombreux dragons, d'où la nécessité de créer un royaume près de chaînes de montagnes. Le palais, en revanche, était une véritable construction faite de pierre assemblées par les dragons. Ce dernier se tenait donc légèrement éloigné des villages et laissait son architecture s'imposer à la vue de tous.
Quand les deux dragons arrivèrent enfin à leur destination, ce fut un bien triste spectacle qu'ils purent voir dans le village. Partout, des dragons vivaient dans la boue et le sol mouillé à cause de la pluie. Ils n'avaient pas de refuge où s'abriter et les fidèles de Dravak, eux, dormaient tranquillement et paisiblement les grottes du village, paré de bijoux précieux mais totalement inutiles. Aunareth put même voir un dragon, sûrement très riche, qui s'était fait fabriquer une sorte d'armure faite d'or massif. Il se trouvait dans l'une des plus grandes grottes et toisait du regard tous les travailleurs d'un air hautain et supérieur Pendant ce temps, les autres dragons devaient survivre au dehors dans le froid et devaient obéir aux fidèles du tyran sous peine d'être maltraités. Aunareth vit un dragonnet se faire arracher un doigt de la patte avant parce qu'il avait fait tomber son chargement. Le dragonnet avait hurlé à la mort pendant une dizaine de minutes et ses bourreaux l'avaient laissé là, seul, tandis que les autres dragons continuaient leur travail pour éviter de subir le même sort. Quand ils avaient vu cela, Aunareth avait dû retenir Dremth, celui-ci voulant faire payer à ces monstres tous leurs crimes, pour éviter d'attirer l'attention. Une fois de plus, Aunareth pouvait observer les terribles injustices que ce monde portait. Il avait vécu chez les nains et les hommes, et chacune des deux espèces avaient son lot de pauvres et de riches, de forts et de faibles. Il avait espéré ne pas découvrir cela chez ses semblables mais force est de constater qu'aucune société n'est parfaite.
En restant tranquille et sûr d'eux, ils évitèrent de s'attirer l'attention et, comprenant qu'ils ne recevraient l'accueil de personne, ils allèrent dans une grotte qui n'était pas habitée, du fait qu'elle soit bien reculée du village, et qui offrait un bon point d'observation sur le palais.
Ils se postèrent à l'entrée de la grotte et observèrent l'objet de leur quête. La prison du palais royale. Aunareth et Dremth y avaient passé des journées entières de sa vie et ils n'imaginèrent pas la souffrance de Drésiala.
-Je pense que nous devrions la délivrer dès ce soir. Dit Dremth. Je ne veux pas qu'elle reste une journée de plus là-dedans.
-Je suis d'accord. De toute façon, plus vite nous la délivrons, plus vite nous nous éloignerons d'ici.
-Aunareth, il n'est pas question de partir. En tout cas, pas pour moi et Drésiala. Nous voulons tenter de reprendre le trône.
-Qu'est-ce qui te dis qu'elle le désire ?
-C'est elle qui m'en a parlé quand nous étions en prison. Elle refuse de laisser son royaume entre les pattes de Dravak et elle se battra jusqu'au bout pour le lui arracher... et moi aussi je me battrai à ses côtés.
Aunareth secoua la tête, l'air exaspéré.
-Le pouvoir est donc tout ce qui vous importe ? Répliqua-t-il. Vous vous privez de la vie en restant cloîtré dans ce palais.
-Et c'est un dragon qui est resté des années entières dans un pays de glace coupé du reste du monde qui me dit ça?
-D'accord mauvais exemple. Il n'empêche que vous ne pourrez pas vaincre Dravak seul. Ses troupes vous pulvériseront avant même que vous ne soyez arrivés aux portes.
-En fait, c'est de là que m'est venue l'idée de ne plus être seul.
Le dragon doré fixa Dremth, perplexe. Puis la lumière se fit dans son esprit et il éclata de rire.
-Oh... je vois, finit-il par dire. En fait, tu voulais avoir le prince de lumière à tes côtés dans cette partie de ton plan pour qu'il s'occupe de l'armée du royaume ? Dans ce cas, je suis au regret de t'annoncer que même si je ne les connais pas encore totalement, mes pouvoirs ont des limites.
Entre autre, je peux utiliser la magie, mais celle-ci tirera sa puissance de moi et donc je m'affaiblirai. Et je n'ai sûrement pas la force de détruire une armée entière.
-Et l'occupez?
-L'occupez,... la détruire, ça revient au même. Je ne suis pas un esprit divin et immortel.
Non je ne pourrais pas l'occuper pour que, je suppose, vous alliez reprendre le trône des pattes de Dravak.
-Dommage, il nous faudra improviser.
-Oh s'il te plaît Dremth, par pitié, ne m'entraînez pas dans vos délires de batailles désespérées et folles dont l'issue est déjà écrite.
-Je trouverai un moyen sans toi Aunareth, lui assura-t-il. Je comprends que cela ne te concerne plus... Je ne l'ai que trop compris.
-Non, visiblement non, soupira le dragon doré. Je veux t'aider, là n'est pas le propos. Mais pas sans un plan sérieux et qui a une chance de réussir. Mon but n'est pas de mourir maintenant, vois-tu ?
-Bien, acquiesça Dremth en se sentant légèrement plus assuré. Contentons-nous de sauver Drésiala pour l'instant et nous aviserons avec elle après.
-En espérant pouvoir ne serait-ce que la sauver.
-Tu es décidément très optimiste. Je pensais qu'au moins, tu pourrais te débarrasser des geôliers.
-Les geôliers aucun problème, mais si nous sommes découverts, c'est cette fameuse armée qui viendra ce qui changera la donne.
Ils décidèrent donc d'attendre la tombée de la nuit et les heures s'écoulèrent. Personne ne vint les déranger dans la caverne, si bien que Aunareth se lassa de la vue et médita sur leurs prochaines actions.