Publié le 08/03/2013 à 23:17:45 par darkthrak
Il regarda une dernière fois devant lui et aperçut d'autres dragons, sûrement les partisans et fidèles de Dravak qui le rejoignaient dans son ultime victoire. Puis Aunareth vit la patte de Thamarat qui s'élevait dangereusement au-dessus de lui. Elle était le seul point de repère qu'il lui restait et il la vit chuter à une vitesse qu'il ne put suivre. Une immense douleur l'atteignit alors en plein coeur, et au loin, il entendit un cri déchirant. Puis il ferma les yeux, la douleur comprimant son esprit plus loin que tout ce qu'il n'ait jamais pu imaginer. Il sentit que la fin était arrivée et il laissa la mort le prendre comme une mère prend son enfant du berceau.
Il se réveilla et vit que tout avait changé. Il n'était plus dans la prison de Varìannor mais il se trouvait devant le plus merveilleux paysage qu'il n'ait jamais vu. Il était au milieu d'une vaste prairie où l'herbe montait gracieusement sur la terre. Au loin, des montagnes, qui avaient leur sommet au-dessus de nuages blancs et soyeux, tant elles étaient grandes, s'étaient comme imposés à ce plan parfait pour se rapprocher encore plus de la perfection. Aunareth ne comprit pas tout de suite où il se trouvait et décida d'inspecter les lieux. Il s'éleva dans les airs et engloba l'endroit des yeux. Il était décidément tombé sur un magnifique coin. Il monta plus haut dans le ciel et aperçut la mer tout autour de lui et il se rendit compte qu'il vivait sur une île.
"Quel est cet endroit ? Comment suis-je arrivé ici?" Se demanda intérieurement Aunareth.
"Et où sont Thamarat, Emérilla, Dravak et ses fidèles? Ils étaient près de moi il y a un instant."
Il prit la décision de voler plus loin et, après plusieurs heures en train de voler, trouva des forêts et des terrains broussailleux. La végétation avait fait de cet endroit son domaine et tout existaient dans une parfaite harmonie. Elle y régnait en maître et pas une seule tâche ne s'élevait dans cet incroyable tableau... sauf lui.
Alors qu'il finissait d'inspecter les environs, une terrible pensée vint à lui.
"Je suis seul. Il n'y a pas d'humains... pas de nains. Il n'y a même pas d'animaux. Cet endroit est complètement coupé de la vie animale. Je ne vais quand même pas passer l'éternité dans un coin où il n'existe plus rien." S'inquiéta Aunareth.
Tout à coup, sans prévenir, une voix retentit.
-N'est-ce pas pourtant ce que tu voulais?
Aunareth tourna sa tête dans tous les sens pour apercevoir l'être qui lui parlait. Il ne vit rien mais deux secondes après, un dragon apparaissait.
Il était plutôt étrange. Il avait des écailles d'un blanc parfaitement pur, à tel point qu'on aurait pu le prendre pour une lumière dans le ciel s'il n'était pas apparu près d'Aunareth.
Il avait à peu près la même taille que ce dernier mais était plus mince. Son visage était sans âge mais Aunareth, en le regardant bien, découvrit une immense sagesse illuminant son regard. Il portait des griffes toutes simples qui n'avait visiblement jamais servi tant elles étaient propres et sans défaut d'aucune sorte. Il possédait deux cornes qui se tordaient à moitié et sa collerette n'avait aucune cicatrice.
Quand il parla, Aunareth entendit la voix d'un dragon très jeune et qui avait pourtant un côté très mystique.
-Bonjour Aunareth.
-Je... Bonjour. Répondit-il maladroitement. C'est un bon pas vers la découverte d'une autre personne mais il y en aurait un autre bien plus important, ce serait de me dire ton nom.
-Je n'utilise que rarement un nom.
Le jeune dragon doré regarda autour de lui et sourit avec ironie.
-Il faut dire qu'il y a peu de gens qui peuvent le prononcer ici, remarqua-t-il.
-Je ne vis pas ici.
Un silence s'ensuivit.
-Et... Attendit Aunareth avec une impatience croissante. Où sommes-nous?
-Nous sommes dans ce que ton esprit voulait voir.
-Hein?
-En fait, tu es dans ton esprit et celui-ci t'offre une vision de ce que tu as toujours voulu voir.
-Alors je ne suis pas mort?
-Si, ne m'as-tu pas écouté? Tu ne vis plus. Ta conscience est sortie de ton corps et a rejoint l'ailleurs, l'autre monde. Et maintenant, tu vis dans ton propre esprit.
-Et il m'offre une vision de ce que j'ai toujours voulu voir... Ne serait-ce pas ce que l'on appelle le paradis? Ce serait logique. Après tout, tout le monde aurait le paradis qu'il désire.
Seulement, ma conscience a dû se tromper de commande parce que je n'ai jamais désiré un monde vide.
-Non, mais tu souhaitais la paix et elle t'a donné ce qui s'en rapprochait le plus.
-Mais enfin, qui es-tu et que viens-tu faire dans mon esprit... si j'y suis?
-Je suis un voyageur comme tous ceux qui désirent découvrir le monde, les sensations, les saveurs et tout ce qui fait que la vie a l'air de vous rendre heureux. Sauf que moi, je ne vis pas dans ton monde. Alors je voyage là où je le veux.
Je suis venu car tu m'as... intéressé. Les membres de ton espèce sont particuliers, mais toi, tu l'es encore plus. Tu dégages une détermination qui t'a permis d'aller plus loin que n'importe qui d'autre, et tu as cherché la paix là où il n'y en avait pas.
-Et maintenant je suis mort.
Aunareth secoua la tête en entendant ses propres paroles.
-Je ne peux pas accepter cela. Je ne peux pas vivre en paix alors que mes amis et ma soeur vont finir leur jour dans un cachot sordide.
-Quelle importance, Aunareth? Eux aussi mourront et trouveront le réconfort tout comme tu l'as trouvé.
-Je n'ai pas trouvé de réconfort. Avant que tu ne viennes, je vivais dans la solitude et ça ne me plaisait absolument pas.
-Mais eux auront peut être des gens dans leur paradis. Il y aura peut être un Aunareth dans le monde d'un de tes amis.
-Il manquerait plus que ça. Vous... Vous voyagez dans les mondes. Alors vous pourriez me ramener dans le mien?
-Je crains que ce soit impossible.
-Pourquoi?
Le dragon se tourna vers lui.
-Tu as eu une vie. Tu as fait des choix, et ces choix t'ont conduit à la mort. Tu dois l'accepter maintenant.
-Mais je dois sauver le monde d'où je viens ! Protesta Aunareth. On m'a dit que j'étais le seul dragon capable de protéger mon peuple et j'ai le devoir de te demander de me ramener.
Le dragon blanc soupira. Ses yeux vifs et curieux se concentrèrent sur Aunareth.
-Si je te ramène dans ton monde, dit-il, tu souffriras bien plus de ta nouvelle vie que de ta mort. Les évènements qui suivront te feront faire de nouveaux choix et tu mourras à nouveau. Je peux même te prédire quand tu mourras.
-Comment peux-tu le savoir?
-Je navigue dans le temps, Aunareth. Je peux le manipuler à ma convenance. Je sais tout ce qui va se passer dans une infinité de futur et ce qui s'est passé avant. Tu mourras dans à peine quelques mois, peut-être quelques années, mais tu mourras dans peu de temps et tu ne sauveras pas le monde pour autant. Tu ne réussiras qu'à sauver une seule personne et ce sera l'un de tes ennemis.
-Jamais je ne sauverais l'un de mes ennemis.
-Si, et au final, tu auras souffert pour rien de plus. Souhaites-tu vraiment souffrir pendant toute ta nouvelle vie pour sauver une seule personne?
-Je pense que oui. Je souhaite vivre. La vie est d'une beauté redoutable et j'aimerais revenir chez moi.
-Ce doit être quelque chose de magnifique pour que tu aie une si grande envie d'y retourner.
Le dragon se retourna et réfléchit un instant. Puis il regarda Aunareth à nouveau et déclara.
-Tu es un bon dragon et je t'aime bien. Je ne veux pas te faire revenir... Mais c'est ton désir et j'en ai le pouvoir. Sache cependant que quand tu reviendras, tu ne pourras plus retourner en arrière.
-Très bien. Dit Aunareth d'une voix ferme et déterminée.
Alors le dragon blanc dégagea, avec un simple mouvement d'une griffe, les nuages qui s'étaient placés près d'eux. Il ferma les yeux et soudain, un portail s'ouvrit. Dans les souvenirs d'Aunareth ressurgit le portail des démons qui leur avait permis de rentrer dans son monde.
-Voilà ta porte de sortie Aunareth. Déclara le dragon blanc. Je pense que nous nous reverrons et d'ici là j'espère que ta vie sera aussi fructueuse que tu l'attendais.
Aunareth se dirigea, d'un pas solennel vers le portail. Arrivé à quelques mètres, il se tourna vers le dragon.
-Dis-moi. Moi aussi je t'aime bien. En quelque sorte, tu me sauves la vie. Pourrais-je enfin connaître ton nom?
Le dragon sourit.
-Il y a quelques milliers d'années de votre monde, j'ai rencontré une jeune elfe qui avait été tuée par des humains cruels. Je n'avais pas de nom et elle m'a appelé Elliùtar.
-Alors au revoir Elliùtar.
-Au revoir Aunareth.
Puis Aunareth entra dans le portail.
Il se réveilla dans un sursaut. Il eut du mal à inspirer la première bouffée d'air. Il ne se rappelait même plus qu'il n'avait jamais respiré pendant sa mort. Lorsqu'il regarda autour de lui, il comprit qu'il était exactement au moment qui précédait sa mort. A deux pas de lui, Thamarat était toujours présent mais ne le regardait plus lui et se concentrait sur un autre point. Un point que tous les dragons observaient en particulier, au fond de la salle.
Là-bas, trois dragons se tenaient fièrement et regardaient l'assemblée de dragons qui se trouvait là. Aunareth ne reconnut pas l'un d'entre eux mais il crut halluciner quand il reconnut les deux autres comme étant Dremth et sa s½ur Drésiala. Sa s½ur... Il n'y croyait pas. Elle devait être enfermée et Dremth devait normalement l'être aussi. Mais elle se tenait là devant lui et arborait une armure en un acier extrêmement brillant tout comme le dragon inconnu et leurs griffes étaient équipés d'un fourreau pointu du même acier permettant de perfectionner le tranchant des griffes.
Alors qu'Aunareth restait dans un état de confusion totale, Dravak rugit et hurla.
-Impossible, vous ne devriez pas être là! Où sont mes gardes?
-Je crains que vos gardes ne puissent plus rien pour vous. Décréta Drésiala avec une voix qui semblait sonner le glas de ses ennemis.
-Majesté, ne vous inquiétez pas. Dit alors Emérilla avec un sourire. Nous allons nous occuper de cette vermine.
Elle se tourna ensuite vers Drésiala.
-Drésiala, il n'est pas très prudent de venir te confronter à nous de nouveau. Tu devrais réfléchir à deux fois avant de nous ennuyer. Nous venons de régler notre différent avec ton frère, mais celui-ci était un banni et je ne pense pas qu'il valait la peine de mourir pour lui.
-Espèce de monstre!!! Hurla-t-elle avec colère. Je vais vous faire payer sa mort!
-Petite s½ur. Lança Thamarat à Emérilla. Laisse-moi l'égorger et je m'occuperai des deux autres dragons qui se tiennent stupidement près d'elle.
-Mais fais-donc Thamarat ! Répliqua farouchement Drésiala. Seulement j'ai bien retenu la leçon que vous m'avez donnée justement, et j'ai décidé de demander de l'aide à certains de mes amis.
Aunareth vit soudain sortir des dragons de toutes les ouvertures de la salle. On aurait dit que le peuple entier de Varìannor s'était dressé face au tyran. Dravak perdit de sa superbe et Emérilla elle-même effaça son sourire. Elle regarda Thamarat et alors que Thamarat accompagnait Dravak et son assemblée de fidèles pour s'enfuir, Emérilla parla dans la langue de la magie.
-Zenev serutaéc sed erbmo! Zeut al enimrev!
Puis, venant des profondeurs de la terre, des créatures apparurent devant elle. Ces affreuses bêtes étaient puissamment bâtit et se dressaient avec une peau écailleuse et d'affreuses pattes tordues. Elles étaient moins nombreuses que les dragons assemblés autour d'Emérilla mais elles leur faisaient obstacle.
Alors les dragons se jetèrent sur les démons et une bataille s'engagea. Les coups pleuvaient et le sang éclaboussait de toute part surtout quand des créatures écrasaient un dragon contre une pique des corniches. Aunareth aurait voulu aider ses semblables mais il se rendit compte à ce moment-là que sa patte avant droite ne lui répondait plus et il était toujours aussi extenué par son combat contre Thamarat.
La salle, malgré sa taille étonnante, ne pouvait pas contenir une bataille rangée entre d'aussi imposantes créatures ce qui obligea les démons à se replier avec Emérilla en sortant de la salle et en se dirigeant dans les airs. Les dragons les suivirent et les combats incertains et imprécis se transformèrent en des batailles où leur champ d'action était considérablement augmenté.
Ils pouvaient maintenant être libres de leur mouvement et former des tactiques des gardes-dragons.
Drésiala, Dremth et l'autre dragon allaient les suivre mais Aunareth rugit, avec le peu de force qui se trouvait encore en lui, pour les appeler.
Les trois dragons le regardèrent, estomaqués, puis Drésiala se hâta de le rejoindre suivi de ses deux amis.
-Aunareth! C'est impossible ! Tu es vivant !
Dremth s'approcha de lui, tout aussi étonné.
-Aunareth, je savais que tu étais magicien mais je ne pensais pas que tu pourrais résister à un coup dans le c½ur. S'étonna-t-il.
-Je... Je n'ai pas pu résister. Je suis encore trop perdu pour comprendre ce qui vient de m'arriver.
Cette fois, ce fut le dragon inconnu qui demanda.
-Alors comment avez-vous fait pour survivre? Vous êtes mort. Cela s'est vu sur vos écailles. Toute vie vous avait quittée alors que nous étions présents.
Aunareth ne savait pas quoi répondre. Il demanda finalement.
-Co... Comment avez-vous pu? Enfin je veux dire... Vous devriez être en prison... tous les deux!
-Aunareth. Répondit Dremth. Je ne vois pas de quoi tu parles. Après nous être séparés, je ne t'ai pas retrouvé et je suis parti à la recherche de Drésiala. Je l'ai trouvée et, ne te voyant pas revenir, je l'ai emmené en lieu sûr, dans la grotte que nous avions prise en espérant que tu nous rejoignes en vitesse. Mais tu ne revenais pas alors Drésiala est entré en contact avec des chefs qui nous étaient loyales et nous sommes repartis dans la prison pour te chercher. Tu as eu de la chance que nous arrivions au bon moment.
"L'imbécile, la triple buse!" Pensa Aunareth. "Le démon m'a fait croire qu'il avait capturé Dremth et que j'étais seul face à trois démons... Il a bien joué son coup"
-J'ai dû rester à terre un bon moment pour qu'il se passe autant de chose.
-Mon frère? l'appela soudain Drésiala.
Ce fut le moment où les yeux d'Aunareth et sa soeur se rencontrèrent. Ils se regardèrent un long moment puis elle lui sourit et il lui rendit son sourire. Alors ils s'étreignirent tendrement. Ils s'étaient enfin retrouvés.
Commentaires
- Sebantey
09/03/2013 à 22:15:14
Je suis très pris par le temps en ce moment, mais je finirai forcément par avoir une période de pause ; promis, je penserai à ta fic
- darkthrak
09/03/2013 à 22:03:41
Tout d'abord, merci beaucoup d'avoir commenté. C'est vrai que... écrire sans n'avoir aucun retour, ça ne donne pas vraiment envie de poursuivre.
Je dois avouer que plusieurs fois, j'ai laissé tomber l'idée et n'ait plus posté de chapitres pendant un très long moment. Ce n'est pas d'avoir 10 000 clics qui me donne envie d'écrire ( quoique si on peut y arriver, ça ne me gênerais absolument pas ) c'est surtout de savoir qu'on me lit, et pour ça, oui, c'est clair que j'aimerais bien avoir plus de commentaire. Ca ne prend pas longtemps mais ça fait énormément plaisir pour l'auteur.
Mais oui, ça c'est sûr que je vais continuer ! On n'en est pas à la fin, oh ça non . Et merci de lire cette fic si le coeur t'en dit - Sebantey
09/03/2013 à 00:12:11
Avant toute chose, je précise que je n'ai pas lu
Je viens de jeter un oeil sur le long de la fic, et je suis admiratif.
Tu as des lecteurs en-dehors du site ? Parce qu'il y a si peu de commentaires...
Je trouve ça vraiment impressionnant de faire une fic aussi longue, surtout sans personne ici qui vient donner son avis. Vraiment, rien que pour ça, chapeau bas.
31 chapitres, c'est vraiment très long, mais dès que j'aurais le temps, je viendrais lire la fic, et si le coeur m'en dit, peut-être que j'arriverais à te rattraper
En tout cas, continu