Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Cet été.


Par : Deck
Genre : Sentimental, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 9


Publié le 24/04/2013 à 23:39:21 par Deck

Ah, le fameux resto du camping... Après la soirée d'inauguration, je crois que c'est le deuxième truc le plus con et stupide qui existe ici. Entre le rendez-vous ultime de beaufs, les interventions lumineuses de Gégé et les chansons improvisées par tous les résidents, c'est vraiment de la merde. Malheureusement, je pourrai pas couper à tout et ce resto, c'est minimum 5 fois par vacances. C'est donc d'un moral miné que je vais me doucher. Et juste pour retarder l'instant, je décide de prendre mon temps malgré tout. Je commence à me rincer et je reste bien dix minutes à apprécier l'eau brûlante du camping. La nuit tombe doucement de ce que je peux voir depuis la fenêtre en hauteur dans ma cabine. Je repense à la mystérieuse nouvelle arrivée et dans ma solitude, j'ai une envie grandissante de me faire plaisir. J'écoute une dernière fois, l'eau éteinte. Personne de chez personne. Je rallume l'eau et après m'être savonné, j'entreprends mon affaire en tête à tête avec mon z. Je me remémore son corps, ses fesses, ses cuisses, ses seins sous son bikini, et de plus en plus à fond, je relâche ma garde. Soudain, j'entends l'eau de la cabine juste à ma droite s'allumer. Le z encore chaud, j'arrête immédiatement mon affaire et je deviens rouge de honte. Putain, on a dû m'entendre... ( le m+z sous l'eau n'est pas si discret que ça, les mecs peuvent confirmer ). Remis de mes émotions mais encore bouillant car non vidangé, je me baisse doucement et je regarde par l'espace ouvert entre chaque cabine. Je vois des pieds et des mollets féminins. Là, une main commence à se savonner les jambes, puis les pieds et rien que ça me remet en branle. Toujours l'eau allumée, en fixant ce nouveau spectacle, je me remets au travail. Finalement, je me retrouve la tête baissée, le z reprenant peu à peu sa taille normale, en train de souffler faiblement. Je me relève et je me resavonne, je me rince et je m'habille. Je préfère ne pas rester pour ne pas avoir de mauvaises surprises quand à la personne derrière ces jolis jambes. J'en profite pour me préparer rapidement, un petit coup de gel, du déo et je rejoins les tentes.

Presque arrivé, j'ai un flash: mon shampoing sur un des lavabos. Merde. Je retourne emmerdé aux cabines et je trouve bel et bien mon shampoing oublié. J'entends la cabine de derrière s'ouvrir. Arf, tant pis pour la désillusion. Je me retourne. Cheveux noirs, 1 mètre 65 environ, les yeux marrons, la peau pâle, une serviette autours du corps, 19 ans à tout casser. Elle me regarde fixement, je tiens son regard, abasourdi.

" Salut ", me lance t-elle.
" Euh, salut. ", répondis-je en hésitant.
" On s'est déja croisé, non ?
- Ouais, ce matin.
- Et à la plage, tout à l'heure, tu t'en souviens ? " enchaine t-elle d'un ton légèrement moqueur.
- " Oui, euh ouais c'est vrai... ", dis-je, en me grattant la tête.

Aucun de nous n'a bougé depuis le début de la conversation et nous nous fixons toujours dans les yeux.

" Tu t'appelles comment ?
- Alex. Toi ?
- Morgane.
- Ok. Bon eh bah... À plus tard, j'imagine.
- Tu vas manger au Resto du camping ?
- Ouais. Et toi ?
- On se verra là-bas. "

Elle prend sa trousse de toilette et part, sans un regard en arrière. Morgane... Effectivement, elle a le mérite d'être mystérieuse. Mais elle est super mignonne. Je me remets à nouveau de mes émotions et je rentre à l'emplacement. Je continue à la revoir pendant le trajet. Elle a vraiment un regard étrange, captivant. Ses grands yeux marrons qui s'accordent parfaitement à sa chevelure la rendent vraiment spéciale. De retour aux tentes, pas un signe de vie. Tu m'étonnes, ça fait 40 minutes que je suis parti. Je m'habille un peu plus "classe", niveau soirée camping quoi, et je vais au resto. J'ouvre la porte, j'entre, toutes les conversations se taisent. Tout d'un coup:

" Alors Alex, elle était bonne la douche ?! ", me dit gégé au milieu de la salle. Putain de merde... Voyant que je réponds pas, il enchaine:

" On fait un triomphe à Alex, mesdames et messieurs ! "

Tout les gens présents se mettent à crier " Alex, Alex, Alex, Alex ! " en tapant dans leurs mains. Rouge de honte, je ne dis rien et sous leurs applaudissements de beaufs, je cherche mes parents dans la salle. Quand j'atteins finalement la tablée familiale, mon père surenchérit

" Alex ! Alex ! Alex ! Alors mon p'tit, on s'est noyé sous la douche ? "

Ma mère et ma soeur rient, et Gégé d'enchainer:

" Allez ! Tout le monde à table vu que les retardataires sont arrivés, hein Alex ! ", le tout d'un ton bon enfant et moqueur. Je m'installe, presque pétrifié de honte. Mes parents me disent quelques trucs bateaux et je finis par discuter avec ma soeur pour oublier au plus vite cette torture organisée. J'observe la salle à manger et les nombreuses tables. Je finis par rencontrer les yeux de Lucie tout à l'opposé de notre table. Je lui fais un petit sourire qu'elle me renvoie mais encore honteux et énervé, je relâche vite son regard et je continue à parler avec ma soeur. Le temps passe, mon père essaye de mettre l'ambiance toutes les 15 minutes en déconnant avec Gégé ou en répondant à quelqu'un. Avant, il avait toujours été festif mais depuis qu'il a reçu sa "décoration" de citoyen d'honneur de la Côte à Mouette, c'est encore pire. Je refais un rapide coup d'oeil du propriétaire mais je ne vois pas Morgane. Elle est peut-être de l'autre côté de la salle. Enfin, les plats arrivent et chacun s'occupe de son assiette. Mon père, fidèle à lui-même, continue à envoyer des vannes. Pour un peu, il serait aux anges s'il y avait une bataille de bouffe comme en primaire. L'atmosphère est détendu, on descend des bières, du vin, les pâtes spéciales du camping sont plutôt bonnes et l'entrecôte aussi. Gégé ponctue le repas par des " Ah putain, et c'est pas bon tout ça, hein ? " accompagnés d'acclamations et autres confirmations de la part des résidents. À 20h30, Gégé, qui a descendu sa bouteille de pinard de moitié, lance:

" Bon, mesdames et messieurs, comme chaque année depuis 1965, le camping de la Côte à Mouette est fier de vous inviter à participer aux chansons et à l'hymne officiel du camping ! "

Un serveur va allummé une radio à quelques mètres et une musique typée beaufs attitude se lance. On ne pas faire plus camping et con à la fois.

" Pour ceux qui le connaissent pas, on vous a mis les paroles sur la table. Et un, et deux, et on-y-va ! "

D'une voix, fausse, tout le monde se met à chanter l'hymne officiel du camping. Sur l'échelle de la beaufitude, je crois qu'on peut donner un bon 9/10. Surtout vu les paroles, que je connais maintenant à force d'en avoir chanté et entendus des pleines citernes depuis 18 ans. Mon père s'est levé et a rejoint Gégé, et c'est bras à la taille qu'ils chantent en coeur pour mettre du rythme. je regarde Lucie, elle a l'air de chanter et voyant que je la regarde mais elle me fait un petit signe de main, tout sourire. C'est ma bouée de sauvetage, je n'ai qu'une envie, m'enfuir avec elle de cet endroit maudit. La soirée avance, les chansons défilent, je reste muet, attéré. Bientôt 22h30, je suis pas loin de craquer, quand soudain Gégé annonce:

" Mesdames et messieurs, après les chansons et la digestion, que diriez-vous de quelques pas de danse ? "

Des houras et autres acclamations suivent son annonce et vu le niveau des chansons camping de son répertoir, je n'ai même pas envie de tenter quelque chose. Tout le monde se lève et les tables et chaises sont débarrassées. Les lumières "soirée" du plafond sont allummées et la musique est lancé. Mon père invite ma mère, ma soeur toute contente va danser, d'autres couples se lancent, quelques camarades de camping ou de pétanque dansent entre vieux potes en rigolant d'un air con, et au bout de quelques minutes, toute la salle est remplie par les danseurs. Seuls quelques personnes sont encore assises et malgré mes efforts, je ne distingue pas Lucie. Les chansons qui passent sont un mix de Jean-Jacques Goldman, Charles Aznavour, Patrick Sebastien et Johnny Haliday, en gros. On a même droit à Hakouna Matata du Roi Lion. Pourquoi pas. Je reste dans mon coin, ne souhaitant maintenant plus que rentrer.

Au bout d'une dizaine de chansons, alors que beaucoup de personnes quittent la piste, se fait entendre Can you feel the Love tonight:
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La chanson résonne dans la salle. Des couples se lèvent et se mettent à danser en slow. Je me dis que c'est maintenant. Je me lève, je cherche Lucie du regard, je la vois. Je fais à peine un pas que j'entends à ma droite:

" Tu veux bien danser avec moi ? " me demande droit dans les yeux Morgane.
Choqué, je dis dans un souffle:

" Ou...Ouais, bien sûr. ".

Morgane me prend alors la main et m'amène au milieu de la salle. Peu de monde s'est levé, il doit y avoir deux-trois couples, tout le monde regarde les danseurs. La chanson continue à résonner et je commence à danser en slow avec ma cavalière. Je passe mes mains autour de sa taille, je la sens frissonner, je le regarde dans les yeux quand se fait entendre " Caaaaan you feel the Love tonight... ". Aucun sourire de sa part, juste son regard, toujours plus profond dans lequel je plonge alors que se répète le refrain. Nous dansons, proches, nos corps presque collés, elle ses mains derrière ma nuque. Nous tournons, doucement, je ne pense plus à rien, ne faisant que la fixer. Presque avec regret, je me décolle et je détache mon emprise, alors que les dernières paroles de la chanson passent. Sans un mot, elle me sourit alors pour la première fois et elle se retourne, pour finalement quitter la salle. Perdue, encore chamboulé, je retourne m'asseoir, le coeur battant. Je cherche Lucie, je la trouve. Mais nos regards, non.


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