Note de la fic :
[Confédération][2] Rêves Mécaniques
Par : Gregor
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : Terminée
Chapitre 5
Publié le 08/11/2012 à 18:48:13 par Gregor
4.
2098.
Le vent soufflait doucement. Fin d’été, les feuilles rousses voletaient sur la place en délicates arabesques, avant de s’écraser ou de s’éloigner, poussées par une volonté qui les dépassait.
Un jeune garçon souriait, visiblement ravi de revoir le soleil et la douceur estivale après des semaines de grisaille et d’humidité. Non pas que la météo fût capricieuse, mais pour un autre motif.
— Dis tonton, tu crois qu’Aïda, elle va revenir bientôt ?
Ses yeux, d’un gris dur et étincelant comme ceux de son père, luisaient de cette pépite de vie propre à l’enfance. Son nez légèrement épaté, un front qu’on devinait déjà comme large et haut, et qui se plissait sur des paupières laiteuses, la faute au soleil trop mordant.
— Non, Oddarick. Ton père est clair sur ce sujet. Elle ne reviendra pas tant qu’elle n’aura pas réussi ses examens.
Le garçon soupira, fit mine de bouder, avant de se rapprocher de l’homme qu’il tenait pour son oncle. Une main métallique se tendit devant son regard avide et curieux, il l’attrapa et se laissa tracter jusqu’à être assis sur les puissantes épaules mécaniques de son mentor. Un sourire tendre perça le masque sans expression, perclus de métal lisse et d’une magnifique lentille de silice aux couleurs changeantes. Le Commandus Magnus savait l’admiration que lui portait le garçon, et il en jouait habilement pour le mener là où ils devaient aller.
— Il est temps de retourner au Palais, mon cher Oddarick.
— Mais, Tonton, il fait encore jour ?
— Je sais mon grand. Mais il y a une belle surprise qui t’attend.
Un pas. Lourd, puissant, ajusté.
Javier fixait l’horizon. Paris s’étalait mollement devant lui, du haut de cette esplanade magnifiquement endommagée que fut le Trocadéro. Un calme insolent, silencieux et terrifiant de beauté couvrait les lieux. À part lui, le jeune Regalium et quelques hommes placés sous son commandement, personne ne s’y tenait. La zone était interdite, l’accès fortement restreint, et, doucement, la nature reprenait ses droits. Neuf longues années après la fin de la guerre civile, les herbes folles avaient germé dans le moindre interstice des dalles d’albâtre cimentées, qui, défoncées, n’étaient plus que de pauvres pavés hétéroclites et branlants.
Un autre pas. Une dalle éclata, aussi peu solide que du sable aggloméré. Oddarick tentait de fixer l’oeil artificiel du Commandus Magnus, mais, à chaque fois, il détournait le regard, admiratif et effrayé à la fois. De toute sa courte vie, il avait uniquement côtoyé des hybrides, à de rares exceptions prés. Puissants, silencieux, terriblement distants la plupart du temps. Et malgré toute l’affection que pouvaient lui donner son père et son parrain, rien ne remplaçait les bras angéliques de Thelma. Il savait qu’il ne fallait jamais l’appeler maman. Les rares fois où il avait osé le faire, son contact lui avait été retiré de longues semaines. Il pensait, sans doute à tort, que c’était uniquement de sa faute. Alors, Oddarick préférait se taire, ou juste dire « Thelma ». Même si au fond, sans les mots d’adultes, il comprenait que cela ne changeait rien à leurs rapports, de mère à fils.
Un troisième pas. Javier ajusta sa vue sur le soleil couchant, et se retourna. Un cyborg vêtu de sa tenue réglementaire inclina furtivement la tête.
— Commandant, veuillez prévenir le Colonel Jurdard que j’aurais quelques minutes de retard.
— Bien, Commandus Magnus.
L'officier fit quelques pas en arrière, avant de s’arrêter au pied d’un transporteur de combat rutilant.
— Oddarick, promets-moi quelque chose…
— Oui Tonton ?
— Ne tente pas de rejoindre Aïda. Tu sais pourquoi elle est partie loin de toi, n'est-ce pas ?
Le jeune garçon secoua la tête.
— Je sais que tu veux rester le préféré de ton père. Alors, n’essaye pas de le fâcher.
— Aïda n’est pas allée à Athènes pour réussir ces examens ?
Javier se contenta de sourire, faiblement.
— Il y a des choses que tu comprendras plus tard.
2098.
Le vent soufflait doucement. Fin d’été, les feuilles rousses voletaient sur la place en délicates arabesques, avant de s’écraser ou de s’éloigner, poussées par une volonté qui les dépassait.
Un jeune garçon souriait, visiblement ravi de revoir le soleil et la douceur estivale après des semaines de grisaille et d’humidité. Non pas que la météo fût capricieuse, mais pour un autre motif.
— Dis tonton, tu crois qu’Aïda, elle va revenir bientôt ?
Ses yeux, d’un gris dur et étincelant comme ceux de son père, luisaient de cette pépite de vie propre à l’enfance. Son nez légèrement épaté, un front qu’on devinait déjà comme large et haut, et qui se plissait sur des paupières laiteuses, la faute au soleil trop mordant.
— Non, Oddarick. Ton père est clair sur ce sujet. Elle ne reviendra pas tant qu’elle n’aura pas réussi ses examens.
Le garçon soupira, fit mine de bouder, avant de se rapprocher de l’homme qu’il tenait pour son oncle. Une main métallique se tendit devant son regard avide et curieux, il l’attrapa et se laissa tracter jusqu’à être assis sur les puissantes épaules mécaniques de son mentor. Un sourire tendre perça le masque sans expression, perclus de métal lisse et d’une magnifique lentille de silice aux couleurs changeantes. Le Commandus Magnus savait l’admiration que lui portait le garçon, et il en jouait habilement pour le mener là où ils devaient aller.
— Il est temps de retourner au Palais, mon cher Oddarick.
— Mais, Tonton, il fait encore jour ?
— Je sais mon grand. Mais il y a une belle surprise qui t’attend.
Un pas. Lourd, puissant, ajusté.
Javier fixait l’horizon. Paris s’étalait mollement devant lui, du haut de cette esplanade magnifiquement endommagée que fut le Trocadéro. Un calme insolent, silencieux et terrifiant de beauté couvrait les lieux. À part lui, le jeune Regalium et quelques hommes placés sous son commandement, personne ne s’y tenait. La zone était interdite, l’accès fortement restreint, et, doucement, la nature reprenait ses droits. Neuf longues années après la fin de la guerre civile, les herbes folles avaient germé dans le moindre interstice des dalles d’albâtre cimentées, qui, défoncées, n’étaient plus que de pauvres pavés hétéroclites et branlants.
Un autre pas. Une dalle éclata, aussi peu solide que du sable aggloméré. Oddarick tentait de fixer l’oeil artificiel du Commandus Magnus, mais, à chaque fois, il détournait le regard, admiratif et effrayé à la fois. De toute sa courte vie, il avait uniquement côtoyé des hybrides, à de rares exceptions prés. Puissants, silencieux, terriblement distants la plupart du temps. Et malgré toute l’affection que pouvaient lui donner son père et son parrain, rien ne remplaçait les bras angéliques de Thelma. Il savait qu’il ne fallait jamais l’appeler maman. Les rares fois où il avait osé le faire, son contact lui avait été retiré de longues semaines. Il pensait, sans doute à tort, que c’était uniquement de sa faute. Alors, Oddarick préférait se taire, ou juste dire « Thelma ». Même si au fond, sans les mots d’adultes, il comprenait que cela ne changeait rien à leurs rapports, de mère à fils.
Un troisième pas. Javier ajusta sa vue sur le soleil couchant, et se retourna. Un cyborg vêtu de sa tenue réglementaire inclina furtivement la tête.
— Commandant, veuillez prévenir le Colonel Jurdard que j’aurais quelques minutes de retard.
— Bien, Commandus Magnus.
L'officier fit quelques pas en arrière, avant de s’arrêter au pied d’un transporteur de combat rutilant.
— Oddarick, promets-moi quelque chose…
— Oui Tonton ?
— Ne tente pas de rejoindre Aïda. Tu sais pourquoi elle est partie loin de toi, n'est-ce pas ?
Le jeune garçon secoua la tête.
— Je sais que tu veux rester le préféré de ton père. Alors, n’essaye pas de le fâcher.
— Aïda n’est pas allée à Athènes pour réussir ces examens ?
Javier se contenta de sourire, faiblement.
— Il y a des choses que tu comprendras plus tard.