Note de la fic :
[Confédération][2] Rêves Mécaniques
Par : Gregor
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : Terminée
Chapitre 3
Publié le 08/11/2012 à 15:19:05 par Gregor
2.
2091.
Dans la sombre moiteur de la chambre, il commença à la pénétrer. Son attribut artificiel n'existait que pour exécuter un rôle pratique, toute contrepartie du plaisir de cette relation était absolument inexistante. Comment pouvait-il aimer ? Comment pouvait-il ressentir la moindre once d’amour pour ce réceptacle, cette femme qui avait pleinement consenti de porter son descendant, de n’être qu’un tas de chair nécessaire au développement de ce futur enfant ?
Tout cela n’était qu’un moyen nécessaire pour lui. Le mouvement doux et langoureux de son bassin oscillant sur les hanches de cette Anglaise n’avait rien à offrir en sens figuré. Il ne faisait que donner son précieux sperme, fermant les yeux et bloquant ses sens pour d’autres occupations plus importantes à ses yeux.
Mais pas elle. Elle avait pleinement conscience qu’il n’éprouverait jamais rien de plus pour elle que le sentiment de cette nécessité biologique. Elle voulait y croire, quand même. Thelma, si fragile sous ce corps artificiel qui aurait pût l’anéantir d’un seul mouvement de colère, gémissait de plaisir. Il fallait bien qu’il l’aime, se disait-elle. Comment aurait-il pût consentir à la féconder s’il la haïssait ?
C’était impossible autrement. Il fallait bien qu’il l’aime un peu, malgré tout.
Kris serra les dents au moment de l’éjaculation. Une chaleur étrange courut sur son bas ventre, un ersatz de plaisir qu’il négligea avec dégoût. Cet acte ne serait plus reproduit. Il avait donné son dû pour le futur, point. Sans concession, il se retira de Thelma, se leva, et arracha cet artifice avant de le déposer dans un canope bionique. Il attrapa la lourde cape vert-de-gris pendue à un portemanteau, s’en vêtit, et sortit de la pièce. Thelma n’était déjà plus qu’un souvenir.
Elle sentit le liquide chaud couler en elle, et agrippa plus fort encore le dos de métal du cyborg. Le don ultime, celui de sa semence. Elle frémit de bonheur. Elle respirait fort lorsqu’il décida d’arrêter ce simulacre de copulation, préférant retourner méditer sous la voute du ciel hivernale. Elle entendit le pas mécanique de Kris sur le sol en marbre noir. Elle sentit le lit se relever contre ce poids si lourd d’un corps artificiel. La porte se referma sans délicatesse derrière lui.
Alors, pleine de cet amour biaisé, elle fondit en sanglots. Il ne l’aimerait plus après cette nuit. Elle ne serait plus qu’un ventre anonyme, remercié pour sa contribution au monde des cyborgs.
Cette femme aurait pût être heureuse, si seulement elle avait évité d’y repenser. Alors qu’elle resterait à jamais loin de lui, Thelma songea tristement à tout ce chemin parcouru. Il n’aura fallu à son violeur que trois petites années pour assoir sa domination sur l’Europe occidentale, et que son nom soit la plus terrifiante des malédictions envers ses ennemis. Lorsque la France était tombée, personne ne semblait s’inquiéter des conséquences qu’une nation élevant la technologie au rang de religion pourrait entraîner. Surtout pas elle. Thelma Mac Patterson, pauvre fille esseulée dans des études littéraires lorsque le Royaume-Uni trembla sur ses bases un soir de décembre. Le Magister avait réuni une véritable armada en à peine six mois, écrasant avec l’aide d’une bonne centaine de milliers de ses cyborgs la majesté anglo-saxonne. Le chaos qui suivit était indescriptible, et la lourde justice mécaniste trancha dans le sang avec une rapidité stupéfiante. Vénérable terre des Brittons, devenus cybercratie en cinq semaines. La réalité fut cruelle pour sa patrie, alors, elle tenta de survivre. Fouiller des ruines, et puis, plus cyniquement, vendre son corps pour des sommes dérisoires.
Thelma pensait finir sa vie en quelques années, mais le destin la rattrapa par la main. Le Magister Kris voulait un fils. Mais il ne laissa rien au hasard. Seule une femme âgée de vingt à vingt-huit ans, en bonne santé et au patrimoine génétique compatible avec une possible cybernétisation serait acceptée. De gré ou de force. Thelma n’y prêta pas attention, mais le médecin qu’il l’examina un jour pluvieux de mai pour une mauvaise grippe, oui. Sans crier gare, huit hommes de fer étaient venus l’arracher à son domicile, à toute sa vie et toute sa misère.
Dans un premier temps, elle maudit le Magister. Comment cette abomination, ce sang mêlé à l’acier pouvaient-ils encore être qualifiés d’humain ? Il lui semblait que les instincts les plus cruels habitaient les hauts couloirs de ce qui ressemblait davantage à une prison qu’à un palais. Et puis, il était revenu lui parler. Comme un homme, et non un chef militaire, le Magister lui exposa clairement la situation. La lourde carapace que formaient autour de lui son propre corps et son attitude inexpressive se fendit, révélant une âme fragile qui aurait tant voulu vivre autrement. Thelma eut pitié de ce prince fort et fragile à la fois, et qui, du haut de ces deux mètres dix, lui avouait qu’il ne pourrait plus jamais aimer.
Elle s’était lourdement trompée. La pitié devenue amour ne changerait jamais la nature du Magister.
2091.
Dans la sombre moiteur de la chambre, il commença à la pénétrer. Son attribut artificiel n'existait que pour exécuter un rôle pratique, toute contrepartie du plaisir de cette relation était absolument inexistante. Comment pouvait-il aimer ? Comment pouvait-il ressentir la moindre once d’amour pour ce réceptacle, cette femme qui avait pleinement consenti de porter son descendant, de n’être qu’un tas de chair nécessaire au développement de ce futur enfant ?
Tout cela n’était qu’un moyen nécessaire pour lui. Le mouvement doux et langoureux de son bassin oscillant sur les hanches de cette Anglaise n’avait rien à offrir en sens figuré. Il ne faisait que donner son précieux sperme, fermant les yeux et bloquant ses sens pour d’autres occupations plus importantes à ses yeux.
Mais pas elle. Elle avait pleinement conscience qu’il n’éprouverait jamais rien de plus pour elle que le sentiment de cette nécessité biologique. Elle voulait y croire, quand même. Thelma, si fragile sous ce corps artificiel qui aurait pût l’anéantir d’un seul mouvement de colère, gémissait de plaisir. Il fallait bien qu’il l’aime, se disait-elle. Comment aurait-il pût consentir à la féconder s’il la haïssait ?
C’était impossible autrement. Il fallait bien qu’il l’aime un peu, malgré tout.
Kris serra les dents au moment de l’éjaculation. Une chaleur étrange courut sur son bas ventre, un ersatz de plaisir qu’il négligea avec dégoût. Cet acte ne serait plus reproduit. Il avait donné son dû pour le futur, point. Sans concession, il se retira de Thelma, se leva, et arracha cet artifice avant de le déposer dans un canope bionique. Il attrapa la lourde cape vert-de-gris pendue à un portemanteau, s’en vêtit, et sortit de la pièce. Thelma n’était déjà plus qu’un souvenir.
Elle sentit le liquide chaud couler en elle, et agrippa plus fort encore le dos de métal du cyborg. Le don ultime, celui de sa semence. Elle frémit de bonheur. Elle respirait fort lorsqu’il décida d’arrêter ce simulacre de copulation, préférant retourner méditer sous la voute du ciel hivernale. Elle entendit le pas mécanique de Kris sur le sol en marbre noir. Elle sentit le lit se relever contre ce poids si lourd d’un corps artificiel. La porte se referma sans délicatesse derrière lui.
Alors, pleine de cet amour biaisé, elle fondit en sanglots. Il ne l’aimerait plus après cette nuit. Elle ne serait plus qu’un ventre anonyme, remercié pour sa contribution au monde des cyborgs.
Cette femme aurait pût être heureuse, si seulement elle avait évité d’y repenser. Alors qu’elle resterait à jamais loin de lui, Thelma songea tristement à tout ce chemin parcouru. Il n’aura fallu à son violeur que trois petites années pour assoir sa domination sur l’Europe occidentale, et que son nom soit la plus terrifiante des malédictions envers ses ennemis. Lorsque la France était tombée, personne ne semblait s’inquiéter des conséquences qu’une nation élevant la technologie au rang de religion pourrait entraîner. Surtout pas elle. Thelma Mac Patterson, pauvre fille esseulée dans des études littéraires lorsque le Royaume-Uni trembla sur ses bases un soir de décembre. Le Magister avait réuni une véritable armada en à peine six mois, écrasant avec l’aide d’une bonne centaine de milliers de ses cyborgs la majesté anglo-saxonne. Le chaos qui suivit était indescriptible, et la lourde justice mécaniste trancha dans le sang avec une rapidité stupéfiante. Vénérable terre des Brittons, devenus cybercratie en cinq semaines. La réalité fut cruelle pour sa patrie, alors, elle tenta de survivre. Fouiller des ruines, et puis, plus cyniquement, vendre son corps pour des sommes dérisoires.
Thelma pensait finir sa vie en quelques années, mais le destin la rattrapa par la main. Le Magister Kris voulait un fils. Mais il ne laissa rien au hasard. Seule une femme âgée de vingt à vingt-huit ans, en bonne santé et au patrimoine génétique compatible avec une possible cybernétisation serait acceptée. De gré ou de force. Thelma n’y prêta pas attention, mais le médecin qu’il l’examina un jour pluvieux de mai pour une mauvaise grippe, oui. Sans crier gare, huit hommes de fer étaient venus l’arracher à son domicile, à toute sa vie et toute sa misère.
Dans un premier temps, elle maudit le Magister. Comment cette abomination, ce sang mêlé à l’acier pouvaient-ils encore être qualifiés d’humain ? Il lui semblait que les instincts les plus cruels habitaient les hauts couloirs de ce qui ressemblait davantage à une prison qu’à un palais. Et puis, il était revenu lui parler. Comme un homme, et non un chef militaire, le Magister lui exposa clairement la situation. La lourde carapace que formaient autour de lui son propre corps et son attitude inexpressive se fendit, révélant une âme fragile qui aurait tant voulu vivre autrement. Thelma eut pitié de ce prince fort et fragile à la fois, et qui, du haut de ces deux mètres dix, lui avouait qu’il ne pourrait plus jamais aimer.
Elle s’était lourdement trompée. La pitié devenue amour ne changerait jamais la nature du Magister.
Commentaires
- Pseudo supprimé
10/06/2010 à 17:46:11
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