L’odeur de son shampoing me fait tourner la tête, alors que nous arrivons à la cuisine. Elle montre finalement un peu de timidité, mordillant sa lèvre inférieure en attendant que j’agisse.

Toujours en apparence imperturbable (mais mentalement en train d’essorer Courage jusqu’au sang ), je tire une chaise pour elle et lui dit de se détendre.
Je lui propose du Bacon et des pâtes, et elle me répond qu’elle est végétarienne. Va pour les pâtes alors. Déçu par la nouvelle, Popole se morfond en silence.

Comme s’il y avait une chance qu’elle et moi, on…

Maintenant que je la connais un peu mieux, je tends vraiment à penser que c’est son comportement naturel. Le regard incroyablement coquin, sa bottine qui effleure ma jambe, sa main sur ma cuisse, sa façon de s’habiller… Je me rends à l’évidence que c’est juste sa façon d’être, et qu’elle n’a pas du tout d’arrière-pensée. Je n’ai pas l’air de l’effrayer, et elle ose se mettre à l’aise chez moi.

À 13h30, les pâtes sont cuites, et même si je n’ai pas très faim, je me mets à table. Elle a organisé ses cheveux en une couette en attendant, et me remercie en souriant lorsque je remplis son assiette. On bavarde tout en mangeant, et je me demande s’il est possible qu’un jour le silence s’installe entre nous. Elle a toujours quelque chose à dire, et c’est même toujours intéressant ou marrant.

De plus en plus naturel, j’alimente la conversation et la fais rire. Tout en finissant nos pâtes, elle prend l’envie de me faire traduire en français tous les objets qu’elle me montre du doigt. Elle répète après moi à chaque fois jusqu’à ce que je valide sa prononciation. Je constate qu’elle a retiré ses bagues et ses boucles, et qu’elle arbore plusieurs piercings aux deux oreilles.

J’insiste pour faire la vaisselle seul, et me demande si quelque chose chez elle n’est pas parfait. Je me retourne en essuyant les assiettes, elle a croisé ses belles jambes et a l’air de me reluquer. Je crois que je l’ai surprise, car c’est la première fois que je la vois gênée.

-So… When the French lessons start ? dis-je, comme si de rien était. (Je ne vais quand même pas lui reprocher de me mater, hein. )
-In three days. The next Friday, me répond-t-elle, toujours souriante. I need you to show me how I can get the school. And maybe you can make me visit the town. If you agree, ajoute-t-elle rapidement, presque inquiète.

Ignorant Popole qui chuchote “I can show you a lot of things, babe”, je réponds :
-Yeah, sure ! Let me know when you’re ready to go out. I’m totally free.
Sur ces mots, je sens mon portable vibrer. Je vois que c’est ma mère, Marie (c’est ma mère biologique celle-ci. )
-Coucou mon trésor ( ). La petite Yun est arrivée ? Tout s’est bien passé ?
-Salut Mam’s. Oui, on est rentré, tout va bien. On va peut-être sortir cet aprem, visiter, repérer son école…
-Bon, parfait. Tu sais que vous devez vous présenter à la scolarité pour valider l’hébergement.
-T’inquiète, je ferai ça.
-Bon, bien. Bisous mon chéri !
-Bisous, bye. Bisous à Maman.

J’ai parlé naturellement sans me poser de question, mais j’ai remarqué que dès le début, Yun s’est raidie sur sa chaise, les yeux brillants d’excitation.
-Woah… I want to speak just like you ! dit-elle, enjouée.
Tout fier, je finis de ranger la cuisine, et nous plaisantons un moment.
-So… This afternoon, can we go out together ? me demande-t-elle presque timidement.
-Of course !

Elle me dit qu’elle va se reposer un peu avant, que le voyage l’a un peu fatiguée. Je lui dis de faire comme chez elle, et je vais comater un peu devant la télé. J’apprécie vraiment la clim et les 22° à l’intérieur, et je finis par m’endormir.

« Steph ».

Quelqu’un murmure près de moi, et je me réveille presque en sursaut. Yun est à quelques centimètres de moi à genoux par terre. Elle parait amusée par ma réaction.
-I really am sorry. I didn’t want to rush it, I tried to whisper your name…
-Don’t worry, it’s okay ! dis-je en riant.

Je rassemble mes esprits et me lève, avant de la regarder.
Elle s’est remaquillée, ses cils sont levés comme Courage ( ), ses joues légèrement rouges, et une petite touche de rouge à lèvres achève son portrait de rêve. Elle est revenue à son chignon initial, celui qui laisse de grandes mèches de cheveux cascader derrière sa tête. Des bagues, pas de boucles.

J’aime bien sa façon d’être. Elle est féminine au point de se maquiller quand elle sort, sans pour autant forcer la dose. J’imagine qu’elle a fait ça en dix minutes avant de venir me réveiller. Elle a également remis son soutien-gorge, et elle porte à la main une paire de ballerines noires assorties à son débardeur.

Je regarde l’heure : 15 h 30.
-If you prefer, we can stay here and go out tomorrow, me dit-elle d’une petite voix.
-Naaaah, don’t worry, I’m fine. I’m too lazy, you know. I’m glad you are here, you will make me move a bit.
Popole fait echo à mes paroles : “J’espère qu’elle me fera bouger un peu, moi aussi” lance-t-il discrètement.
Elle sourit, enfile ses chaussures, et nous sortons tous les deux, comme un couple.

J’espère que des gens que je connais nous verrons ensemble.