Note de la fic :
Le Fugitif
Par : MassiveDynamic
Genre : Action, Réaliste
Statut : C'est compliqué
Chapitre 4 : Elena Cuiorlo
Publié le 26/12/2012 à 02:23:24 par MassiveDynamic
L'homme avance d'un pas lent, l'arme à la main. Nous sommes trop exposés, des civils se situent tout autour de nous. Et si je démarre, Prudence risque d'être blessée s'il décide de tirer. Je n'ai aucun moyen de me défendre. Tant pis, c'est fini. J'ouvre la portière et sort du véhicule puis me tourne vers l'assaillant. Ce dernier pointe l'arme vers ma voiture et me somme de m'écarter. Au même moment, Prudence prend la place du conducteur et démarre à vive allure. L'homme tente de la stopper mais n'y arrive pas puis cours vers sa Renault en me pointant.
- Toi, tu montes avec moi, tout de suite.
Je m'exécute sans vraiment réfléchir et prend la place du passager. Je croise mon regard dans le rétroviseur. Ma peau rougie à vue d'oeil, et je commence à suer. L'homme pose son arme à ses pieds et démarre en trombe. Les pneus crissent, je vois les gens autour de nous qui nous dévisagent. Tout va si vite que j'ai du mal à être pleinement attentif, et en l'espace de quelques secondes, j'avais été embarqué dans une course-poursuite contre celle que je conduisais en Espagne. Je m'apprête à balbutier quelques mots mais c'est l'énigmatique conducteur qui prend la parole le premier.
- T'es qui ? Depuis quand tu la connais ?
Il me parle froidement, le regard fixé sur sa route. Je le sens accélérer de plus en plus. La circulation n'est pas dense, par conséquent, c'est un jeu de vitesse qui déterminera la victoire de l'un des deux conducteurs.
- Je... Bélias. Je l'ai rencontrée à un hôtel la nuit dernière. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
L'homme me regard quelques instants d'un air suspicieux puis focalise à nouveau son attention sur la route, avant de reprendre la parole après ce temps de réflexion.
- Et qu'est ce qu'elle vous a dit ?
Prudence est à moins d'une minute de distance et l'interrogateur gagne de plus en plus de terrain au fil des secondes. Peu importe ce qu'il se passe, Prudence tombera en panne d'ici moins d'une heure car nous n'avons pas pu faire le plein, et si elle est arrêtée et que ma voiture est fouillée, ce qui sera bien évidemment le cas, je plongerai avec elle. Et puisqu'il semble ignorer qui je suis, autant m'appliquer à trouver une solution à cette situation. Je ne lui ai pas menti sur mon prénom car cela pourrait me porter préjudice, mais de toutes les façons, je me trouve dans une impasse.
- Elle ne m'a rien dit de spécial, elle est restée assez vague sur son identité, je sais qu'elle se nomme Prudence, et elle semble fuir quelqu'un...
Même si j'ai ma petite idée de qui elle fuit à présent. Je ne lui laisse pas le temps de surenchérir et lui pose mon évidente question.
- Et vous, qui êtes vous au juste ? Que se passe-t-il ?
L'homme soupir avant de finalement se lancer.
- Je suis chargé de retrouver Elena Cuiorlo, ta prétendue Prudence. Et estime-toi heureux d'avoir croisé ma route, car va savoir où tu aurais fini avec elle. Elena est une tueuse à gages extrêmement dangereuse. Elle est en cavale depuis une semaine, et je la piste depuis. Et la voilà maintenant à quelques dizaines de mètres de nous.
Prudence... elle s'appellerait donc Elena ? une tueuse à gages ? Foutaises, elle ne transporte même pas d'armes avec elle. Tout du moins... Je crois... Et puis, pourquoi m'aurait-elle suivie... ? Non, ça n'est pas elle le problème.
- Mais... Et vous, qui êtes vous ? Vous travaillez pour la police ?
J'observe le conducteur. Il serre ardemment le volant du véhicule.
- Je travaille pour les services secrets.
Sa réponse jette un malaise. Un silence s'installe, et la course-poursuite continue. Prudence quitte l'autoroute pour emprunter des routes de campagnes peu fréquentées. Elle espère probablement trouver un timing pour se fondre dans la nature, mais l'agent le suit à la trace.
Je ne me sens pas vraiment à l'aise avec cet homme. Mon instinct me dit de me méfier, que je suis en danger. Mes sens sont en alerte. Et je pense. Je songe à plusieurs possibilités pour neutraliser le conducteur. Mais toutes mes options sont risquées. Alors, comme Prudence, je vais attendre le bon timing. Car cet homme ne fait pas partie des services secrets, pas plus qu'il ne travaille pour une quelconque force de l'ordre. Il cache quelque chose de bien pire que Prudence, et rester avec lui signe mon arrêt de mort.
La poursuite est ponctuée par de vives secousses qui nous font nous cogner un peu partout à l'intérieur de l'habitacle. Nous roulons sur des sentiers presque impraticables en voiture, et les bosses sont très nombreuses. Je vois plusieurs ouvertures. Prendre son arme et l'exécuter. Mais je perdrais la trace de Prudence, déjà, et puis, je ne suis pas un tueur froid. Du moins pas à ce point.
La filature se prolonge sur une dernière demie heure au cours de laquelle nous eûmes le temps de croiser plusieurs grandes routes nationales, mais la fugitive se cantonnait aux chemins boueux. Et elle finit par s'arrêter à la lisière d'une forêt.
Notre véhicule se place à quelques mètres seulement de celui que Prudence m'a subtilisé. L'homme ouvre sa portière et se met à couvert derrière, l'arme au poing.
- C'est fini Elena, sort les mains bien en évidence !
Elle est tombée en panne et elle ne peut plus fuir. Nous attendons cinq secondes. Elle ne fait rien. Personne n'agit.
- Elena, je te laisse dix secondes. Sinon je viens te chercher !
Le temps passe, inexorablement. Et rien ne change. La situation me plonge dans un étrange mal-être. Je perçois difficilement ses cheveux blonds à l'intérieur de ma voiture. Elle est là, prisonnière, sans échappatoires. Sa seule arme est la révolte, le refus. Elle ne veut pas sortir. Prudence reste enfermée.
L'agent se tourne vers moi.
- Ne bouge pas d'ici.
Il quitte son refuge de métal et avance prudemment vers la prisonnière. Je réfléchis. Je ne peux pas conduire, je ne peux pas lui sauter dessus. Je ne peux rien faire. Et alors que mes pensées s'entrechoquent pour ne former qu'un marasme impossible à dissocier, Prudence quitte le véhicule. Elle sort, j'entends l'homme hurler, et je la vois se mettre à courir en direction de la forêt. Puis une détonation retentit. Et elle tombe précipitamment en faisant un soubresaut avant de s'écraser contre l'écorce d'un arbre auquel elle a tenté en vain de se rattraper. Je l'entends hurler de douleur. Prudence n'est pas morte. A cet instant, je ne réfléchis plus. Je quitte la voiture et me dirige vers le coffre de la mienne discrètement, pendant que l'agent est occupé à s'approcher de Prudence. Dans le double fond, je dénoue des habits ensanglantés et y récupère une arme de poing. Puis je me dirige vers l'agent, et, sans réfléchir, sans un mot, sans un bruit, je tends mon bras. Une fois assez proche de lui, je vise, puis j'appuis. Une fois. Puis deux. Des bruits déchirent l'air. L'homme convulse. J'ai tué un troisième inconnu.