Publié le 28/07/2012 à 20:09:19 par Sebantey
Le temps continuait de filer quand il entendit quatre coups portés contre sa porte d'entrée. Il releva la tête, et jeta un coup d'oeil à la petite horloge sur la commode : 22h34. Qui pouvait bien venir à une heure pareille ? Il était déjà rare que quelqu'un leur rende visite... Même s'il ne faisait strictement rien depuis un bon moment, il n'avait pas envie d'être dérangé. Les coups retentirent à nouveau. Un, deux, trois, quatre. Agacé, Adam se leva et traversa le couloir principal de la maison pour se diriger vers la porte. Il l'ouvrit, et il se retrouva face à un homme un peu plus grand et plus âgé que lui, enveloppé dans un épais manteau noir et qui le regardait d'un air sombre. Bien qu'il fût assez maigre, il dégageait quelque chose qui faisait sentir qu'il était plus solide qu'il en avait l'air. Adam n'avait jamais vu cet homme auparavant.
« Salut ! dit l'inconnu d'un ton neutre en levant une main. » Adam le toisa d'un regard intrigué, et lui demanda : « Vous êtes qui ?
- Un ami à ton père, se contenta-t-il de répondre.»
Un ami à son père ? Adam ne savait absolument rien des relations de son père ; mais il était sûr qu'aucun d'eux n'était jamais venu à la maison, et encore moins celui-ci. « Il... il n'est pas ici, dit Adam d'une voix tremblante.
- Bien sûr qu'il n'est pas ici, lança l'homme d'un ton d'évidence. C'est à toi que je veux parler.
- A moi ? » répondit Adam, étonné. Il ne comprenait pas ce que ce type lui voulait. Personne ne venait jamais ici pour lui parler. « C'est ça, reprit l'inconnu, et c'est justement à propos de ton père. » Cette phrase intrigua Adam davantage. Peut-être que ce type savait quelque chose...
« Vous savez ce qui lui est arrivé ? interrogea-t-il vivement. »
Son interlocuteur parut surpris par sa réaction. « Eh bien... oui je sais ce qui lui est arrivé, dit-il doucement. Si tu permets que j'entre avant d'être complètement trempé... » En effet, la pluie tombait plus violemment que jamais. Adam s'écarta pour lui céder le passage. Ensuite, il verrouilla la porte et emmena son étrange invité dans le salon. Ce dernier s'installa dans un fauteuil, puis promena son regard tout autour de lui. Il se trouvait dans un petit salon à l'air moderne - télévision, consoles de jeux, et ainsi de suites - plutôt peu coloré. Les décorations étaient simples mais elles collaient avec l'ensemble. Après avoir brièvement observé la pièce, l'inconnu posa ses yeux sur Adam. Ce dernier, qui avait repris sa place sur le canapé, n'était pas très à l'aise. Au téléphone, on lui avait simplement dit que son père avait été tué alors qu'il était dans « l'exercice de ses fonctions ». Adam se doutait que travailler dans la police était dangereux, mais stupidement, il ne s'attendait pas à ce qu'il lui arrive quelque chose. Son père ne parlait jamais de son travail, aussi Adam ne le voyait pas vraiment comme un policier. La nouvelle lui avait fait un sacré choc. A présent, il voulait savoir ce qu'il s'était passé.
« Alors ? s'impatienta-t-il. » Son interlocuteur prit quelques instants pour réfléchir avant de répondre. « Avant de rentrer dans les détails, commença-t-il avec gravité, il y a certaines choses que je dois te dire.
- A propos de quoi ? demanda Adam, inquiet.
- Toujours à propos de ton père, mais plus exactement de son métier. Enfin, si on peut parler de métier. »
Adam commençait à appréhender. Il craignait de s'entendre dire que son père était accusé de Dieu sait quel crime, par exemple. Il avait souvent entendu parler d'histoire de flics corrompus. Il n'avait pas envie d'être laissé dans le doute, mais il avait également peur de ce qu'il allait entendre. « Et donc... qu'est-ce qu'il y a? s'enquit-t-il d'une voix hésitante. » Au lieu de répondre, l'inconnu lui demanda : « Qu'est-ce que tu sais à propos de son métier ?
- Je sais juste qu'il aidait la police, répondit Adam, incertain. Enfin je crois...
- Hum... tu me diras, ce n'est pas vraiment faux. Mais c'est quand même bien loin de la vérité. Tu ne vas probablement pas me croire, mais ton père, Adam... ton père était Gabriel. »
Dans un premier temps, Adam crut avoir mal entendu, car ce que cet homme venait de dire n'avait aucun sens. Puis, il comprit ce que ça signifiait ; et comme il s'y était attendu, il ne le crut pas.
Les chasseurs de démons sont entourés par une seule forme de célébrité : leur nom. C'est la seule chose à leur sujet qui est rendue publique : leur visage, leur adresse et autres informations sont tenues secrètes. Pour des raisons de sécurité, la plupart d'entre eux utilisent de faux noms : ainsi, les démons ont plus de mal à les retrouver, que ce soit eux ou leur entourage. Ils peuvent ainsi utiliser leur véritable nom dans la vie de tous les jours, et se servir de leur pseudonyme quand ils se présentent en tant que chasseurs de démons. Ainsi, les noms de Sebante, Lunae ou encore Gabriel sont connus parmi les masses et réputés auprès des chasseurs de démons.
Il est donc parfaitement normal qu'Adam ne pouvait croire que son père était Gabriel. Comment serait-ce possible ? Il l'aurait forcément remarqué ! « Mais vous racontez n'importe quoi ! s’exclama-t-il en se levant brutalement. Mon père était... mon père, voilà tout !
- Non Adam, poursuivit l'autre en secouant la tête. » Il n'avait pas bougé quand Adam s'était levé. Il semblait s'être attendu à cette réaction. « Ton père était un chasseur de démons, poursuivit-il en gardant ses yeux rivés sur le jeune fils de son ami. L'un des plus anciens et l'un des meilleurs.
- Ce n'est pas vrai ! s'écria Adam. » Il ne pouvait pas accepter cette révélation. Il ne pouvait pas accepter l'idée que ce type bizarre en sache plus que lui à propos de son propre père. Il ne pouvait pas...
« Vous racontez n'importe quoi ! répéta-t-il en haussant le ton. Pourquoi est-ce que vous me dîtes ça ? Vous êtes qui à la fin ?
- Tu peux m'appeler Sebante. »
C'en était trop pour Adam. Il se laissait tomber sur son canapé et se prit la tête dans les mains. Il était épuisé et il n'arrivait plus à penser. Tout ceci était démentiel. Il n'en pouvait plus.
« Calme toi, continua Sebante. Je sais que ce n’est pas facile à croire, mais c'est comme ça. Regarde. »
Il prit un petit portefeuille dans la poche de son manteau noir. Il l'ouvrit et en sortit une carte semblable à une carte d'identité. Il l'a présenta à Adam. C'était le papier gouvernemental attribué uniquement aux chasseurs de démons confirmés. On pouvait y voir son nom et une photo de lui. Il disait vrai.
« Tu vois ? dit-il en rangeant le tout. J'ai aussi celle de ton père. » Il confirma ce qu'il venait de dire en extirpant une autre carte d'un autre portefeuille qu'Adam reconnu comme étant celui de son père. Adam y jeta un oeil, et il hocha la tête, puis ses yeux se perdirent dans le vide. Tout resta silencieux pendant plusieurs minutes. Enfin, Adam se décida à parler. « Pourquoi est-ce qu'il ne me l'a jamais dit ? demanda-t-il tristement.
- Il n'a peut-être pas eu le temps, répondit Sebante. Ou alors, il appréhendait. »
Adam hocha à nouveau la tête. Il venait de découvrir une facette de son père qu'il n'avait jamais soupçonné. Et ça lui faisait beaucoup de peine ; à présent, il avait presque l'impression de ne pas l'avoir vraiment connu. Son père était Gabriel. C'était si irréaliste... Et il ne s'était aperçu de rien. Son père se battait contre des démons, et lui n'avait rien vu ! Adam ne savait pas s'il était triste ou en colère. Il avait simplement sommeil, mais il ne serait allé dormir pour rien au monde : il avait en face de lui l'homme qui pouvait répondre à ses questions. Il recentra son regard sur Sebante, respira un grand coup, et lui demanda : « Alors... vous savez ce qu'il s'est passé ? Vous savez... quand mon père est... quand il est... » Il avait de plus en plus de mal à contrôler sa voix. Il n'arrivait même pas à finir sa phrase. Il n'en eut pas besoin.
« Oui, répondit Sebante, je le sais. J'y étais. » Interloqué, Adam voulut dire quelque chose, mais Sebante ne lui en laissa pas le temps. « J'ai fait tout ce que j'ai pu, dit-il d'un ton peiné. En fait, je n'ai pas pu faire grand-chose. C'était déjà trop tard. » Cette fois-ci, Adam n'essaya pas de répondre. Il restait silencieux, fixant le chasseur de démons d'un regard embué, et il attendait. Sebante ferma les yeux et soupira profondément. Puis, en parlant à voix basse, il lui fit le récit de ce qu'il s'était passé. Il n'oublia rien, racontant les faits tels qu'ils s'étaient produits. Pendant ce temps, Adam écoutait attentivement, et douloureusement. Quand Sebante raconta les derniers instants de son père, il eut du mal à retenir ses émotions et à continuer d'écouter ; mais il voulait savoir. Sebante termina son récit au moment où il retrouvait son frère dans la forêt. Il avait simplement omis les derniers mots de Gabriel. Il ne voulait pas qu'Adam soit au courant de tout. Simplement le nécessaire. C'était déjà énorme. « Pauvre gosse, pensa-t-il tristement. Si jeune, et déjà si seul. Je ne sais pas si on pourra faire grand-chose pour lui. »
A nouveau, la pièce resta silencieuse un long moment. Les deux jeunes hommes repensaient à ce qui venait de se dire. Il y eut seulement Adam qui lança un « Merci» avant de retourner dans ses pensées. Sebante le comprenait. Ca faisait beaucoup de choses à digérer. Le temps manquait, mais pas à ce point. Il décida de lui laisser quelques minutes avec lui-même. Quand il estima cela fait, il s'éclaircit la gorge et se mit à parler. « Je sais que c'est difficile Adam. Crois moi ou pas, mais j'ai connu à peu près la même situation. Malheureusement, on n'a pas beaucoup de temps, et j'ai encore une dernière chose à te dire. La pire de toutes. »
Adam fronça les sourcils. Pire ? Qu'est-ce qui pouvait bien être pire ? Il en avait assez. Cette fois, il se serait volontiers plongé au fond d'un lit, pour rêver et s'évader, et pour ne pas avoir à entendre ce qui était pire. Malheureusement, il était coincé dans cette terrible réalité, obligé de rester debout et d'affronter la vérité. Il n'avait d'autres choix que d'attendre ce qui allait lui tomber dessus.
« En fait... commença Sebante d'un ton mal assuré. Avant de mourir, ton père m'a laissé des... des instructions pour toi. » Il marqua une pause. Intrigué, Adam demanda : « Quelles instructions ? » Sa voix était faible, mais elle ne tremblait pas. « Pour faire court, reprit Sebante, il voulait que tu le remplaces. Adam, continua-t-il avec gravité, ton père voulait que tu deviennes un chasseur de démons.
- Hein ? s'exclama l'intéressé en se levant brusquement. Ce n'est pas sérieux, j’espère ?
- C'est on ne peut plus sérieux, répondit Sebante sans bouger.
- Mais pourquoi voulait-il ça ? demanda Adam sur le même ton.
- Hum... » Pendant un moment, Sebante sembla quelque peu déconcerté. Il se reprit et déclara : « Et bien en fait, il pensait que toi et ta soeur étiez en danger. Tu sais, il arrive parfois que les démons se débarrassent des descendants de leurs ennemis. Sans doute une sorte de superstition. Je pense aussi que Gabriel... enfin, que ton père voulait que quelqu'un le remplace, tout simplement.
- Mais enfin, c’est... c'est débile ! s'écria Adam. »
Il n'arrivait pas à le croire. Pourquoi son père ne lui en avait jamais parlé ? C'était tellement stupide ! Il n'avait qu'à le lui demander ! Et si Adam était intéressé, il aurait même pu l'aider ! Pourquoi n'avait-il rien fait ? La colère envahit l'esprit d’Adam. Maintenant, il était seul, et il avait l'impression que son père s'était moqué de lui. Il était parti en lui demandant quelque chose d'impossible. Il avait envie de hurler. « C'est complètement idiot ! continua-t-il en parlant plus fort, criant presque. Il n'avait qu'à m'en parler avant ! Pourquoi attendre de... c'est stupide ! C'est complètement stupide ! Et en plus...
- Qu'est-ce qui se passe Adam ? l'interrompit une petite voix. »
Sebante et lui regardèrent vivement en provenance de ladite voix. Une petite fille aux longs cheveux bruns se tenait sur le seuil de la porte. Elle était habillée pour dormir, et son regard était encore ensommeillé. Visiblement, Adam l'avait réveillée. Ce dernier s'approcha d'elle, se mit à sa hauteur, et lui dit à voix basse : « Ce n'est rien Sarah. Tu peux retourner dormir.
- Mais t'avais l'air énervé ! s'inquiéta la fillette.
- Ce n'est rien, répéta Adam. Je suis un peu fatigué c'est tout. Ca va aller. » La dénommée Sarah jeta un regard intrigué en direction de Sebante. « Qui c'est, lui ? s'enquit-elle
- Euh... c'est un ami, répondit Adam. Ecoute, on en reparlera demain, d'accord ? Mais là, il faut que tu ailles te recoucher. » La petite fille hocha la tête et repartit dans la direction opposé. Quand il fut sûr qu'elle était retournée dans sa chambre, Adam se rassit sur le canapé.
« Je ne lui ai rien dit, lança-t-il tristement après un soupir. Vous savez... à propos de mon père... » Sebante se contenta d'hocher lentement la tête. « Je ne sais pas ce que je vais faire, continua Adam. On est tout seul maintenant. Je ne sais pas comment on va faire pour se débrouiller.
- Ca pourrait être une issue de secours pour toi, déclara doucement Sebante. Une issue un peu dangereuse, mais une issue quand même.
- Je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ?
- Disons simplement que la seconde alternative est plutôt... incertaine.
- Condamnée, vous voulez dire ! se moqua Adam.
- On peut dire ça comme ça, répondit Sebante. »
Après quelques instants de réflexion, Adam demanda : « En quoi elle consiste exactement, cette issue ?
- Et bien, toi et soeur viendrez habiter avec moi et mon frère - tu sais, Lunae. De là, on t'apprendra à te battre contre des démons, et avec un peu de chance, ça marchera. C'est dangereux, mais ça paie bien. Et pas besoin de faire d'études. C'est plutôt avantageux pour toi. »
Adam hocha la tête et replongea dans ses pensées. De son côté, Sebante regarda sa montre. L'heure tournait. Il était vraiment temps de rentrer. Il se leva. « Ecoute, il faut que j'y aille. Tout ce que je te demande, c'est d'y réfléchir. Je vais te laisser... disons trois jours. Franchement, je ne peux que te conseiller d'accepter, mais je ne peux pas te forcer. Je reviendrais ici dans trois jours. Si tu es intéressé, je t'en dirais plus, et alors tu pourras faire ton choix. » Il se dirigea vers le couloir. Adam se leva et marcha à sa suite. En passant, il jeta un petit coup d’oeil par la fenêtre. Il pleuvait encore plus fort qu'avant. Les choses avaient empiré. Ils arrivèrent devant la porte d’entrée. « Une dernière chose, commença Sebante. Ne parle de ça à personne : ni à tes amis, ni à ta famille, ni à tes voisins, absolument personne, exceptée ta soeur. En ce qui la concerne, à toi de voir ce que tu vas lui dire. » Adam hocha la tête pour indiquer qu'il avait compris et ouvrit la porte. La pluie battante et le vent hurlant ne donnaient pas envie de sortir. Il se tourna une dernière fois vers Sebante. « Trois jours, répéta ce dernier. Je reviendrais dans trois jours. Et en attendant... Prends bien soin de toi, et de ta soeur. » A nouveau, Adam hocha la tête. Puis, après l'avoir salué de la main, il regarda Sebante s'enfoncer dans la nuit.
Commentaires
- Sebantey
29/07/2012 à 00:42:21
Oui j'ai eu du mal pour ces tournures, je vais voir pour changer ça. Sinon, merci pour ton commentaire
- BaliBalo
29/07/2012 à 00:35:52
De gros progrès sur l'émotion dans les dialogues ! J'ai vraiment ressenti l'état d'esprit d'Adam , bravo ! En revanche j'ai encore du mal à imaginer Adam, il est encore flou. Développe bien sa personnalité dans la suite. Sinon quelques tournures m'ont parues maladroites, par exemple 'il y eu seulement Adam qui lança un 'merci' ' tu devrais plutôt marquer une rupture dans le silence comme 'jusqu'à ce qu'Adam prononce un simple 'merci' '
Puis "Il décida de lui laisser quelques minutes avec lui-même. Quand il estima cela fait" la tournure est vraiment bancale, on ne 'fait' pas quelques minutes avec soi-même, plutôt "lorsqu'il estima que le temps qu'avait eu Adam était suffisant"
Et "Sebante et lui regardèrent vivement en provenance de ladite voixSebante et lui regardèrent vivement en provenance de ladite voix" j'ai du mal a imaginer comment on regarde vivement, le verbe se retourner me parait plus approprié...
D'autre part j'ai remarqué quelques répétitions du sujet en général le nom du personnage qui rendent les phrases un peu lourdes, il n'y en a pas beaucoup mais essaye d'alterner.
Voilà Voilà, je n'avais pas grand chose à dire, j'attends la suite avec impatience