Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

SorcièreS


Par : BaliBalo
Genre : Fantastique, Sentimental
Statut : C'est compliqué



Chapitre 7 : Officialisation


Publié le 23/07/2012 à 17:40:28 par BaliBalo

Il pleut encore. Mélia, confortablement installée sur le dos de Draël, ruisselle de gouttelettes humides. Du coup elle semble pleurer et cela réveille une certaine culpabilité en moi. Je n’aurais peut-être pas du l’enlever. C’est égoïste. Mais c’est la dernière chose que je fais pour moi alors autant utiliser les moyens extrêmes.

Reste le problème de Maria. Comment va-t-elle réagir à l’arrivée d’une nouvelle occupante ? Déjà qu’elle accepte Draël uniquement parce qu’il lui fait du charme… Mélia ne risque sûrement pas d’imiter le démon. Et comment expliquer la présence de la jeune fille ? D’autant plus que dès son réveil elle va chercher du secours et crier haut et fort qu’elle a été enlevée. Quelle sera alors la réaction de Maria ? De plus je devrais probablement user de magie pour calmer Mélia. Faire de la magie devant Maria ? Pas moyen : elle prendra peur et je perdrais un précieux soutien. Je ne peux pas retourner chez elle. C’est déjà trop dangereux vis-à-vis de ma famille, maintenant je cours le risque d’être impliquée pour enlèvement. Ma décision est prise : je dois quitter Maria.

Je suis seule lorsque je toque à la porte de mon amie. Elle m’ouvre en riant avec une autre personne dans la pièce. Gabrielle est là. C’est la meilleure amie de Maria et une conquête de mon frère, Luce. Je la salue rapidement puis je mens à Maria en lui disant que j’ai trouvé un autre endroit pour dormir. Mon amie insiste pour que je reste une dernière nuit puisque Gabrielle est là. Je refuse, embarrassée. Dehors Draël et Mélia m’attendent sous la pluie, la jeune fille s’est peut-être déjà réveillée et, par conséquent, le démon peut être en difficulté. Les deux filles tentent encore de me retenir tandis que je rassemble mes affaires, mais je me soustrais à elles, non sans pirouettes d’excuses et cabrioles habiles à travers la petite pièce. J’ai l’impression d’être Alex se débarrassant de ses admiratrices. Le simple fait de penser à lui me donne envie de hurler et de pleurer. Comment peut-on haïr et aimer à la fois ?

Mélia ne s’est pas encore réveillée mais le démon râle de devoir encore la porter. Je ne réponds pas à ses vociférations et le laisse marmonner dans sa barbe. Je dois trouver un endroit où dormir. Un endroit peu cher où nous pourrons rester le temps que je trouve un autre travail. En effet, Maria sait où je travaille. Si les garçons l’interrogent ils me trouveront facilement. Mes économies ne nous permettrons pas de rester dans un hôtel correct. Abritée sous un porche, j’étudie le plan, cherchant à m’éloigner du centre ville. Draël s’impatiente. Il continue de grogner comme un gamin mécontent et j’avoue que cela commence à me taper sur le système. Nous reprenons notre route, priant pour que Mélia ne se réveille pas.

Deux heures plus tard, nous parvenons face à un établissement discret coincé entre deux immeubles. Il ne fait que deux étages mais les fenêtres au ras du sol indiquent qu’il existe aussi des pièces au sous-sol. L’entrée du bâtiment est enfoncée sous le porche lequel semble creusé dans la façade blanche. La porte et le cadre des fenêtres sont de la même couleur bleu canard. A ma droite, une pancarte indique que l’établissement est une auberge de jeunesse. A travers la vitre de la porte d’entrée je devine de la lumière : il doit y avoir une permanence à l’accueil. Je rentre sans aucune hésitation.

L’homme, assis derrière son comptoir, semble surpris de nous voir arriver et encore plus surpris par notre aspect. Trempés par la pluie, nos vêtements autant que nos cheveux s’égouttent sur le sol. Pour ma part, mon maquillage a coulé sur mes joues et me donne un air terrifiant. Draël affiche une mine patibulaire, agacé de devoir encore transporter Mélia. Cette dernière dort toujours, Draël n’y est pas allé de main morte. Je récupère Mélia sur le dos de Draël et l’installe sur un fauteuil derrière moi. Dans le même temps je demande au démon de parler au réceptionniste afin d’obtenir une chambre de trois personnes. Le gardien sort de derrière son comptoir et nous mène à notre chambre, en nous indiquant au passage où se situent les douches communes.

La chambre n’est pas du plus grand luxe. Elle est étroite, impression renforcée par le peu d’espace séparant les deux lits superposés. Le sol est couvert d’un linoléum gris bleuâtre immonde et les murs d’une sorte de moquette couleur crème strié de rainures verticales. Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur la décoration minable. Après avoir aidé Draël à coucher Mélia, je grimpe sur le lit d’au dessus et m’endors presque aussitôt.

Malheureusement ma nuit est courte. Je dois me lever pour aller au bar. J’ai décidé d’y bosser une dernière semaine, histoire d’avoir ma paye. Je ne peux pas rester plus longtemps. Comme les garçons savent que je suis en Italie ils vont vite deviner que j’ai demandé de l’aide à Maria ou Gabrielle. Ils ne comprennent pas que je suis un élément perturbateur dans leur vie, qu’ils peuvent avoir un quotidien normal et sans risque si je ne suis plus là. Je sais qu’ils vont me chercher. Fuir. Je dois fuir.

Péniblement, je me traine jusqu’à la douche qui achève de me réveiller. Lorsque je reviens dans la chambre, Draël est assis sur son lit, son sourire narquois toujours accroché aux lèvres. Il est tout de même moins exigeant que Néo qui m’a fait souffrir pendant près d’un mois. Je m’habille et jette un œil à Mélia : elle dort toujours. Vraiment, Draël y est allé un peu fort mais d’un autre côté elle me laisse tranquille. Je me retourne vers le démon :

« Surveille-la. Elle ne doit pas sortir de l’auberge. Du moins pas sans toi. Et ne te laisse pas avoir : son charme physique est plus puissant qu’il en a l’air. Si elle se réveille, paye lui à manger et laisse la se doucher. (je lui tends quelques billets) Emmène-la s’acheter quelques vêtements et essaye de ne pas tout dépenser. Ensuite revenez ici et attendez-moi. Je devrais rentrer tôt aujourd’hui. »

Draël ne fait qu’incliner la tête en signe d’approbation. Je sens que je vais devoir payer pour ce service. Sans plus de cérémonie je ferme doucement la porte et quitte l’auberge.

Le matin, le bar est plutôt calme. On s’occupe plus d’installer les tables, de vérifier l’inventaire et de faire le ménage que de servir les clients. Seuls quelques travailleurs en avance viennent boire un café ou manger un petit quelque chose. Cela me laisse le temps de consulter le journal à la recherche de petites annonces pour un boulot. Ma recherche n’échappe pas au patron, cependant il ne fait aucune remarque. Après tout je ne sais même pas s’il voulait d’une serveuse supplémentaire. Je retiens une dizaine de propositions de poste sans trop y croire, j’ai encore une semaine devant moi. Le soir même, avant de rentrer à l’auberge, je me rends dans une petite imprimerie pour proposer ma candidature. Je suis agréablement surprise lorsque le gérant de l’imprimerie m’annonce qu’il m’accorde une semaine d’essai tout en m’avouant que ce n’est qu’une formalité et que si tout se passe correctement je serais prise. Il me confie ses coordonnées et je rentre à l’auberge, heureuse d’avoir trouvé un emploi du premier coup.

Cette fois-ci Mélia est réveillée, je la surprends en train de faire du charme à Draël pour qu’il la relâche. Je ne peux m’empêcher d’hurler de rire face à l’attitude de glace du démon, fidèle à mes ordres, alors que la jeune sorcière lui murmure langoureusement de doucereuses paroles dans le creux de l’oreille. Réagissant à mon rire, Draël se dresse et me jauge tandis que Mélia culbute en arrière sur le lit. Il doit me juger trop heureuse car il m’annonce de suite qu’il souhaite que je le paye. Je lui rétorque que je dois d’abord parler à Mélia. Il se renfrogne mais accepte. La jeune sorcière me regarde d’un air sombre ce qui m’arrache un sourire moqueur.

« Le regard ne tue pas jeune fille, pas même le regard d’une sorcière. Je n’aime pas qu’on se moque de moi. Si tu avais refusé un peu plus poliment ma proposition je t’aurais peut être laissée tranquille. Désormais tu es mon apprentie.
_ Et si je ne veux pas ?
_ Tu n’as pas le choix. Comme tu l’as remarqué tu es sous bonne garde. Tu ne pourras partir qu’une fois que tu m’auras vaincue. Et pour ça il faudra me tuer. »

Elle ne se le fait pas dire deux fois et m’envoie péniblement une mince flammèche que j’éteins d’un souffle magique avant de lui voiler les yeux à l’aide des ombres de la pièce. Aveuglée, elle panique et se met à hurler. C’est à la fois pathétique et drôle même si c’est cruel de ma part. Je désire simplement lui faire peur afin qu’elle me respecte. Elle me supplie d’arrêter ça, de lui rendre la vue. Epuisée, je cesse et lui souris.

" Il y a du boulot. Ta flamme était ridiculement faible. Quel âge as-tu ?
- Quatorze ans.
- A cet âge j’étais déjà capable maitriser une flamme, une vraie ! Pas ton étincelle. On va commencer par quelque chose de plus utile qui va t’apprendre la précision. Ecris ton nom !
- Donne moi un papier et un stylo alors !
- Avec la magie idiote. Tu sais le faire, tu as écris sur mon bras l’an dernier.
- Mais pourquoi je devrais faire ça ?!
- Parce que tu es mon apprentie et que je te le demande.
- Mais je ne veux pas.
- Ne me fait pas croire que ta vie avec ton père était plus heureuse. Il avait l’air d’un ivrogne. Ton appartement était moisi jusque dans les murs. Mais si ça te manque tant que ça tu n’as plus qu’à m’écouter et apprendre pour en finir plus vite.

Elle ne répond pas tout de suite. Les yeux baissés, elle réfléchi. Sans doute ai-je touché un point sensible.

- D’accord. » Lâche-t-elle finalement.

Je ne peux retenir un sourire : c’est maintenant que les choses intéressantes commencent.


Commentaires

Aucun commentaire pour ce chapitre.