Note de la fic :
L'heureux parvenu.
Par : case2000
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué
Chapitre 4 : La vie en harmonie.
Publié le 06/07/2012 à 13:57:47 par case2000
Un léger déclic, puis la douleur survint. C'était un véritable délice, une aimante compagne qui vous entraînait au-delà des nues dans l'étincelante embrassade d'Hélios. La souffrance se fit plus forte, le bonheur plus intense. Je pleurais de joie devant la toute resplendissance de l'harmonisation. Que c'était beau, que c'était bon. J'en voulais plus, j'en désirais davantage. Je priais pour que cela continue, que je puisse enfin atteindre les langoureux monts de l'extase. Là où les tertres sommeillant pouvaient me recouvrir de leur chaleur bienveillante. Cette idylle flamboyante m'appelait :
« Vespasien » murmurait-elle de sa voix envoûteuse. « Ne veux-tu point me rejoindre dans les affres du bonheur éternel ?
- J'accours douce Aphrodite »
Perdu dans le fin fond d'un sourire béat, je songeais à cette rencontre, impatient, presque exalté. A vrai dire elle était déjà présente. Devant moi et mon confortable fauteuil d'osier. Majestueuse beauté à la silhouette vénusienne, mise en valeur par sa somptueuse poitrine et ses hanches de rêve. Elle me fixait de ses yeux d'opaline avec un air légèrement narquois. Tout autour d'elle émanait un léger parfum de jasmin. Tandis qu'au loin, je percevais un bruit d'écoulement, alors qu'un apaisant vent de printemps me caressait l'esprit. Une forêt, plusieurs fois centenaires, s'étendait à perte de vue. Tranquille paysage bucolique arborant fièrement les traits d'un Eden terrestre. La Terre. A cette mention un léger voile assombrit mon être. L'Aphrodite riait aux éclats.
« Cela ira pour l'instant ».
Un lointain bourdonnement et tout redevint clair. Monsieur le Directeur était désormais devant moi, un des deux accompagnateurs avait pris sa place derrière la console. Il me regardait d'un air paternel. Tel un père obligé de réprimander le fils qu'il aimait tant. Je pleurais comme un enfant, je savais que j'étais coupable. Je ne pouvais être que coupable si cette mine bienveillante me fixait ainsi. Papa se rapprocha de moi et me tapota gentiment le bras :
« Allons cela va aller. Là, là tout ira bien. Sèche tes larmes mon grand, Papa est prêt à te pardonner. »
Je me repris, réconforté par ces aimantes paroles. Heureusement que père était à mes côtés. Attendez une minute, qu'est-ce que cela signifiait ? Cela faisait des décennies que mon père était mort. J'enrageais, et tenta de mordre l'horrible châtelain. Celui-ci quitta un instant sa figure familiale pour endosser l'habit du scientifique pensif. Il se tourna vers l'un de ses deux animaux de compagnie. Celui qui n'était pas affairé à la console :
« Intéressant. Prenez en note je vous prie. Le sujet, après près de soixante-dix séances de relaxation continue d'opposer une relative résistance au processus d'harmonisation. Cette mule entêtée est dotée d'une remarquable opiniâtreté. Ce qui le rend intolérant face à la majorité des traitements que nous tentons de lui administrer pour son bien. Persuadé que nous lui voulons du mal, le patient se démène comme un forcené. Depuis des mois, j'essaye de le réconforter et de le rassurer suffisamment afin qu'il cesse cette lutte infantile. En vain. Mais je ne désespère pas, et compte bien le soigner. Que ce soit aujourd'hui ou dans dix siècles. Reprenons si vous le voulez-bien .
- Non arrêtez je vais coopérer. Pitié !
- Pitié demandez-vous ? Mais c'est justement la pitié qui nous a conduit dans cette pièce. L'étincelle de votre âme semble s'éteindre d'heure en heure. Et je me fais du soucis pour vous. Le fait de perdre l'un de mes patients préférés me serait purement insupportable. Je vous en conjure, laissez-moi vous aider. »
Il me lança un regard attristé, presque suppliant. Je ne pouvais qu'y répondre favorablement. Faire de la peine à ce regard aussi sincère, aussi agréable, était un crime. Même le meurtre le plus sordide n'était rien, comparé à la sacro-sainte horreur de déplaire à cette bien gentille personne. Je pris la parole, déterminé à tout lui dire. Je voulais tellement lui faire plaisir :
« Mon véritable nom est...
- Attendez. Ne soyez pas si impatient. Juste avant de commencer, je vais vous demander d'accomplir un petit test. Afin de m'assurer de votre sincérité.
- Je vous dirais tout ce que vous désirez. Inutile de recommencer. Grâce !
- Mon garçon, on n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. Voyons si vous êtes réellement honnête. Et vis-à-vis de vous même en premier lieu. »
Il me présenta sa main avec le pouce replié :
« Combien ai-je de doigts ? »
J'étais rassuré, je me voyais déjà subir une de ses expérimentations hallucinogènes qu'il affectait tant :
« Quatre, bien sûr !
- Hélas. C'est malheureusement inexact, je le crains »
Il me fixa d'un air déçu puis soupira, avant de se retourner vers l'un des gardes :
« Monsieur. Voulez-bien, hum, infligez la vérité à notre invité ? "
Un choc, et je criais devant la terrible douleur qui me déchira la chair. La puissance de la chaise électrique devait pratiquement être à son maximum. Les n½uds de mes poignets et chevilles n'étaient que trop bien attachés. En toute impunité, le supplice ne pouvait que continuer.
Le Directeur réapparut. Brandissant, comme un oriflamme, sa main avec le pouce replié :
« Combien de doigts ?
- Quatre »
Une fulgurante douleur transperça mon cerveau. Des larmes de sang commençaient à apparaître, suintantes le long de mes joues creusées par la fatigue. Il fallait que cela cesse.
« Concentrez-vous un peu. Combien de doigts ?
- Quatre »
Je hurlais face au nouveau déferlement de souffrance qui m?assaillit une fois de plus. Mais qu'est-ce qu'il voulait de moi enfin ? J'implorais grâce, je demandais pitié. Je voulais ma mère, je voulais mon père. Le Directeur me présenta une fois de plus sa main avec le pouce recourbé.
« Trois
- Non la conviction n'y est pas. Vous ne croyez pas en ce que vous dites »
Je criais sans discontinuer. Malgré tout, au travers de cette atroce souffrance, j'arrivais encore à articuler quelques chiffres pour qualifier cette main inquisitrice. Deux, trois, cinq, un. Je délirais, dix, quinze, seize. Je hurlais vingt, trente, quarante doigts. Je pleurais, cinquante, soixante. Et plus je déclamais ces chiffres à la suite et plus le châtelain secouait la tête, désappointé et renfrogné. Le brûlant contact de l'électricité ne devait jamais sembler finir. Défigurant ma pensée, comme du vitriol l'eut fait avec mon visage. J'étais encore conscient, mais n'avais même plus la force de crier face à ce déchaînement. Cela ne servait plus à rien. Je souhaitais enfin mourir. Pourquoi continuait-il à s'acharner sur ma carcasse décharnée ?
Il se planta devant moi. Ma vue était trouble mais je voyais encore assez distinctement sa main au pouce recourbé.
« Combien ai-je de doigts ?
- Six. » Dis-je d'un air résigné.
Il me gratifia d'un sourire réconfortant :
« C'est mieux. »
Sur un signe de tête les gardes vinrent pour me détacher du fauteuil. Je chutais par terre, m'effondrant en sanglots. Le Directeur me caressa les cheveux d'où émaner d'ailleurs une légère odeur de brûlé. Il m'adressa la parole de sa voix suave et apaisante. J'en percevais également une pointe satisfaction :
« Je savais que je pouvais parvenir à vous guérir ».
Et je gisais là, abasourdi de bêtise, épongeant mes larmes sur l'élégant costume de mon bourreau. Il était mon unique ami désormais. Le seul à même de pouvoir me guérir. Mentalement je le louais de tous les bienfaits qu'il m'avait administré. Je le remerciais de toutes ces plaisantes séances d'harmonisation. J'avais enfin fini par comprendre que depuis le début, j'étais dans l'erreur. Égaré dans les méandres du Léthée sous la fausse conduite de souvenirs falsifiés et inventés. J'avais tellement honte de moi. Comment avais-je pu oser remettre ainsi en cause le savoir de ce grand humaniste ? Il était tellement bon avec nous autres, les déviants. Quelle chance qu'une personne aussi exceptionnelle soit en charge de ma santé ! Sous sa direction éclairée, je ne pourrais qu'allez mieux. A vrai dire je me sentais déjà plus fort qu'avant. Et qui sait ? Peut-être que moi aussi plus tard pourrais-je enfin devenir un loyal sujet de l'Empire Martien ?
« Vespasien » murmurait-elle de sa voix envoûteuse. « Ne veux-tu point me rejoindre dans les affres du bonheur éternel ?
- J'accours douce Aphrodite »
Perdu dans le fin fond d'un sourire béat, je songeais à cette rencontre, impatient, presque exalté. A vrai dire elle était déjà présente. Devant moi et mon confortable fauteuil d'osier. Majestueuse beauté à la silhouette vénusienne, mise en valeur par sa somptueuse poitrine et ses hanches de rêve. Elle me fixait de ses yeux d'opaline avec un air légèrement narquois. Tout autour d'elle émanait un léger parfum de jasmin. Tandis qu'au loin, je percevais un bruit d'écoulement, alors qu'un apaisant vent de printemps me caressait l'esprit. Une forêt, plusieurs fois centenaires, s'étendait à perte de vue. Tranquille paysage bucolique arborant fièrement les traits d'un Eden terrestre. La Terre. A cette mention un léger voile assombrit mon être. L'Aphrodite riait aux éclats.
« Cela ira pour l'instant ».
Un lointain bourdonnement et tout redevint clair. Monsieur le Directeur était désormais devant moi, un des deux accompagnateurs avait pris sa place derrière la console. Il me regardait d'un air paternel. Tel un père obligé de réprimander le fils qu'il aimait tant. Je pleurais comme un enfant, je savais que j'étais coupable. Je ne pouvais être que coupable si cette mine bienveillante me fixait ainsi. Papa se rapprocha de moi et me tapota gentiment le bras :
« Allons cela va aller. Là, là tout ira bien. Sèche tes larmes mon grand, Papa est prêt à te pardonner. »
Je me repris, réconforté par ces aimantes paroles. Heureusement que père était à mes côtés. Attendez une minute, qu'est-ce que cela signifiait ? Cela faisait des décennies que mon père était mort. J'enrageais, et tenta de mordre l'horrible châtelain. Celui-ci quitta un instant sa figure familiale pour endosser l'habit du scientifique pensif. Il se tourna vers l'un de ses deux animaux de compagnie. Celui qui n'était pas affairé à la console :
« Intéressant. Prenez en note je vous prie. Le sujet, après près de soixante-dix séances de relaxation continue d'opposer une relative résistance au processus d'harmonisation. Cette mule entêtée est dotée d'une remarquable opiniâtreté. Ce qui le rend intolérant face à la majorité des traitements que nous tentons de lui administrer pour son bien. Persuadé que nous lui voulons du mal, le patient se démène comme un forcené. Depuis des mois, j'essaye de le réconforter et de le rassurer suffisamment afin qu'il cesse cette lutte infantile. En vain. Mais je ne désespère pas, et compte bien le soigner. Que ce soit aujourd'hui ou dans dix siècles. Reprenons si vous le voulez-bien .
- Non arrêtez je vais coopérer. Pitié !
- Pitié demandez-vous ? Mais c'est justement la pitié qui nous a conduit dans cette pièce. L'étincelle de votre âme semble s'éteindre d'heure en heure. Et je me fais du soucis pour vous. Le fait de perdre l'un de mes patients préférés me serait purement insupportable. Je vous en conjure, laissez-moi vous aider. »
Il me lança un regard attristé, presque suppliant. Je ne pouvais qu'y répondre favorablement. Faire de la peine à ce regard aussi sincère, aussi agréable, était un crime. Même le meurtre le plus sordide n'était rien, comparé à la sacro-sainte horreur de déplaire à cette bien gentille personne. Je pris la parole, déterminé à tout lui dire. Je voulais tellement lui faire plaisir :
« Mon véritable nom est...
- Attendez. Ne soyez pas si impatient. Juste avant de commencer, je vais vous demander d'accomplir un petit test. Afin de m'assurer de votre sincérité.
- Je vous dirais tout ce que vous désirez. Inutile de recommencer. Grâce !
- Mon garçon, on n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. Voyons si vous êtes réellement honnête. Et vis-à-vis de vous même en premier lieu. »
Il me présenta sa main avec le pouce replié :
« Combien ai-je de doigts ? »
J'étais rassuré, je me voyais déjà subir une de ses expérimentations hallucinogènes qu'il affectait tant :
« Quatre, bien sûr !
- Hélas. C'est malheureusement inexact, je le crains »
Il me fixa d'un air déçu puis soupira, avant de se retourner vers l'un des gardes :
« Monsieur. Voulez-bien, hum, infligez la vérité à notre invité ? "
Un choc, et je criais devant la terrible douleur qui me déchira la chair. La puissance de la chaise électrique devait pratiquement être à son maximum. Les n½uds de mes poignets et chevilles n'étaient que trop bien attachés. En toute impunité, le supplice ne pouvait que continuer.
Le Directeur réapparut. Brandissant, comme un oriflamme, sa main avec le pouce replié :
« Combien de doigts ?
- Quatre »
Une fulgurante douleur transperça mon cerveau. Des larmes de sang commençaient à apparaître, suintantes le long de mes joues creusées par la fatigue. Il fallait que cela cesse.
« Concentrez-vous un peu. Combien de doigts ?
- Quatre »
Je hurlais face au nouveau déferlement de souffrance qui m?assaillit une fois de plus. Mais qu'est-ce qu'il voulait de moi enfin ? J'implorais grâce, je demandais pitié. Je voulais ma mère, je voulais mon père. Le Directeur me présenta une fois de plus sa main avec le pouce recourbé.
« Trois
- Non la conviction n'y est pas. Vous ne croyez pas en ce que vous dites »
Je criais sans discontinuer. Malgré tout, au travers de cette atroce souffrance, j'arrivais encore à articuler quelques chiffres pour qualifier cette main inquisitrice. Deux, trois, cinq, un. Je délirais, dix, quinze, seize. Je hurlais vingt, trente, quarante doigts. Je pleurais, cinquante, soixante. Et plus je déclamais ces chiffres à la suite et plus le châtelain secouait la tête, désappointé et renfrogné. Le brûlant contact de l'électricité ne devait jamais sembler finir. Défigurant ma pensée, comme du vitriol l'eut fait avec mon visage. J'étais encore conscient, mais n'avais même plus la force de crier face à ce déchaînement. Cela ne servait plus à rien. Je souhaitais enfin mourir. Pourquoi continuait-il à s'acharner sur ma carcasse décharnée ?
Il se planta devant moi. Ma vue était trouble mais je voyais encore assez distinctement sa main au pouce recourbé.
« Combien ai-je de doigts ?
- Six. » Dis-je d'un air résigné.
Il me gratifia d'un sourire réconfortant :
« C'est mieux. »
Sur un signe de tête les gardes vinrent pour me détacher du fauteuil. Je chutais par terre, m'effondrant en sanglots. Le Directeur me caressa les cheveux d'où émaner d'ailleurs une légère odeur de brûlé. Il m'adressa la parole de sa voix suave et apaisante. J'en percevais également une pointe satisfaction :
« Je savais que je pouvais parvenir à vous guérir ».
Et je gisais là, abasourdi de bêtise, épongeant mes larmes sur l'élégant costume de mon bourreau. Il était mon unique ami désormais. Le seul à même de pouvoir me guérir. Mentalement je le louais de tous les bienfaits qu'il m'avait administré. Je le remerciais de toutes ces plaisantes séances d'harmonisation. J'avais enfin fini par comprendre que depuis le début, j'étais dans l'erreur. Égaré dans les méandres du Léthée sous la fausse conduite de souvenirs falsifiés et inventés. J'avais tellement honte de moi. Comment avais-je pu oser remettre ainsi en cause le savoir de ce grand humaniste ? Il était tellement bon avec nous autres, les déviants. Quelle chance qu'une personne aussi exceptionnelle soit en charge de ma santé ! Sous sa direction éclairée, je ne pourrais qu'allez mieux. A vrai dire je me sentais déjà plus fort qu'avant. Et qui sait ? Peut-être que moi aussi plus tard pourrais-je enfin devenir un loyal sujet de l'Empire Martien ?