Note de la fic :
L'heureux parvenu.
Par : case2000
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué
Chapitre 3 : Le Palais.
Publié le 04/07/2012 à 13:26:16 par case2000
J'avançais avec mon escorte ou plutôt je me traînais de cette démarche propre aux suppliciés. Je n'en pouvais plus. J'étais exténué, de toute cette haine. De toutes ces peines. Au début j'arrivais encore vaguement à tenir la ligne, en quelque sorte. Essentiellement motivé par le mesquin plaisir de déjouer les interrogations de ces apôtres de la bienveillance. Mais plus le temps passait, et plus je me rendais compte que c'était inutile. Ils avaient échoué, j'avais perdu. Nous avions tous faillis. Tout était terminé. J'allais lui dire, à cet empoté de Directeur incapable de me reconnaître. J'allais lui avouer, confesser tout ce que je savais. D'abord je lui dirais pourquoi j'avais attendu si longtemps avant de parler. Ensuite je le mettrais au parfum. Déjà je voyais d'ici son insupportable figure de premier de la classe blêmir. Son sourire perpétuellement narquois s'effaçant enfin. Ses sourcils se fronçant puis se haussant d'effroi et d'incrédulité. Il désirait des révélations ? Alors soit, il allait être gâté. Le fieffé imbécile pleurerait sans doute en m'implorant d'arrêter. Mais j'allais continuer. Vider mon sac jusqu'au bout. Il allait souffrir, je voulais le faire souffrir.
Une vision, un seul but subsistait : me venger de cet impitoyable monstre. Cet être abject qui avait volé et détruit ce qui faisait la plus belle qualité d'un homme : son esprit. Avant d'être interné dans cet établissement de relaxation, j'étais encore relativement sain mentalement parlant. Du moins, je croyais me le souvenir comme tel. Maintenant je m'acheminais délicatement et langoureusement vers le chemin de la démence. Et j'en jouissais de plaisir. Impatient d'embrasser à jamais cette folle camarade pleine d'entrain et de savoir-vivre.
Brutalement sorti de ma rêverie par un coup dans les côtes. Je n'avais pas du avancer assez vite, du goût de l'un des deux matons ou plutôt « accompagnateurs formés pour l'encadrement des malades ». Le Palais de l'Extase était en fait très proche de ma cellule. Mais mes bienfaiteurs se plaisaient régulièrement à me faire effectuer un nombre incalculable de détour inimaginables. Ce, afin de faire durer le plaisir de l'attente. Dans ce dédale de couloir, de cellules collectives et de cachots. J’eus l'impression de repasser une bonne dizaine de fois par les mêmes endroits. Ici le Paradis du Délice qui était en fait le réfectoire de notre étage. Réputé pour avoir la nourriture la plus infecte de la forteresse. Non, de la résidence de vacances. Ils frappaient toujours plus fort quand nous parlions de forteresse ou de prison.
Là-bas le Solarium. Grande cour ensoleillée servant à la détente des invités. En réalité, lieu de repos perpétuel où seul étaient admis les cadavres en putréfaction. Avant que ces veinards ne soient finalement jetés dans une fosse commune. Quelque chose ne collait pas. Comment le Solarium pouvait être illuminé de la splendeur solaire, alors que tout le complexe en lui-même était censé être une installation souterraine ? Étrange. Peut-être que je falsifiais réellement mes souvenirs comme me le faisait souvent remarquer le bon Directeur. Si cela se trouve, l'endroit n'avait jamais été souterrain. La nourriture du réfectoire avait peut-être toujours été exquise. Si cela s'avérait exact. Il était donc également possible que la résidence de vacances n'avait elle-même jamais existé ? Tout cela ne serait donc qu'un rêve ? Un délire de mon cerveau malade ? L'idée me séduisait assez je dois dire.
Mais si seulement tout pouvait être aussi empreint de chimères. Je continuais à marcher, heureux de mon malheur. Inutile de se concentrer outre mesure. J'avais été mené tellement de fois à la salle que même abandonné au milieu de ce labyrinthe, les yeux bandés, les mains attachés dans le dos, et les pieds ligotés, j'arriverai encore à m'y traîner. Si l'on m'en donnait l'ordre bien évidemment. J’espérais toujours qu'un incident allait éclater sur le trajet. Une querelle entre deux convives, un invité assez stupide pour mendier un morceau de pain auprès des gardes. Un couple de forcenés en pleine séance de copulation. Voir une émeute, si l'on croyait encore aux miracles...N'importe quoi qui détournerait l'attention de mes protecteurs, rien que l'espace de quelques minutes. Une bouffée d'oxygène, avant de replonger dans les abysses. Et puis s'il pouvait y avoir un peu d'action ce n'était pas forcément un luxe. Être enfermé à longueur de journée dans une cellule de 5 m² provoquait une immense sensation d'ennui. Appétit d'activité que les une minute et trente secondes de promenade hebdomadaire, autorisée par les lois relatives aux conditions d'internement, comblait difficilement.
Les séances d'harmonisation nombreuses, mais pas assez pour tuer tout mon temps libre, n'étaient elles-mêmes qu'une solution partielle au vide béant de mon emploi du temps journalier. Hélas aujourd'hui rien de bien grandiose ne se passa. Tout au plus un invité, un enfant à peine plus âgé qu'un bambin, fut sommairement exécuté par l'un de mes accompagnateurs. Son crime était d'avoir tenu entre ses frêles mains une chose inanimée qu'il nommait « maman ». Il était interdit de jouer avec le cadavre des autres détenus, le petit aurait du s'en souvenir. Un principe bien connu des vieux briscards qui se servaient des corps en guise de couverture seulement la nuit, lorsque nombre de gardes étaient trop fainéants pour quitter leurs confortables lits.
Nous tournâmes à gauche dans l'un des innombrables couloir. Les murs changèrent brusquement de couleur. Au pâle blanc de l'hôpital qui n'avait eu cesse de me poursuivre jusqu'ici, s'était succédé un orange chatoyant. Presque chaud et apaisant. Nous y fûmes enfin, le Palais de l'Extase ! La porte était déjà entrouverte, m'incitant à la rejoindre, comme si elle reconnaissait déjà le vieux compagnon de jouissance qui s'avançait. Je franchissais son embrasure avec empressement. Comme toujours, le magnifique fauteuil rouge sang siégeait au centre de la pièce. Les deux gardes m'y conduisirent sans ménagement, me ligotèrent fermement les poignets et les chevilles avant de rejoindre le Directeur. Ce dernier pianotait sur la console de commandes située à gauche du sordide trône. Un léger frisson me parcouru l'échine. Mon bienfaiteur était affairé à tester la puissance de la chaise électrique. Peut-être n'y allait-il même pas avoir d'interrogatoire aujourd'hui.
Une vision, un seul but subsistait : me venger de cet impitoyable monstre. Cet être abject qui avait volé et détruit ce qui faisait la plus belle qualité d'un homme : son esprit. Avant d'être interné dans cet établissement de relaxation, j'étais encore relativement sain mentalement parlant. Du moins, je croyais me le souvenir comme tel. Maintenant je m'acheminais délicatement et langoureusement vers le chemin de la démence. Et j'en jouissais de plaisir. Impatient d'embrasser à jamais cette folle camarade pleine d'entrain et de savoir-vivre.
Brutalement sorti de ma rêverie par un coup dans les côtes. Je n'avais pas du avancer assez vite, du goût de l'un des deux matons ou plutôt « accompagnateurs formés pour l'encadrement des malades ». Le Palais de l'Extase était en fait très proche de ma cellule. Mais mes bienfaiteurs se plaisaient régulièrement à me faire effectuer un nombre incalculable de détour inimaginables. Ce, afin de faire durer le plaisir de l'attente. Dans ce dédale de couloir, de cellules collectives et de cachots. J’eus l'impression de repasser une bonne dizaine de fois par les mêmes endroits. Ici le Paradis du Délice qui était en fait le réfectoire de notre étage. Réputé pour avoir la nourriture la plus infecte de la forteresse. Non, de la résidence de vacances. Ils frappaient toujours plus fort quand nous parlions de forteresse ou de prison.
Là-bas le Solarium. Grande cour ensoleillée servant à la détente des invités. En réalité, lieu de repos perpétuel où seul étaient admis les cadavres en putréfaction. Avant que ces veinards ne soient finalement jetés dans une fosse commune. Quelque chose ne collait pas. Comment le Solarium pouvait être illuminé de la splendeur solaire, alors que tout le complexe en lui-même était censé être une installation souterraine ? Étrange. Peut-être que je falsifiais réellement mes souvenirs comme me le faisait souvent remarquer le bon Directeur. Si cela se trouve, l'endroit n'avait jamais été souterrain. La nourriture du réfectoire avait peut-être toujours été exquise. Si cela s'avérait exact. Il était donc également possible que la résidence de vacances n'avait elle-même jamais existé ? Tout cela ne serait donc qu'un rêve ? Un délire de mon cerveau malade ? L'idée me séduisait assez je dois dire.
Mais si seulement tout pouvait être aussi empreint de chimères. Je continuais à marcher, heureux de mon malheur. Inutile de se concentrer outre mesure. J'avais été mené tellement de fois à la salle que même abandonné au milieu de ce labyrinthe, les yeux bandés, les mains attachés dans le dos, et les pieds ligotés, j'arriverai encore à m'y traîner. Si l'on m'en donnait l'ordre bien évidemment. J’espérais toujours qu'un incident allait éclater sur le trajet. Une querelle entre deux convives, un invité assez stupide pour mendier un morceau de pain auprès des gardes. Un couple de forcenés en pleine séance de copulation. Voir une émeute, si l'on croyait encore aux miracles...N'importe quoi qui détournerait l'attention de mes protecteurs, rien que l'espace de quelques minutes. Une bouffée d'oxygène, avant de replonger dans les abysses. Et puis s'il pouvait y avoir un peu d'action ce n'était pas forcément un luxe. Être enfermé à longueur de journée dans une cellule de 5 m² provoquait une immense sensation d'ennui. Appétit d'activité que les une minute et trente secondes de promenade hebdomadaire, autorisée par les lois relatives aux conditions d'internement, comblait difficilement.
Les séances d'harmonisation nombreuses, mais pas assez pour tuer tout mon temps libre, n'étaient elles-mêmes qu'une solution partielle au vide béant de mon emploi du temps journalier. Hélas aujourd'hui rien de bien grandiose ne se passa. Tout au plus un invité, un enfant à peine plus âgé qu'un bambin, fut sommairement exécuté par l'un de mes accompagnateurs. Son crime était d'avoir tenu entre ses frêles mains une chose inanimée qu'il nommait « maman ». Il était interdit de jouer avec le cadavre des autres détenus, le petit aurait du s'en souvenir. Un principe bien connu des vieux briscards qui se servaient des corps en guise de couverture seulement la nuit, lorsque nombre de gardes étaient trop fainéants pour quitter leurs confortables lits.
Nous tournâmes à gauche dans l'un des innombrables couloir. Les murs changèrent brusquement de couleur. Au pâle blanc de l'hôpital qui n'avait eu cesse de me poursuivre jusqu'ici, s'était succédé un orange chatoyant. Presque chaud et apaisant. Nous y fûmes enfin, le Palais de l'Extase ! La porte était déjà entrouverte, m'incitant à la rejoindre, comme si elle reconnaissait déjà le vieux compagnon de jouissance qui s'avançait. Je franchissais son embrasure avec empressement. Comme toujours, le magnifique fauteuil rouge sang siégeait au centre de la pièce. Les deux gardes m'y conduisirent sans ménagement, me ligotèrent fermement les poignets et les chevilles avant de rejoindre le Directeur. Ce dernier pianotait sur la console de commandes située à gauche du sordide trône. Un léger frisson me parcouru l'échine. Mon bienfaiteur était affairé à tester la puissance de la chaise électrique. Peut-être n'y allait-il même pas avoir d'interrogatoire aujourd'hui.