Note de la fic :
Le Cycle Des Calepins Oubliés
Par : Tacitus42
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : Terminée
Chapitre 11 : Six Plus Un
Publié le 09/02/2012 à 19:33:21 par Tacitus42
Livre 112
II. Mémoires d’un soudard.
1. Six plus un.
Nous étions sept…
…
C’aurait pu être les sept mercenaires (pratiquement les douze salopards) mais nous n’étions que sept soldats (même s’il y en avait bien quelques uns dans le tas qui tenaient plus du condottiere que du militaire).
Une escouade en somme.
De gentils bonshommes rassemblés par Gretchencko pour une mission d’assassinat (voir mission suicide : c’est selon).
Paraît que j’étais l’alpha : le commandant si vous préférez (même si j’estime en général que je n’ai jamais été qu’un loup oméga : l’esprit d’initiative m’a toujours fait défaut).
Mais je m’égare encore : j’omets toujours de commencer par le commencement.
Je ne vais pas passer mon temps à faire les présentations non plus...
D’autant que je l’ai déjà fait dans le premier de mes calepins : j’en suis au cent douzième (me semble-t-il).
D’ordinaire j’ai tendance à marquer le coup à l’entame d’un neuf (avec des formules bidons d’introductions par exemple) : j’avoue que sèche pour celui-ci.
Et je m’aperçois en me relisant que je recycle facilement les mêmes tournures de phrases, les mêmes effets de style (l’ellipse notamment).
La faute à Pandora (qui m’apparaît être un biographe bien médiocre).
Nota bene : « je peux aussi aller me faire voir » me dit-elle (pour rester polie).
Je n’écris pas tous les jours non plus (raison pour laquelle il y a si peu de ces livrets, même s’ils ne comptent jamais que cent à deux cents pages tout au plus).
Mais je me sens en forme pour le coup (en cette fin de journée chargée).
Faut croire que j’ai pas mal de conneries à relater (à défaut de savoir comment commencer).
Je n’écris pas vraiment d’ailleurs comme je l’ai précisé plus haut : mon ordinateur traduit mon langage parfois vieillot et mes erreurs chroniques de français…
(Je n’ai appris les biens faits des gens de la Pléiade que bien trop tard hélas).
Le tout est directement issu de mes pensées (par le biais de capteurs neurologiques) ou dicté (mais seulement pour les passages importants).
Il trie ensuite le tout, l’ordonne, compile et retranscrit par la suite l’ensemble de mes mémoires sur des calepins à l’aide d’un gentil androïde (lequel imite mon écriture à la perfection, même si les croquis implémentés sont de moi à l’origine).
Ca prend perpète mais je préfère encore un copiste à une imprimante (plus artisanal, je trouve).
Et puis, à défaut d’être rapide, c’est plus facile ainsi en définitive (même si les cents premiers livrets sont de moi et qu’il m’arrive encore de rajouter quelques pages de mon cru de temps à autres).
Le problème, c’est qu’elle (puisque le traducteur avec lequel je suis en relais s’appelle « Pandora » donc) laisse souvent des erreurs.
Paraîtrait qu’elle aime certaines tournures erronées (ou même les termes orduriers) : elle trouve que ça donne tout son charme à nos langages.
Nota bene : si j’ai pu prétendre avoir une certaine aise à l’écriture (à défaut d’être volubile), c’est aussi parce que j’ai plus facile à parler aux murs qu’aux gens.
Pour le reste, ne vous étonnez pas si vous n’avez pu lire qu’un seul de ces torchons (le précédant en l’occurrence) : je n’ai tout simplement pas encore eu le temps de le mettre en lieu sûr avec les autres.
Et je m’oblige à le dire à chaque fois (au cas où j’oublierais) : veille sur la vieille et le vieux veille…
Je ne risque pas d’oublier (mais c’est ma plus grande peur à dire vrai : je dirais même une obsession).
Et si je n’en ai pas fait cas dans le précédent c’est pour la simple et bonne raison que je n’ai pas arrêté de parler de lui (pas de lui uniquement, mais assez bien tout de même).
Même si je suis vieux (bien que je n’en ai pas l’air), je ne radote pas encore…
Et puis, comme je remettrai sans doute le tout en même temps, il est inutile qu’ils comprennent tout deux cette mention mnémotechnique…
En espérant que vous ne soyez pas tombé sur l’ensemble de mes divagations : mais je vous choperai tôt ou tard si c’est le cas (ou Pandora les fera réécrire à défaut).
…
Nous étions sept, disais-je.
Sept hommes assis ça et là devant Victor Gretechencko qui donnait ses instructions en contrebas dans l’amphithéâtre qui tenait lieu de salle de briefing.
Je me pose souvent la question…
Je me la posais déjà alors que je l’écoutais débiter ses directives sur un ton monocorde :
Se doutait-il déjà de quelque chose à l’époque ?
Ce coup foireux n’était pas de lui à la base (pas directement en tout cas).
Il avait juste fait valoir son droit de veto quand l’idée d’atomiser la citée treize (et Lilith avec) a commencé à faire le tour de table à l’état-major des Sept Brigades (lors du conciliabule qui a suivi la crise diplomatique que feu le commandeur avait lui-même contribué à créer).
Certains voulaient déjà effacer quelques compromissions de manière radicale mais la plupart voulaient quand même terminer l’affaire en une fois (sans état d’âme).
Grâce à Victor (ou à cause de lui), il avait bien fallu trouver une solution de rechange…
Une mission d’assassinat : c’est tout ce qu’ils ont réussi à pondre en fin de compte.
Mais pour se faire, on avait réuni la crème de la crème des guerriers de l’Alliance des Sept Brigades du Primus Sector…
Des gens comme Tobiack l’Incendiaire, old Harold, Furius D. Domakhol (que vous connaissez peut-être déjà) et le major Torgil.
Il y avait aussi Hagerald le narcissique (que tout le monde appelait Haggis), Lyam (dit le nabot) ainsi que votre humble serviteur.
Nota bene : « Haggis » est aussi le nom d’un plat traditionnel peu ragoûtant (à base de tripes de mouton, si je ne m’abuse) qui provenait à l’origine d’un pays nommé Ecosse et qui, malheureusement, ne compta pas de citée dôme à son actif : plus d’écossais de souche donc (mais y a toujours l’un ou l’autre immigré qui traîne fort heureusement)…
Je suppose qu’Hagerald tenait ce surnom d’une de ses ex.
La plupart de ces gars étaient issus des troupes régulières comme Lyam (qui venait juste de terminer ses classes, major de promotion)…
Mais certains travaillaient aussi en free-lance.
Des hommes tels que Tobiack…
Et tout le monde sait que les free-lancers sont à l’armée ce que les corsaires sont aux pirates : des paramilitaires intégrés qui s’équipent ou s’enrichissent d’une partie du butin acquis au cours d’une mission.
…
Tobiack…
…
On se doutait tous qu’entrer ne serait pas le plus dur. Mais nous avions tous des compétences et des informations qui devaient techniquement nous donner au moins une ou deux issues de secours.
L’exécution du plan ne devait théoriquement poser aucun problème…
(Mais la Théorie se barre fissa quand elle rencontre dame Pratique).
La stratégie était pourtant pas mal foutue…
Grâce aux talents innés de tacticien de ce bon vieux Victor, mon rôle ne se réduisait jamais qu’au simple pot de fleur ou à celui de la vache qui rumine en regardant passer les trains (expression désuète que j’ai encore du mal à saisir) : chose qui me convenait fort bien du reste.
Les autres, eux, prenaient un maximum de risques en acceptant cette mission…
Et je ne comprenais pas comment des connards de guerriers en free-lance pouvaient accepter ce genre d’affaire dangereuse et exempte de toute rétribution…
Je ne saurai jamais vraiment je suppose (même si j’ai bien une vague idée).
Il n’y a bien que Furius qui avait des raisons de se battre…
…
C’est mon bébé disait-il d’un air amer.
…
Surcouf (un flibustier notoire) a dit un jour (lors d’un abordage et en réponse à une tirade pompeuse d’un officier anglais) qu’on se bat toujours pour ce qui nous manque (sous-entendant que quelqu’un qui se bat pour l’honneur n’en a vraiment pas, là où lui-même se battait pour la prime).
Si c’est le cas, Domakhol faisait exception à la règle.
Furius était notre taupe…
Et la seule (alors même que celles de Lilith nous infiltraient de partout par la corruption ou la compromission de diplomates qui revenaient de simples visites chez-elle d’autant que – période d’hiver nucléaire hormis - les portes de notre citée n’ont jamais été véritablement closes).
Mais à part la mise en place de ce genre d’antenne, le treizième secteur était totalement isolé du monde : une vraie dictature (comme le Primus Sector l’est hélas devenu au moins en partie après la mort de Gretchencko).
Pour des raisons évidentes de censure, La « mégapole » de Lilith ne pouvait se doter d’un outil tel qu’Internet (né milieu ou fin vingtième à ce que j’en sais).
A contrario, elle disposait pourtant d’un réseau intranet très développé (et stratifié) qui permettait l’échange de documents quelconques (dépendant toutes fois d’une hiérarchie strictes).
Ces informations avaient attraits tantôt à de simples dénonciations, tantôt à des expéditions punitives puisque le droit de vengeance était constitutionnel dans le treizième secteur (bien qu’il ne fût pas toujours précisé sa nature).
Quelqu’un qui s’était « bien » comporté (délation, torture : « tout » pourvu qu’il y ait une vague justification) montait d’un cran dans l’échelle social (à l’inverse du sujet de la vidéo qui pouvait très vite mal finir).
Et ce qui est incroyable, c’est que Domakhol n’a jamais eu à se mouiller d’une manière ou d’une autre pour monter les échelons qui menaient au pouvoir.
…
Il faut savoir qu’outre son sobriquet signifiant « furieux », on a fini par appeler Rufius, Nosferatu…
Pour la simple raison qu’il n’apparaissait sur aucun des miroirs dans les vidéos dont il se servait pour gravir les niveaux sociaux du Treizième.
C’était une manière de faire un pied de nez à nos ennemis. Une façon de leur laisser une chance aussi.
Les vidéos étaient truquées évidemment.
Mais le commun des mortels n’aurait rien pu déceler du moment que son regard ne s’attarda pas sur la petite glace devant laquelle Furius passait immanquablement…
Et il y a fort à parier que même se faisant, on n’y aurait pas prêté plus d’attention que cela tant les faux étaient bluffant.
Nota bene : pour l’anecdote, un soldat de première classe légèrement paranoïaque lui aurait demandé de se placer devant le miroir le plus proche lorsqu’il vit l’une de ses vidéos de propagande à son retour (pour enlever tout doute).
Pour tout vous dire, Rufius Donovan Domakhol (de son vrai nom), bien qu’ayant commencé au grade de seconde classe a du passer à l’académie militaire lors de sa promotion au rang de servant tactique (troisième degré qui vient juste après celui de première classe et juste avant celui de caporal).
C’est sa spécialisation en informatique (et notamment en tant que hacker) qui lui a permis de mettre à jour ce qui se tramait réellement dans l’enceinte du Treize.
Il est le premier à avoir compris.
Et je crois que ses yeux se sont écarquillés tout grands quand il est tombé par hasard sur la première des innombrables scènes macabres.
…
A ma connaissance, personne ne lui avait demandé ou ordonné de sonder le flux résiduel de données.
Il était juste curieux (suite à un épisode que je citerai plus loin) et il n’avait besoin que d’une antenne (rapport aux propriétés de réflexion du dôme) ainsi que d’un bon ordinateur.
Etant lui-même ancien programmeur, il avait toujours une unité portative (dans sa poche) et une sacoche comprenant son P.C.
Ces imbéciles aux douanes n’ont rien vu venir (mais il y avait une compagnie à fouiller en même temps).
Lilith n’a jamais su qu’un ordinateur était passé en douce et elle n’avait pas pu refuser l’accès à l’entièreté du contingent puisque nous avions fort bien accueilli le leur quelques temps auparavant.
Furius était sergent à l’époque où Gretchencko avait brièvement rendu visite à celle qui allait devenir la Grande Conjurée.
En conséquence le sous-off du commandeur avait eu droit à une suite individuelle (bien que minuscule) : privilège du aux galons.
Les huiles du premier secteur étaient en contact permanent via un canal contrôlé (par lequel transitait néanmoins certaines informations - pensait-on - suffisamment cryptées).
Le tout passait immanquablement par la superstructure des trois tours pilastres qui faisait tant office d’atrium que d’émetteur/ récepteur (quand elle ne servait pas de plate-forme d’atterrissage pour hélico ou autre hovercraft).
Par acquis de conscience (ou paranoïa militaire), Furius avait opté pour d’avantage de prudence en agissant de son propre chef (à l’insu même de ses supérieurs)…
Avec le recul, nous savons qu’il se serait grillé aussitôt sinon et nous n’aurions disposé d’aucunes des preuves qu’il a su ramener.
…
Bien que le miroir du Nosferatu différencia le faux du vrai, certains négationnistes ont réfuté les documents rapportés, pratiquement à la manière de ce qui s’est fait de la moitié du vingtième jusqu’au vingt-et-unième siècle après la seconde guerre mondiale (même si l’histoire de cette période est encore loin d’être ma tasse de thé : mais je potasse, je potasse).
Les méthodes de Furius ont prouvé que nos services pouvaient facilement truquer n’importe quoi (pour raison de propagande notamment : ce qui arriva par après malheureusement).
Qui plus est, il s’agit d’une dérive que les civils ont fini par prendre à leur compte eux aussi (bien d’avantage que ne l’a fait l’armée ou précisément de manière paramilitaire le plus souvent).
Je continue pourtant de penser qu’il était impossible de ne pas en venir à cette extrémité pour infiltrer le monde de Lilith : on aurait perdu tout agent par compromission sinon.
Fallait-il attendre que le petit monde de la Grande Conjurée ne se brise de lui-même à sa mort ?
Elle n’avait que vingt-sept ans : je crois plutôt que son emprise se serait étendue bien avant sa disparition et le chaos qui perdure aujourd’hui de ses suites n’en aurait été que plus grand.
…
Pour en revenir à lui, il ne fallut pas longtemps à Rufius pour sonder discrètement sa chambre (en exécutant des tâches anodines), ni pour localiser l’entièreté de ses capteurs : il en a même trouvé certains dans le recoin qui servait de salle de douche (le tout renforçant ses premiers soupçons).
L’imagerie tridimensionnelle de Domakhol en train de dormir dans ses quartiers est la seule qui ne compta pas le sacro-saint miroir : une séquence qu’il a balancée dans le réseau de la surveillance des trois tours piliers (mais la séquence n’était pas truquée pour le coup).
Le matos de sécurité n’était pas câblé à ce qu’il m’a dit (quelques temps plus tard, peu avant notre réunion donc). Il n’a pas eu à dénuder de fil ou de conneries du genre (une chance).
Pour information, c’est une vieille mesure datant d’avant 2166 sensée raccourcir les délais de construction et éviter tout gaspillage inutile de matériel (nécessaire pour l’ajout de fils rendus obsolètes par exemple).
Mais des composantes en dures demeuraient malgré tout pour les structures vitales (histoire d’éviter de faciliter tout piratage des protocoles qui régissaient le maintien automatique des fermes par exemple : la centrale nucléaire était, elle, totalement isolée afin d’éviter tout risque de parasitage - potentiellement délétère - de sa production).
La plupart des chambres (ou des maisons plus généralement) n’appartenaient simplement pas à cette catégorie (quand elles étaient pourvues d’un quelconque moyen de surveillance : c’était surtout le cas pour des demeures assignées aux étrangers ou aux proches de Lilith)…
La pièce de Domakhol était donc simplement dotée d’un moyen antique de communication sans fil (même s’il devait nécessairement être protégé).
C’est l’antenne de son unité portable qui a mis à jour le machin : il a capté plusieurs centrales à proximité.
Il n’a eu qu’à zapper d’image (et donc de relais) jusqu’à trouver celle où on le voyait lui dans sa chambre.
Le relais n’était pas suffisamment complexe pour posséder une interface (laquelle aurait donné accès à son extinction même temporaire)…
Il a fallu qu’il remonte jusqu’à l’embouchure de l’information (par le biais de l’adresse du relais) pour clore temporairement l’enregistrement en cours afin de lui substituer la scène que Furius avait prévu de filmer…
Il s’agissait de simples tâches qu’il venait de planifier : d’abords l’enregistrement d’une courte séquence de lui, blotti dans ses draps, et ensuite la substitution de la dite séquence (mise en boucle).
Pour autant, il n’était pas certain qu’un second dispositif ne fût pas en place.
Il a tablé sur le fait qu’il n’était que sergent…
Et l’histoire dira qu’il a eu raison.
Je crois moi-même qu’il y a simplement un garde qui n’a pas du se rendre compte qu’un voyant venait de s’éteindre ou qui a du se rasséréner en constatant que le type dans la chambre était toujours allongé dans son pieu (pensant peut-être que c’était juste l’ampoule qui venait de griller)…
La bourde classique qui prouve qu’aucun système n’est infaillible (tant qu’il dépend de l’Homme).
Personne n’a rien vu de son petit manège : le balayage des senseurs est superficiel. Même s’il avait gardé son unité portative en mains (mettons), l’imagerie (pas assez performante) n’aurait pas pu reconstituer quelque chose d’aussi petit que les cristaux liquides qui imprimaient les informations par derrière l’écran du petit appareil…
Et Furius n’était jamais qu’un simple sergent : la chambre bien que personnelle, lui avait été attribuée en conséquence (et à fortiori la puissance des senseurs qui allaient avec)…
Une erreur que le Treizième paya cher.
…
Ca paraissait facile : tellement facile ! Sans conséquence (pensait Rufius)…
Il a juste eu à programmer l’envoi en boucle d’une vidéo de lui, les yeux clos, dans son lit pendant qu’il recueillait des bribes du charabia perpétuel de données passantes (sous formes d’ondes résiduelles quelques furent leurs fréquences) ou qu’il piratait d’autres relais plus lointains (mais l’antenne de son unité portable avait une portée limitée : raison pour laquelle il préférait se servir de son P.C. qu’il pouvait maintenant utiliser en toute impunité).
Il aurait ensuite appelé un subalterne pour lui faire part de sa trouvaille et aurait passé ses ordres (prenant conscience que tout rapport direct à un supérieur allait forcément le griller : il pensait déjà à une infiltration future)…
La légende veut que la chose qui lui ait mis la puce à l’oreille soit l’interruption soudaine des jeux de quelques enfants à l’approche de notre délégation (sous bonne escorte)…
D’abords, parce que le commandeur s’était étonné (l’après-midi précédent notamment) de l’absence de bambins dans les rues (pour une citée prétendument pacifiée).
Ensuite, parce que ce sont les seuls que nous ayons vu dehors, qu’ils étaient les rares humains dans toute l’avenue et qu’ils ont détalé très vite (de peur sans doute : c’est l’idée qu’en a eu Domakhol en tout les cas).
Et même s’il y avait de quoi s’étonner face à l’absence d’une forme triviale de vie sociale, Gretchencko, lui aussi, est resté sous le choc lorsqu’il a vu les documents.
C’était au soir du second jour des pérégrinations de Victor sur les terres de Lilith.
Par chance, Furius était alors sous-officier dans la compagnie B (comme j’ai déjà du le dire dans le précédent livret, même s’il a été promu par la suite) : son visage était masqué en permanence, même pour dormir…
Nota bene : Ouais, je sais : c’est débile… Mais ce n’était pas le cas en tant normal. Simplement, nous ne pouvions prendre aucun risque en territoire étranger (et nous ne comptions pas nous éterniser du reste).
Enfin les cagoules étaient quand même micro perforées et en fibres synthétiques : pas de démangeaison (c’était déjà ça).
Mais cette mesure conférait à Furius la possibilité de s’infiltrer.
(Je tiens à préciser qu’il est le seul qui ait eu recours à ce genre de pratique dans tout le contingent).
II. Mémoires d’un soudard.
1. Six plus un.
Nous étions sept…
…
C’aurait pu être les sept mercenaires (pratiquement les douze salopards) mais nous n’étions que sept soldats (même s’il y en avait bien quelques uns dans le tas qui tenaient plus du condottiere que du militaire).
Une escouade en somme.
De gentils bonshommes rassemblés par Gretchencko pour une mission d’assassinat (voir mission suicide : c’est selon).
Paraît que j’étais l’alpha : le commandant si vous préférez (même si j’estime en général que je n’ai jamais été qu’un loup oméga : l’esprit d’initiative m’a toujours fait défaut).
Mais je m’égare encore : j’omets toujours de commencer par le commencement.
Je ne vais pas passer mon temps à faire les présentations non plus...
D’autant que je l’ai déjà fait dans le premier de mes calepins : j’en suis au cent douzième (me semble-t-il).
D’ordinaire j’ai tendance à marquer le coup à l’entame d’un neuf (avec des formules bidons d’introductions par exemple) : j’avoue que sèche pour celui-ci.
Et je m’aperçois en me relisant que je recycle facilement les mêmes tournures de phrases, les mêmes effets de style (l’ellipse notamment).
La faute à Pandora (qui m’apparaît être un biographe bien médiocre).
Nota bene : « je peux aussi aller me faire voir » me dit-elle (pour rester polie).
Je n’écris pas tous les jours non plus (raison pour laquelle il y a si peu de ces livrets, même s’ils ne comptent jamais que cent à deux cents pages tout au plus).
Mais je me sens en forme pour le coup (en cette fin de journée chargée).
Faut croire que j’ai pas mal de conneries à relater (à défaut de savoir comment commencer).
Je n’écris pas vraiment d’ailleurs comme je l’ai précisé plus haut : mon ordinateur traduit mon langage parfois vieillot et mes erreurs chroniques de français…
(Je n’ai appris les biens faits des gens de la Pléiade que bien trop tard hélas).
Le tout est directement issu de mes pensées (par le biais de capteurs neurologiques) ou dicté (mais seulement pour les passages importants).
Il trie ensuite le tout, l’ordonne, compile et retranscrit par la suite l’ensemble de mes mémoires sur des calepins à l’aide d’un gentil androïde (lequel imite mon écriture à la perfection, même si les croquis implémentés sont de moi à l’origine).
Ca prend perpète mais je préfère encore un copiste à une imprimante (plus artisanal, je trouve).
Et puis, à défaut d’être rapide, c’est plus facile ainsi en définitive (même si les cents premiers livrets sont de moi et qu’il m’arrive encore de rajouter quelques pages de mon cru de temps à autres).
Le problème, c’est qu’elle (puisque le traducteur avec lequel je suis en relais s’appelle « Pandora » donc) laisse souvent des erreurs.
Paraîtrait qu’elle aime certaines tournures erronées (ou même les termes orduriers) : elle trouve que ça donne tout son charme à nos langages.
Nota bene : si j’ai pu prétendre avoir une certaine aise à l’écriture (à défaut d’être volubile), c’est aussi parce que j’ai plus facile à parler aux murs qu’aux gens.
Pour le reste, ne vous étonnez pas si vous n’avez pu lire qu’un seul de ces torchons (le précédant en l’occurrence) : je n’ai tout simplement pas encore eu le temps de le mettre en lieu sûr avec les autres.
Et je m’oblige à le dire à chaque fois (au cas où j’oublierais) : veille sur la vieille et le vieux veille…
Je ne risque pas d’oublier (mais c’est ma plus grande peur à dire vrai : je dirais même une obsession).
Et si je n’en ai pas fait cas dans le précédent c’est pour la simple et bonne raison que je n’ai pas arrêté de parler de lui (pas de lui uniquement, mais assez bien tout de même).
Même si je suis vieux (bien que je n’en ai pas l’air), je ne radote pas encore…
Et puis, comme je remettrai sans doute le tout en même temps, il est inutile qu’ils comprennent tout deux cette mention mnémotechnique…
En espérant que vous ne soyez pas tombé sur l’ensemble de mes divagations : mais je vous choperai tôt ou tard si c’est le cas (ou Pandora les fera réécrire à défaut).
…
Nous étions sept, disais-je.
Sept hommes assis ça et là devant Victor Gretechencko qui donnait ses instructions en contrebas dans l’amphithéâtre qui tenait lieu de salle de briefing.
Je me pose souvent la question…
Je me la posais déjà alors que je l’écoutais débiter ses directives sur un ton monocorde :
Se doutait-il déjà de quelque chose à l’époque ?
Ce coup foireux n’était pas de lui à la base (pas directement en tout cas).
Il avait juste fait valoir son droit de veto quand l’idée d’atomiser la citée treize (et Lilith avec) a commencé à faire le tour de table à l’état-major des Sept Brigades (lors du conciliabule qui a suivi la crise diplomatique que feu le commandeur avait lui-même contribué à créer).
Certains voulaient déjà effacer quelques compromissions de manière radicale mais la plupart voulaient quand même terminer l’affaire en une fois (sans état d’âme).
Grâce à Victor (ou à cause de lui), il avait bien fallu trouver une solution de rechange…
Une mission d’assassinat : c’est tout ce qu’ils ont réussi à pondre en fin de compte.
Mais pour se faire, on avait réuni la crème de la crème des guerriers de l’Alliance des Sept Brigades du Primus Sector…
Des gens comme Tobiack l’Incendiaire, old Harold, Furius D. Domakhol (que vous connaissez peut-être déjà) et le major Torgil.
Il y avait aussi Hagerald le narcissique (que tout le monde appelait Haggis), Lyam (dit le nabot) ainsi que votre humble serviteur.
Nota bene : « Haggis » est aussi le nom d’un plat traditionnel peu ragoûtant (à base de tripes de mouton, si je ne m’abuse) qui provenait à l’origine d’un pays nommé Ecosse et qui, malheureusement, ne compta pas de citée dôme à son actif : plus d’écossais de souche donc (mais y a toujours l’un ou l’autre immigré qui traîne fort heureusement)…
Je suppose qu’Hagerald tenait ce surnom d’une de ses ex.
La plupart de ces gars étaient issus des troupes régulières comme Lyam (qui venait juste de terminer ses classes, major de promotion)…
Mais certains travaillaient aussi en free-lance.
Des hommes tels que Tobiack…
Et tout le monde sait que les free-lancers sont à l’armée ce que les corsaires sont aux pirates : des paramilitaires intégrés qui s’équipent ou s’enrichissent d’une partie du butin acquis au cours d’une mission.
…
Tobiack…
…
On se doutait tous qu’entrer ne serait pas le plus dur. Mais nous avions tous des compétences et des informations qui devaient techniquement nous donner au moins une ou deux issues de secours.
L’exécution du plan ne devait théoriquement poser aucun problème…
(Mais la Théorie se barre fissa quand elle rencontre dame Pratique).
La stratégie était pourtant pas mal foutue…
Grâce aux talents innés de tacticien de ce bon vieux Victor, mon rôle ne se réduisait jamais qu’au simple pot de fleur ou à celui de la vache qui rumine en regardant passer les trains (expression désuète que j’ai encore du mal à saisir) : chose qui me convenait fort bien du reste.
Les autres, eux, prenaient un maximum de risques en acceptant cette mission…
Et je ne comprenais pas comment des connards de guerriers en free-lance pouvaient accepter ce genre d’affaire dangereuse et exempte de toute rétribution…
Je ne saurai jamais vraiment je suppose (même si j’ai bien une vague idée).
Il n’y a bien que Furius qui avait des raisons de se battre…
…
C’est mon bébé disait-il d’un air amer.
…
Surcouf (un flibustier notoire) a dit un jour (lors d’un abordage et en réponse à une tirade pompeuse d’un officier anglais) qu’on se bat toujours pour ce qui nous manque (sous-entendant que quelqu’un qui se bat pour l’honneur n’en a vraiment pas, là où lui-même se battait pour la prime).
Si c’est le cas, Domakhol faisait exception à la règle.
Furius était notre taupe…
Et la seule (alors même que celles de Lilith nous infiltraient de partout par la corruption ou la compromission de diplomates qui revenaient de simples visites chez-elle d’autant que – période d’hiver nucléaire hormis - les portes de notre citée n’ont jamais été véritablement closes).
Mais à part la mise en place de ce genre d’antenne, le treizième secteur était totalement isolé du monde : une vraie dictature (comme le Primus Sector l’est hélas devenu au moins en partie après la mort de Gretchencko).
Pour des raisons évidentes de censure, La « mégapole » de Lilith ne pouvait se doter d’un outil tel qu’Internet (né milieu ou fin vingtième à ce que j’en sais).
A contrario, elle disposait pourtant d’un réseau intranet très développé (et stratifié) qui permettait l’échange de documents quelconques (dépendant toutes fois d’une hiérarchie strictes).
Ces informations avaient attraits tantôt à de simples dénonciations, tantôt à des expéditions punitives puisque le droit de vengeance était constitutionnel dans le treizième secteur (bien qu’il ne fût pas toujours précisé sa nature).
Quelqu’un qui s’était « bien » comporté (délation, torture : « tout » pourvu qu’il y ait une vague justification) montait d’un cran dans l’échelle social (à l’inverse du sujet de la vidéo qui pouvait très vite mal finir).
Et ce qui est incroyable, c’est que Domakhol n’a jamais eu à se mouiller d’une manière ou d’une autre pour monter les échelons qui menaient au pouvoir.
…
Il faut savoir qu’outre son sobriquet signifiant « furieux », on a fini par appeler Rufius, Nosferatu…
Pour la simple raison qu’il n’apparaissait sur aucun des miroirs dans les vidéos dont il se servait pour gravir les niveaux sociaux du Treizième.
C’était une manière de faire un pied de nez à nos ennemis. Une façon de leur laisser une chance aussi.
Les vidéos étaient truquées évidemment.
Mais le commun des mortels n’aurait rien pu déceler du moment que son regard ne s’attarda pas sur la petite glace devant laquelle Furius passait immanquablement…
Et il y a fort à parier que même se faisant, on n’y aurait pas prêté plus d’attention que cela tant les faux étaient bluffant.
Nota bene : pour l’anecdote, un soldat de première classe légèrement paranoïaque lui aurait demandé de se placer devant le miroir le plus proche lorsqu’il vit l’une de ses vidéos de propagande à son retour (pour enlever tout doute).
Pour tout vous dire, Rufius Donovan Domakhol (de son vrai nom), bien qu’ayant commencé au grade de seconde classe a du passer à l’académie militaire lors de sa promotion au rang de servant tactique (troisième degré qui vient juste après celui de première classe et juste avant celui de caporal).
C’est sa spécialisation en informatique (et notamment en tant que hacker) qui lui a permis de mettre à jour ce qui se tramait réellement dans l’enceinte du Treize.
Il est le premier à avoir compris.
Et je crois que ses yeux se sont écarquillés tout grands quand il est tombé par hasard sur la première des innombrables scènes macabres.
…
A ma connaissance, personne ne lui avait demandé ou ordonné de sonder le flux résiduel de données.
Il était juste curieux (suite à un épisode que je citerai plus loin) et il n’avait besoin que d’une antenne (rapport aux propriétés de réflexion du dôme) ainsi que d’un bon ordinateur.
Etant lui-même ancien programmeur, il avait toujours une unité portative (dans sa poche) et une sacoche comprenant son P.C.
Ces imbéciles aux douanes n’ont rien vu venir (mais il y avait une compagnie à fouiller en même temps).
Lilith n’a jamais su qu’un ordinateur était passé en douce et elle n’avait pas pu refuser l’accès à l’entièreté du contingent puisque nous avions fort bien accueilli le leur quelques temps auparavant.
Furius était sergent à l’époque où Gretchencko avait brièvement rendu visite à celle qui allait devenir la Grande Conjurée.
En conséquence le sous-off du commandeur avait eu droit à une suite individuelle (bien que minuscule) : privilège du aux galons.
Les huiles du premier secteur étaient en contact permanent via un canal contrôlé (par lequel transitait néanmoins certaines informations - pensait-on - suffisamment cryptées).
Le tout passait immanquablement par la superstructure des trois tours pilastres qui faisait tant office d’atrium que d’émetteur/ récepteur (quand elle ne servait pas de plate-forme d’atterrissage pour hélico ou autre hovercraft).
Par acquis de conscience (ou paranoïa militaire), Furius avait opté pour d’avantage de prudence en agissant de son propre chef (à l’insu même de ses supérieurs)…
Avec le recul, nous savons qu’il se serait grillé aussitôt sinon et nous n’aurions disposé d’aucunes des preuves qu’il a su ramener.
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Bien que le miroir du Nosferatu différencia le faux du vrai, certains négationnistes ont réfuté les documents rapportés, pratiquement à la manière de ce qui s’est fait de la moitié du vingtième jusqu’au vingt-et-unième siècle après la seconde guerre mondiale (même si l’histoire de cette période est encore loin d’être ma tasse de thé : mais je potasse, je potasse).
Les méthodes de Furius ont prouvé que nos services pouvaient facilement truquer n’importe quoi (pour raison de propagande notamment : ce qui arriva par après malheureusement).
Qui plus est, il s’agit d’une dérive que les civils ont fini par prendre à leur compte eux aussi (bien d’avantage que ne l’a fait l’armée ou précisément de manière paramilitaire le plus souvent).
Je continue pourtant de penser qu’il était impossible de ne pas en venir à cette extrémité pour infiltrer le monde de Lilith : on aurait perdu tout agent par compromission sinon.
Fallait-il attendre que le petit monde de la Grande Conjurée ne se brise de lui-même à sa mort ?
Elle n’avait que vingt-sept ans : je crois plutôt que son emprise se serait étendue bien avant sa disparition et le chaos qui perdure aujourd’hui de ses suites n’en aurait été que plus grand.
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Pour en revenir à lui, il ne fallut pas longtemps à Rufius pour sonder discrètement sa chambre (en exécutant des tâches anodines), ni pour localiser l’entièreté de ses capteurs : il en a même trouvé certains dans le recoin qui servait de salle de douche (le tout renforçant ses premiers soupçons).
L’imagerie tridimensionnelle de Domakhol en train de dormir dans ses quartiers est la seule qui ne compta pas le sacro-saint miroir : une séquence qu’il a balancée dans le réseau de la surveillance des trois tours piliers (mais la séquence n’était pas truquée pour le coup).
Le matos de sécurité n’était pas câblé à ce qu’il m’a dit (quelques temps plus tard, peu avant notre réunion donc). Il n’a pas eu à dénuder de fil ou de conneries du genre (une chance).
Pour information, c’est une vieille mesure datant d’avant 2166 sensée raccourcir les délais de construction et éviter tout gaspillage inutile de matériel (nécessaire pour l’ajout de fils rendus obsolètes par exemple).
Mais des composantes en dures demeuraient malgré tout pour les structures vitales (histoire d’éviter de faciliter tout piratage des protocoles qui régissaient le maintien automatique des fermes par exemple : la centrale nucléaire était, elle, totalement isolée afin d’éviter tout risque de parasitage - potentiellement délétère - de sa production).
La plupart des chambres (ou des maisons plus généralement) n’appartenaient simplement pas à cette catégorie (quand elles étaient pourvues d’un quelconque moyen de surveillance : c’était surtout le cas pour des demeures assignées aux étrangers ou aux proches de Lilith)…
La pièce de Domakhol était donc simplement dotée d’un moyen antique de communication sans fil (même s’il devait nécessairement être protégé).
C’est l’antenne de son unité portable qui a mis à jour le machin : il a capté plusieurs centrales à proximité.
Il n’a eu qu’à zapper d’image (et donc de relais) jusqu’à trouver celle où on le voyait lui dans sa chambre.
Le relais n’était pas suffisamment complexe pour posséder une interface (laquelle aurait donné accès à son extinction même temporaire)…
Il a fallu qu’il remonte jusqu’à l’embouchure de l’information (par le biais de l’adresse du relais) pour clore temporairement l’enregistrement en cours afin de lui substituer la scène que Furius avait prévu de filmer…
Il s’agissait de simples tâches qu’il venait de planifier : d’abords l’enregistrement d’une courte séquence de lui, blotti dans ses draps, et ensuite la substitution de la dite séquence (mise en boucle).
Pour autant, il n’était pas certain qu’un second dispositif ne fût pas en place.
Il a tablé sur le fait qu’il n’était que sergent…
Et l’histoire dira qu’il a eu raison.
Je crois moi-même qu’il y a simplement un garde qui n’a pas du se rendre compte qu’un voyant venait de s’éteindre ou qui a du se rasséréner en constatant que le type dans la chambre était toujours allongé dans son pieu (pensant peut-être que c’était juste l’ampoule qui venait de griller)…
La bourde classique qui prouve qu’aucun système n’est infaillible (tant qu’il dépend de l’Homme).
Personne n’a rien vu de son petit manège : le balayage des senseurs est superficiel. Même s’il avait gardé son unité portative en mains (mettons), l’imagerie (pas assez performante) n’aurait pas pu reconstituer quelque chose d’aussi petit que les cristaux liquides qui imprimaient les informations par derrière l’écran du petit appareil…
Et Furius n’était jamais qu’un simple sergent : la chambre bien que personnelle, lui avait été attribuée en conséquence (et à fortiori la puissance des senseurs qui allaient avec)…
Une erreur que le Treizième paya cher.
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Ca paraissait facile : tellement facile ! Sans conséquence (pensait Rufius)…
Il a juste eu à programmer l’envoi en boucle d’une vidéo de lui, les yeux clos, dans son lit pendant qu’il recueillait des bribes du charabia perpétuel de données passantes (sous formes d’ondes résiduelles quelques furent leurs fréquences) ou qu’il piratait d’autres relais plus lointains (mais l’antenne de son unité portable avait une portée limitée : raison pour laquelle il préférait se servir de son P.C. qu’il pouvait maintenant utiliser en toute impunité).
Il aurait ensuite appelé un subalterne pour lui faire part de sa trouvaille et aurait passé ses ordres (prenant conscience que tout rapport direct à un supérieur allait forcément le griller : il pensait déjà à une infiltration future)…
La légende veut que la chose qui lui ait mis la puce à l’oreille soit l’interruption soudaine des jeux de quelques enfants à l’approche de notre délégation (sous bonne escorte)…
D’abords, parce que le commandeur s’était étonné (l’après-midi précédent notamment) de l’absence de bambins dans les rues (pour une citée prétendument pacifiée).
Ensuite, parce que ce sont les seuls que nous ayons vu dehors, qu’ils étaient les rares humains dans toute l’avenue et qu’ils ont détalé très vite (de peur sans doute : c’est l’idée qu’en a eu Domakhol en tout les cas).
Et même s’il y avait de quoi s’étonner face à l’absence d’une forme triviale de vie sociale, Gretchencko, lui aussi, est resté sous le choc lorsqu’il a vu les documents.
C’était au soir du second jour des pérégrinations de Victor sur les terres de Lilith.
Par chance, Furius était alors sous-officier dans la compagnie B (comme j’ai déjà du le dire dans le précédent livret, même s’il a été promu par la suite) : son visage était masqué en permanence, même pour dormir…
Nota bene : Ouais, je sais : c’est débile… Mais ce n’était pas le cas en tant normal. Simplement, nous ne pouvions prendre aucun risque en territoire étranger (et nous ne comptions pas nous éterniser du reste).
Enfin les cagoules étaient quand même micro perforées et en fibres synthétiques : pas de démangeaison (c’était déjà ça).
Mais cette mesure conférait à Furius la possibilité de s’infiltrer.
(Je tiens à préciser qu’il est le seul qui ait eu recours à ce genre de pratique dans tout le contingent).